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Les nouveaux courants de la pensée économique

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Jean Fourastié*
Affiliation:
Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris

Extract

Les premiers fondements de la science économique remontent à Aristote, qui distingue et étudie assez longuement la « chrématistique », science des relations entre les richesses matérielles et 1’ « économique », science de la répartition des richesses produites. Dès le XVIIe siècle, c'est-àdire en même temps que les sciences physiques et mathématiques, la science économique fut réveillée de son long sommeil. Ce fut l'œuvre des mercantilistes (Colbert, Sully) ; c'est en 1615 (époque à laquelle Galilée découvrait à Venise les phases de la planète Vénus et jetait à Pise les premières bases de la mécanique rationnelle) qu'A, de Montchrétien publia le premier traité moderne d'économie politique. Dès le XVIIIe siècle, les physiocrates (Quesnay, Turgot, Dupont de Nemours) avaient posé les assises d'une connaissance sérieuse des mécanismes économiques.

Type
Mises au Point
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1949

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References

page 52 note 1. La première chaire d'économie politique créée en France dans l'enseignement supérieur est celle qui lut créée pour J.-B. Say en 1819 au Conservatoire des Arts et Métiers. Ce n'est qu'en 1896 que l'économie politique entra dans l'enseignement régulier des Facultés de droit. Au contraire les enseignements qui existaient déjà dans les anciennes sorbonnes ont conservé leur place prépondérante, quoique leur méthode, leur contenu ou leur importance pour la pensée, aient varié depuis lors (langues anciennes, mathématiques, physique, chimie). Cela tient à ce fait fondamental et naturel que les maîtres n'enseignent en général que ce qu'ils ont eux-mêmes appris.

page 53 note 1. Une étude plus approfondie montrerait que les erreurs les plus graves ont été commises depuis 1850. Jusqu'à Lavoisier, : De la richesse territoriale du Royaume de France (1791)Google Scholar, à Ricardo, : Principles of political economy and taxation (1817)Google Scholar et, à moindre degré, jusqu'à J. Stuabrt Mill : Principes d'Economie Politique (1848), la science économique était restée bien orientée et avait réussi une construction valable pour son temps.

page 53 note 2. Une heureuse réaction commence à se ifaire sentir à cet égard. C'est ainsi que M. Armand a inauguré à l'École Nationale d'Administration un cours sur « les techniques de l'industrie ». De même la comptabilité, dont on verra plus loin l'importance pour la science économique, est enseignée à cette École, et est devenue matière obligatoire pour la section économique de l'Institut d'Études Politiques (ex-École des Sciences Politiques).

page 54 note 1. G. Pirou, Doctrines sociales et science économique (1929).

page 54 note 2. En fait, l'enseignement classique expose d'abord en préambule, mais avec une certaine réticence, les résultats fondamentaux des physiocrates et des écoles d'Adam Smith et de Stuart Mill, en particulier la théorie de la rente de Ricardo.

page 55 note 1. Cf. Marjolin, R. : Prix, monnaie et production (1941)Google Scholar. Dans cette brillante oeuvre de jeunesse, M. Marjolin, qui est à l'heure actuelle l'un des meilleurs experts de la politique économique mondiale, lente de tirer de la théorie de l'équilibre général une explication des faits observés depuis 1820.

page 55 note 2. Perroux, F., La valeur (1943)Google Scholar.

page 55 note 3. Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1re éd. en anglais, 1936).

Parmi les efforts récents qui ont été tentés pour redonner a l'économie ration, nelle classique un nouvel essor, on doit signaler ceux de M. Allais (Economie et Intérêt, 1967). Avec une originalité et une vigueur exceptionnelles de pensée, M. Allais forme une synthèse des connaissances théoriques relatives au problème de l'intérêt. Il prend pour point de départ les théories classiques exprimées sou” la forme perfectionnée que leur a donnée l'Américain Irving Fisher, et leur apporte d'importantes corrections ; il aboutit ainsi à des vues nouvelles sur la monnaie, les prix et les crises en « régime concurrentiel », sur la « maximation » du « rendement social » et de la « productivité sociale ».

page 56 note 1. Pour l'auteur de ces lignes, il est aussi peu fécond de raisonner sur la valeur en économique, que de raisonner sur l'aptitude à brûler d'un corps combustible, l'aptitude à tomber d'un corps pesant ou la tendance a virer des planètes qui tournent autour du soleil. Quant au taux « réel » d'intérêt que les économistes classiques considèrent comme unique à une date donnée sur une place donnée, il suffit de lire une cote boursière pour observer qu'il est en réalité multiple (au jour où j'écris, on trouve en bourse de Paris des valeurs garanties par l'Etat qui rapportent plus de 5,5 p. 100, et d'autres moins de 4,5 p. 100). Que dire alors du taux « naturel » dont personne ne peut préciser la valeur ?

