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Le soldat russe en 1917. Indiscipline, pacifisme, patriotisme et révolution*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Marc Ferro*
Affiliation:
École des Hautes Études, Paris

Extract

1917. Une révolution éclate, la plus violente de tous les temps. En quelques semaines, une société se débarrasse de tous ses dirigeants : le monarque et ses hommes de loi, la police et les prêtres, les propriétaires et les fonctionnaires, les officiers et les patrons. H n'est plus un citoyen qui ne se sente libre, libre de décider à chaque instant de sa conduite et de son avenir. Il n'en est bientôt plus un seul qui n'ait aussi, dans sa poche, un plan tout prêt pour régénérer le pays. Comme les chantres de la révolution l'avaient annoncé, on entrait dans une ère nouvelle de l'histoire des hommes.

Un immense cri d'espérance jaillit alors du fond de toutes les Russies : il s'y mêlait la voix de tous les malheureux, de tous les humiliés. Ils révélèrent leurs souffrances, leurs espoirs, leurs rêves. Et, comme dans un rêve, ils vécurent quelques instants vraiment inoubliables.

Type
Les Domaines de l'Histoire
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1971

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Footnotes

*

Outre l'étude de F. Bourricaud, Esquisse d'une théorie de l'autorité, Paris, 1961, renvoyons à la bibliographie de G. Wettig, « Die Rolle des Russichen Armée im Revolutionaren Machtkampf 1917 », Forschungen zur Osteuropaischen Geschichte, 1967, pp. 46-389, qui examine les événements révolutionnaires jusqu'en juillet. Sur le comportement des soldats, citons encore trois ouvrages récents : A. Rabinovitch, Prélude to révolution, Indiana Univ. Press., 1968, 300 p., qui exprime des vues suggestives: Revoljucionnoe dviženie v armii i naflote v gody pervoj mitovoj vojny, pod redaksiej Sidorova, Moscou, 1966, 468 p.; Revoljucionnoe diviženie v russkoj armii v 1917 g., pod redaksiej Gaponenko, Moscou, 1968, 622 p., qui publie les documents montrant la bolchevisation de l'armée, mais pas les autres. Au moins, ces textes sont-ils publiés dans leur intégralité.

Cet article s'appuie directement sur le dépouillement d'un certain nombre de fonds d'archives : Cgaorsssr (Archives centrales de la Révolution d'Octobre), Gorssmo (Archives régionales de Moscou), Gaorsslo (Archives régionales de Leningrad), Cgial (Archives historiques de Leningrad), Cgvia (Archives militaires du gouvernement central). Les références aux archives soviétiques indiquent successivement le centre, le numéro du fonds, la section, le dossier et, éventuellement, la pièce. Quelques indications s'appuient sur les archives de la Mission militaire française en Russie, indiquées Vincennes, et sur les archives de la Chancellerie russe à Helsinki.

References

page 15 note 1. Ces faits seront exposés dans le tome 2 de notre Révolution de 1917, à paraître chez Aubier-Montaigne.

page 15 note 2. Nous espérons répondre à la question posée par Schapiro, Leonard, dans Revolutionary Russia, Harvard University Press, 1968 Google Scholar; Paperback Doubleday Anchor Book, p. 208.

page 15 note 3. On trouve dans La Révolution de 1917 (Aubier éd.), tome 1, pp. 170-196, une analyse thématique des lettres et motions adressées par les ouvriers et les paysans. Voir, en appendice de cet article, un tableau portant sur les cent premières motions de soldats publiées par les Izvestija.

page 16 note 1. Sur cent textes, ils disent leur confiance au soviet et huit fois au gouvernement. Sept fois ils leur demandent de se mettre d'accord. Voir le tableau en appendice.

page 16 note 2. Ferro, Dans Marc, La Révolution de 1917, la chute du tsarisme et les origines d'Octobre, Paris, 1967, 606 p., pp. 252-253Google Scholar.

page 16 note 3. Dans 25 motions sur 100.

