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Nouvelle histoire ancienne? Sciences sociales et histoire romaine: à propos de quatre récentes publications allemandes (note critique)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Thomas Späth*
Affiliation:
Université de Bâle-Institut suisse de Rome

Extract

De prime abord, elles n'ont rien de commun. Et pourtant, les quatre publications dont ici il sera question présentent, chacune à sa manière mais toutes de manière quelque peu iconoclaste, un défi aux représentations prétendument bien établies de l'histoire du principat romain. Aussi distinctes que soient leurs thématiques, les auteurs partagent un même objectif : mieux saisir la spécificité et donc la différence de Rome par rapport aux valeurs et aux modèles du politique du 19e siècle européen, qui ont largement dominé la conceptualisation de l'histoire romaine, domination peutêtre plus forte dans les Altertumswissenschaften allemandes qu'ailleurs.

Type
Histoire Ancienne
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1999

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References

1 Egon Flaig, Den Kaiser herausfordern. Die Usurpation im Römischen Reich, Francfort- New York, Campus, 1992 ; Dirk Barghop, Forum der Angst. Eine historisch-anthropologische Studie zu Verhaltensmustern von Senatoren im rômischen Kaiserreich, Francfort-New York, Campus, 1994 ; Späth, Thomas, Männlichkeit und Weiblichkeit bel Tacitus. Zur Konstruktion der Geschlechter in der rômischen Kaiserzeit, Francfort-New York, Campus, 1994 Google Scholar ; Meyer-Zwiffelhoffer, Eckhard, Im Zeichen des Phallus. Die Ordnung des Geschlechtslebens im antiken Rom, Francfort-New York, Campus, 1995.Google Scholar

2 E. Flaig, op. cit. ; il s'agit de la thèse d'habilitation que Flaig a soutenue, en 1991, à l'université de Fribourg-en-Brisgau.

3 E. Flaig revendique une histoire praxéologique (cf. le chapitre « Praxeologische Geschichie — angewandt », pp. 32-37) fondée sur l'analyse des relations entre « éléments, groupes et personnes », relations qui se réalisent dans des pratiques. II oppose ainsi sa méthode à l'herméneutique et à une histoire des mentalités qui s'oriente vers l'imaginaire. Flaig renvoie à Pierre Bourdieu, Norbert Elias, Michel Foucault et Paul Veyne qui constituent le point de départ de sa conceptualisation de l'histoire praxéologique (j'y reviendrai au dernier paragraphe ).

4 Ce droit n'étant pas héréditaire, les places libres sont chaque année attribuées par un tirage au sort ; ainsi, chaque membre de la plebs est un candidat virtuel à la frumentatio.

5 E. Flaig se réfère évidemment, dans ce contexte, à l'ouvrage de Veyne, Paul, Le pain et le cirque, Paris, Le Seuil, 1976 Google Scholar, qui représente l'une des bases importantes de sa propre approche, mais il en discute de façon critique certains aspects, tels la comparaison de la plèbe romaine avec les masses populaires des centres urbains du Tiers Monde (cf. E. Flaig, op. cit., p. 39, n. 6) ou encore l'attribution des jeux à un espace non politique (cf. P. Veyne, p. 396 ss).

6 Cf. également la réflexion de E. Flaig sur les jeux comme élément primordial du politique dans son article « Entscheidung und Konsens. Zu den Feldern der politischen Kommunikation zwischen Aristokratie und Plebs », dans Jehne, Martin (éd.), Demokratie in Rom? Die Rolle des Volkes in der Politik der rômischen Republik, Stuttgart, Steiner, 1995, pp. 77127 Google Scholar, et plus spécialement p. 100 ss.

7 D. Barghop, op. cit. n. 1, est une version remaniée de sa thèse de doctorat (sous la direction de Renate Zoepffel) soutenue en 1993 à l'université de Fribourg-en-Brisgau.

8 Cette position est définie à partir des réflexions de Paul Veyne, « Foucault révolutionne l'histoire », dans id., Comment on écrit l'histoire, Paris, Le Seuil, « Points », 1978, pp. 201- 242, cf. p. 218 ss.

