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L'Escorial est-il bien « espagnol » ?

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Rapporter la rupture qui s'est produite dans l'histoire de l' Espagne au XVIIe siècle seulement à des circonstances contemporaines et européennes, ou à la situation créée après le Concile de Trente, paraît une explication et insuffisante et abstraite. Ce que nous appelons Renaissance, Contre-Réforme, Baroque, fut vécu par les Espagnols à l'intérieur de leur propre existence, établie sur des labeurs, coutumes et intérêts très particuliers; l'oublier serait disloquer la vie pour l'adapter à la courte perspective de notre table de travail, et, ce qui est pire encore, au conventionnalisme de quelques livres, à la routine de l'histoire de ces trente dernières années, histoire pleine d'idées valables aussi bien que de caprices et de phobies.

Americo Castro, España en su historia, p. 179.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1962

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References

page 23 note 1. Je me suis décidé à adopter la forme moderne Escortai, au lieu de l'ancienne Escurial, en m'appuyant sur l'exemple de l'écrivain français Louis Bertrand qui, dans son ouvrage : Philippe II à l'Escorial, l'avait fait déjà en 1929.

page 24 note 1. Loth, David, Philippe II, Payot, Paris, 1933, p. 130.Google Scholar

page 24 note 2. Camôn aznae, José, Summa Artis, vol. XVII, La arquitectura y la orfebreria espanolas del siglo XVI, Espasa-Calpe, Madrid, 1959, donne des extraits de cette charte.Google Scholar

page 24 note 3. Ortega Y Gasset, José, El espectador, vol. VI, 1927, Biblioteca Nueva, Madrid, 1950, dans le chapitre « Méditation de El Escorial », p. 796.Google Scholar

page 25 note 1. Disparu complètement au XVIIIe siècle, pour laisser place à l'actuel Palacio de Oriente.

page 25 note 2. Bertrand, Louis, Philippe II à l'Escorial, Cahiers de la Quinzaine, Paris, 1929, p. 170.Google Scholar

page 25 note 3. Je crains que le voyageur contemporain ne trouve excessive la dénomination. Pourtant il faut s'imaginer l'Escorial comme il devait l'être au temps de Philippe II, presque sans arbres et flanqué d'un misérable village à ses côtés. Le fait que l'Escorial moderne soit devenu un séjour d'été à la mode, ne doit pas nous cacher une autre réalité historique.

page 25 note 4. Op. cit., p. 31.

page 26 note 1. Si le temple à l'antique n'était pas dédié à Mars, il pouvait l'être au Dieu chrétien sous l'invocation du « Dieu des batailles », comme le poète contemporain Fernando de Herrera l'a fait dans son Chant à la victoire de Lepante : « Cantemos al Sefior, que en la llanura/ venciô del ancho mar al Trace fiero; /tu, Dios de las batallas, tû ères diestra,/ salud y gloria nuestra ».

page 26 note 2. Je traduis les fameuses instructions à Juan de Herrera de la main du Roi : « Surtout n'oubliez pas ce que je vous ai dit : simplicité dans la forme, sévérité dans l'ensemble et noblesse sans arrogance, majesté sans ostentation ». On ne peut mieux dire

page 27 note 1. Astrana Marin se demande — en s'appuyant sur l'inscription de la première pierre — si Bautista n'était pas un nom de famille et non pas un prénom comme on l'a supposé. Voir Camôn Aznar, op. Ht., p. 389.

page 27 note 2. A part le livre déjà cité de Camôn Aznar, voir Ars Hispaniae, vol. XI : Fernando Chueca Goitia, Arquilectura del siglo XVI.

page 28 note 1. Fray José de Siguenza, Historia de la Orden de San Jerônimo.

page 28 note 2. Marcel Bataillon, dans son livre exhaustif : Erasme et l'Espagne, nous donne un inoubliable portrait de Siguenza.

page 29 note 1. Voir Agustin Ruiz de Arcaute, Juan de Herrera, Espasa-Calpe, Madrid, 1936 : ce livre qui n'est pas de grande importance, est surtout précieux par ses planches, car il reproduit des documents assez difficiles à trouver. C'est un ouvrage indispensable à consulter.

page 29 note 2. Op. cit., p. 150 à 171.

