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La valeur du faux (note critique)

Published online by Cambridge University Press:  12 January 2023

Christian Bessy
Affiliation:
IDHES, ENS Paris-Saclaychristian.bessy@ens-paris-saclay.fr
Cynthia Colmellere
Affiliation:
IDHES, ENS Paris-Saclay/CentraleSupéleccynthia.colmellere@centralesupelec.fr

Abstract

Cette note critique revient sur l’une des affaires de faux livres anciens les plus retentissantes des années 2000, celle du Sidereus nuncius, à partir de deux parutions récentes : l’ouvrage collectif SNML. Anatomie d’une contrefaçon (2020) et celui de Nick Wilding, Faussaire de Lune. Autopsie d’une imposture, Galilée et ses contrefacteurs (2014). Les études de cas de faux et des parcours et pratiques de faussaires dans le domaine des textes et du livre en particulier ont permis d’examiner les ressorts de ces falsifications, souvent au regard de comportements individuels, motivés par une volonté délibérée de production de faits erronés, de disqualification de faits existants ou par une ambition sociale. Cependant, lorsqu’il s’agit de faux s’échangeant sur le marché du livre ancien et dont la valeur tient tout autant au texte qu’aux caractéristiques matérielles, ce questionnement doit être élargi. La configuration des savoirs en jeu interroge le travail de la preuve aux confins de l’histoire de l’art et de l’histoire des sciences. Elle met aussi au jour la relation entre experts et faussaires, qui s’appuient sur leurs prises et leurs savoir-faire et sur des connaissances réciproques de leurs compétences et appuis respectifs. L’analyse de cette configuration permet enfin de montrer la porosité des frontières entre le marché du livre et le monde de la connaissance historique et archivistique.

This review article looks back at the Sidereus Nuncius affair, one of the most notorious rare book forgeries of the 2000s, based on two recently published works: the collective volume SNML. Anatomie d’une contrefaçon (2020), and Nick Wilding’s Faussaire de Lune. Autopsie d’une imposture, Galilée et ses contrefacteurs (2014). Several case studies of forgeries involving books and other texts, and of the careers and practices of the forgers themselves, have examined the motives behind these counterfeits, often in terms of individual behavior, motivated by a deliberate desire to falsify facts or invalidate existing knowledge, or by social ambition. However, when it comes to forgeries traded on the antiquarian book market, where value is determined as much by content as by material characteristics, we must ask broader questions. The configuration of knowledge at play in this particular case concerns the nature of “proof” at the border between the history of art and the history of science. It also reveals the links between experts and forgers, based on a mastery and savoir-faire that concerns not only the objects involved but also their respective practices, skills, and materials. A close analysis of this configuration reveals the porous frontier between the rare books market and the world of historical and archival knowledge.

Type
Savoirs modernes en perspective
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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References

1 Respectivement historien de l’art, spécialiste de Galilée et de son œuvre artistique, et historien du livre, spécialiste des impressions et des reliures anciennes.

2 Horst Bredekamp, Galilei der Künstler. Der Mond, die Sonne, die Hand, Berlin, Akademie-Verlag, 2007 ; Paul Needham, Galileo Makes a Book: The First Edition of Sidereus Nuncius, Venice 1610, Berlin, Akademie-Verlag, 2011 ; Irene Brückle et Oliver Hahn (dir.), Galileo’s Sidereus Nuncius: A Comparison of the SNML with Other Paradigmatic Copies, Berlin, Akademie-Verlag, 2011.

3 Voir par exemple Nick Wilding, « Horst Bredekamp (dir.), Galileo’s O, vol. 1 et 2, Berlin, Akademie-Verlag, 2011 (review) », Renaissance Quarterly, 65-1, 2012, p. 217-218.

4 Si la rétractation est un phénomène à présent courant et documenté dans certains champs disciplinaires, notamment la biologie (voir par exemple Michel Dubois et Catherine Guaspare, « ‘Is Someone Out to Get Me?’ : la biologie moléculaire à l’épreuve du Post-Publication Peer Review », Zilsel, 6-2, 2019, p. 164-192), l’entreprise semble moins fréquente dans le domaine de la bibliographie matérielle. Elle concerne ici très précisément le cas d’erreurs non détectées au moment de la publication des ouvrages qui rendent compte de l’authenticité supposée du SNML. Relevant de l’autocritique des auteurs eux-mêmes, sur la base des soupçons argumentés de Nick Wilding, elle témoigne, en tant que pratique réflexive, de leur souci de scientificité.

