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La réaction aristocratique avant 1789: l'exemple de l'armée

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

David D. Bien*
Affiliation:
Université de Michigan

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L'anoblissement par les charges municipales, très courant au début du XVIIe siècle, subit de fortes restrictions en 1667. Vers la fin du XVIIIe siècle, 7 charges de maire ou de lieutenant de maire, dans cinq villes, continuaient À anoblir leur titulaire, pour un service d'une durée de 4 À 20 ans ; mais elles n'ajoutaient pas grand-chose À l'effectif de la noblesse. Dans trois autres villes, cependant, les postes d'administration municipale continuèrent À jouer un rôle important jusqu'en 1789. A Paris, outre 3 offices administratifs qui anoblissaient seulement après 20 ans, les charges d'échevin conféraient la noblesse après seulement 2 ans. Deux hommes nouveaux chaque année, beaucoup d'avocats, mais aussi des financiers et des docteurs, entraient dans ces charges. Il en allait exactement de même À Lyon, sauf que les marchands et les financiers pénétraient ici plus nombreux dans l'échevinage. A Toulouse, il y eut une lutte sévère au sujet de la composition du capitoulat qui, À certaines époques, avait donné jusqu'À 7 nobles nouveaux par an ; la plupart d'entre eux étaient de la région, mais il y en avait aussi un certain nombre qui n'avaient jamais vu la ville. La lutte aboutit À une sérieuse réduction du nombre de roturiers admis dans ces charges anoblissantes, mais même lÀ 31 roturiers obtinrent la noblesse de cette manière entre 1774 et 1789. Les 31 de Toulouse, ajoutés aux 30 de Lyon, aux 35 de Paris, aux 4 maires de Nantes et À quelques autres dans d'autres villes donnent un total d'environ 100 roturiers anoblis par les charges municipales entre 1774 et 1789.

Type
Ancien Régime et Révolution: Réinterprétations
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1974

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Footnotes

*

Voir le numéro précédent des Annales.

References

Notes

53. Pour des renseignements sur les offices qui anoblissaient et en combien de temps, cf. Bluche et Durye, L'anoblissement par charges, t. I, pp. 23-38.

54. Les noms des échevins parisiens, avec l'indication sommaire de leur profession, se trouvent dans VAlmanach Royal, 1774-1790 ; pour Lyon, cf. Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle (Bibliothèque de la Faculté des Lettres de Lyon, 18), Paris, 1970, pp. 497-505 ; pour Toulouse, Archives Départementales de la Haute-Garonne, C 290.

55. La distribution des offices en 178g, À l'exception des greffiers, est indiquée par Jean-Paul Charmeil dans Les trésoriers de France À l'époque de la Fronde, Paris, 1964, p. 18 ; les offices de greffiers, qui anoblissaient aussi, sont détaillés pour chaque cour dans Louis de La Roque et Éd. de Barthélémy, Catalogue des gentilshommes qui ont pris part ou envoyé leur procuration aux Assemblées de la Noblesse pour l'élection des Députés aux Etats Généraux de iy8ç, publié d'après les procès-verbaux officiels, Paris, 1862-1892 (26 parties, divisées par région et publiées séparément). Au sujet de l'investissement total dans ces offices, cf. la table dans Edouard ÉVerat, Le bureau des Finances de Riom (1551-ijgo), Riom, 1900, p. 617.

56. Ici, et dans toutes les autres cours où les offices anoblissaient en deux générations, le terme de roturier est trompeur. Un officier de la seconde génération, fils de roturier, devenait un noble de la seconde génération quand il avait rempli les conditions exigées, même s'il était encore théoriquement roturier en entrant en fonction et avait payé les 1 500 livres du marc d'or de la noblesse. Son fils devenait noble À la troisième génération. Les sources concernant le marc d'or ne font pas de distinction entre la première et la seconde génération dans les offices qui confèrent la noblesse graduelle. En les appelant tous roturiers, comme je le fais dorénavant, j'élargis cette catégorie aux dépens d'officiers de la seconde génération devenus nobles. Cela n'a pas grande importance dans cet article car, pour notre analyse, c'est À la quatrième génération que s'établit la différence critique.

