Hostname: page-component-68945f75b7-z7ghp Total loading time: 0 Render date: 2024-08-06T01:28:49.221Z Has data issue: false hasContentIssue false

La spécificité de la persécution des juifs en France en 1942

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Robert O. Paxton*
Affiliation:
Columbia University

Extract

Saisir le caractère spécifique de la politique de Vichy à l'égard des Juifs, de 1940 à 1944, exige de creuser dans trois strates successives. La première correspond à l'invention, en 1789, du concept de citoyenneté fondée sur le contrat, et au conflit, encore non résolu en 1940, entre ce concept, dominant du point de vue du droit, et le concept opposé, de citoyenneté fondée sur les origines. Deuxième strate : on doit analyser la position absolument singulière de la France en 1940, car c'est le seul régime d'armistice de l'Europe sous la domination nazie.

Summary

Summary

France's special place in the nazi extermination of the Jews was shaped by: 1) a long-standing struggle between two concepts of citizenship (by roots and by contract); 2) the application of the Franco-German armistice; 3) the nazi policy of expulsion (not yet extermination) in 1940-1941 when Vichy's own anti-Jewish policy was being put in place. Vichy's volontary dispatch of Jews from an unoccupied area into nazi hands in 1942 was one of only four such cases in Hitler's Europe. Although Vichy was isolated geographically from the pogroms in which Hungarian and Romanian troops participated on the Russian front in 1941, the Vichy government made less effort in 1944 to stop the deportations of Jews from its soil than did Admiral Horthy and Marshal Antonescu.

Type
La Politique Antijuive
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1993

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1. Noiriel, Gérard, Le creuset français, Paris, Seuil, 1988, pp. 3334.Google Scholar

2. Weil, Patrick, La France et ses étrangers, Paris, Calmann-Lévy, 1991, pp. 2324.Google Scholar Tant Patrick Weil que Gérard Noiriel, La tyrannie du national, Paris, Calmann-Lévy, 1991, montrent clairement pourtant que la République procéda à une définition de plus en plus limitative des droits des réfugiés et des immigrants.

3. Girard, Patrick, Les Juifs de France de 1789 à 1860, Paris, Calmann-Lévy, 1976, p. 9.CrossRefGoogle Scholar Le terme péjoratif d'« ilotisme », pour qualifier les communautés juives traditionnelles, vient des Archives Israélites de 1840, qui est cité dans ibid., p. 242. Pour ce qui est de l'identification profonde de la plupart des Juifs français à la République, à la fin du xix° siècle, voir Birnbaum cité plus loin.

4. Milza, Pierre, « Le racisme anti-italien en France : la tuerie d'Aiguës Mortes (1893) », L'Histoire , n° 10, mars 1979.Google Scholar

5. Birnbaum, Pierre, Un mythe politique : la « République juive », Paris, Fayard, 1988 Google Scholar, représente une analyse particulièrement féconde de l'antisémitisme français et de ses liens avec l'anti-républicanisme, en les situant dans une perspective politique et sociologique.

6. Selon Gérard Noiriel, op. cit., p. 10, un Français sur trois a des ascendants étrangers si l'on remonte à trois générations.

7. Ibid., p. 21

8. Wyman, David, The Abandonnent ofthe Jews : America and the Holocaust, 1941-45, New York, Panthéon, 1984 Google Scholar ; Wasserstein, Bernard, Britain and the Jews of Europe, Oxford, 1979.Google Scholar

9. Binion, Rudolf, « Repeat Performance : Leopold III and Belgian Neutrality », History and Theory , VIII, 2, 1969, pp. 215216.Google Scholar

10. Documents on German Foreign Policy, Séries D, Vol. IX, n° 479, p. 608.

11. En ce qui concerne la stratégie préventive, concrétisée par la création du Service de Contrôle des Administrateurs Provisoires (SCAP), voir Marrus, Michael R. et I'Axton, Robert O., Vichy et les Juifs, Paris, Calmann-Lévy, 1981, p. 22 Google Scholar, traduction française Marguerite Delmotte.

12. Aktennotiz, 17 février 1942. La Haute Cour de Justice, procédure suivie contre Xavier Vallat. Archives Nationales W III 213-1, n° 6.

