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Marronnage et pouvoir colonial

Palmares, Cucaú et les frontières de la liberté au Pernambouc à la fin du xviie siècle

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Silvia Hunold Lara*
Affiliation:
Universidade Estadual de Campinas

Résumé

Cet article se concentre sur l’accord de paix signé en 1678 entre Gamba Zumba, leader de Palmares, la communauté d’esclaves en fuite la plus importante et la plus durable de l’histoire de l’esclavage au Brésil, et les autorités coloniales du Pernambouc, dans le nordest de l’État du Brésil, qui donna naissance au hameau de Cucaú. Il examine le contexte dans lequel ont été menées les négociations, leur lien avec les débats sur la liberté des Indiens au Brésil et les controverses suscitées par l’octroi de l’affranchissement aux natifs de Palmares, suivi du re-asservissement des habitants de Cucaú. Les caractéristiques de l’accord de 1678 et les circonstances dans lesquelles il fut signé révèlent des aspects importants des luttes esclaves et des choix qui ont été faits. Choix qui concernaient l’esclavage et la liberté des Noirs et des Indiens dans l’empire colonial portugais à la fin du xviie siècle, au Pernambouc, au Brésil et au Portugal.

Abstract

Abstract

This article focuses on the peace agreement signed in 1678 between Ganga Zumba, leader of Palmares, the largest and longest-lived maroon settlement in the history of slavery in Brazil, and the colonial authorities in Pernambuco, in the Northeast State of Brazil, which establish the aldeia of Cucaú. It examines the context of the negotiations, the connections with the debates on the freedom of Indians in Brazil, and the controversies that were raised by the emancipation conceded to those born in Palmares and, later, by the re-enslavement of the inhabitants of Cucaú. The characteristics and the circumstances of the agreement of 1678 disclose important aspects of the slaves’ fights and the dilemmas lived in the end of eighteenth century in Pernambuco, Brazil and Portugal in relation to the slavery and freedom of blacks and Indians in the Portuguese colonial empire.

Type
Intégrer les marges
Copyright
Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2006

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References

Cet essai présente les résultats partiels d’un projet de recherche financé par le Conseil national de développement scientifique et technologique (CNPq). Une première version de ce texte a été présentée au colloque « L’expérience coloniale. Dynamiques des échanges dans les espaces atlantiques à l’époque de l’esclavage (XVe-XIXe siècles) », organisé à Nantes du 20 au 22 juin 2005 par l’EHESS (ACI «Histoires croisées des espaces atlantiques ») et l’association « Les Anneaux de la Mémoire », dans le cadre de l’« Année du Brésil en France ». Je remercie les participants du colloque et plus particulièrement Jean Hébrard pour les commentaires et les suggestions faits à cette occasion.

1 - La période qui s’étend entre l’expulsion des Hollandais (1670) et la révolte des Mascates (1711) est peu étudiée et les données ne sont pas précises. Pour une évaluation générale de la production sucrière et de la population servile dans la capitainerie tout au long du xvii e siècle, voir Mauro, Fredéric, Le Portugal, le Brésil et l’Atlantique au xvii e siècle (1570-1670), Paris, Fondation Calouste Gulbenkian, 1983, pp. 203-204 et 215-227 Google Scholar, et Schwartz, Stuart B., « Plantations and peripheries », in Bethel, L. (éd.), Colonial Brazil, Cambridge, Cambridge University Press, 1987, pp. 70-77 Google Scholar. Sur l’expansion vers l’intérieur du pays (sertões), voir Puntoni, Pedro, A guerra dos bárbaros. Povos indíge-nas e a colonização do sertão nordeste do Brasil, 1650-1720, São Paulo, Hucitec/Edusp,2002 Google Scholar, en particulier le chapitre 1.

2 - «Relações das guerras feitas aos Palmares de Pernambuco no tempo do governador dom Pedro de Almeida de 1675 a 1678 », in Dantas Silva, L. (éd.), Alguns documentos para a história da escravidao, Recife, Fundaj/Massangana, 1988, pp. 27-44, ici pp. 28-29 Google Scholar.