page 17 note 1. Ce thème est plus encore le leitmotiv des lettres que des motions, cf. Soldatskie Pis'ma 1917 g., Moscou, 1927, avec préface de Pokrovski. La revendication sur la terre n'apparaît que sept fois dans les cent premières motions publiées dans les Izvistija.

page 17 note 2. Pour les Juifs, Gaorsslo, 7384, 9, 143, 60 et 7384, 9, 161, 17. Pour les autres nationalités, cf. Ferro, , dans Cahiers du Monde Russe et Soviétique, 1961, 2, pp. 145147 CrossRefGoogle Scholar.

page 17 note 3. Dès le 10 mars, cf. Izvestija du 10 mars, p. 8.

page 17 note 4. Wettig, , op. cit., p. 186 Google Scholar et suiv.

page 18 note 1. Vincennes, Na. 6, cartons 4 et 9.

page 18 note 2. A ces témoignages connus, ajoutons cette confidence du général Verkhovski au chef de la mission militaire française : « Nos officiers manquent d'éducation politique et savent seulement s'en prendre aux partis avancés… Ils ne cherchent même pas à gagner la confiance de leurs hommes. » Vincennes, Bulletin 12 du 2° Bureau, p. 19.

page 19 note 1. Cf. Revoljucionnoe driženie v Rossii poste sverženija samoderžavija, pp. 613 et suiv.

page 19 note 2. On observe le même phénomène en France et chez les autres belligérants, notamment l'Allemagne.

page 19 note 3. Sur le serment et les réformes envisagées par Gučkov et par Kerenski, renvoyons à tous les ouvrages sur l'armée, en dernier lieu Wettig.

page 20 note 1. Le 28 juillet, 136e division d'infanterie, armée du sud-ouest, Cgvia, 2067, I, 60-71.

page 20 note 2. Cgaorsssr, 3, I, 362, 369 et suivantes. Un autre écrit : « Le malheur, c'est que les soldats, n'ayant guère eu de formation militaire, ne savent pas obéir. » Cgvia, 2148, 1, 813, 305. Sur la relation des officiers avec la troupe, citons cet autre exemple se rapportant aux soldats tchèques : « Les soldats du 2e régiment épouvantèrent leur commandant, Khotkevitch, en répondant à son salut matinal par ces mots « Merci, mon colonel ». Le vieux colonel quitta son quartier général en toute hâte pour conférer avec son aide de camp, sous l'impression que son régiment s'était mutiné. H apprit que le titre d'Excellence avait été aboli par un ordre supérieur. » Cité dans Bradley, J. F. N., La Légion tchécoslovaque en Russie, 1914-1920, Paris, 1965, 152 p., p. 52Google Scholar.

page 20 note 3. Sur le désir de paix avant la révolution de février, cf. le recueil de Sidorov, cité plus haut, pp. 146-313. En mars, sur 100 motions publiées dans les Izvestija, 51 abordent le problème de la guerre ou de la paix. 24 d'entre elles affirment la détermination des pétitionnaires d’ « accomplir leur devoir patriotique »; 24 autres abordent le problème de la paix, mais, sauf 3, elles sont postérieures à l'Appel du soviet.

page 21 note 1. Cgial, 1278, 5, 1329, 1 à 4 et Revoljucionnoe dviïenie (cité p. 19, n. 1), p. 627.

page 21 note 2. 202e régiment de montagne, Gaorsslo, 7384, 9, 244, 63 a et b, 64.

page 21 note 3. Gaorsslo, 7384, 9, 244, 33.

page 21 note 4. Cf. Ferro (cité p. 16, n. 2), pp. 260-264 et 278-282.

page 21 note 5. Gaorsslo, 7384, 9, 259 pour les soldats et Cgaorsssr, 1244, 1, 15, 118, pour les marins. Hors de Russie, cette donnée psychologique est plus souvent exprimée dans le roman ou le film que dans les archives : elle n'est pas moins essentielle, et on la retrouve dans tous les pays en guerre. En Russie, la révolution permet à ces sentiments de s'exprimer avec violence.