5 Horst Bredekamp, Irene Brückle et Paul Needham (dir.), SNML. Anatomie d’une contrefaçon, trad. par C. Lucchese et A. Baignot, Bruxelles, Zones sensibles, [2014] 2020. L’ouvrage est une publication scientifique collective, mais la préface et la postface sont rédigées par l’éditeur et créateur de cette maison d’édition, Alexandre Laumonier. Ces deux ajouts à l’édition originale en anglais (Horst Bredekamp, Irene Brückle et Paul Needham [dir.], A Galileo Forgery: Unmasking the New York “Sidereus Nuncius”, Berlin, De Gruyter, 2014) sont des clefs indispensables à la compréhension de la nature et du parcours de ce faux exemplaire du livre de Galilée.

6 Sandrine Morel, « La Bibliothèque nationale d’Espagne embarrassée par les mystérieuses disparitions d’ouvrages de Galilée », Le Monde, 21 mai 2021, https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/21/la-bibliotheque-nationale-d-espagne-embarrassee-par-les-mysterieuses-disparitions-d-ouvrages-de-galilee_6080933_3210.html.

7 Nick Wilding, Faussaire de Lune. Autopsie d’une imposture, Galilée et ses contrefacteurs, trad. par A. Coron, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2015.

8 Roger Chartier, Le jeu de la règle. Lectures, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2000, p. 139.

9 Voir, à ce sujet, Lauren Daston et Peter Galison, Objectivité, Dijon, Les presses du réel, 2012 ; Michela Passini, L’œil et l’archive. Une histoire de l’histoire de l’art, Paris, La Découverte, 2017.

10 Sur ce point, voir l’article de synthèse de Dominique Varry, « La bibliographie matérielle : renaissance d’une discipline », in D. Varry (dir.), 50 ans d’histoire du livre : 1958-2008, Villeurbanne, Presses de l’ENSSIB, 2014, p. 96-109.

11 Andrew Abbott, The System of Professions: An Essay on the Division of Expert Labor, Chicago, The University of Chicago Press, 1988 ; Bernard Lahire, Ceci n’est pas qu’un tableau. Essai sur l’art, la domination, la magie et le sacré, Paris, La Découverte, 2015.

12 Nous reprenons le terme de « confins » des disciplines, défini par Anne Marcovich et Terry Shinn pour décrire le « fait [pour des chercheurs] de travailler de façon intermittente avec des scientifiques d’autres disciplines ; pour cela ils se situent à la périphérie de leur discipline mère, tout en restant à l’intérieur des frontières de celle-ci ». Voir Anne Marcovich et Terry Shinn, « Quelle disciplinarité pour la recherche à l’échelle nano ? La ‘nouvelle disciplinarité’, aux ‘confins’ des disciplines », Actes de la recherche en sciences sociales, 210-5, 2015, p. 50-59, ici p. 51.

13 Christian Bessy et Francis Chateauraynaud, Experts et faussaires. Pour une sociologie de la perception, Paris, Pétra, [1995] 2014 (seconde édition augmentée) ; Anthony Grafton, Faussaires et critiques. Créativité et duplicité chez les érudits occidentaux, Paris, Les Belles Lettres, 1993.

14 Soit, en français, le « messager des étoiles » ou « messager céleste ». Voir Galileo Galilei, Le messager céleste, éd. et trad. par I. Pantin, Paris, Les Belles Lettres, 1992. Il s’agit de l’édition citée dans H. Bredekamp, I. Brückle et P. Needham (dir.), SNML. Anatomie d’une contrefaçon, op. cit .

15 Alexandre Laumonier, « Préface », in H. Bredekamp, I. Brückle et P. Needham (dir.), SNML. Anatomie d’une contrefaçon, p. 8-22, ici p. 10.