3 - Commentant ces chiffres, Stuart B. Schwartz considère que, sila région possédait environ deux cents moulins à sucre au milieu du xvii e siècle, avec une moyenne de cent esclaves chacun, le nombre d’habitants de Palmares devait être égal au total des esclaves utilisés par l’économie sucrière de la région. Voir Stuart B. Schwartz, « Rethinking Palmares: Slave resistance in colonial Brazil », in ID., Slaves, peasants, and rebels, Urbana, University of Illinois Press, 1992, pp. 103-136, ici p. 123.

4 - « Relacoes das guerras... », art. cit., p. 30.

5 - Brito Freire, Francisco, Nova Lusitdnia. Histdriadaguerra brasllica, Recife, Secreta-ria de Educacao e Cultura, [1675] 1977, p. 283 Google Scholar.

6 - Terme par lequel on désigne les hommes qui participaient aux expéditions à travers les sertoes (terres intérieures) en vue de la capture d’Indiens ou de Noirs marrons (NdT).

7 - On pourra trouver une description détaillée de ces expéditions dans Alves Filho, Ivan, Memorial dos Palmares, Rio de Janeiro, Xenon, 1988, pp. 78-86 Google Scholar.

8 - « Relações das guerras... », art. cit., p. 40.

9 - Il s’agit des « Relações das guerras... », art. cit. Il existe trois versions connues de cette chronique, peu différentes les unes des autres. Nous utilisons ici celle conservée aux Archives d’Evora. Elle a été publiée par L. Dantas Silva (éd.), Alguns documentos..., op. cit., pp. 27-44. Deux autres, appartenant à la Bibliothèque nationale de Lisbonne et aux Archives historiques d’Outre-Mer, ont été publiées par Freitas, Décio, República dos Palmares. Pesquisa e comentários de documentos históricos do século xvii , Maceió, Edufal, 2004, pp. 19-50 Google Scholar. Sur ce thème, voir encore Lêda Oliveira, Maria, « A primeira Relação do último assalto a Palmares », Afro-Asia, 33, 2005, pp. 251-255 Google Scholar.

10 - Rodrigues, Nina, Os Africanos no Brasil, São Paulo, Cia. Ed. Nacional, [1905] 1977, pp. 83-84 Google Scholar; Carneiro, Edison, O quilombo dos Palmares, Rio de Janeiro, Civilização Brasi-leira, [1947] 1966, pp. 77-80 Google Scholar; Péret, Benjamin, La commune des Palmares. « Que fut le quilombo des Palmares? », Paris, Éditions Syllepse, [1956] 1992, pp. 51-53 Google Scholar.

11 - Freitas, Décio, Palmares. A guerra dos escravos, Rio de Janeiro, Graal, [1971] 1978, pp. 118-121 et 126 Google Scholar; I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., pp. 88-92, et Dos Santos Gomes, Flávio, Palmares, São Paulo, Contexto, 2005, pp. 129-136 Google Scholar.

12 - Il est symptomatique que, de nos jours encore, le texte de l’accord n’apparaisse dans aucune des anthologies qui ont publié des documents sur Palmares, bien qu’il ait pu être consulté par Edison Carneiro, Décio Freitas et Ivan Alves Filho.

13 - D. Freitas, Palmares..., op. cit., p. 11; I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., pp. 199-200.

14 - D. Freitas, Palmares..., op. cit., p. 128.

15 - - « Relações das guerras... », art. cit., pp. 40-41.

16 - Ibid., pp. 40, 41 et 43. Le rapport du procureur du Conseil d’Outre-Mer du 9 décembre 1678 dit que la proposition avait été envoyée aux Noirs de Palmares par Aires de Souza de Castro (Lisbonne, Archives historiques d’Outre-Mer [AHU], Pernam-bouc, boîte 11, doc. 1116).

17 - La « Relação das guerras... » elle-même (art. cit., p. 43) mentionne la « pétition du roi des Palmares dans laquelle il demandait la paix, la liberté, le sol et la remise des femmes » (c’est nous qui soulignons). Voir aussi la lettre, datée du 22 juin 1678, envoyée par le contrôleur des finances royales de la capitainerie de Pernambouc au prince-régent: AHU, Pernambouc, boîte 11, doc. 1118.