9 D. Barghop développe sa méthode dans une première partie dans laquelle les principales références sont Paul Veyne, Comment on écrit…, op. cit., pour la conceptualisation de la peur comme « virtualité sans visage » et le refus de la constituer, en tant que telle, en objet de la recherche historique ; Elias, Norbert, Die hôfische Gesellschaft. Untersuchungen zur Soziologie des Kônigtums und der hofischen Aristokratie, Francfort, Suhrkamp, 1992 Google Scholar, Die Gesellschaft der Individuen, Francfort, Suhrkamp, 1988, Ùber den Prozess der Civilisation, t. 2 : Wantllungen der Gesellschaft, Francfort, Suhrkamp, 1988, pour sa conception de la société comme « figuration d'hommes interdépendants » ; à partir de la notion de figuration, Barghop précise alors son acception des notions de champ social et d'habitus sénatorial qui sont à la base de son analyse ( Bourdieu, Pierre, Le sens pratique, Paris, Éditions de Minuit, 1980 Google Scholar). Cf. infra (dernier paragraphe) la présentation d'un aspect de ces réflexions.

10 E. Flaig, dans sa description des pratiques politiques sénatoriales, arrive à une conclusion identique (supra, p. 1139).

11 D. Barghop, op. cit. n. 1, p. 80 ss, reprend la définition de l'hexis corporel de P. Bourdieu, op. cit. n. 9, p. 117.

12 L'analyse du rôle central de l'accès aux ressources et de l'hexis corporel se complète par celle des signes et symboles non corporels du statut et des honneurs (D. Barghop, op. cit. p. 121 ss) ainsi que par celle des mécanismes de contrôle et de l'imposition des règles par l'observation mutuelle dans le champ social (p. 150 ss).

13 Cf. D. Barghop, op. cit., p. 113 ss, ainsi que Barghop, Dirk, « Der Fall des Thrasea Paetus. Die Ausgrenzung des NichtangepaSten und das Andere des senatorischen Habitus ». Traverse. Zeitschrift für Geschichte/Revue d'Histoire, 1996/1, pp. 2132.Google Scholar

14 T. SPÄTH, Männlichkeit und Weiblichkeit…, op. cit. n. 1 ; l'origine de ce livre est une thèse de doctorat (sous la direction de J. von Ungern-Sternberg et la co-direction de J. Andreau), soutenue à l'université de Bâle en 1991.

15 J'emploie ce terme au sens de l'anglais gender: la différenciation sociale du masculin et du féminin, distincte de la différence physiologique entre les sexes. Le genre comprend alors les significations qu'une société attribue aux différences physiologiques, qui sont donc historiquement déterminées et expriment des relations de hiérarchie et de pouvoir spécifiques à chaque époque et à chaque société ; cf. Scott, Joan W., « Gender: A Useful Category of Historical Analysis », dans id., Gender and the Politics of History, New York-Oxford, 1988, pp. 2850 Google Scholar (traduction française par Eleni Varikas, parue sous le titre « Genre : une catégorie utile de l'analyse historique », Les Cahiers du Grif, 37/38, 1988, pp. 125-153).

16 Je m'inspire ici largement de la théorie du discours développée par Foucault, Michel, et principalement de L'archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969 Google Scholar ; c'est dire que d'une part, le discours comprend la perception, la pensée, la parole, l'action, et que d'autre part, il ne préexiste pas à ces éléments de sa formation, mais s'y forme.

17 Cf. Habermas, Jürgen, Strukturwandel der Öffentlichkeit, Neuwied-Berlin, Luchterhand, 1962 Google Scholar (traduction française : L'espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Paris, Payot, 1978). Dans son article « Public Sphère and Private Life: Toward a Synthesis of Current Historiographical Approaches to the Old Régime », History and Theory, 31, 1992, pp. 1-20, Dena Goodman aborde la problématique de la dichotomie du privé/public par rapport à l'histoire de l'Ancien Régime sur la base des différentes approches proposées par Koselleck, Habermas, Ariès et Chartier.

18 J'emprunte l'expression à Bettini, Maurizio qui intitule « L'avvenire dietro le spalle » la seconde partie de son Antropologia e cultura romana. Parentela, tempo, immagini dell'anima, Rome, La Nuova Italia Scientifica, 1986, p. 125 ss.Google Scholar

19 Certes, le pater se conforme à la mos maiorum, aux règles strictes du comportement analysées par Barghop comme base de l'égalité aristocratique, mais cela constitue une autre catégorie de pouvoir que celle du pouvoir personnel.