57. Sources. Pour le bureau des finances d'Aix : Balthasar de Clapiers-Collongues, Chronologie des officiers des Cours souveraines de Provence, Aix-en-Provence, 1904 ; pour Amiens : comte Adrien de Louvencourt, Les trésoriers de France de la généralité de Picardie ou d'Amiens, Amiens, 1896 ; pour Dijon : le Père Gautier, Armoriai de la Chambre des Comptes de Dijon, Dijon, 1881 ; pour Lille : baron Éléonore Paul Constant du Chambge de Liessart, Notes historiques relatives aux offices et aux officiers du Bureau des Finances de la généralité de Lille, 1885 ; pour Lyon : Léonard Michon et B. H. de Saintdidier, Armoriai général de nosseigneurs les présidents, chevaliers d'honneur, trésoriers généraux de France, avocats et procureurs du roy au bureau des finances de la généralité de Lyon… 157J-1JÇO, Lyon, 1903 ; pour Moulins : C. Grégoire, « Le bureau des finances de Moulins (1587-1790) », Bull. Soc. Émul. Bourbonnais, t. XVIII (1910), pp. 155-158, 188-195 ; pour Poitiers : Adrien Bonvallet, « Le bureau des finances de la généralité de Poitiers », Mémoires de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 2e série, VI (1883), pp. 340-374 ; pour Riom : Éd. ÉVerat, Le bureau des finances de Riom (i^^i-iygo), Riom, 1900, pp. 289-306. La proportion des nouveaux venus de 1784 À 1789 par rapport À 1774-1789 est calculée À partir des chiffres pour les offices de trésoriers de France, procureurs et avocats du roi, et greniers en chef que l'on retrouve sur toutes les listes. Sur les 136 qui entrèrent dans ces fonctions À partir de 1774, 40 (29 %) entrèrent en 1784 et plus tard. Cette proportion est inférieure À celle que l'on trouve pour les secrétaires du roi et reflète la nette diminution des entrées après mai 1788, date À laquelle les bureaux de finances ainsi que d'autres cours souveraines, furent supprimés. Ils furent rétablis en septembre mais l'incertitude demeurait. C'est ainsi qu'en 1788, 16 offices seulement changèrent de titulaires alors que la moyenne des quatre années précédentes étaient de 35.

58. Ces chiffres ne tiennent pas compte des offices honorifiques de chevalier d'honneur et de conseiller d'honneur que des nobles occupaient en général.

59. Archives Nationales, P 4881-4887.

60. La liste comprend tous les officiers qui occupèrent un office anoblissant À partir de 1774. Dans certains cas, l'officier, en général maître des comptes ou président, avait déjÀ occupé un office anoblissant dans la même cour ou dans une autre ; si le premier office était antérieur À 1774, il est compté dans l'office et dans la cour où il se trouvait À partir de 1774. Il arrivait souvent qu'un officier occupât deux offices anoblissants dans la même cour, puisque les présidents étaient choisis, en général, dans la cour ; À la chambre des comptes, on passait aussi souvent de l'office de correcteur À celui d'auditeur, puis À celui de maître. Dans tous les cas, l'officier n'est compté qu'une seule fois. Il était beaucoup plus rare, sauf À Paris, qu'un officier entrât dans deux offices anoblissants dans deux cours différentes À partir de 1774. Quand c'est le cas, il a été compté deux fois. Au moins 22 sur les 90 officiers qui sont entrés au ChÀtelet après 1774 ont occupé d'autres offices anoblissants avant 1789. Sur les 66 maîtres des requêtes qui entrèrent en fonctions pendant cette période, 17 avaient aussi été conseillers au Parlement de Paris en 1774 ou après, quatre autres venaient de la Cour des Aides de Paris, et six de diverses cours provinciales. 27 maîtres des requêtes sont donc comptés sur deux listes. Ailleurs, le problème n'est pas grave. Dans les parlements, la plupart des présidents et des gens du roi viennent de la même cour (cf. Jean Égret, « L'aristocratie parlementaire… », pp. 3-6). Dans les chambres des comptes et dans les cours des aides, la promotion des outsiders surtout aux postes de présidents et de procureur général, était moins rare. Mais cette situation ne concerne que dix cas (pour les offices anoblissants, À partir de 1774) : 3 présidents À la cour des aides et 3 présidents À la chambre des comptes de Paris (sur ces 6, 5 venaient du Parlement de Paris), 4 cas semblables en province. Dans les autres offices de tels cas sont très rares. Mais il ne faut pas oublier, quand on considère l'ensemble des anoblissements et des offices anoblissants, qu'entre 60 et 70 personnes, réparties À peu près également dans les colonnes qui distinguent les degrés de noblesse, ont été comptées deux fois.