18 - Déclaration du gouverneur dom Pedro de Almeida datée du 14 février 1678. Martins de Freitas, Mário, Reino negro de Palmares, Rio de Janeiro, Bibliothèque de l’Armée, 1988, p. 249 Google Scholar.

19 - Le contexte est analysé par I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., pp. 82-88.

20 - Voir, à ce sujet, B. Péret, La commune des Palmares..., op. cit., p. 53; D. Freitas, Palmares..., op. cit., pp. 121-123; I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., p. 93.

21 - C’est ce qu’expliqua Aires de Souza de Castro en 1680 au Conseil d’Outre-Mer: Rapport du Conseil d’Outre-Mer du 4 février 1687; D. Freitas, República dos Pal-mares..., op. cit., pp. 113-114.

22 - Lettre du 22 juin 1678 adressée par le contrôleur des finances royales de la capitaine-rie du Pernambouc au prince-régent (AHU, Pernambouc, boîte 11, doc. 1116). Un rapport du Conseil d’Outre-Mer daté du 25 juin 1687 mentionne que Carrilho avait la réputation d’être un sorcier pour avoir fait tellement de prisonniers « que cela dépasse les forces humaines »: Ennes, Ernesto, As guerras nos Palmares, São Paulo, Cia. Ed. Nacional, 1938, doc. 12Google Scholar.

23 - Lettre de dom Pedro de Almeida au prince-régent datée du 4 février 1678 (AHU, Pernambouc, boîte 11, doc. 1103).

24 - « Relações das guerras... », art. cit., p. 41.

25 - Ibid., p. 41.

26 - Ibid., p. 42.

27 - Copie du document qu’emportèrent les Noirs de Palmares, annexée à la lettre du gouverneur Aires de Souza de Castro datée du 22 juin 1678 (AHU, Pernambouc, boîte 11, doc. 1116).

28 - Ibid.

29 - Lettre de Aires de Souza de Castro au prince-régent datée du 19 juillet 1678 (AHU, Pernambouc, boîte 11, doc. 1124).

30 - Voir E. Carneiro, O quilombo dos Palmares, op. cit., p. 120, et I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., pp. 90-91.

31 - Les chiffres sont à nouveau contradictoires selon les documents: « presque trois cents » pour les uns, « plus de quatre cents » pour les autres. Voir D. Freitas, Palmares..., op. cit., pp. 123-131, et I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., pp. 91-92.

32 - Dans les sources du xvii e siècle, c’est le terme mocambo qui est le plus utilisé pour désigner les communautés d’esclaves fugitifs; quilombo apparaît à la fin du siècle, d’abord comme synonyme de mocambo. Ensuite, il acquiert des significations plus pré-cises. A partir du milieu du xviii e siècle, le terme quilombo se généralise et on l’emploie alors couramment pour désigner les lieux de rassemblements des esclaves fugitifs. Voir S. B. Schwartz, « Rethinking Palmares... », art. cit., pp. 103-136, et Hunold Lara, Silvia, « Do singular ao plural: Palmares, capitães-do-mato et governo dos escravos », in Reis, J. J. et Santos Gomes, F. Dos (éd.), Liberdade por um fio. História dos quilombos no Brasil, São Paulo, Companhia das Letras, 1996, pp. 81-109 Google Scholar.

33 - Price, Richard (éd.), Maroon societies. Rebel slave communities in the Americas, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1979, respectivement pp. 96-97, 78-79, 254-255 et 108 Google Scholar.

34 - Voir les Actes de l’assemblée municipale de Salvador: Vianna Filho, Luis, O negro na Bahia, Rio de Janeiro, José Olympio, 1946, p. 153 Google Scholar. Je remercie Flavio dos Santos Gomes de m’avoir indiqué cette référence, mentionnée par lui dans A hidra e os pântanos. Mocambos, quilombos e comunidades de fugitivos no Brasil (séculos xvii-xix), São Paulo, Ed. Unesp/Ed. Polis, 2005, p. 402.