16 Stillman Drake, Galileo at Work: His Scientific Biography, Chicago, The University of Chicago Press, 1978 ; Bernard Cohen, Les origines de la physique moderne. De Copernic à Newton, trad. par J. Métadier et C. Jeanmougin, Paris, Éd. du Seuil, [1960] 1993.

17 Alexandre Koyré, Études galiléennes, Paris, Hermann, 3 vol., 1939 ; Maurice Clavelin, Galilée copernicien. Le premier combat (1610-1616), Paris, Albin Michel, 2004.

18 Sur les conflits entre Galilée et l’Église, voir l’ouvrage récent de William R. Shea et Mariano Artigas, Galileo Observed: Science and the Politics of Belief, Sagamore Beach, Science History Publications, 2006, ainsi que Pietro Redondi, Galilée hérétique, trad. par M. Aymard, Paris, Gallimard, [1983] 1985, livre très discuté parmi les historiens des sciences. Pour une synthèse des relectures et critiques, voir la contribution de Jérôme Lamy, « Relecture. Galilée, l’archive et la pyramide inversée », Carnet Zilsel, 3 nov. 2013, https://zilsel.hypotheses.org/50.

19 Galilée a débattu avec Christoph Scheiner de ses observations du Soleil et des leurs implications sur la validité de la cosmologie aristotélicienne : Galileo Galilei et Christoph Schneider, On Sunspots, trad. par A. Van Helden et E. Reeves, Chicago, The University of Chicago Press, 2010. Voir aussi Mario Biagioli, Galileo’s Instruments of Credit: Telescopes, Images, Secrecy, Chicago, The University of Chicago Press, 2006, en particulier le chapitre 3.

20 Carlo Corsato étudie ces changements dans le statut et les pratiques des artistes peintres à Venise dont l’ascension sociale se réalise par l’exercice de leur profession, cette dernière n’étant pas une finalité : Carlo Corsato, « Authenticité et auctorialité à Venise au xvie siècle. Sources littéraires et pratiques artistiques », in C. Guichard (dir.), De l’authenticité. Une histoire des valeurs de l’art ( xvie- xxe siècle), Paris, Publications de la Sorbonne, 2014, p. 21-44.

21 Mario Biagioli, Galileo, Courtier: The Practice of Science in the Culture of Absolutism, Chicago, The University of Chicago Press, 1993. Voir également la note de lecture de Maurice Clavelin critiquant l’approche trop relativiste de Mario Biagioli, en particulier le manque de distinction entre travail de légitimation sociale et travail de légitimation épistémologique : Maurice Clavelin, « Galilée, homme de cour : sur un ouvrage de Mario Biagioli », Revue d’histoire des sciences, 51-1, 1998, p. 115-126.

22 Mario Biagioli, « Galilée bricoleur », Actes de la recherche en sciences sociales. 94-4, 1992, p. 85-105.

23 Id., « Etiquette, Interdependence, and Sociability in Seventeenth-Century Science », Critical Inquiry, 22-2, 1996, p. 193-238 ; William Eamon, « Court, Academy, and Printing House: Patronage and Scientific Careers in Late Renaissance Italy », in B. T. Moran (dir.), Patronage and Institutions: Science, Technology, and Medicine at the European Court, 1500-1750, Rochester, Boydell Press, 1991, p. 25-50 ; David Freedberg, The Eye of the Lynx: Galileo, His Friends, and the Beginnings of Modern Natural History, Chicago, The University of Chicago Press, 2002.

24 Charlotte Bigg, « Les études visuelles des sciences : regards croisés sur les images scientifiques », Histoire de l’art, 70, 2012, p. 23-29.

25 Dans ce dernier pays, les travaux sur Galilée ajoutés aux développements des visual studies ont même donné lieu à la refondation du titre d’un journal intitulé Nuncius. Annali di storia della scienza, devenu Nuncius: Journal of the Material and Visual History of Science.

26 L. Daston et P. Galison, Objectivité, op. cit.

27 Pour comprendre les débats qui ont traversé l’histoire de l’art dans sa constitution comme discipline et notamment le dialogue et les oppositions entre des courants esthétique et philosophique et des courants d’orientation plus expérimentale, consulter M. Passini, L’œil et l’archive, op. cit., chap. 4. Pour la poursuite de ces débats entre 1940 et la période contemporaine, voir la dernière partie, « Nouveaux équilibres, (1940-1970) », et la conclusion de l’ouvrage.

