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Lecture d'un chef-d'œuvre : Manon Lescaut

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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L'on appelle généralement chef-d'oeuvre, en littérature, des textes qui ont connu un certain nombre de rééditions et inspiré un certain nombre de sujets de thèses. D'autres critères peuvent entrer en jeu, mais ceux-là (lecteurs et critique universitaire) sont nécessaires. Autrement dit, définition par l'effet produit. Reste à expliquer cet effet; la critique alors retourne aux textes ainsi sélectionnés pour y chercher le secret de leur excellence. A partir de là, texte et fonctionnement du texte sont donc absolument séparés : le texte est pris comme un donné, qui mérite d'être distingué par le goût éternel.

Ainsi Manon Lescaut semble, à première vue, un excellent exemple de chefd'œuvre classique, comme en font foi le livre de poche, le film de Clouzot, les programmes d'agrégation, etc. Il s'agit même d'un chef-d'oeuvre parmi les chefsd'oeuvre, à cause de son exemplarité : c'est, rangé à sa place entre La Princessede Clèves et La Dame aux Camélias, l'histoire d'amour du XVIIIe siècle, illustrant la force des passions et la dureté du sort, puisqu'elle est cruelle et qu'il souffre, qu'il est fidèle et qu'elle meurt.

Type
Textes et Images
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1971

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References

page 723 note 1. Nous ferons surtout référence à l'édition Garnier, parce que c'est l'édition universitaire qui fait autorité. Parue en 1965, elle contient une longue introduction de F. Deloffre et R. Picard (Genèse et signification de Manon Lescaut) qui est à la fois un essai et une synthèsedes travaux antérieurs et constitue donc le dernier état de la question.

page 724 note 1. Ed. Garnier, p. CLVI.

page 724 note 2. Cf. le principe sur lequel reposent des interprétations comme celles de J. Sgard. Dans les chapitres de sa thèse L'Abbé Prévost romancier plus spécialement consacrés à Manon Lescaut il évoque (p. 309) « le désir de naturel, le rêve de transparence qui paraît dans la beauté d'un style » et renvoie à l'auteur, à l'homme derrière son héros : « Des Grieux compose ses mensonges momentanés avec la vérité de son être, comme Prévost lui-même, et c'est la pire des trahisons. »

page 724 note 3. Note de l'éd. Garnier, p. 195.

page 724 note 4. P. CXXII.

page 724 note 5. P. CXX.

page 724 note 6. P. CXIX.

page 725 note 1. Introduction de l'abbé Prévost p. 4.

page 725 note 2. P. 35.

page 725 note 3. P. 42.

page 725 note 4. Cf. sur la persistance de la frontière aristocratique, le livre de A. Daumart et F. Furet Structures et relations sociales à Paris au Xviii9 siècle, A. Colin, pp. 38, 39, 41.

page 725 note 5. P. CXVIII.

page 725 note 6. P. 162.

page 725 note 7. P. 83.

page 725 note 8. P. 160.

page 726 note 1. P. 160.

page 726 note 2. P. 183.

page 726 note 3. P. CXVIII.

page 726 note 4. P. 25.

page 726 note 5. P. 72.

page 727 note 1. P. 72.

page 727 note 2. P. 72.

page 727 note 3. Recueil d'Histoires, de Robert Challes, 1 ‘ éd. 1713. Si on compare, comme on l'a souvent fait Manon Lescaut et I’ « Histoire de Des Franz et de Silvie » il nous semble que la différence essentielle entre les deux oeuvres ne réside pas, comme le dit l'introduction de l'édition Garnier, « dans les caractères féminins » (p. LXXVIII), mais dans une appréhension radicalement opposée du statut social des deux héroïnes : le problème de l'origine de Silvie est réellement posé : « je porte la punition que m'a donné la naissance », ainsi que le problème de la mésalliance. La différence sociale est le thème même de l'histoire.

page 727 note 4. P. 164.

page 728 note 1. P. 61.

page 728 note 2. P. CXXII.

page 728 note 3. P. CXXIV.

page 728 note 4. P. CXX.

page 728 note 5. Cf. introd. p. Cxx « Manon est posée là, sans justification… presque sans pensée… relever ses illogismes et ses immoralités serait vain… »

page 728 note 6. P. XCVI.

page 728 note 7. P. 160. Le chevalier, lui, réunit toutes les « qualités ». Cf. p. 85 le supérieur de Saint- Lazare dit : « ce n'est point avec une personne de la naissance de M. le Chevalier que nous en usons de cette manière-là. Il est si doux, d'ailleurs… »

page 728 note 8. P. 22.

page 728 note 9. P. 21.

