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Le commerce des objets d'art et les marchands merciers à Paris au XVIIIe siècle

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Lorsque Louis Courajod publia en 1873 le Livre-journal de Lazare Duvaux, il fournit aux historiens des arts décoratifs, par sa magistrale introduction et surtout par l'édition des registres du grand marchandmercier, un document capital. Peu après, René de Lespinasse ajoutait des textes de première importance en réunissant, dans la collection verte de la Ville de Paris, les statuts, règlements ou arrêts sur lesquels s'appuyait au XVIIIe siècle le Corps des Merciers parisiens, auquel appartenait Duvaux.

Les papiers du Garde-Meuble de la Couronne et ceux des comtes de Provence et d'Artois aux Archives Nationales, de Mme du Barry aux manusnuscrits de la Bibliothèque Nationale, des princes de Condé à Chantilly, les registres de vente de la manufacture de Sèvres, quelques catalogues de ventes du XVIIIe siècle peuvent apporter encore sur ce sujet nombre de renseignements, pour la plupart inédits ou peu connus.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1958

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References

page 10 note 1. Louis Courajod, Livre-journal de Lazare Duvaux, marchand-bijoutier ordinaire du Roy, 1748-1758, précédé d'une étude sur le goût et sur le commerce des objets d'art au milieu du XVIIIe siècle…, Paris, 1873, 2 vol. — Lespinasse, René de, Les métiers et corporations de la Ville de Paris, t. II, Paris, 1892, p. 232285 Google Scholar. — Voir aussi Jacques Savary nus Biuslons, Dictionnaire universel de Commerce, d'Histoire naturelle et des Arts et Métiers, nlle éd., t. III, Copenhague, 1761, col. 849-853. — Saint-Joanny, , Registre des délibérations et ordonnances des marchands-merciers de Paris, 1596-1696, Paris, 1878 Google Scholar. — Recueil d'ordonnances, statuts et règlemens concernant le Corps de la Mercerie, Paris, 1752. — Pierre Vidal et Léon Duru, Histoire de la corporation des marchands-merciers, grossiers, jouailliers…, Paris, s.d. [1912]. Ce volume consciencieusement écrit, s'attache principalement à la mercerie dans le sens moderne du mot, c'cst-à-diie à la menue mercerie, et néglige le commerce des objets d'art. Lorsque nous citerons des textes publiés par Lespinasse ou commentés par Savary, nous éviterons d'en donner la référence dans les notes qui suivent.

page 11 note 1. Dictionnaire universel des Sciences…, t. X, Neuchâtel, 1705, p. 369.

page 11 note 2. Coornaert, Emile, Les corporations en France avant 1789, Paris, 1941, p. 139 Google Scholar.

page 12 note 1. Hurtaut, et Magny, , Dictionnaire historique de la Ville de Paris, 1779, t. III, p. 529 Google Scholar.

page 12 note 2. Lespinasse, op. cit. — Fr. Olivier-Martin, (L'organisation corporative de la France d'ancien régime, Paris, 1938, p. 181 Google Scholar) remarque que l'aune-étalon conservée par les merciers parisiens fut adoptée en province au XVIII8 siècle.

page 13 note 1. Le même esprit se retrouve dans leurs devises : « Te toto orbe sequemur », ou encore : «, Gemino gens nota sub axe ».

page 13 note 2. Courajod, op. cit., t. I, p. LXXXIX. — Luynes, Due de, Mémoires, éd. Dussieux et Soulié, Paris, 1860-1865, t. XI, p. 38 Google Scholar

page 14 note 1. Chandor, « md-mercier pour les étoffes étrangères », livre par exemple en 1786 Eur le Garde-Meuble de la Couronne deux meubles de « satin peint aux Indes à chinois » (Arch. nat., O 1 3638). De même, le mercier Saporito est spécialisé dans les galons et étoffes, et sa veuve, en 1779-1780, fournira les passementeries du cabinet intérieur de la Reine à Versailles (O 1 3627) ; cependant, le même Saporito livre en 1774 au Garde-Meuble une pendule de bronze doré du prix de 3 000 livres (O 1 3024).

page 14 note 2. Les Delaroue, dont on retrouvera le nom plus loin, appartiennent à une famille de miroitiers que cite Barbier dans son Journal (Chronique de la Régence et du règne de Louis XV, Paris, 1885, t. II, p. 20) à propos de la condamnation du libraire Osmond pour pamphlet janséniste.