35 - Raphael Bluteau mentionne que, dans le royaume d’Angola, quand les macotas, « qui sont les nobles du pays», proposent un négoce aux sobas (nom donné aux souve-rains locaux), ils le font « à genoux et en applaudissant en signe de respect » (RAPHAEL BLUTEAU, Vocabulário portuguez e latino, Coïmbre, Collège des Arts de la Compagnie de Jésus, 1712, édition en fac-similé, CD-Rom, Rio de Janeiro, UERJ, s. d., entrée « Sova »). Frère Raimundo de Dicomano, à la fin du xviii e siècle, décrit la cérémonie d’intronisa-tion du successeur du roi dans le royaume du Congo. Le deuxième samedi après la mort du roi, l’élu est mené « vers une place où est préparée une chaise, ils le font asseoir, se prosternent à genoux à ses pieds, mettent de l’argile sur leur visage et tapent des mains en criant vive le roi. Et c’est ainsi qu’il est fait roi » ( Brasio, Antônio, « Informação do Reino do Congo de frère Raimundo de Dicomano [ca. 1798] », Stvdia, 34, 1972, p. 30 Google Scholar).

36 - La « Relação das guerras... », art. cit., p. 29, rapporte que Ganga Zumba était « traité avec le respect dû à un roi et avec les honneurs réservés au seigneur; ceux qui arrivent en sa présence posent immédiatement le genou à terre et applaudissent en signe de reconnaissance de son excellence; ils l’appellent Majesté et lui obéissent avec admiration ».

37 - C’est l’entente explicitée dans le rapport du Conseil d’Outre-Mer du 26 janvier 1680: D. FREITAS, Republica dos Palmares..., op. tit., pp. 124-126.

38 - Voir Thornton, John, « Early Kongo-Portuguese relations: A new interpretation », History in Africa, 8, 1981, pp. 183-204 Google Scholar.

39 - Heintze, Beatrix, « The Angolan vassal tributes of the 17th century », Revista de historia economica e social, 6, 1980, pp. 57-78 Google Scholar.

40 - ID., « Asilo ameaçado: oportunidades e conseqüências da fuga de escravos em Angola no século xvii », Cadernos do Museu da Escravatura, 2, 1995, pp. 12-13.

41 - Rapport anonyme du 9 décembre 1678 (AHU, Pernambouc, boîte 11, doc. 1116).

42 - Rapport du Conseil d’Outre-Mer du 26 janvier 1680, doc. cit. (cf. n. 37).

43 - R. Bluteau, Vocabulário portuguez e latino, op. cit., entrée « Principal ».

44 - Voir Manuel Monteiro, John, Negros da terra. Índios e bandeirantes nas origens de São Paulo, São Paulo, Companhia das Letras, 1994 Google Scholar, chap. 2; NADIA FARAGE, As muralhas dos sertões. Os povos indígenas no Rio Branco e a colonizaçã o, Rio de Janeiro, Paz e Terra/ Anpocs, 1991, chap. 1; Domingues, Ângela, Quando os índios eram vassalos. Colonização e relações de poder no norte do Brasil na segunda metade do século xviii , Lisbonne, CNCDP, 2000 Google Scholar, chap. 1 et 2.

45 - Pour une vision globale des relations entre les polémiques sur la légitimité de l’esclavage des Indiens et des Africains au Portugal, voir Russell-Wood, A. J. R., « Iberian expansion and the issue of Black slavery: Changing Portuguese attitudes, 1440-1770 », The American historical Review, 83, 1, 1978, pp. 16-42 Google Scholar; voir aussi Felipe De Alencastro, Luiz, O trato dos viventes: formação do Brasil no Atlântico sul séculos xvi e xvii , São Paulo, Companhia das Letras, 2000, pp. 155-187 Google Scholar.

46 - Voir Perrone-Moisés, Beatriz, « Índios livres e índios escravos: os princípios da legislação indigenista do período colonial », in Cunha, M. Carneiroda (éd.), História dos ´Indios no Brasil, São Paulo, Companhia das letras/SCM, 1992, pp. 115-132 Google Scholar; et Kiemen, Mathias C., The Indian policy of Portugal in the Amazon region, 1614-1693, New York, Octagon Books, 1973 Google Scholar. Pour une discussion plus détaillée de la nécessité de la tutelle des missionnaires, voir Alberto de Moura Ribeiro Zeron, Carlos, «La Compagnie de Jésus et l’institution de l’esclavage au Brésil: les justifications d’ordre théologique et juridique, et leur intégration par une mémoire historique (xvi e-xvii e siècles) », Thèse de Doctorat, EHESS, 1998 Google Scholar.