page 29 note 3. On peut citer : Rafaël Altamira, Jean Babelon, Ludwig Pfandi, David Loth, Jean Cassou, Louis Bertrand, Fernand Braudel, dans son ouvrage fondamental : La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II; Marcel Bataillon, dans le livre déjà cité, Menéndez Pidal, dans son œuvre monumentale, Gregorio Maranûn dans son Antonio Pérez, et le dernier en date : Orestes Ferrara, Philippe II, Paris, 1961.

page 30 note 1. Il faudrait citer aussi, outre Sigûenza, Fray Juan de la Ckuz, auteur d'une autre Histoire de l'Ordre de Saint Jérôme, qui ajoute quelques renseignements intéressants.

page 30 note 2. Luis Cabrkha de Côrdoba, Historia de Felipe II. Ruiz Arcaute le cite longuement, page 77 de son livre sur Herrera.

page 30 note 3. Juan de Arfe : De varia commesuraciôn s'exprime ainsi : « Le merveilleux temple de l'Escorial se distingue spécialement par la manière dont il suit les lois de l'architecture ancienne. Il rivalise ainsi en somptuosité, perfection et magnificence avec les plus fameux édifices anciens bâtis par les Grecs, Romains et Asiatiques » Cité par B. Bevan, Historia de la arquitectura espanola, à la p. 233.

page 30 note 4. Padre Juan de Mariana, Biblioteca de Autores Espaûoles, tomo XXXI (vol. I I ) , p . 553.

page 31 note 1. « Sacros altos, dorados capiteles/ que a las nubes borrais sus arreboles,/ Febo os terne pDr mas lucientes soles/ y el cielo por gigantes mas crueles./ Depôn tus rayos, Jupiter; no celés/ los tuyos, Sol; de un templo son faroles/ que al mayor màrtir de los espafloles/ erigiô el mayor rey de los fieles./ Religiosa grandeza del monarca/ cuya diestra real al Nuevo Mundo/ abrevia y el Oriente se le humilia./ Perdone el tiempo, lisonjee la Parca/ la beldad de esta Oetava Maravilla, los aflos deste Salomôn Segundo ».

page 32 note 1. M. Menéndez Pelayo, Historia de las ideas estéticas en Espana, Espasa-Calpe, Buenos Aires, 1943, tome I I , p. 364.

page 32 note 2. Menéndez Pelayo, op. cit., tome II, p. 370.

page 32 note 3. Sânchez Albornoz, Espana, un enigma histôrico, Sudamericana, Buenos Aires, tome II, planche 150 entre les pages 352 et 353.

page 33 note 1. Miguel de Unamuno, Andanzas y visiones espanolas, Espasa-Calpe, Madrid, 1959, p. 49 à 57.

page 33 note 2. José Ortega Y Gasset, El espectador, tome VI : Méditation de El Escorial, p. 795, Biblioteca Nueva, Madrid, 1950.

page 33 note 3. Bernard Bevan, Historia de la arquitectura espanola, Juventud, Barcelona, 1950, p. 231 à 235.

page 34 note 1. Je laisse de côté, ici, V. Lampérez — grand historien de l'architecture de la génération précédente — qui a qualifié l'Escorial de « syllogisme en pierre », ou le Marquis de Lozoya, auteur d'une monumentale histoire de l'art espagnol. Ils seront commentés dans un travail de plus longue haleine.

page 34 note 2. Fernando Chueca Goitia, Ars Hispaniae, tome X I : Arquitectura del siglo XVI, Plus Ultra, Madrid, 1953.

page 34 note 3. Voir aussi Fernando Chueca Goitia, La catedral de Valladolid, Madrid, 1947.

page 34 note 4. José Camôn aznar, Summa Artis, vol. XVII, « La arquitectura y la orfebreria espafiolas del siglo XVI », p. 384 à 444.

page 34 note 5. Camôn Aznak, op. cit., p. 391.

page 34 note 6. Rappelons pourtant les thermes romains, les hôpitaux espagnols du XVe siècle, les compositions de Palladio, e t c .; l'entrée de l'édifice par le grand côté du rectangle n'est pas du tout étrangère à la tradition occidentale…

page 35 note 1. Parmi les ouvrages que je n'ai pas pu consulter, je signale : Fray Julian Zarco Cuevas : Documentos para la historia del Monasterio de San Lorenzo el Real del Escortai, Madrid, 1917, 1918; et Secundino Zuano Ugalde : Los orlgenes arquitectônicos del Real Monasterio de San Lorenzo del Escortai, Discours à l'Académie de San Fernando, 8 novembre 1948.