Pour l'établissement de listes pour chaque cour, on a compulsé diverses sources imprimées ou manuscrites. Pour les cours de Paris, on a utilisé les volumes de VAlmanach Royal, l'ouvrage du comte H. Coustant d'Yanville, Chambre des Comptes de Paris, Essais historiques et chronologiques, privilèges et attributions nobiliaires et armoriai, Paris, 1866- 1875 ; François Bluche, Les magistrats de la Cour des Monnaies de Paris au XVIIIe siècle, 1715-1790, Paris, 1966, Annales Littéraires de l'Université de Besançon, vol. 81. Pour les cours d'Aix, Dijon et Montauban, les ouvrages cités aux notes 52 et 57 ci-dessus, donnent des listes. On en trouve d'autres pour Grenoble, Montpellier et Nantes dans M. Pilotdethorey et M. A. Prudhomme, Inventaire-sommaire des Archives départementales ant érieures À 1790 : Isère. Archives civiles. Série B, Grenoble, 1884, t. 2, pp. 78-108 ; Pierre Vialles, Études historiques sur la Cour des Comptes, Aides et Finances de Montpellier, d'après ses archives privé es, Montpellier, 1921 ; M. H. de Fourmont, Histoire de la Chambre des Comptes de Bretagne, Paris, 1854. Par ailleurs, dans les sources imprimées, deux ouvrages donnent la liste des officiers toujours en activité en 1788 et 1789, parfois avec la date d'entrée en charge. Certes, ces ouvrages ne mentionnent pas les officiers entrés après 1774 et qui étaient morts ou avaient démissionné avant 1788, mais ils permettent de vérifier et de compléter les listes assemblées par d'autres moyens. Il s'agit de : la Roque et_ Barthélémy, Catalogue de gentilshommes (cf. note 55, ci-dessus) et de [Duhamel], Etat de la magistrature en France pour l'année 1789. Publié pour la première fois en 1788, Paris, 1789. Afin de vérifier ces listes et d'en faire de nouvelles pour les six autres cours pour lesquelles il n'existait rien d'imprimé, on a utilisé diverses sources manuscrites. La liste compl ète des nouveaux venus dans ces offices de 1784 À 1789 d'après les archives du paiement du marc d'or (Archives Nationales, P 4881-4888) ; pour la période 1774-1783, les copies des provisions d'office, rangées en dossiers alphabétiques par office, remplissent de 4 À 6 cartons par année aux Archives Nationales : V1 470 et suiv. A partir de 1771, le paiement du marc d'or est souvent mentionné mais la comparaison avec les registres du trésorier des revenus casuels montre que ce n'est pas lÀ une mention systématique et qu'on ne peut donc l'utiliser pour é tablir une statistique. Pour cet article, je n'ai utilisé que les dossiers des « conseillers ». Il y a aussi d 'autres registres de trésoriers des revenus casuels (Archives Nationales, P 3730-3747) qui enregistraient les paiements effectu és pour les « survivances » d'offices. Ces registres mesurent exactement la rotation des offices, mais entre 5 et 20 % (selon la cour) des personnes effectuant le paiement étaient des héritiers ou des créanciers du proprié taire précédent et ne prenaient pas elles-mêmes possession de l'office. Les listes établies À partir des diverses sources manuscrites des Archives Nationales se sont révélées très proches des sources imprim ées — souvent À partir d'archives locales. Il n'y a donc pas de raison de penser que les listes pour les cours où l'on ne disposait pas de sources imprimées sont moins exactes.

61. Dans les chancelleries de province, environ 600 personnes sont entrées en possession d'environ 500 offices ; dans les cours financières, en comptant les différents officiers des cours souveraines mentionnées ci-dessous, 650 personnes environ sont entrées en possession de 980 offices.

62. Pour la Grande Chancellerie, cf. la note 51 ci-dessus ; pour la Cour des Aides, G. d'Arvisinet, « L'office de Conseiller de la Cour des Aides de Paris au xvme siècle, d'après les mémoires inédits de Louis-Achille Dionis du Séjour », Revue hist. de Droit français et étranger, 4e série, 33e année (1955), p. 540, note 5.