page 14 note 3. Savary (op. cit.. col. 851) précise à ce sujet : « Par leurs statuts qui sont du mois de janvier 1613, ils sont appelles marchands-merciers-grossiers-jouailliers ». Ce sont, on l'a vu, les termes mêmes employés par Charles IX en 1570. Lazare Duvaux s'intitule volontiers bijoutier et joaillier (Courajod, op. cit., t. I, p. LXX) et reçoit même en 1755 un brevet d'orfèvre-jouaillier du Roi (ibid., p. LXXVI). Le cas du « joaillier » Aubert paraît différent ; venu de l'orfèvrerie, il se tourne vers le commerce ; il vend au comte d'Artois des meubles et des porcelaines aussi bien que des bijoux (Arch. nat. R I 311, 312 et 315), et la ville d'Avignon le charge de diriger l'exécution de la grande pendule destinée au marquis de Rochechouairt ( Watson, F., Wallace collection catalogues. Furniture, Londres, 1956, n° 258Google Scholar).

page 15 note 1. Il est difficile de préciser si Herbeaut, « marchand au palais », que mentionnent pour des livraisons de tabatières les comptes des Menus-Plaisirs en 1753 (O 1 3001) et qui fut à l'occasion client de Duvaux, fut mercier-joaillier ou orfèvre-bijoutier.

page 15 note 2. Verlet, P., Gkandjean, S. et Brunet, M., Sèvres, Paris, s.d. [1954], p. 45 Google Scholar.

page 15 note 3. de Salverte, Comte F., Les ébénistes du XVIIIe siècle, 3e éd., Paris, 1934, p. 96 et 273Google Scholar.

page 16 note 1. Courajod, op. cit., t. I, p. CVII. — Le cabinet d'histoire naturelle de Gersaint était connu des curieux. de Croy, Cf. Duc, Journal, Paris, 1906-1907, t. I, p. 12 Google Scholar.

page 16 note 2. O 1 3056. — L'étiquette des Darnault existe encore au dos de plusieurs meubles, notamment au Victoria and Albert Muséum de Londres, au Kunstgewerbemuseum de Hambourg, à l'Ermitage de Leningrad, à la National Gallery de Washington.

page 16 note 3. Nocq, Henry et Dreyfus, Carie, Tabatières, boîtes et étuis… du musée du Louvre, Paris, 1930, p. 24 Google Scholar.

page 17 note 1. Cf. le n° 1058 de la vente du duc de Tallard en 1756.

page 17 note 2. Courajod, op. cit., t. II, nos 2793 et 1688. — Bibl. Nat., ms. fr. 8157, f° 8 v°.

page 18 note 1. Courajod, op. cit., t. I, frontispice.

page 18 note 2. Ibid., t. II, passim. — Il arrivait aux merciers d'utiliser des boîtes de laque pour faire composer des meubles munis d'une dizaine de tiroirs d'inégale dimension, tel celui d'une collection parisienne, qui porte l'estampille de B.V.R.B. et l'étiquette de Darnault. Mme de Pompadour possédait deux commodes de ce type, à onze tiroirs ( Cordey, Jean, Inventaire des biens de Madame de Pompadour rédigé après son décès, Paris, 1939, n° 1046Google Scholar). Voir aussi le bureau que fit décorer Hébert à l'aide d'un paravent de laque ( Verlet, Pierre, Le mobilier royal français, Paris, 1945-1955, t. I, n° 4Google Scholar). Nous avons pu retrouver récemment l'origine des cinq panneaux de laque de la belle conmode estampillée de l'ébéniste Carlin que possède le Louvre. Cette commode fut livrée par Uarnault pour le Grand Cabinet de Madame Victoire à Bellevue en 1785 (comte Biver, Paul, Histoire du château de Bellevue, Paris, 1933, p. 294 Google Scholar). Les cinq panneaux qui la décorent sont décrits un à un sur un coffre chinois qui fut vendu en 1782 avec les collections du duc d'Aumont (n° 299), et ce coffre fut acheté par Uarnault.

page 19 note 1. P. Verlet, Mobilier royal français, t. I, n° 3, et Sèvres, pl. 39 et 61.

page 19 note 2. Verlet, P., Sèvres, p. 45 Google Scholar et 47. Certaines formes de Sèvres portent des noms de marchands, Duvaux, Hébert.

page 20 note 1. Ainsi les deux vases qui portent le n° 82 du catalogue du musée Nissim de Camondo. Le journal de Duvaux (n° 475) mentionne « deux vases de carton verni imitant l'albâtre d'Orient ».

page 20 note 2. Notamment l'écritoire de tôle émaillée montée en bronze doré de l'ancienne collection Doucet (n° 231 du catalogue de la vente des 7-8 juin 1912), qui porte la marque du Petit Dunkerque.