47 - Rapport du Conseil d’Outre-Mer du 26 janvier 1680, doc. cit. (cf. n. 37).

48 - Voir Cabral de Mello, Evaldo, « A briga dos Néris », Estudos avançados, 8, 20, 1994, pp. 153-181 Google Scholar.

49 - La référence à Cucaú en tant qu’aldeia est très fréquente dans la documentation officielle. Voir, entre autres, rapport du Conseil d’Outre-Mer du 8 août 1680 (D. Freitas, República dos Palmares..., op. cit., pp. 109-110).

50 - Décision du 12 septembre 1663 (Anais da Biblioteca Nacional, 66, 1948, pp. 29-31).

51 - L’analyse détaillée de ces débats a été réalisée par M. C. Kiemen, The Indian policy..., op. cit., chap. 5 et 6.

52 - Loi du 1er avril 1680 (Anais da Biblioteca Nacional, 66, 1948, pp. 57-59).

53 - Vœu de Salvador Correia de Sá sur l’évangélisation et le peuplement du sertã o, Conseil d’Outre-Mer, 1675, cité par Pedro Puntoni, A guerra dos bárbaros, op. cit., p. 72. Pour une analyse des guerres contre les Tapuias au Recôncavo et dans le sertã o du São Francisco dans les années 1650-1670, voir ibid., pp. 89-122.

54 - Le thème apparaît explicitement dans l’accord de 1678. L’expression est employée fréquemment pour désigner les services rendus par les Indiens des villages (et sous la tutelle des missionnaires) aux particuliers, c’est-à-dire aux habitants et aux colons.

55 - Robert Anderson met bien en évidence cet aspect. Il fait observer que les auteurs des sources disponibles sur Palmares comprenaient mal les coutumes et les pratiques du mocambo. On ne peut, en effet, prendre pour argent comptant l’affirmation selon laquelle Ganga Zumba était un roi qui résidait dans un palais avec des « gardes et des officiers » faisant partie de sa cour, simplement parce qu’il est ainsi décrit dans la «Relation» commandée par le gouverneur du Pernambouc en 1678. Voir Anderson, Robert N., «The quilombo of Palmares: A new overview of a Maroon State in seventeenth-century Brazil », Journal of Latin American studies, 28, 3, 1996, pp. 545-566 Google Scholar.

56 - N. Rodrigues, Os Africanos no Brasil, op. cit., pp. 88-89.

57 - E. Carneiro, O quilombo dos Palmares, op. cit., p. 2.

58 - Voir DA Rocha Pita, Sebastião, História da América portuguesa [1724], São Paulo, EDUSP/Itatiaia, 1976, p. 215 Google Scholar, et Nieuhof, John, « Voyages and travels into Brazil and the East Indies », in A. et Churchill, J. (éd.), Collection of voyages and travels, Londres, 1704, vol. 2, p. 8 Google Scholar. L’information de S. da Rocha Pita et J. Nieuhof est reprise par l’histo-riographie traditionnelle, sans être discutée. La documentation consultée révèle l’exis-tence d’esclaves indigènes; c’était le cas de cette « vieille Brésilienne, esclave de la fille du roi », faite prisonnière le 24 mars 1645, selon le récit qu’en donne Joäo Blaer, « Diário da viagem do capitão João Blaer aos Palmares em 1645 », in L. Dantas Silva (éd.), Alguns documentos..., op. cit., p. 23.

59 - Kent, Raymond K., « Palmares: An African state in Brazil », Journal of African history, 6, 2, 1965, pp. 161-175, ici pp. 164 et 169 Google Scholar; R. N. Anderson, « The quilombo of Pal-mares... », art. cit., pp. 558-563.