page 22 note 1. Le fait est mainte fois attesté dans Sljapnijov, II, pp. 136 et suiv. et dans Sukhanov, II, pp. 307 et suiv. Voit également Frebdlin, B. M., Očerki Istorii Rabočevo dviženija v Roccii v 1917 g. Moscou, 1967, pp. 6994 Google Scholar. La nécessité, pour les ouvriers de se constituer une Garde s'explique, avant tout, pour ces raisons. Sur les autres aspects de ce problème, voir Starčev, V. I., Očerki po istorii petrogradskoj krasnoj gvardii rabocej milicii, Leningrad, 1965, 308 p.Google Scholar

page 22 note 2. « Il y a des symptômes favorables à une réaction militaire », télégraphiait Paléologue, ambassadeur de France, à son ministre, vers la fin du mois de mars. « Les soldats reprochent aux ouvriers leur despotisme, leur arrogance, des salaires excessifs. Ainsi s'expliquent les manifestations à caractère patriotique. » Vincennes, Na 6-4, télégramme chiffré 424. Sur la légitimité de ces reproches, voir plus haut.

page 22 note 3. Sur la solidarité avec la classe ouvrière, Cgaorrslo, 7384, 9, 158 (une quarantaine de pièces). Texte du 13° hussard, dans Cgaorrslo, 7384, 9, 158, 29. En mai encore, des soldats de l'armée du nord demandent aux cheminots de mettre fin à « leur » grève pour qu'ils puissent « les sauver », cf. Cgvia, 2031, I, 1585.

page 23 note 1. Texte du Soldat Graždanin”, du 25 mai 1917. Autres plaintes, par exemple celle du 302e de réserve, dans Spartak du 6 juin, p. 29 : « Nous qui ne mangeons que du chou et du kaška », disent les soldats de la 13e section automobile, dans Cgaorsssr, 6978, I, 356, 40. L'idée d'envoyer au front ceux qui crient « la guerre jusqu'au bout » s'exprime dès le mois de mars, cf. Cgial, 1278, 5. 1251, 48. Elle n'est pas spéciale à la Russie; cf. pour la France, les journaux de tranchée, pour l'Italie les témoignages recueillis par Mario Isonghi, dans Caporetto.

page 24 note 1. Nous reviendrons sur ce point un peu plus loin.

page 24 note 2. Wettig, G., op. cit., pp. 192 Google Scholar et suiv., 264 et suiv. Voir également les lettres publiées dans Spartak du 6 juin 1917, pp. 27 et suiv.

page 24 note 3. Cf. le recueil de Sidorov, cité plus haut et également Carskaja Armija, v period mirovoj vojny i febral'skoj revoljucii, documents réunis par M. Vol'Fovič et E. Medvedev, Kazan, 1932, 240 p., pp. 87-91.

page 24 note 4. G. Wettig se trompe en affirmant que les soviets étaient « au début, d'accord avec les frater-nisations (…); ils n'y ont pas collaboré, comme la Douma le leur reproche (ajoute-t-il) mais ils n'ont pas pris leur distance et ont essayé de les protéger ». La vérité est que d'abord surpris par le phénomène des fraternisations, les dirigeants du soviet les ont condamnées sans aucune équivoque. Cf. les Izvestija du 30 avril et les’ documents publiés par les Soviétiques concernant la « tournée » de Mikhailov, dans Revoljuciormoe dviženie v Rossii v aprele 1917 g. aprel'skij krisis, Moscou, 1958. pp. 547-558 et Revoljuciormoe dviženie v Rossii v mae i june 1917 g., Moscou, 1959, pp. 331-332.

