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Niveaux de développement économique de 1810 à 1910

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Cette étude a pour but de définir et comparer les niveaux relatifs de développement d'un certain nombre de pays durant le XIXe siècle. La période choisie a commandé la méthodologie. Pour le XIXe siècle (et notamment les six premières décennies) ce sont les disponibilités statistiques qui déterminent les voies d'élaboration. L'approche qui, de primeabord, paraît la plus féconde est celle d'une estimation en monnaie constante et à pouvoir d'achat rectifié, afin de tenir compte des différences internationales, du revenu ou produit national par habitant.

C'est cette méthodologie qu'utilisa notamment Colin Clark. Des estimations similaires, quoique moins élaborées, furent déjà réalisées au XIXe siècle, notamment — et surtout — par le statisticien anglais Mulhall, et dès la fin du XVIIe siècle même par G. King, lequel, à côté de la fameuse estimation du revenu national anglais, calcula également à titre comparatif celui de la France et des Pays-Bas.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1965

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References

1. Voir surtout The Conditions of Economie progress, dont la première édition date de 1940 (traduction française d'après la 3e édition).

2. Mulhall, M. G., The progress of the World, Londres, 1880.Google Scholar Du même, Industries and Wealth of Nations, Londres, 1890, et, également, son Dictionary of statistics (voir surtout la 4e édition), Londres, 1898.

3. Gregory King, Natural and Political Observations upon the State and Conditions of England.

page 1093 note 1. Ces coefficients sont évidemment des moyennes assez grossières. Ils résultent de données fournies par les auteurs d'estimations analogues faites au cours du XIXe siècle (notamment Mulhall) et des enquêtes que nous avons effectuées auprès des spécialistes en la matière. Nous avons en fait utilisé des coefficients variables suivant le niveau connu de développement probable. En effet, la tendance en ce domaine est celle d'une consommation d'animaux plus jeunes d'où un accroissement progressif de ce coefficient (sauf pratiquement pour les porcs).

page 1093 note 2. Notamment du Royaume-Uni et de la France. Les données ayant été au préalable vérifiées par une comparaison avec les chiffres contemporains pour divers pays (données : F.A.O.).

page 1093 note 3. La teneur en calories des viandes diffère assez fortement selon le pourcentage de graisse qu'elles comportent, puisque le muscle — ou viande sans graisse — représente environ 1 600 calories alors que la graisse « pure » en contient près de 9 000 par kg.

page 1094 note 1. La F.A.O. a adopté un coefficient unique de 7 pour l'ensemble des pays et des viandes (repris par M. Cépède et M. Lengèle : Economie alimentaire du globe, Paris, 1953). Nous avons jugé préférable d'utiliser des coefficients différents pour chaque espèce.

Pour la période contemporaine l'on dispose de données suffisantes pour permettre la détermination de ces coefficients (surtout sous la forme du gain de poids par unité fourragère).

A partir de ces données contemporaines — dont nous avons fait une synthèse — nous avons établi des coefficients théoriques valables pour le milieu du XIXe siècle pour les pays européens moyennement développés (ce choix a été basé d'une part sur les avis de spécialistes que nous avons consultés et que nous remercions ici de l'amabilité dont ils ont fait preuve, et d'autre part sur les données fragmentaires quant à l'âge de l'abattage).

page 1094 note 2. Vers les années 1930, encore, alors que la France produisait environ 5 kg de légumes secs par habitant, la Belgique 3 kg, la Suède 5, l'Allemagne 1 et les États-Unis 7, l'Italie et l'Espagne en produisaient respectivement 20 et 19 kg.

page 1094 note 3. 15 % pour les données de 1840 et 10 % pour celles de 1910 (avec pourcentages intermédiaires pour les autres périodes). Ces pourcentages très approximatifs résultent du rapport des deux productions (céréales et légumes secs), compte tenu du pouvoir calorifique plus élevé des légumes secs et de la correction en fonction de l'existence de telles productions dans les autres pays. Ce calcul a été fait pour 1910 ; les données de 1840 sont une simple extrapolation basée sur la tendance probable des productions respectives.

Pour l'Espagne, vu la forte baisse de la production de céréales en 1880 et en 1900 par rapport à 1860 (il s'agit d'une « réorientation » de l'agriculture espagnole qui, à bien des égards, pouvait être plutôt qualifiée de crise), nous avons accru le coefficient correctif.

page 1094 note 4. Voir annexe.

page 1095 note 1. Sur la base d'un minimum moyen de 2 500 calories par jour et en tenant compte, d'une part, d'une sous-estimation moyenne de ces indices de l'ordre de 10 % — à cause de l'exclusion de certaines productions alimentaires (lait, légumes, fruits) — et, d'autre part, de la consommation de viande ici exprimée en calories directes, il faut environ 1,1 unité pour nourrir un homme. Ce qui, sur la base d'une population active représentant 45 % de la population totale, nous donne environ 2,4 unités comme productivité minimum pour supporter l'ensemble de la population dans l'hypothèse de l'absence d'autres secteurs. Sur la base de 3 200 calories la productivité minimum passe à 3,8 unités du fait de l'action combinée de l'accroissement de consommation animale et de celui de l'ensemble des calories.