60 - Pour une analyse de l’organisation interne de Palmares et de ses aspects africains, voir N. Rodrigues, Os Africanos no Brasil, op. cit., pp. 71-92; R. K. Kent, « Palmares... », art. cit.; D. Freitas, Palmares..., op. cit., pp. 43-52; S. B. Schwartz, « Rethinking Palmares... », art. cit., pp. 125-128; I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., pp. 73-78; R. N. Anderson, « The quilombo of Palmares... », art. cit., pp. 553-562.

61 - Sur les Imbangala en Angola, voir Miller, Joseph C., Kings and kinsmen: Early Mbundu States in Angola, Oxford, The Clarendon Press, 1976 Google Scholar.

62 - Pour le parallèle entre leurs institutions et les pratiques de Palmares, voir S. B. Schwartz, « Rethinking Palmares... », art. cit., pp. 124-128; R. N. Anderson, « The quilombo of Palmares... », art. cit., pp. 557-563.

63 - Je m’écarte ainsi des thèses qui accentuent le caractère fortement créolisé ou multi-ethnique de Palmares, comme celles de PEDRO PAULODE ABREU FUNARI, «Arqueologia de Palmares. Sua contribuição para o conhecimento da história da cultura afro-americana », in J. J. Reis et F. S. Gomes (éd.), Liberdade por um fio..., op. cit., pp. 26-51, et de SCOTT JOSEPH ALLEN, « A “cultural mosaic” at Palmares? Grappling with historical archeology of a seventeenth-century Brazilian quilombo », in DE Abreu Funari, P. P. (éd.), Cultura material e arqueologia histórica, Campinas, IFCH-Unicamp, 1998, pp. 141-178 Google Scholar. Sans nier la présence d’autres cultures (indigènes, chrétiennes et créoles), je veux mettre ici l’accent sur l’hégémonie de certaines traditions centre-africaines, mêmes si elles divergent entre elles.

64 - AHU, Pernambouc, boîte 11, doc. 1116.

65 - « Diário de viagem do capitão João Blaer... », doc. cit., p. 23. L’information est reprise dans les « Relações das guerras... », art. cit., p. 28.

66 - Voir Janzen, John et Macgaffey, Wyatt (éd.), Anthology of Kongo religion: Primary texts from Lower Zaïre, Lawrence, University of Kansas Publications in Anthropology, 1974, p. 6 Google Scholar. Je remercie Robert Slenes pour m’avoir fourni cette référence. S. B. Schwartz mentionne l’importance du vin de palme chez les Imbangala (S. B. Schwartz, «Rethin-king Palmares... », art. cit., p. 127).

67 - PEDRO PAULINO DA FONSECA, «Memória dos feitos que se deram durante os primei-ros anos de guerra com os negros quilombolas dos Palmares, seu destroço e paz aceita em junho de 1678 », in L. Dantas Silva (éd.), Alguns documentos..., op. cit., p. 63.

68 - Sobado: territoire sur lequel s’exerce l’autorité d’un soba, chef.

69 - Rapport du procureur de la Couronne daté du 11 octobre 1678 (AHU, Pernambouc, boîte 11, doc. 1118.)

70 - Voir, par exemple, la lettre de Aires de Souza de Castro au prince-régent datée du 19 juillet 1678 (AHU, Pernambouc, boîte 11, doc. 1124).

71 - M. M. De Freitas, Reino negro de Palmares, op. cit., p. 257, et I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., p. 94.

72 - D. Freitas, Palmares..., op. cit., p. 126, et I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., pp. 92-95.

73 - Certains indices laissent à penser qu’après la mort de Ganga Zumba, Cucaú fut gouverné par Ganga Zona, oncle de Zumbi. Voir l’ordre du sergent-chef Manoel Lopes daté du 26 mars 1680: M. M. De Freitas, Reino negro de Palmares, op. cit., p. 260.

74 - D. Freitas, Palmares..., op. cit., p. 128.

75 - I. Alves Filho, Memorial de Palmares, op. cit., pp. 158-167.

76 - D. Freitas, Palmares..., op. cit., p. 129.

77 - Décret du 10 mars 1682. SILVIA HUNOLD LARA, « Legislacao sobre escravos africanos na América Portuguesa », in J. ANDRÉS-GALLEGO (éd.), Nuevas aportaciones a la historia juridica de Iberoamérica, Madrid, Fundacion historica Tavera/Digibis/Fundacion Hernando de Larramendi, 2000 (CD-Rom).