28 Steve Shapin et Simon Schaffer, Leviathan and the Air Pump: Hobbes, Boyle, and the Experimental Life, Princeton, Princeton University Press, 1985 ; Christian Licoppe, La formation de la pratique scientifique. Le discours de l’expérience en France et en Angleterre (1630-1820), Paris, La Découverte, 1996.

29 Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs, curieux. Paris-Venise, xvie- xviiie siècles, Paris, Gallimard, 1987 ; Daniel Roche, Histoire des choses banales. Naissance de la consommation xviie- xixe siècles, Paris, Fayard, 1997.

30 Avec la notion de paratexte, venue des études littéraires sous la plume de Gérard Genette, Palimpsestes. La littérature au second degré, Paris, Éd. du Seuil, 1982, et les travaux de Roger Chartier sur l’auctorialité : Roger Chartier, Inscrire et effacer. Culture écrite et littérature ( xie- xviiie siècle), Paris, Éd. du Seuil, 2005.

31 Galilée utilise le télescope en 1609, qu’il perfectionne durant le mois d’août de cette même année. Voir Ludovico Geymonat, Galilée, trad. par F.-M. Rosset et S. Martin, Paris, Éd. du Seuil, 1992 ; M. Biagioli, Galileo’s Instruments of Credit, op. cit.

32 Galileo Galilei, Le messager des étoiles, trad. et éd. par F. Hallyn, Paris, Éd. du Seuil, 1992 (voir en particulier l’introduction de Fernand Hallyn).

33 Frédéric Tinguely, « L’œil de verre. La rhétorique de l’autopsie dans le Sidereus Nuncius », Archives internationales d’histoire des sciences, 55-154, 2005, p. 83-95.

34 Christian Bessy, « Un modèle hiérarchique de l’artiste et de l’expertise. À propos de Bernard Lahire ‘Ceci n’est pas qu’un tableau. Essai sur l’art, la domination, la magie et le sacré’ », Revue française de sociologie, 57-1, 2016, p. 147-162 ; Christian Bessy et Francis Chateauraynaud, « The Dynamics of Authentication and Counterfeits in Markets », Historical Social Research, 44-1, 2019, p. 136-159.

35 Carlo Ginzburg, « Signes, traces, pistes. Racines d’un paradigme de l’indice » [1979], Le Débat, 6-6, 1980, p. 3-44. Pour une réédition modifiée, voir id., « Traces. Racines d’un paradigme indiciaire », in Mythes, emblèmes, traces. Morphologie et histoire, Paris, Flammarion, 1989.

36 Voir le modèle d’expertise proposé par C. Bessy et F. Chateauraynaud, Experts et faussaires, op. cit.

37 Qui peut se traduire par « Moi Galilée, j’ai fait ceci ».

38 Le Kupferstichkabinett est un centre d’expertise pour la conservation de l’art sur papier. Internationalement reconnu pour les technologies d’analyse que les conservateurs et chercheurs y développent, il accueille une importante bibliothèque de filigranes permettant de documenter l’histoire de la fabrication du papier et la datation de l’art sur papier.

39 C. Bessy et F. Chateauraynaud, Experts et faussaires, op. cit., p. 299.

40 La peinture et par extension les dessins (peints dans le cas du SN) constituent, pour les historiens de l’art, des arts « autographiques ». Sur la peinture en particulier, voir Nelson Goodman, Langages de l’art. Une approche de la théorie des symboles, trad. par J. Morisot, Paris, Hachette littératures, [1968] 2005.

41 Charlotte Guichard, « Du ‘nouveau connoisseurship’ à l’histoire de l’art. Original et autographie en peinture », Annales HSS, 65-6, 2010, p. 1387-1401, ici p. 1388.

42 Concernant le développement du champ de la technical art history, voir Erma Hermens, « Technical Art History: The Synergy of Art, Conservation and Science », in M. Rampley (dir.), Art History and Visual Studies in Europe: Transnational Discourses and National Frameworks, Leyde, Brill, 2012, p. 151-165.