page 25 note 1. Nombreuses motions d'unités russes en faveur des opérations actives. Citons la 1re batterie légère du 66e d'artillerie (Cgaorsssr, 1244, I, 15, 246); le 1er tirailleurs sibérien, le parc d'artillerie de la 17e division d'infanterie, le 14e Cosaques du Don; la 15e division de cavalerie; le 2e corps sibérien; le 70e régiment d'infanterie; le 718e d'infanterie; la 6e sotnia de cavalerie, Cgvia, 2031, I, 1585. Notons aussi le 38e de la IIIe armée et le navire hôpital Arjadna toutes ces motions valant pour le front nord. Il faudrait y ajouter un certain nombre d'unités allogènes, qui se portèrent volontaires. Elles voulaient montrer qu'elles étaient plus russes que les Russes.

page 25 note 2. C'est à partir du mois de mai que s'esquisse la campagne des soldats de plus de quarante ans, qui demandent à rentrer chez eux.

page 25 note 3. Par exemple le 669e régiment d'infanterie, la 2e batterie de la 12e division d'artillerie lourde dans Cgaorsssr, 1244, 1, 15, 241 et 242. La 2e batterie du 24e sibérien demande au point 3 « des mesures contre les déserteurs mais aussi contre les embusqués », au point 7, « que les bataillons de la mort aillent dans les tranchées au lieu de parader à l'arrière », dans Gaorsslo, 7384, 9, 243, 3.

page 25 note 4. Voir, en annexe, la motion de 26 unités militaires de Petrograd qui refusent de partir au front.

page 26 note 1. Nous rejoignons ici, par une autre voie, les conclusions auxquelles Rabinovitch a abouti en examinant les origines des Journées de Juillet. Pour le contexte d'ensemble, renvoyons à notre livre, cité plus haut, pp. 438-467 et également Znamensku, O. N., Ijul'skij Krisis 1917 goda, Moscou, 1964. pp. 1222 Google Scholar.

page 26 note 2. Cgvia, 2148, I, 813, pp. 3 à 23. Gaponenko a reproduit ce texte, pp. 234-262, op. cit.; dans l'original, chaque assertion est appuyée sur un ou plusieurs témoignages. Nous n'avons pas cru devoir reproduire ici le nom de tous ces témoins.

page 28 note 1. Cf. Cgvia, 2048, 1, 27,14; autres exemples dans Revoljucionnoe dviženie v Rossii v ijule 1917g., Moscou, 1959, pp. 395-451; Revoljucionnoe dviženie v Rossii v avguste 1917 g., Moscou, 1959, pp. 253 et suiv. et dans Gaponenko, cité plus haut.

page 28 note 2. Cette querelle, reproduite dans Spartak, n'est qu'un exemple de la vigilance des soldats qui, désormais, vérifient tous les dires de l'état-major.

page 28 note 3. Sur les mutineries dans l'armée française, voir Pedroncini, G., Les Mutineries de 1917, Paris, 1967. 325 p.Google Scholar Celles-ci étaient sans relation avec le mouvement pacifiste, tout comme la révolte des soldats russes en France fut sans rapport avec le mouvement des mutineries. Sur ces problèmes, voir notre livre La Grande Guerre, 1914-1918, Collection « Idées », chez Gallimard, Paris, 1968, 384.p., p. 338 et suiv.

page 29 note 1. Sur ce sentiment de dégradation morale : Cgvia, 2067, I, 60, 33 (XIe armée).

page 29 note 2. Cgvia, 2067, 1, 60, 32 (XIe armée). Les soldats de la garnison de Luga envoyèrent une pétition pour demander le désarmement général des officiers, déclarés tous « traîtres à la révolution », cité dans Revoljucionnoe dviženie v avguste, p. 263.

page 29 note 3. Citons ces extraits de la lettre d'un soldat, le 9 août, où cette colère s'exprime avec force : « Dans les tranchées, je lis vos journaux et j'écoute parler les soldats… (…) Il est question de guerre, de discipline, de punitions, d'occupations pour le soldat, etc., tout cela est bon pour les bourgeois (…). Mais qu'ont donc les autres à crier sur la patrie en péril (…), les Kerenski, les Skobelev, les Černov (…), tous. De Nicolas II, on avait le droit de tout attendre, mais de vous… (…) Je vous préviens que s'il n'y a pas la paix d'ici l'hiver, vous pouvez faire vos valises (…). Vous êtes des traîtres à la Russie; vous l'avez vendue à l'Angleterre et à la France. » Cgaorsssr, 6978,1, 531, 4-5, cité dans Revoljucionnoe dviženie v avguste, p. 240.