page 21 note 1. A.N., O 1 3316, f° 242 v°, et 0 1 3631. Dans la seule année 1754, pav ex., Duvaux livra 36 paires de bras de lumière, 18 feux et autant de lanternes, sans compter les montures de porcelaines et les objets les plus divers, et jusqu'à un râteau de bronzé doré à manche d'ivoire (n° 1783). Les archives du Garde-Meuble fournissent de nombreux exemples de l'activité des merciers dans le bronze d'ameublement. Ainsi, en 1738, les Darnault livrent pour Louis XV à La Muette des bras de bronze doré (O 1 3312, f° 145 v°) ; en 1788, Daguerre contribue à la fourniture des meubles et des bronzes d'ameublement destinés au château de Saint-Cloud (O 1 3046).

page 22 note 1. Hébert livre par exemple en 1743 la fontaine à parfums de Louis XV en porcelaine et bronze doré (O 1 3313, f° 113 v°). Voir aussi Courajod, op. cit., t. II, passim, notamment sous le n° 226, les bras extraordinaires composés pour la Dauphine à Versailles. Une trentaine d'années plus tard, Delaroue était chargé des lanternes ornées de fleurs de porcelaine que Marie-Antoinette faisait placer dans ses jardins de Trianon (O 1 3027).

page 22 note 2. Le nécessaire de Marie Leczinska, récemment entré au Louvre, en est un bel exemple, avec ses porcelaines montées en vermeil encore conservées dins leur coffre de palissandre. Nous ignorons qui le livra en 1729. La diversité des techniques employées, les mentions d'objets de ce genre livrés plus tard par Duvaux (par exemple, le n” 1306), permettent de présumer que ce fut un mercier. En 1785, lorsqu'il s'agit de garnir pour le château de Fontainebleau un caisson de toilette avec pots de porcelaine, flacons de verre, étuis de bois de rose, ciseaux, l'Intendant du Gardt-Meuble s'adresse à Daguerre (O 1 3634). Le coffre de voyage de Marie-Antoinette, acquis par le Louvre en 1955, porto le nom du tabletier Palma ; nous ne savons pas s'il fut livré par celui-ci ou plutôt par un mercier.

page 22 note 3. C'est un miroir de vernis que l'on voit représenté sur l'enseigne de Gersaint. Duvaux, livrant des glaces de cheminée, sépare la fourniture de la glaça du prix de la sculpture ou de la dorure (Coukajod, op. cit., t. II, nos 194, 311, etc.). De même, Delaroue, lorsque, en 1781, au milieu de feux, de bras ou de lanternes, il livre pour la comtesse de Provence à Montreuil un trumeau de chêne sculpté avec ses glaces du prix de 491 livres (Il 5 534).

page 23 note 1. Duvaux, pour un couteau d'or destiné à Mme de Pompadour (Courajod, op. cit., t. II, n° 1926) emploie l'expression « fait tailler un manche de jaspe ». Le même Duvaux (nos 1010, 1012, etc.) paraît s'être t'ait une spécialité en 1752 de boîtes vernies à fleurs émaillées. Il est remarquable que trois sur quatre des boîtes livrées par Poirier pour Je mariage du Dauphin en 1770 sont « d'ancien laque » (O 1 3028 B).

page 24 note 1. P. Verlet, Mobilier royal, op. cit., t. II ; nos 3, 7, 8, 9, et Sèvres, op. cit., pl. 39.

page 24 note 2. Baroli, J. P., « Le mystérieux B.V.R.B., enfin identifié », dans Connaissance des Arts, mars 1957, p. 5663 Google Scholar.

page 24 note 3. Cette table, qui provient des collections Potocki, porte, sur la plaque de Sèvres, la lettre-date de 1760.

page 24 note 4. Courajod, op. cit., t. II, nos 1140, 404, etc.

page 24 note 5. Salverte, , op. cit., p. 46 Google Scholar. — Mme de Pompadour avait un compte ouvert chez Poirier (Cordey, op. cit., n° 2585).

page 24 note 6. Voir plus haut, note, p. 19 et, parmi les meubles d'acajou venant de Bellevue et estampillés de Levasseur, le beau secrétaire acquis par le Louvre en 1950.

page 24 note 7. P. Verlet, Mobilier royal, t. I, n°8 13 et 18.

page 25 note 1. On comparera par exemple les figures d'angle d'une commode de Weisweiler, ornée de panneaux de laque, aujourd'hui conservée dans une collection américaine, et les figures de la lanterne livrée par Daguerre en 1784 (Mobilier national).