En fait il conviendrait encore de tenir compte des pertes diverses (meunerie, détérioration, consommation des animaux nuisibles, etc.) dont il est difficile d'évaluer l'importance moyenne. Il est probable que ces pertes dépassent les 15 %.

page 1097 note 1. Ainsi, en 1846, si l'on rapporte en Belgique l'ensemble des terres cultivables (terres labourables plus pâturages, herbages et autres) au nombre d'actifs agricoles masculins, l'on obtient par actif 2,6 hectares. Le chiffre correspondant pour la France de 1840 est de 5,3 hectares.

page 1097 note 2. Il convient de noter que les données se rapportant à la Suisse contiennent une marge d'erreur un peu plus grande que celle des autres pays dont nous traitons ici du fait de l'absence de certaines statistiques qui nous a obligé à des interpolations plus fréquentes.

page 1097 note 3. Dès 1900, l'Allemagne rattrapait le Royaume-Uni pour le dépasser vers 1910, mais il convient d'interpréter les indices de 1910 pour le Royaume-Uni en tenant compte de la diversification de son agriculture, diversification que notre indice ne peut faire apparaître pleinement. De ce fait, il convient de ne point tirer des conclusions trop tranchantes au sujet de ce dépassement.

page 1098 note 1. Vicens Vives, J. (avec la collaboration de J. N. Oller) : Manual de Historia Económica de España, Barcelona, 1959, p. 578.Google Scholar De 1860 à 1900, la superficie des terres ensemencées de blé et de céréales passe de 14,1 millions d'hectares à 10,7 millions d'hectares (blé 5,1 à 3,7).

page 1098 note 2. Nous avions déjà abouti à une conclusion similaire lors de l'examen du revenu national japonais pour 1880 (voir notre article : « Le mythe de la croissance économique rapide au XIXe siècle » dans la Revue de l'Institut de Sociologie, n° 2, 1962, p. 828).

page 1099 note 1. Analysant les modifications intervenues dans l'agriculture anglaise de 1870 à 1913, Ashworth, W. (An Economic History of England, 1870 to 1939, London, 1960) note (p. 70)Google Scholar : « Most of these changes appear to be symptomatic of decline in some sense, but they can hardly be held to be proof of greater agricultural inefficiency. Rather they were signs of one riot unreasonable way of adjustment to a changing economic environment. England still had one of the most productive farming industries of the world, wich had maintained its efficiency through the many varied shocks since 1870. But it was no longer a model to the rest of Europe ; it had made few technical advances in a period when other industries made many… ». Signalons également, comme nous l'avons déjà noté, que du fait de la diversification de la production agricole, les indices de 1910 pour les pays les plus développés sous-estiment probablement l'évolution. Cela doit être le cas du Royaume-Uni.

page 1100 note 1. Nous tenterons néanmoins plus loin de procéder à une synthèse.

page 1100 note 2. Si nous n'avons pas utilisé ici comme indice du développement industriel la proportion de population active employée dans l'industrie c'est que l'étude préalable de la valeur de cet indice s'est révélée fort décevante : d'une part, pour le XIXe siècle (et pratiquement jusqu'au milieu du XXe siècle), non seulement les recensements étaient basés dans leur grande majorité sur la profession et non sur l'occupation, mais l'hétérogénéité des classifications rend la comparaison internationale très aléatoire ; d'autre part, les différences de productivité enlèvent à cet indice beaucoup de sa valeur.

page 1101 note 1. Pour un exposé du processus par lequel le coton a joué un rôle capital dans l'amorce d'un développement cumulatif de l'industrie en général, nous nous permettons de renvoyer nos lecteurs aux chapitres 6 et 7 de notre livre. Bairoch, P., Révolution industrielle et sous-développement, S.E.D.E.S., Paris, 1963.Google Scholar

page 1101 note 2. Pas plus pour ce tableau que pour les autres nous ne fournirons le détail des sources ou méthodes d'estimations utilisées ; celles-ci étant fournies d'une manière succincte dans l'annexe.

page 1102 note 1. Quoique le niveau de la consommation de coton de l'industrie britannique n'augmenta guère après 1910 (sommet absolu en 1912), ce ne fut que durant la seconde guerre mondiale que les États-Unis dépassèrent le Royaume-Uni.