43 Paul Needham, « Mai 2012 : de féconds doutes », in H. Bredekamp, I. Brückle et P. Needham (dir.), SNML. Anatomie d’une contrefaçon, p. 23-34, ici p. 26.

44 Galileo Galilei, Le operazioni del compasso geometrico et militaro, Padoue, s. n., 1606. Il s’agit du premier ouvrage écrit par Galilée dans lequel il s’appuie sur le compas de proportion à usage militaire pour en faire un calculateur à usage plus général.

45 Dans un caractère d’imprimerie en plomb, on distingue l’œil (la lettre) et l’épaule (le fond).

46 Paul Needham, « Juin 2012-juillet 2014 », in H. Bredekamp, I. Brückle et P. Needham (dir.), SNML. Anatomie d’une contrefaçon, op. cit., p. 35-38, ici p. 37.

47 Id., « Contrefaçon de l’impression » ; Irene Brückle, Theresa Smith et Manfred Mayer, « Contrefaçon du papier » ; Nicholas Pickwoad, « Indices de contrefaçon dans la structure du volume composite contenant le SNML » ; Irene Brückle et Manfred Mayer, « Contrefaçon de la structure du Compasso de Padoue » ; Oliver Hahn, « Résultats d’analyses non destructives », in H. Bredekamp, I. Brückle et P. Needham (dir.), SNML. Anatomie d’une contrefaçon, op. cit., respectivement p. 39-51, 52-81, 82-96, 97-100 et 101-114.

48 Deux références majeures auraient pu être convoquées par les auteurs : les travaux du néo-zélandais Donald Francis McKenzie et ceux de Philip Gaskell. Les travaux de D. McKenzie se distinguent par la mise en lien de l’étude des caractéristiques matérielles des livres anciens avec les pratiques de l’organisation et les contraintes de l’atelier d’imprimerie. Voir notamment Donald F. McKenzie, La bibliographie et la sociologie des textes, trad. par M. Anfreville, Paris, Éditions du Cercle de la librairie, 1991, avec une introduction de Roger Chartier ; Philip Gaskell, A New Introduction to Bibliography, Oxford, Clarendon Press, 1972. Voir également Dominique Varry, Introduction à la librairie matérielle. Archéologie du livre imprimé (1454-vers 1830), 2011, http://dominique-varry.enssib.fr/bibliographie%20materielle.

49 Nicolas Barker, « The Forgery of Printed Documents », in R. Myers et M. Harris (dir.), Fakes and Frauds: Varieties of Deception in Print and Manuscript, New Castle, Oak Knoll Press, 1996, p. 109-123. Voir Paul Needham, Irene Brückle et Horst Bredekamp, « Ultimes réflexions », in H. Bredekamp, I. Brückle et P. Needham (dir.), SNML. Anatomie d’une contrefaçon, op. cit., p. 119-128, ici p. 125.

50 B. Lahire, Ceci n’est pas qu’un tableau, op. cit.

51 I. Brückle, T. Smith et M. Mayer, « Contrefaçon du papier », art. cit.

52 Notons que les spécialistes des sciences des matériaux reviennent sur leurs analyses destinées à caractériser ceux utilisés pour les parties écrites et dessinées. Comme lors de la première campagne d’analyses, ils utilisent la fluorescence aux rayons X. Ils y ajoutent la spectroscopie infrarouge par réflexion et la microscopie frontale, sans toutefois pratiquer de prélèvement sur les différents ouvrages étudiés, qu’ils soient authentiques ou falsifiés. L’analyse comparée des éléments tracés dans l’encre et le papier de l’exemplaire authentique du SN dit « de Graz » et dans le SNML montre que la réalisation de ce dernier est récente, sans cependant dater précisément la fabrication.

53 André Vayson de Pradenne, Les fraudes en archéologie préhistorique : avec quelques exemples de comparaison en archéologie générale et sciences naturelles, Grenoble, Jérôme Millon, [1932] 2018.

54 Christian Bessy, Francis Chateauraynaud et Pierre Lagrange, « Une collection inqualifiable. La controverse archéologique sur l’authenticité de Glozel », Ethnologie française, 23-3, 1993, p. 399-426.