20 Foucault, M., Histoire de la sexualité, t. 3 : Le souci de soi, Paris, Gallimard, 1984 Google Scholar ; Rousselle, Aline, Porneia. De la maîtrise du corps à la privation sensorielle. H’ -IV siècles de l'ère chrétienne, Paris, Presses Universitaires de France, 1983 Google Scholar ; Veyne, Paul, « La famille et l'amour sous le Haut-Empire romain», Annales ESC, 1978, n° 1, pp. 3563 Google Scholar; pour Brown, Peter, cf. Genèse de l'Antiquité tardive, Paris, Gallimard, 1983 Google Scholar (traduction de The Making of Late Antiquity, 1978, préfacée par Paul Veyne) ou The Body and Society. Men, Women, and Sexual Renunciation in Early Christianity, New York, University of Columbia Press, 1988.

21 E. Meyer-Zwiffelhoffer, op. cit. n. 1 ; le livre est la version largement remaniée d'une thèse de doctorat (sous la direction de Jochen Martin), soutenue à l'université de Fribourg-en- Brisgau, en 1991.

22 Le terme latin désigne tout ce qui est « du ressort de Vénus » ; il permet d'éviter lu notion de sexualité élaborée au 19e siècle dont les définitions essentialistes et le postulat implicite faisant d'elle une catégorie autonome de la « nature humaine », invariante historique donc, ne sauraient expliquer les venerea romains. E. Meyer-Zwiffelhoffer, op. cit., p. 9, se réfère dans ce contexte aux ouvrages suivants : Foucault, Michel, Histoire de la sexualité, t. 1, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976 Google Scholar ; Padgug, R., « Sexual Matters: On Conceptualizing Sexuality in History », Radical History Review, 20, 1979, pp. 323 Google Scholar ; Davidson, A. I., « Sex and the Emergence of Sexuality », Critical Inquiry 14, 1987, pp. 1648 Google Scholar ; Halperin, David M., « Is there a History of Sexuality », History and Theory, 28, 1989, pp. 257274 Google Scholar ; Winkler, John J., The Constraints of Désire. The Anthropology of Sex and Gender in Ancient Greece, New York-Londres, Routledge, 1990.Google Scholar

23 Cohen, D., « Law, Society and Homosexuality in Classical Athens », Past & Présent, 117, 1987, pp. 321 Google Scholar; idem, « Sexuality, Violence and the Athenian Law of Hybris », Greece & Rome, 38, 1991, pp. 171-188 ; id., Law, Sexuality, and Society. The Enforcement of Morals in Classical Athens, Cambridge, Cambridge University Press, 1991 ; id., « The Augustan Law on Adultery: The Social and Cultural Context », dans Kertzer, D. I., Saller, R. P. (éds), The Family in Italy from Antiquity to the Présent, New Haven-Londres, Yale University Press, 1991, pp. 109126.Google Scholar Cf. en outre E. Meyer-Zwiffelhoffer, 1995, op. cit., p. 220 et n. 3 pour des compléments bibliographiques.

24 E. Meyer-Zwiffelhoffer, op. cit., p. 224, n. 17, renvoie, dans ce contexte, à Treggiari, Susan, Roman Marriage. Iusti coniuges from the Time of Cicero to the Time of Ulpian, Oxford, Clarendon University Press, 1991, p. 313 Google Scholar, qui constate que la société romaine ne connaît ni l'image du cocu ni celle du Don Juan.

25 P. Veyne, 1978, art. cité n. 20.

26 P. Veyne, 1978, art. cité n. 20, p. 53.

27 M. Foucault, 1984, op. cit. n. 20.

28 Dans cette perspective, la fameuse phrase de VAgricola de Tacite — « Qu'ils sachent, ceux qui se plaisent à admirer l'illicite, qu'il peut, même sous de mauvais Princes, y avoir de grands hommes, et que l'obéissance et la réserve, si elles sont accompagnées par l'activité et l'énergie, atteignent le même degré de gloire par lequel beaucoup, suivant des chemins abrupts et au prix d'une mort ostentatoire qui ne sert en rien la res publica, sont devenus célèbres » (42. 6) — acquiert du coup une valeur explicative des pratiques politiques et dépasse la traditionnelle interprétation qui ne voit dans ces lignes qu'une apologie du conformisme du beau-père de l'auteur, et, bien sûr, de Tacite lui-même ; interprétation que l'on retrouve par exemple dans la traduction de sciant, quibus moris est illicita mirari : « Qu'ils sachent, ceux qui se plaisent à admirer la rébellion », chez Grimal ( Tacite, . Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1990 Google Scholar).