page 36 note 1. Kulturwissenschaft und Naturwissenschaft, 1899.

page 36 note 2. Je traduis directement de l'édition espagnole originale : Eugenio d'Ors, Lo baroco, Calleja, Madrid, p. 116.

page 37 note 1. Fernando Chueca Goitia, Invariantes castizos de la arquitectura espanola Dossat, Madrid, 1947.

page 37 note 2. Je dis « à l'époque » parce que, depuis lors, M. Chueca Goitia est devenu moins péremptoire et présente ses problèmes sur un plan, beaucoup plus acceptable.

page 37 note 3. Américo Castro, Origen, ser y existir de los espanoles, Taurus, Madrid, 1959, fait l'objection suivante à une métaphore, de même espèce, employée par Richard Konetzke : « Islam und Christliches Spanien », dans Historische Zeitschrift, 1957, p. 573-91. Je traduis le texte de Castro : « Un tel jugement suppose une foi mythique dans l'existence d'un type éternel d'Espagnol non affecté par les « robes » successives de coupe romaine, wisigothique ou musulmane. Il suppose, en plus, que la « race », la biologie soient les fondements de l'humain dans l'homme, et non pas des contenus, les formes et la direction de la conduite et ses valeurs », p. 25.

page 37 note 4. « Emprun tent cette route dangereuse tous ceux qui réduisent l'histoire à des « faits » conclus, à des schémas abstraits et à des dénominateurs communs : « éternel retour », « défi et réponse », la « véritable réalité humaine de l'œuvre littéraire », la « loi constante de la poésie », la « raison économique de l'histoire », le principe des « générations », e t c . . », (Américo Castro, Origen, ser y existir de los espanoles, Taurus, Madrid 1959, p. 166).

page 37 note 5. A. Castro, dans Origen (p. IX) cite Paul Aebischer qui affirme que le mot «Espagnol » est d'origine provençale. « …Hispania était le nom d'une province romaine; et Espagne et Espagnol désignent une autre façon de réalité humaine ». J'ajoute : la ressemblance entre Hispania et le mot qui, par la suite, a donné : Espana pourrait expliquer en partie l'erreur dans laquelle sont tombés, depuis, maints Espagnols, de Gonzalo Fernàndez de Oviedo (Quincuagenas de la nobleza de Espana) jusqu'à M. Sànchez Albornoz, en attribuant, par exemple, à Sénèque la qualité d'Espagnol. Voir aussi ce que dit :

José Ortega Y Gasset, « Estudios sobre el amor », Bevista de Oceidente, Madrid, 1959. « C'est bien vrai qu'en qualifiant Ibn Hazm d ‘" arabe espagnol », je lui attribue sérieusement l'arabisme et secondairement l'espagnolisme. Sans vouloir empêcher les autres de faire comme ils veulent, pour ma part je ne suis pas prêt à me risquer à appeler sérieusement « espagnol » n'importe quelle personne née sur le territoire péninsulaire… » E t un peu plus loin : « Tout ceci, qui est vrai maintenant que l'Espagne est parvenue à l'épanouissement de sa nationalité, l'était encore davantage aux x8 et x i e siècles, quand la « chose » Espagne commençait seulement à germer » (p. 199).

page 38 note 1. Virginia Woolf dans son roman Orlando — qui est aussi un essai très profond — a exploité littérairement avec beaucoup d'humour les changements que l'on constate entre l'époque élisabéthaine de Shakespeare, de Ben Jonson, crue, joyeuse et même grossière, et l'Angleterre des XVIIIe et XIXe siècles, prude, rigide, conventionnelle.

page 39 note 1. F. Chueca Goitia, op. cit., p. 111 et 12.

page 39 note 2. L'écrivain anglais Hilaire Beixoc appuie son livre Les Croisades sur le fait que cette entreprise a été menée par la Chrétienté tout entière, unie contre l'ennemi commun , l'Infidèle, et non par une coalition de peuples, qui étaient incapables de se concevoir comme totalement indépendants les uns des autres.