page 1103 note 1. Du fait de la forte spécialisation de la Suède dans la production sidérurgique — et cela bien avant la révolution industrielle (voir notamment E. F. Heckscher, « Un grand chapitre dans l'histoire du fer : le monopole suédois » dans Annales d'histoire économique et sociale, vol. 4, n° 14, mars 1932) — il convient de tenir compte de cet élément dans la classification de ce pays.

page 1103 note 2. Comme pour toutes les données se rapportant à la production industrielle, il s'agit, rappelons-le, de moyennes quinquennales. Le dépassement se situe entre 1895 et 1899.

page 1103 note 3. Voir note ci-dessus.

page 1104 note 1. « La métallurgie lourde doit son essor à la mise en valeur des gisements ferreux de Russie méridionale » et « à l'élévation des droits de douane ».

Gille, B., Histoire économique et sociale de la Russie, du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1949, pp. 200201.Google Scholar

page 1104 note 2. Rappard, W. E., La révolution industrielle et les origines de la protection légale du travail en Suisse, Berne, 1914, pp. 6364.Google Scholar

page 1105 note 1. Ch. Mokazé, , Les Bourgeois conquérants, Paris, 1957.Google Scholar

page 1105 note 2. Pour des exemples précis se rapportant à la France et à l'Angleterre voir Bairoch, P., Révolution industrielle et sous-développement, S.E.D.E.S., Paris, 1963 Google Scholar ; notamment « Le rôle des chemins de fer dans le développement », pp. 93-97.

page 1105 note 3. Il est évident que la détermination de cette formule comporte une large part d'arbitraire, il n'en saurait être autrement. Le choix des coefficients utilisés a été déterminé en fonction des données des pays à densité de population divergente et pour lesquels, grâce aux autres indices et aux indications ressortant des études d'histoire économique, l'on connaissait le niveau approximatif du développement industriel.

page 1106 note 1. Voici à titre indicatif les dates d'ouverture des premières voies ferrées dans les pays étudiés ici :

page 1109 note 1. Le manque de données statistiques plus complètes et surtout moins sujettes à caution ne permet pas de préciser lequel de ces quatre pays venait en tête. Nous sommes enclins à penser qu'il y a de fortes chances qu'il s'agisse soit de la Belgique, soit des États-Unis. A titre purement indicatif, signalons que nous avons calculé, lors d'un autre article (P. Bairoch, « Le mythe de la croissance économique rapide au XIXe siècle », dans Revue de l'Institut de Sociologie, n° 2, 1962, pp. 307-331), le niveau de revenu national par habitant exprimé en pouvoir d'achat du $ aux États-Unis en 1957 pour trois pays dont la France et les États-Unis : France : moyenne 1780-1830 = 123 $. États-Unis : moyenne 1800-1810 = 216 $ (bien entendu la marge d'erreur de tels calculs est très importante mais ne saurait difficilement absorber entièrement l'écart).

page 1113 note 1. Voir le tableau n° 1 pour les données sur le niveau de productivité de l'agriculture et le tableau n° 8 pour le classement des pays d'après leur développement industriel.

page 1113 note 2. Qui se trouve encore obscurcie par ce que l'on peut appeler « un faux départ » de la révolution industrielle en France vers les années 1760-1770. Ce démarrage a été fortement perturbé par la révolution.

page 1113 note 3. A titre indicatif des idées reçues en ce domaine voici les dates citées par Rosrow comme début des périodes de démarrage :

Rostow, W. W. : The stages of economic growth, Cambridge, 1961, p. 38.Google Scholar

page 1114 note 1. Si, comme nous l'avons noté au cours de l'étude, l'annexion de l'Alsace-Lorraine a favorisé ce rattrapage (ces régions étant, tant au point de vue industriel qu'agricole, plus développées que la moyenne de la France), il convient de remarquer que ce dépassement se serait de toute façon réalisé au cours du quatrième quart du XIXe siècle et probablement dès 1880-1890.

page 1114 note 2. Ces valeurs confirment les conclusions auxquelles nous avons abouti en étudiant l'évolution du revenu par habitant pour le XIXe siècle pour trois pays ( Bairoch, P., « Le mythe de la croissance économique rapide au XIXe siècle », dans Revue de l'Institut de Sociologie, n° 2, 1962, pp. 307331 Google Scholar).

page 1115 note 1. Pour une description des divers mécanismes qui ont permis à l'agriculture de jouer un rôle déterminant dans l'industrialisation, nous nous permettons de renvoyer le lecteur à notre étude « Révolution industrielle et sous-développement », Paris, 1963. Notamment partie 2 « Les mécanismes économiques de développement ».