page 30 note 1. Cgvia, 2067, 1, 60, 52; Cgvia, I, 60, 229; Cgvia, 2067, 1, 3829, 52 et 53, cité dans Gaponenko; Cgvia, 2067, I, 60, 61.

page 30 note 2. Gaponenko, , op. cit., pp. 278279 Google Scholar.

page 31 note 1. Cgvia, 2067, I, 3821, 29-30.

page 31 note 2. Aux Soviets et non plus au Soviet, comme en mars.

page 31 note 3. Les Soviétiques ont regroupé un certain nombre de textes dans les recueils de documents déjà cités plus haut. Ajoutons-y les pièces 1 à 14 de Cgaorsssr, 1344, I, 15; celles des fonds 1236, I, 12. Cgaorsssr, 1236, 1, 12; 1235, 53, 9; 6978,1, 580. Signalons le rapport très pessimiste des généraux Markov et Dentkine dans Cgvia, 2067,1, 60, 269, et naturellement les ouvrages écrits postérieurement par les généraux russes et les missions alliées en Russie.

page 31 note 4. Soldatskie pis'ma, op. cit., p. 110, en date du 9 août.

page 32 note 1. C'est à partir du milieu de juillet et surtout en août que les pétitions, lettres et messages aux soviets de Moscou et de Petrograd reprennent les mots d'ordre des journaux bolcheviks. Cf. Bol'ševizacija petrogradskogo garnizona v 1917 g., 1935, et la série des documents publiés en 1957, Revoljucionnoe dviïenie v centjabre et oktjabrskoe vooryžennor vostanie v Petrograde.

page 32 note 2. Cgaorsssr, 6978, I, 356, 31, pièces 7, 12, 35, 38, etc.; pour l'armée du nord, Cgvia, 2031, I, 1585 et le livre de Šurygin, F. A., Revoljucionnoe dviïenie soldatski mass severnogo fronta v 1917 godu, 1958, 132 p.Google Scholar

page 32 note 3. Lettre datée du 20 août, Cgvia, 2067, I, 60, 121, 2.

page 32 note 4. Innombrables télégrammes de soutien à Kerenski avant et pendant le putsch; par exemple, dans la région de Moscou Cgaorsssr-Mo, 3, I, 164, 233 à 295; Cgaorsssr, 6978, I, 359; I; Cgvia 2077, 1, 3821, 94; Cgaorsssr, 1241, 1244, I, 15. De nombreux rapports au commandement laissent croire que le calme est revenu. Kornilov a dû s'illusionner sur leur signification. C'est que les textes qui trahissent la colère des soldats ne lui étaient pas adressés, cf. le fonds Cgvia, 2067, I, 60. En outre, les collisions souvent spontanées entre les bataillons de la mort et les tirailleurs lettons, d'autres encore, signifiaient qu'une partie de l'armée pouvait être récupérée par le commandement. Il n'entre pas dans notre propos d'étudier ici la politique du commandement ni celle du gouvernement.

page 32 note 5. Les soldats n'étaient pas tous solidaires. La personnalité des officiers, les options personnelles, le rôle plus ou moins grand des organisations politiques, autant de variables qui explique bientôt que tel régiment se mutine alors que son voisin participe à l'offensive. S'il existe aussi d'autres lignes de rupture que celles que nous avons examinées, on manque encore d'éléments d'information pour les analyser : indiquons seulement quelques repères. Us concernent l'artillerie, la cavalerie, quelques corps spécialisés et certains régiments allogènes.

page 33 note 1. Cgvia, 2067, I, 3815 et 2067, I, 3821 pour la XIe armée.