55 Voir les chapitres 8 et 9 : Horst Bredekamp, « Vers une psychologie du faussaire », in H. Bredekamp, I. Brückle et P. Needham (dir.), SNML. Anatomie d’une contrefaçon, op. cit., p. 115-118 et P. Needham, I. Brückle et H. Bredekamp, « Ultimes réflexions », art. cit.

56 P. Needham, I. Brückle et H. Bredekamp, « Ultimes réflexions », art. cit., p. 121.

57 Ibid.

58 P. Needham, « De féconds doutes », art. cit., p. 27

59 Luc Boltanski et Arnaud Esquerre, Enrichissement. Une critique de la marchandise, Paris, Gallimard, 2017.

60 Les éléments de sa carrière, donnés par A. Laumonier dans la postface de l’ouvrage, montrent que M. De Caro dispose d’un savoir étendu sur Galilée et ses écrits et qu’il a une connaissance très intime du milieu du livre rare et des archives. Installé comme libraire, il fréquente les foires du livre ancien, se créant tout un réseau de vendeurs et d’acheteurs au niveau international. Il entretient ses entrées dans les bibliothèques, y compris celle du Vatican, et acquiert progressivement la réputation de savoir dénicher des livres rares.

61 Giordana Charuty, « Sergio Luzzatto, ‘Max Fox o le relazioni pericolose’ (compte rendu) », Gradhiva, 30, 2019, p. 156-159 ; Sergio Luzzatto, Max Fox o le relazioni pericolese, Turin, Einaudi, 2019.

62 Horst Bredekamp, Galileo’s Thinking Hand: Mannerism, Anti-Mannerism, and the Virtue of Drawing in the Foundation of Early Modern Science, Berlin, De Gruyter, 2019 (première édition parue en allemand, sous le titre Galilei der Künstler, en 2007). Dans cette nouvelle édition, H. Bredekamp revient dans une préface sur l’affaire SNML et des erreurs d’appréciation.

63 Melinda Schlitt, « Galileo’s Moon: Drawing as Rationalized Observation and Its Failure as Forgery », Open Inquiry Archive, 5-2, 2016, p. 1-19.

64 Erwin Panofsky, « Galileo as a Critic of the Arts: Aesthetic Attitude and Scientific Thought », Isis, 47-1, 1956, p. 3-15.

65 A. Grafton, Faussaires et critiques, op. cit.

66 P. Needham et al., « Juin 2012-juillet 2014 », in H. Bredekamp, I. Brückle et P. Needham (dir.), SNML. Anatomie d’une contrefaçon, op. cit., p. 35-38, ici p. 36.

67 C. Bessy et F. Chateauraynaud, Experts et faussaires, op.cit. ; Otto Kurz, Faux et faussaires, trad. par J. Chavy, Paris, Flammarion, [1948] 1983.

68 H. Bredekamp, « Vers une psychologie du faussaire », art. cit., p. 116.

69 Stefan Koldeloff et Tobias Timm, L’affaire Beltracchi. Enquête sur l’un des plus grands scandales de faux tableaux du siècle et sur ceux qui en ont profité, trad. par S. Lux, Paris, Jacqueline Chambon, 2015.

70 Alain Desrosières, « Les origines statisticiennes de l’économie des conventions : réflexivité et expertise », Œconomia, 1-2, 2011, p. 299-319.

71 Nick Wilding critique cette notion d’exemplaire d’épreuves en faisant référence à l’étude d’A. Grafton sur la « culture de la correction » dans laquelle les exemplaires d’épreuves sont ceux qui sont annotés et conservés en vue de futures éditions corrigées : N. Wilding, Faussaire de Lune, op. cit.

72 En effet, pour H. Bredekamp et son équipe, il a fallu d’abord, après comparaison avec douze exemplaires, identifier le SN de Graz comme l’exemplaire proche du SNML et démontrer ensuite qu’il avait aussi servi de modèle. Cette hypothèse est corroborée par le fait que cet exemplaire est disponible en format numérique depuis 1999 et que le faussaire a pu l’avoir à sa disposition.