page 57 note 1. Traité d'économie politique (Sirey, 1943), Introduction, p. 149.

page 57 note 2. Tome VI (2e éd., 1947) du Traité d'économie politique publié sous la direction de H. Truchy (Sirey).

page 58 note 1. Cours autographiés de la Faculté de droit, Centre de documentation universitaire, 1947.

page 58 note 2. Critique, mars 1948, p. 261.

page 58 note 3. Revue d'Économie Politique, livraison consacrée à la mémoire de Gaétan Pirou, datée juillet-août 1947, publiée en avril 1968. L'inquiétude de M. Perroux me paraît exactement aussi grave que celle qui viendrait à l'esprit à propos de l'œuvre de Lavoisier. Celui-ci s'est en effet « coupé dangereusement » des recherches des alchimistes ; il a substitué la terminologie des corps purs à celle des mélanges aux noms latins, que nous pouvons encore nous donner le plaisi de lire sur les pots en faïence des musées de pharmacie.

page 60 note 1. Comme on l'a dit plus haut, l'enseignement officiel ne se ferme pas systématiquement aux nouvelles tendances. F. Perroux, dont nous avons évoqué les fécondes inquiétudes, a fondé l'Institut des sciences économiques appliquées, où il accueille largement tous les chercheurs français et étrangers ; les tendances concrètes s'y dégagent avec difficulté des traditions abstraites. De nombreux autres professeurs de la Faculté de droit et de l'Institut d'Études Politiques marquent également dans leurs cours les préoccupations nouvelles. De même la Révue d'Economie Politique et des sociétés savantes, telles que la Société de Statistique de Paris et la Société d'Économie politique, sont largement ouvertes aux études des jeunes auteurs.

page 61 note 1. Ces associations sont, le lecteur s'en doute, très nombreuses. On doit citer notamment l'American Economie Association, le Social Science Research Council, la Brookings Institution, le National Industrial Conférence Board, la National Planning Association, l'Induistrial Research Department of the Un. of Pennsylvania, etc…

page 61 note 2. En Angleterre, les économistes les plus représentatifs des nouvelles tendance sont R. Stone, M. Meade et L. Rabbins, qui fut le premier directeur du War Economie Cabinet-Office. On parlera plus loin de C. Clark. Le W. E. C. O. a publié les résultats de ses travaux sur le revenu national et les dépenses nationales, sous forme de documents administratifs : White Papers. Les problèmes de la productivité et du rendement du travail ont été etudiés par L. Rostas ; le Board of Trade a formé une section d'ingénieurs-conseils en matière de rendement du travail ; il a organisé pour l'étude de ces questions des Working Parties.

Un Comittee on Industrial Produetivity vient d'être constitué sous la présidence de Sir Henry Tizard.

On trouve bien entendu dans presque tous les paya des représentants de l'école concrète ou quantitative. Des résultats particulièrement intéressante ont été aoquis en Suède (Lundberg, K. Koch…),, en Italie (C. Gini) et naturellement en U. R. S. S. (Voznessenski).

page 62 note 1. L'Institut de la Statistique et des Études Économiques publie aux Presses Universitaires des études de conjonctures relatives à la France et au monde entier, qui ont déjà été signalées comme du premier intérêt aux lecteurs des Annales. — Le Commissariat au Plan (16, rue de Martignac, Paris) publie les rapports semestriels au Conseil du Plan, les rapports des diverses « Commissions de Modernisation » et des études spéciales du premier intérêt (Revenu national, Bilan natio. nal, Rapport du Groupe de travail de la productivité). — L'organisation des Nations Unies et ses différents organismes économiques (Département des Affaires économiques, Bureau international du Travail, Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture) poursuivent les travaux et les publications de la Société des Nations (Annuaires, Bulletins mensuels, nombreuses études spéciales d'un très grand intérêt) ; le dépositaire pour la Fance est l'éditeur Pedone.

page 63 note 1. Ce livre est épuisé en librairie depuis 1944. Il n'en existe que trois ou quatre exemplaires en France. La revue Etudes et Conjonctures, signalée ci-dessus, en a, sous la direction de M. Piatier, publié en français un très abondant résumé en 1947. Une nouvelle édition est à l'heur» actuelle en cours de tirage (Mac Millan, éd.).