13. Au sujet de la politique nazie à l'égard de la France occupée, voir le travail indispensable de Jàckel, Eberhard, La France dans l'Europe de Hitler, Paris, Fayard, 1966.Google Scholar

14. Cette expression est de Stanley Hoffmann

15. De nombreux projets pour l'« amélioration des Juifs », dont certains remontent aux années 1930, prévoyaient leur implantation dans l'agriculture.

16. L'ouvrage de référence sur la question reste celui de Uwe Dietrich Adam, Judenpolitik in Dritten Reich, Dusseldorf, 1972.

17. Le fils d'une de ces familles expulsées, un adolescent du nom de Herschel Grynspan, ayant appris à Paris le destin de sa famille, assassina un diplomate allemand. Cet acte de désespoir servit de prétexte aux nazis pour mettre les communautés juives d'Allemagne à feu et à sang en l'espace d'une nuit, la « Nuit de Cristal ».

18. Voir R. Marrus et R. O. Paxton, op. cit., p. 24.

19. Vago, Bêla, «The Hungarians and the Destruction of the Hungarian Jews », dans Braham, Randolph L. et Vago, Bêla éds, The Holocaust in Hungary Forty Years Later, New York, University of New York, East European Monographs and Institute for Holocaust Studies, 1985, p. 97.Google Scholar

20. Yahil, Leni, The Rescue of Danish Jewry, Philadelphie, 1969.Google Scholar Pour des comparaisons intéressantes, voir du même auteur, « The Uniqueness of the Rescue of Danish Jewry » dans Gutman, Yisrael et Zoroff, Efraim, éds, Rescue Attempts During the Holocaust, Jérusalem, Yad Vashem, 1977, pp. 617625.Google Scholar

21. Pour les mesures antijuives prises en Hongrie, voir l'ouvrage fondamental de Braham, Randolph L., The Politics of Génocide, New York, Columbia University Press, 1981 Google Scholar

22. Michaelis, Meir, Mussolini and the Jews : German-Italian Relations and the Jewish Question in Italy, Oxford, 1978.Google Scholar

23. Sur la responsabilité des diplomates allemands, voir Browning, Christopher, The Final Solution and the German Foreign Office, New York, Holmes and Meier, 1978.Google Scholar

24. Yahil, Leni, The Holocaust, New York, Oxford, 1990, p. 354.Google Scholar

25. Le personnel allemand affecté à l'occupation de la France ne comptait qu'environ 2 900 personnes à l'automne 1941, moins qu'en Hollande. Dr. Werner Best, Die deutscher Aufsichtsverwaltungen, août-septembre 1941, U.S. National Archives microfilm T-501, bobine 101, référence 1367. Le nombre des troupes d'occupation diminua après l'invasion de l'URSS en été 1941.

26. Nagy-Talaveras, Nicholas M., The Green Shirts and the Others, Stanford (Ca.), Hoover Institution Press, 1970, p. 332.Google Scholar

27. Hilberci, Raul, The Destruction of the European Jews, New York, Holmes and Meier, 1985, Vol. II, p. 759 Google Scholar (traduction française par Marie-France de Palomera et Charpentier, André, IM destruction des Juifs d'Europe, Paris, Gallimard, « Folio », 1991).Google Scholar

28. Ibid., pp. 131-132.

29. Cohen, Asher, « Le “ peuple aryen ” vu par le commissariat Général aux Questions Juives », Revue d'histoire moderne et contemporaine , tome XXXV, septembre-octobre 1986.Google Scholar

30. Voir les accusations portées par Gilbert, Martin, Auschwitz and the Allies, New York, 1981.Google Scholar contre les Anglais et les Américains pour n'avoir pas bombardé Auschwitz.

31. Leni Yahil, « The Uniqueness… », pp. 622-624.

32. R. Marrus et R. O. Paxton, op. cit, p. 217.

33. Ibid.,p. 218.

34. Leni Yahil, The Holocaust, pp. 352-355, 401-402.

35. Chary, Frederick B., The Bulgarian Jews and the Final Solution, 1940-1944, Pittsburgh, 1972.CrossRefGoogle Scholar

36. Par exemple, l'assassinat de sept Juifs à Rillieux, le 29 septembre 1944, par la Milice à Lyon par représailles à l'exécution par la Résistance de Philippe Henriot, propagandiste de la radio de Vichy. Rémond, René et alii, Touvier et l'Église, Paris, Fayard, 1992, p. 261.Google Scholar