page 33 note 2. Le 507e régiment de l'armée du Caucase, Cgvia, 2031, I, 1585.

page 33 note 3. Cgaorsssr, 1244, I, 15, 4 et Cgaorsssr, 6978, I, 248, I.

page 33 note 4. Tkačuk, op. cit., note ces chiffres :

page 34 note 1. S'agissant de Kerenski, l'expression, « Il nous trompe », apparaît le 9 juillet. Elle revient surtout après l'échec du putsch, quand il ne prend pas de mesures contre Kornilov et est hostile à l'exclusion des ministres bourgeois.

page 34 note 2. Cgaorsslo, 7384, 7, 36. S'agissant ici de l'armée du Caucase, le point 5 concerne les populations musulmanes. Point 6, l'existence d'un comité freine souvent le processus de décomposition. La réponse au point 9 s'explique devant la pression populaire. Sur le front du sud-ouest, le général Janin rapporte que les soldats accusés de « lâcheté » sont souvent acquittés et «portés en triomphe» par l'assistance. Vincennes, Source A, bulletin 15, p. 8 (faits rapportés le 30 octobre à Tarnopol).

page 34 note 3. Cgvia, 2148, I, 813, 471-479. « Dans l'artillerie, c'est différent », ajoute ce rapport.

page 34 note 4. Le 13 août, « les désertions ont cessé dans la VIIIe armée », Cgaorsssr, 3, 1, 362, 396; 19 août, « 350 déserteurs et 103 retours pour la IIe armée », Cgvia, 2067, 1, 60, 229; 4 septembre, « toujours peu de déserteurs », enquête portant sur 15 régiments de l'armée du Caucase, Cgvia, 2100, 1, 276; 24 octobre, enquête auprès de 8 régiments de la 7e division : « peu de déserteurs », Cgvia, 2148, 1, 813. 471-479 ; autres exemples passim, dans Revoljucionnoe Dviženie v Mae, June, Avguste ; et, pour le début d'octobre dans Razloženie armii v 1917 g., pp. 140-141 et suiv., etc.

page 35 note 1. Cgvia, 2067, I, 60 et Helsenki, I Otdelenie Kanceljarii finlandskogo generala-gubernatora 1917 g., Fb 1270-1276, 2, 49.

page 35 note 2. Trotski, L., Histoire de la révolution russe, 2, p. 287 Google Scholar.

page 35 note 3. Sur les effectifs en place à la veille d'octobre, renvoyons à Gavrilov, L. M. et Kutuzov, V. V., « Novyi istočnik o čislessonsti russkoj deistvujusei armii nakanune Oktjabr'skoj revoljucii », dans Istočnikoveden istorii sovetskogo obščestva, Moscou, 1964, pp. 131-152Google Scholar.

Pour la formation de l'armée rouge, rappelons les différents travaux de John Erickson.

Les motions des soldats portant sur les déserteurs passent par trois phases. 1. En mars, elles condamnent ceux qui profitent des circonstances pour rentrer dans leurs foyers. 2. En mai et juin, elles les stigmatisent et menacent ceux qui n'ont pas rejoint leur unité de ne pas participer aux bénéfices de la réforme agraire. A ces déserteurs sont associés les embusqués de l'arrière. 3. Après juillet, les soldats prennent la défense des déserteurs, faisant valoir que les chefs militaires contrerévolutionnaires méritent autant qu'eux de passer devant les tribunaux. Voir, par exemple, les points H et 12 de la motion en Annexe.

page 36 note 1. Ils ne le sont pas tous : de nombreux tirailleurs lettons militaient dans les rangs des Bolcheviks. Nous n'avons pas eu la place, ici, d'analyser le comportement des unités allogènes; nous renvoyons le lecteur au tome II de la Révolution de 1917, à paraître chez Aubier.

page 36 note 2. C'est le principal défaut du livre de Wettig, cité plus haut, qui, par ailleurs, ne parvient pas à maîtriser sa documentation.

page 39 note 1. Gaorrslo, 101, I, 8, 3-4-5 (inédit).