page 25 note 2. Courajod, op. cit., t. II, nos 601, 1493, 1713, 1810, etc.

page 25 note 3. A.N., O 1 3029 B.

page 25 note 4. P. Verlet, Mobilier royal, t. I, p. 6, Arch. Aff. étr., France, 2097, f° 97, etc.

page 26 note 1. Bibl. Nat., ms. fr. 8158, f° 75 sqq. et Arch. Nat., R 1 311 et 310.

page 26 note 2. A.N., O 1 3031 et R 5 534. — En 1769, Delaroue, « marchand miroitier », avait livré pour l'appartement du Roi à Versailles un feu de bronze doré du prix de 750 livres (O 1 3621).

page 26 note 3. En 1775, il livrait pour le compte du Garde-Meuble la pendule astronomique de Mesdames à Versailles (O 1 3624). Voir aussi Biver, op. cit., p. 270, et Salverti, , op. cit., p. 76 Google Scholar.

page 26 note 4. O 1 3631 à 3654 et P. Verlet, Mobilier royal, t. II, p. 32. — A. Tuetey, Inventaire des laques anciennes et des objets de curiosité de Marie-Antoinette confiés à Daguerre et Lignereux…, dans Arch. de l'Art français, Mélanges Guiffrey, 1916, p. 286 sq.

page 27 note 1. Cité d'après Arch. Municipales de Lyon, par Champeaux, , Dictionnaire des Fondeurs, Paris, s.d., p. 53 Google Scholar.

page 27 note 2. D'Oberkiuch, Baronne, Mémoires, Paris, s.d., t. II, p. 44 Google Scholar. — Voyez aussi la visite que Mme d'Oberkirch (ibid., t. I, p. 225) fait au'magasin de Grancher.

page 27 note 3. Courajod, op. cit., t. II, nos 6, 309, 1495, etc.

page 27 note 4. Verlet, P., Sèvres, p. 45 Google Scholar.

page 27 note 5. Courajod, op. cit., t. II, n° 78.

page 27 note 6. On opposera à titre d'exemple deux livraisons faites par Daguerre pour la Couronne en 1784 : 5 920 livres un grand secrétaire de laque, très chargé de bronzes ; 360 livres une table à thé de racine d'acajou, ornée de quelques moulures de bronze (O 1 3631).

page 27 note 7. Lorsque, par exemple, Duvaux (Courajod, op. cit., t. II, n° 1810) fait faire spécialement pour Mme de Pompadour la garniture en bronze doré de deux vases de porcelaine, la seule monture est facturée 960 livres. De même, Poirier mentionne dans ses comptes la peine qu'il prend pour faire exécuter à Sèvres et monter à Paris l'extraordinaire table à thé à plateau de porcelaine destinée à Mme du Barry (Bibl. Nat., ms. fr. 8158, f° 102). La petite table de laque, de bronze et d'acier livrée en 1784 par Daguerre pour Marie-Antoinette à Saint-Cloud, « dont les pieds et tous les ornemens ont été modelés exprès », coûte 3 260 livres (P. Verlet, Mobilier royal, t. I, n. 31). Ou encore, les grands feux ornés de lions ailés fournis par Darnault pour le grand salon de Mesdames à Bellevue en 1784 sont payés 6 000 livres la paire (Biver, op. cit., p. 270).

page 28 note 1. A.N., R 1 311.— Julliot, auteur du catalogue de la vente d'Aumont, entreposa même chez lui un certain nombre des objets d'art achetés par le Roi et destinés au Muséum (O 1 3280).

page 29 note 1. Duvaux n° 2410 et Blondel de Gagny n° 949. — Duvaux n° 195 et Tallard n° 1029. — Duvaux n° 913 et Tallard n° 78. — Tallard n° 975 et Aumont n° 8. — Cependant la vente du duc d'Aumont fait, d'une manière générale, exception à cette règle à cause de l'enthousiasme qu'elle suscite et des achats massifs ordonnés par Louis XVI.

page 29 note 2. Parmi tout ce qui nous échappe encore et qu'il serait intéressant d'étudier, figurent les locations. On sait l'importance qu'eurent au XVIIIe siècle, comme au XVIIe, les locations de meubles ou de tapisseries. On est surpris de voir, à l'occason du bal donné par la Ville de Paris pour le mariage du Dauphin en 1745, Gersaint demander une somme de 1 843 livres pour « loyer » de meubles et de porcelaines (Arch. Nat. Q 1 1099. 19, f° 796).