73 P. Needham, I. Brückle et H. Bredekamp « Ultimes réflexions », art. cit., p. 126.

74 Ibid., p. 127 ; M. Schlitt, « Galileo’s Moon », art. cit.

75 H. Bredekamp, « Vers une psychologie du faussaire », art. cit., p. 118.

76 Ibid., p. 118.

77 A. Grafton, Faussaires et critiques, op. cit.

78 Béatrice Fraenkel, La signature. Genèse d’un signe, Paris, Gallimard, 1992.

79 P. Needham, I. Brückle et H. Bredekamp, « Ultimes réflexions », art. cit., p. 124.

80 Ibid.

81 Voir aussi la postface de SNML. Anatomie d’une contrefaçon, rédigée par Alexandre Laumonier, qui a bénéficié de révélations sur ce point ainsi que sur les différents vols du libraire, entretenant l’affaire du SNML : Alexandre Laumonier, « Postface », in H. Bredekamp, I. Brückle et P. Needham (dir.), SNML. Anatomie d’une contrefaçon, op. cit., p. 129-142.

82 C. Bessy et F. Chateauraynaud, Experts et faussaires, op. cit.

83 Propos de M. de Caro rapportés par A. Laumonier : A. Laumonier, « Postface », art. cit., p. 136.

84 Pierre Lascoumes et Carla Nagels, Sociologie des élites délinquantes. De la criminalité en col blanc à la corruption politique, Paris, Armand Colin, [2014] 2018.

85 Silvio Berlusconi, homme d’affaires et responsable politique italien, président du Conseil de 1994 à 1995, de 2001 à 2006 et de 2008 à 2011.

86 Plusieurs spécialistes italiens ont apporté des éléments d’analyse des faits dont Massimo De Caro a été reconnu coupable, de son parcours biographique et de son réseau de relations. Voir Flaminia Gennari Santori, « L’affaire Sidereus Nuncius », Doppiozero, 6 févr. 2014, https://www.doppiozero.com/materiali/ars/l’affaire-sidereus-nuncius ; Alberto Saibene, « Estradare un bibliofilo ? », Doppiozero, 14 avr. 2014, https://www.doppiozero.com/materiali/commenti/estradare-un-bibliofilo ; Claudio Bartocci, « Max Fox o le relazioni pericolose », Doppiozero, 17 avr. 2019, https://www.doppiozero.com/materiali/max-fox-o-le-relazioni-pericolose.

87 Il a été coopté par le ministre de la Culture Giancarlo Galan, dont il avait été le conseiller lorsque ce dernier était ministre de l’Agriculture, sous la mandature de Silvio Berlusconi.

88 A. Laumonier, « Postface », art. cit., p. 139.

89 Plusieurs cas d’ouvrages apocryphes sont abordés dans A. Grafton, Faussaires et critiques, op. cit.

90 Sur ces deux derniers points, voir notamment Thierry Lenain, Art Forgery: The History of a Modern Obsession, Londres, Reaktion Books, 2011.

91 Dans le domaine de la peinture, les affaires récentes des années 2010 (telle celle impliquant le marchand d’art Giuliano Ruffini), des années 1990-2000 (l’affaire Greenlach et celle des époux Beltracchi) ou plus anciennes (comme les faux Vermeer peints dans les années 1930 par Hans Van Meegeren) reposent sur une centaine de faux, fruits de plusieurs années de travail. À la différence du SNML, ces tableaux contrefaits sortaient d’ateliers dont l’envergure semblait moindre.

92 Georgina Adam, Dark Side of the Boom: The Excesses of the Art Market in the 21st Century, Londres, Lund Humphries, 2017.

93 Jacqueline Lichtenstein, « Définir le faux en art », colloque « Le faux en art », Cour de cassation, 2017, https://www.courdecassation.fr/agenda-evenementiel/le-faux-en-art.

94 Voir par exemple S. Koldeloff et T. Timm, L’affaire Beltracchi, op. cit. ; Guy Ribes et Jean-Baptiste Péretié, Autoportrait d’un faussaire, Paris, Presses de la Cité, 2015 ; Éric Piedoie Le Tiec, Confessions d’un faussaire. La face cachée du marché de l’art, Paris, Max Milo, 2019.

95 S. Luzzato, Max Fox o le relazioni pericolese, op. cit.

96 B. Lahire, Ceci n’est pas qu’un tableau, op. cit.