78 - Rapport de Manuel Fernandes daté du 8 janvier 1683 (Lisbonne, Biblioteca da Ajuda, Movimento do Orbe Lusitano [MOL], vol. 5, registre 50-V-39, doc. n° 153, ff. 397r-397v). Décio Freitas est le seul à mentionner ce rapport, mais il le place parmi les débats qui précédèrent la promulgation du décret de 1682 (voir D. Freitas, Palmares..., op. cit., pp. 129-131).

79 - - Ibid.

80 - Rapport de Roque Monteiro Paim daté du 19 janvier 1683 (MOL, vol. 5, registre 50-V-39, doc. no 154, f. 398).

81 - I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., p. 101.

82 - M. M. De Freitas, Reino negro de Palmares, op. cit., p. 264.

83 - Rapport du Conseil d’Outre-Mer daté du 29 novembre 1684 (Ibid., pp. 268-269).

84 - Lettre du roi à Zumbi datée du 26 février 1685 (D. Freitas, República dos Palmares..., op. cit., p. 183).

85 - Ibid., p. 183.

86 - Lettre du gouverneur João da Cunha Souto Maior au roi, datée du 8 août 1685 (M. M. De Freitas, Reino negro de Palmares, op. cit., pp. 270-271).

87 - Rapport de Aires de Souza de Castro daté du 14 novembre 1685 (ibid., pp. 272-273).

88 - Lettre de João da Cunha Souto Maior au roi, datée du 7 novembre 1685 (ibid., pp. 276-277).

89 - Sur la guerre contre les Janduís, et particulièrement sur cet accord de paix, voir Hemming, John, Red gold. The conquest of the Brazilian Indians, Londres, MacMillan, 1978, p. 361 Google Scholar, et P. Puntoni, A guerra dos bárbaros, op. cit., pp. 157-160. J. Hemming considère que le traité aurait signifié la création d’un royaume autonome; P. Puntoni estime qu’il doit davantage être compris comme une capitulation. Comme pour Palmares, l’accord ne mit pas fin à la « guerre des Barbares » qui ne s’acheva que fin 1713.

90 - Pour une analyse de cette consultation, voir RONALDO VAINFAS, « Deus contra Palmares. Representações senhoriais e idéias jesuíticas », in J. J. Reis et F. S. Gomes (éd.), Liberdade por um fio..., op. cit., pp. 75-79.

91 - Lettre du père Vieira à Roque Monteiro Paim, datée du 2 juillet 1691: Cio de Azevedo, Joã o lú (éd.), Antonio Vieira. Cartas, Lisbonne, Imprensa Nacional/Casa da Moeda, 1970, vol. 3, p. 639 Google Scholar.

92 - Ibid., p. 639.

93 - Pour une analyse détaillée de cette expédition, voir E. Carneiro, O quilombo dos Palmares, op. cit., pp. 93-114; D. Freitas, Palmares..., op. cit., pp. 155-177; I. Alves Filho, Memorial dos Palmares, op. cit., pp. 144-152.

94 - L. F. De Alencastro, O trato dos viventes..., op. cit., p. 67; sur ce thème, voir aussi pp. 86-88 et 181-187.

95 - Sur ce sujet, voir Hunold Lara, Silvia, Campos da violência. Escravos e senhores na capitania do Rio de Janeiro, 1750-1808, Rio de Janeiro, Paz e Terra, 1988, particulièrement pp. 64-67 Google Scholar.

96 - Voir DE Bivar Marquese, RAFAEL, Feitores do corpo, missionários da mente. Senhores, letrados e o controle dos escravos nas Américas, 1660-1860, São Paulo, Companhia das Letras, 2004, pp. 51-56 Google Scholar.

97 - S. Hunold Lara, « Do singular ao plural... », art. cit., pp. 81-109.

98 - S’ajoute à ceci le fait que, les guerres de Palmares continuant parallèlement à l’im-plantation de Cucaú, les maîtres de moulins à sucre n’arrivaient pas à rattraper les esclaves qui avaient fui leurs propriétés (D. Freitas, Palmares..., op. cit., p. 123).