63. D'Arvisinet, loc. cit., pp. 539-559.

64. Cf. les travaux bien connus de R. Bickart, Fr. Bluche, E. Carcassonne, J. Égret, F. Ford.

65. II y a ici un problème que, pour le moment, je ne peux que signaler. Pour la plupart des personnes qui reçurent une dispense, l'arrêt mentionne l'origine noble de la famille d'après les lettres de noblesse, ou plus souvent un office de chancellerie ou de cour financière, sources fréquentes d'anoblissement pour les roturiers. Dans ces cas, il n'y a guère de difficulté. Mais pour d'autres, surtout au Parlement de Paris, il est clair que les arrêts de dispense ne signalent pas tous les ancêtres nobles. C'est ainsi que, par exemple, au moment où le jeune Anjorrant entre comme conseiller en 1778, l'arrêt mentionne seulement que son père était aussi conseiller, office qui conférait la noblesse au premier degré À son titulaire. L'arrêt nous dit donc que le jeune Anjorrant était noble, mais non qu'il était noble À la neuvième génération, ce que nous apprend le dictionnaire des officiers au Parlement de Paris (Fr. Bluche, L'origine des magistrats du parlement de Paris au-XVIIIe siècle (1715-1771) : Dictionnaire généalogique, Paris, 1956, Mémoires de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Ile-de-France, t. V-VI, 1953-1954. Pour Paris, cet ouvrage et les autres ouvrages de Bluche permettent une vérification aisée. Mais en dehors de Paris, il y avait 70 cas de ce type où l'arrêt ne révèle que la présence d'ascendants dans la même cour depuis une ou deux générations, selon le nombre de générations nécessaires À l'anoblissement. Il peut y avoir eu des ancêtres nobles supplémentaires. Ce cas se présente partout, mais plus souvent À Pau (11 exemples) et À Besançon (9) et Dijon (9). Quand il s'agit d'offices anoblissant en deux générations et que le père et le grand-père occupèrent des offices dans la même cour, un ancêtre noble de plus aurait permis À certains de franchir la barrière fatidique entre la troisième et la quatrième génération. Sur ces 70 cas, donc, certains étaient peut-être des nobles de souche plus ancienne. Je suis enclin À penser, cependant, que sauf À Paris où les corrections ont été faites pour cette tabulation, de tels cas étaient rares car dans 61 exemples absolument identiques, les nouveaux venus ont signalé plus de degrés de noblesse que ceux dont ils devaient faire preuve. Il est probable que dans les 70 cas litigeux, si les candidats À l'office avaient pu prouver un degré supplémentaire de noblesse, ils l'auraient fait.

66. L'hétérogénéité du recrutement social et professionnel des parlements a été bien montrée dans l'article de J. ÉGret (cf. note 49 ci-dessus, n° précédent des Annales). Ces chiffres sont tirés des sources manuscrites citées À la note 60 ci-dessus, et des ouvrages cités aux notes 57, 60 et 65 ainsi que de VAlmanach Royal et de Roton. Cf. en outre, pour Arras, P.-A.-S.-J. Plouvain, Notes historiques relatives aux offices et aux officiers du Conseil provincial d'Artois, Douai, 1823 ; pour Bordeaux, J. N. Dast L E Vacher de Boisville, Liste générale et alphabétique des membres du parlement de Bordeaux, Bordeaux, 1896 (extrait des « Archives historiques du département de la Gironde », t. XXXI, 1896) ; pour Grenoble, Jean ÉGret, Le parlement de Dauphiné et les affaires publiques dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, 2 vol., Grenoble et Paris, 1942, t. 2, pp. 374-378 ; pour Metz, Emmanuel Michel, Biographie du parlement de Metz, Metz, 1853 ; pour Nancy, Hubert de Mahuet, La Cour souveraine de Lorraine et Barrois (1641-iyço), Nancy, Faculté de Droit et des Sciences Économiques, 1958, pp. 234-243 ; pour Rennes, Frédéric Saulnier, Le parlement de Bretagne, 1554-ljço, répertoire alphabétique et biographique de tous les membres de la cour, accompagné de listes chronologiques, Rennes, 1909, 2 vol. ; pour Rouen, Stéphane et Louis de Merval, Catalogue et armoriai des présidents, conseillers, gens du roi et greffiers du parlement de Rouen, Rouen, 1867 ; pour Toulouse, Benjamin Faucher et Thérèse GÉRard, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures À 1790. Haute-Garonne, Série B, Parlement de Toulouse, Toulouse, 1965.