29 D. Barghop, op. cit. n. 1, pp. 160-164.

30 Cf. par exemple Tacite, Annales 2.27.1, 4.30.3, 4.33.3, Dion Cassius 58.1.1b, 58.4.8, ou bien SUÉTone, Tibère 61, Caligula 27, Claude 37, Néron 36-37, Vitellius 14, Domitien 10.

31 Pour nous, lecteurs d'aujourd'hui, c'est effectivement le texte qui avance une critique, et non pas un auteur qui a laissé son texte comme seule trace, mais qui échappe à toute emprise d'un historien essayant de le saisir dans la matérialité de sa personne. Cette approche du texte comme réalité matérielle est développée dans Spath, Thomas, « Texte et Tacite. Proposition d'un modèle du texte historiographique », Storia délia Storiografia, 26, 1994, pp. 338.Google Scholar

32 II s'agit exactement des accusations dont E. Meyer-Zwiffelhoffer, op. cit. n. 1, p. 184 ss) démontre qu'elles font partie des topoï rhétoriques employés dans les invectives destinées à mettre en doute la dignitas de l'adversaire. Cf. également, parmi les publications récentes, Edwards, Catherine, The Politics of Immorality in Ancient Rome, Cambridge, Cambridge University Press, 1993, chapitre 2 : « Mollitia: Reading the Body », p. 63 ss.Google Scholar

33 Cf. Lind, L. R., « The Tradition of Roman Moral Conservatism », dans Deroux, Cari (éd.), Studies in Latin Literature and Roman History, I, Bruxelles, Coll. Latomus, 1979, pp. 7 58 Google Scholar ; id., « The Idea of the Republic and the Foundation of Roman Morality », dans Cari Deroux (éd.), Studies in Latin Literature and Roman History, V, Bruxelles, Coll. Latomus, 1989, pp. 5- 34 ; Joachim Classen, C., « Virtutes Romanorum. Rômische Tradition und griechischer Einfluss », Gymnasium, 95, 1988, pp. 289302.Google Scholar

34 Cf. E. Flaig, op. cit. n. 1, chapitre II.5 : « La perte de la capacité de décision », p. 117 ss.

35 D. Barghop se réfère, à propos des « sectes » philosophiques, à Paul Veyne, « L'Empire romain », dans Philippe AriÈS, Georges Duby (éds), Histoire de la vie privée, t. 1, Veyne, Paul (éd.), De l'Empire romain à l'an mil, Paris, Le Seuil, 1985, pp. 19223 Google Scholar (p. 213 ss).

36 M. Foucault, op. cit. n. 20, p. 107 ss.

37 D. Barghop, op. cit. n. 1, p. 165 ss.

38 Cf. infra.

39 P. Veyne, 1978, op. cit. n. 8, p. 219.

40 Les citations sont tirées de E. Flaig, op. cit., n. 1, p. 15. E. Flaig emploie le terme de discours dans un sens restreint à l'expression linguistique, contrairement au concept plus large que E. Meyer-Zwiffelhoffer et moi-même employons, à la suite de M. Foucault.

41 Cf. p. 18 ss de Yop. cit. n. 1, où l'auteur applique, de manière explicative, cette méthode de lecture à quelques passages tirés des Histoires de Tacite. Il met en évidence l'autonomie du « discours de maximes » qui commente des éléments très divers du « discours de rapport » en les attribuant à une seule et unique catégorie conceptuelle ne tenant aucun compte de la diversité des éléments ainsi interprétés par le texte historiographique.

42 E. Flaig, op. cit., n. 1, p. 15. L'ouvrage de Flaig a été accueilli de façon parfois assez. hostile : de façon superficielle, les comptes rendus évitaient souvent la discussion des thèses du livre et critiquaient en revanche le style provocateur de son écriture — telle cette phrase irrespectueuse sur les textes classiques que la tradition prescrit d'approcher avec admiration. En effet Flaig suggère de se considérer, en tant qu'historien du 20e siècle, comme « plus futé » que les sujets historiques qu'il étudie, sans pour autant justifier son attitude — mais on trouve chez D. Barghop, op. cit. n. 1, p. 59, une explication théorique qui justifie un tel constat. Barghop rappelle en effet que le pouvoir explicatif de celui qui s'approche d'une culture différente de la sienne est toujours supérieur au pouvoir d'explication de l'acteur à propos de ses propres actes — mais il précise que l'approche explicative des historiens fait en même temps inévitablement abstraction de la subjectivité des sujets historiques.