page 728 note 10. P. 51. Les compagnies de gardes du corps avaient une réputation déplorable dans Paris, qui semble étayée par les faits divers dont nous possédons la relation : vols, escroqueries, meurtres etc.

page 729 note 1. P. 20.

page 729 note 2. P. 32.

page 729 note 3. P. 15.

page 729 note 4. P. 69. La lettre de rupture de Manon est claire : « crois-tu, dit-elle, qu'on puisse être bien tendre si on manque de pain ? » Ce qui provoque l'indignation du chevalier : « elle appréhende la faim. Dieu d'amour, quelle grossièreté de sentiment I et que c'est répondre mal à ma délicatesse I » Là se révèle l'abîme qui sépare leurs deux conditions ; car il n'a renoncé qu'« aux douceurs de la maison de son père » ; tandis que sa décision à elle est de « travailler pour rendre (son) chevalier riche et heureux ».

page 730 note 1. P. 50.

page 730 note 2. P. 37.

page 730 note 3. P. 183.

page 731 note 1. P. 194.

page 731 note 2. P. 66.

page 732 note 1. P. 113

page 732 note 2. P. 184.

page 732 note 3. Cf. Intr. p. CL. Ici l'interprétation de la critique va à rencontre du texte : « peut-être autant que l'inconfort et la crainte, ce sont les privations des plaisirs légers et le sérieux d'un grand amour qui la tuent », alors qu'on peut lire dans le texte, par exemple p. 188 « vous ne sauriez croire combien je suis changée. Mes larmes n'ont pas eu une seule fois mes malheurs pour objet. J'ai cessé de les sentir aussitôt que vous avez commencé à les partager. »

page 732 note 4. P. 184.

page 733 note 1. Cf. p. 188 « c'est ici que l'on s'aime sans intérêt sans jalousie, sans inconstance… »

page 733 note 2. P. 189.

page 733 note 3. P. 193.

page 734 note 1. La contrainte structurelle de l'ensemble de l'oeuvre est donc d'une symétrie impitoyable : deux vraies morts ouvrent leur moment de vie heureuse et artificielle dans Paris (début de la seconde partie), qui bascule en condamnation et séparation. Ensuite, ce sont deux faux événements (mariage et mort) qui amènent la mort de l'héroïne et la libération du héros.

page 734 note 2. P. 188.

page 734 note 3. La mort à laquelle il fait allusion au dernier paragraphe est celle de son père, qu'il vient d'apprendre et c à laquelle, dit-il, je tremble que mes égarements n'aient contribué. »

page 734 note 4. P. 16.

page 735 note 1. P. 19.

page 735 note 2. P. 202.

page 735 note 3. P. 200.

page 735 note 4. P. 38.

page 736 note 1. P. 195.

page 736 note 2. P. 201.

page 736 note 3. P. 199.

page 736 note 4. P. 199.

page 736 note 5. Ce qui n'est qu'une aventure pour Des Grieux est raconté comme s'il s'agissait de sa propre vie, alors que celle dont il raconte la vie et la mort apparaît comme une aventurière.

page 737 note 1. A propos de l'analyse structurale des textes, on peut se reporter aux ouvrages de E. Benveniste : Problèmes de Linguistique générale (Gallimard, 1965), Greimas, A. J., Sémantique structurale (Larousse, 1966)Google Scholar, aux numéros 4 et 8 de la revue Communications (Recherches sémiologiques. L'analyse structurale du récit), enfin au travail du groupe Tel Quel : « Théorie d'ensemble » (éd. du Seuil).

page 738 note 1. L'institutionnalisation dans l'enseignement de ce système de valeurs est bien montrée dans l'excellent ouvrage d'Antoine Prost : L'Histoire de l'enseignement en France, 1880-1967, A. Colin, coll. U.

page 738 note 2. Nous nous rangeons tout à fait à l'avis de M. Ehrardt, qui disait lors d'un colloque organisé en mai 1966 (Niveaux de culture et groupes sociaux) : « Chez les grands auteurs et eux seuls apparaissent les tensions insoupçonnées, les conflits latents, les contradictions insolubles que dissimulent chez le plus grand nombre la transparence illusoire des idées reçues. » A condition de considérer toutefois p'utôt les textes que les auteurs, et de ne pas séparer des textes leurs constitutions même en « grand texte ».

page note 1. Cf. le commentaire du Journal de la Cour et de Paris, en 1733, au moment où l'ouvrage fut interdit : « on y fait jouer à des gens en place un rôle peu digne d'eux ».

page note 2. M. Coulet, dans son remarquable ouvrage : Le Roman avant la Révolution, A. Colin, coll. U, note que Des Grieux va survivre, et à propos de Manon, il ajoute: ce n'est pas la leçon la moins obscure de son destin ».