page 39 note 3. Cf. Américo Castro, Espana en su historia, Sudamericana, Buenos Aires, 1948. La nouvelle édition s'appelle : La realidad histôrica de Espana, Mexico, Porrua, 1956. Je cite cependant la première édition : « Un peuple (Castille ou Catalogne) est identique à ce qu'il a fait et à ce qui lui est advenu; ce n'est pas lui et, en plus, son histoire; il n'est pas une « substance » qualifiée par les événements », p. 80. E t un peu plus loin dans la même page : « … parce que les peuples ne sont pas des essences métaphysiques, mais une histoire, c'est-à-dire ce qui est fait et ce qu'il faut faire ». E t dans un autre passage : « La terre et la race sont des abstractions impossibles à saisir, l'histoire est la réalité de tout ce qui arrive aux gens, de ce qui se passe et de ce qui, en conséquence, peut continuer à se faire », p . 157-158.

page 40 note 1. Angel Del Rio et M. J. Benardete, El concepto contemporâneo de Espana, Antologia de ensayos, Losada, Buenos Aires, 1946.

page 41 note 1. Consulter l'anthologie de A. Del Rio et M. J. Benardete, citée précédemment, p. 46 à 63.

page 41 note 2. Pour avoir des éclaircissements à ce sujet on peut recourir à Pedro Lain Entralgo, Espaûa como problema, Aguilar, Madrid, 1957, chap. « La polémica de la ciencia espaflola », p. 82.

page 41 note 3. «… tout venait du dehors, et s'achetait avec les métaux précieux apportés des Indes. L'industrie nationale était primitive et rare. La société se composait de paysans, moines, fonctionnaires, soldats et nobles », (A. C. Espana, p. 172).

page 42 note 1. Voir à ce sujet l'app. IV du livre d'A. C. Espana (p. 651) qui s'appelle justement : L'isolationnisme culturel comme défense.

page 42 note 2. Il n'est pas opportun de faire ici un parallèle entre les vues d'Unamuno et d'Ortega sur l'Espagne : ce pourrait être l'objet d'une thèse, car il faudrait parcourir toute leur œuvre pour réaliser ce dessein. En principe, si Unamuno prend parti pour une Espagne « africaine » et « anti-européenne », son nationalisme n'est cependant jamais simple esprit de clocher; il est déroutant, contradictoire par ses sautes d'humeur, mais toujours grandiose : le sens qu'il donne à sa conception de l'Espagne dépasse un chauvinisme terre-à-terre. Ortega s'est fait — dès le début de sa carrière — le champion de l'Europe; mais il faut convenir que, dans ses meilleures pages, Unamuno a un souffle qui impressionne davantage le lecteur.

page 42 note 3. Citons les autres principaux ouvrages de M. Americo Castro : Dos ensayos, Mexico, Porrua, 1956, et Santiago de Espana, Buenos Aires, Emece, 1958.

page 42 note 4. F. Ayala, sociologue et romancier espagnol, est l'auteur de Razôn del mundo, Losada, Buenos Aires, 1944. Dernièrement il a publié quantité d'articles sur des thèmes de littérature espagnole dans La Naciàn, de Buenos Aires et dans La Torre, de Puerto Rico. Ils sont réunis maintenant en un volume qui vient de paraître : Experiencia e invenciôn, Taurus, Madrid, 1961. 5. Inutile de dire que M. Sânchez Albornoz — qui connaît mieux que personne tout ce qui a été dit sur l'Espagne — s'appuie, dans son grand ouvrage déjà cité, Espana, un enigma histôrico, sur toutes ces théories; mais c'est toujours soit pour les utiliser incomplètement, soit pour les contredire. De toutes façons, il arrive à tirer des conséquences positives là où les autres ne manifestaient que pessimisme. On ne peut citer en entier cet énorme ouvrage en deux volumes qui reprend toutes les polémiques que M. Sânchez Albornoz a eues pendant sa vie, et en particulier celle qu'il a eue avec Americo Castro.

page 43 note 1. Voir en détail le chap. 4 : Lo hispânico en los hispano-romanos, dans Espana, un enigma histôrico, p. 122.

page 43 note 2. Cf. son cours sur La Picara Justina, au Collège de France, 1961.

page 44 note 1. Gasset, José Ortega y , « Papeles sobre Velâzquez y Goya », Revista de Occidente, Madrid, 1950.Google Scholar Voir l'article de M. Robert Mandrou : « Le baroque européen », Annales E.S.C., n° 5, sept.-oct. 1960, p. 898, qui reprend les mêmes thèmes.

page 44 note 2. Damian Bayon, « L'art architectural de l'Amérique espagnole », Annales E.S.C., n° 2, avril-juin 1959.