43 E. Flaig, op. cit. n. 1, p. 34 ss. Flaig plaide pour l'élimination du « Verstehen », « concept capital de l'Idéologie allemande », dans Flaig, Egon, « Verstehen und Vergleichen. Ein Plâdoyer », dans Oexle, O. G., RÙSen, J. (éds), Historismus in den Kulturwissenschaften, Cologne, Bohlau, 1996, pp. 263287.Google Scholar

44 Cf. D. Barghop, op. cit. n. 1, p. 33 ss.

45 D. Barghop, op. cit., p. 49 ss, n. 27, renvoie aux grands noms de la Nouvelle Histoire — Marc Bloch, Lucien Febvre, Fernand Braudel, Georges Duby, FrantiSek Graus — ainsi qu'à la réception critique du concept de mentalités dans l'historiographie germanophone et à sa redéfinition dans le cadre de l'anthropologie historique (Rebekka Habermas, Ulrich Raulff, Annette Riecks, Hans Sussmuth, etc.).

46 L'auteur s'appuie sur P. Veyne, 1978, op. cit. n. 8, p. 221 ss et n. 4 (renvoi à Deleuze cl Parnet concernant le désir comme « principe de tous les affects »).

47 Pour ce qui suit, cf. N. Elias, 1992, op. cit., n. 9, p. 34 ss et Barghop, 1994, op. cit. n. 1, p. 55. ]

48 D. Barghop renvoie à P. Bourdieu, op. cit. n. 9, en précisant que celui-ci, contrairement à N. Elias, problématise la position du chercheur et sa différence par rapport aux sujets agissants qu'il étudie ; il constate cependant qu'en dehors de cet aspect, les positions théoriques de Bourdieu et d'Elias se rapprocheraient au point de susciter une réunion des deux modèles (D. Barghop, art. cité p. 60, n. 18).

49 P. Veyne, art. cité n. 20, p. 52. Mais cf. l'appréciation plus nuancée par P. Veyne dans son texte sur « Foucault historien », op. cit. n. 8, p. 203 et n. 23, qui continue cependant d'opposer discours et pratiques.

50 E. Meyer-Zwiffelhoffer, op. cit. n. 1, p. 15 ss et n. 7 pour les références aux ouvrages de M. Foucault.

51 J'illustre concrètement ces notions théoriques de «faisceaux de relations” (M. Foucault, 1969, op. cit. n. 16, p. 96), à l'aide d'exemples construits à partir de l'analyse du texte tacitéen dans T. Spath, op. cit. n. 1, p. 285 ss.

52 E. Flaig, art. cité n. 43, p. 281 ss.

53 Au-delà de la différence de leurs approches théoriques, les quatre auteurs se retrouveraient certainement dans ce que E. Flaig, art. cité n. 43, p. 287, affirme à propos du fondement de nouvelles découvertes en histoire : « Le progrès dans notre discipline s'accomplit moins par la chasse à des sources et vestiges inédits, que par la réflexion toujours renouvelée sur la valeur d'explication de nos modèles, de nos conceptions et de nos théories ».

54 Toute généralisation présuppose des exceptions ; ainsi on peut renvoyer, en ce qui concerne l'historiographie française, aux travaux innovateurs des chercheurs du Centre Louis Gernet d'études comparées sur les sociétés anciennes (mais qui ne portent qu'exceptionnellement sur l'histoire romaine) ; du côté allemand, il faut mentionner l'Institut d'anthropologie historique de l'université de Fribourg-en-Brisgau auquel les auteurs présentés sont liés par leurs échanges directs ou indirects avec Jochen Martin et Renate Zoepffel. Pour une comparaison des traditions historiographiques française et allemande dans le domaine de l'histoire romaine, cf. l'étude sur « Les institutions et les réseaux, ou comment des traditions nationales se construisent sur un objet commun » de Hinnerk Bruhns, dans Bruhns, H., David, J.-M.. Nippel, W. (éds), Die spdte rômische Republik — La fin de la République romaine. Un débat franco-allemand d'histoire et d'historiographie, Rome, « Collection de l'Efr-235 », 1997, pp. 543.Google Scholar

55 Je remercie Margrit Trôhler pour l'encourageante lecture de ce texte et Anne Goliot- Lété pour sa fine relecture.