67. Les diverses études de Jean Egret sont essentielles pour ce problème : dans les années 1780, les Parlements de Besançon, de Bordeaux et de Dijon, calmes jusqu'alors devinrent plus actifs ; les cours « mal composées » d'Arras, de Colmar, de Douai et de Metz restèrent toujours soumises À la couronne (cf. La Pré-Révolution française, IJ8J-IJ88, Paris, 1962, chap. v). A l'époque du ministère Maupeou, les contemporains établissaient un lien entre le recrutement de non-nobles et d'anoblis dans la magistrature, d'une part, et la soumission peureuse aux exigences despotiques du roi accompagnées d'un déploiement militaire, de l'autre (Louis XV et l'opposition parlementaire, 1714-1774, Paris, 1970, pp. 193, 198, 227-228). Pour la composition, À Grenoble, cf. Le parlement de Dauphiné et les affaires publiques, t. 1, pp. 20-24, 290-294 ; t. 2, pp. 27-37. Pour Colmar, cf. F. Burckhard, « La bourgeoisie parlementaire au xvme siècle », La bourgeoisie alsacienne, études d'histoire sociale (Publications de la Société savante d'Alsace et des régions de l'Est), Strasbourg et Paris, 1954, pp.153-176; sur le parlement Maupeou et la Chambre des Comptes À Aix, Ch. Carrière, « Le recrutement de la Cour des Comptes, Aides et Finances d'Aix-en-Provence À la fin de l'Ancien Régime », Actes du 81e Congrès national des Sociétés savantes, Rouen-Caen et Paris, 1956, pp. 141-159.

68. Sur les 126 nouveaux venus qui étaient nobles à la troisième génération et don't l'âge a pu être déterminé, 86 (68 %) ‘avaient pas 25 ans, 19 (15 %) avaient de 25 à 29 ans et 8 seulement (6 %) avaient plus de 40 ans.

69. Pour 1784-1789, la liste des nouveaux venus est tirée des Archives Nationales, P 4881-4888 ; pour 1774-1783, des sources imprimées pour chaque cour déjÀ citées aux notes 52, 55, 57, 60, 66 et de YAlmanach Royal. Pour les autres cours La Roque et Barthélémy et Duhamel donnent la liste des officiers en 1789 en indiquant parfois, mais pas toujours, la date d'entrée ; ils ne tiennent pas compte de ceux qui ont pu quitter le service avant 1788. Pour ces offices, je n'ai pas utilisé les provisions de la série V1 aux Archives Nationales. Ainsi qu'auparavant, Bluche et Durye, L'anoblissement par charges…, est très utile.

70. Neuf cours : les Parlements d'Aix, de Paris et de Rouen ; les Chambres des Comptes d'Aix et de Grenoble ; les Cours des Aides de Bordeaux, de Montauban et de Paris ; le Grand Conseil — contenaient 31 de ces offices anoblissants, dont 17 anoblissaient au premier degré. Des offices semblables anoblissaient au Parlement de Bordeaux et dans les Chambres des Comptes de Bar-le-Duc et de Rouen, mais j'ignore leur nombre. Dans d'autres cours ces offices ne conféraient pas, semble-t-il, la noblesse À leur titulaire.

71. Les 36 offices anoblissants étaient aux Parlements de Besançon, Metz, Paris, Pau, Rennes ; Chambre des Comptes de Nantes ; Cour des Aides de Paris ; Grand Conseil. Trois autres offices, À Metz, n'avaient pas de titulaire.

72. Aux parlements de Besançon, Bordeaux, Paris, Pau, Rennes ; Chambres des Comptes de Nantes, Paris ; Cours des Aides de Bordeaux, Paris ; Grand Conseil. Il pourrait y en avoir d'autres : seul le paiement effectif du marc d'or de la noblesse (P 4881-4888) permet de savoir que ces offices, dans les deux cours de Bordeaux, conféraient la noblesse. Si on avait les registres de paiement de 1771 À 1783 on découvrirait peut-être quelques offices anoblissants supplémentaires.

73. L'étude institutionnelle et sociale de base est celle de Michel Antoine, Le Conseil du Roi sous le règne de Louis XV, Genève, 1970, Mémoires et documents publiés par la Société de l'École de Chartes, 19. Cf. les pages 247-264 sur le recrutement social. Les origines sociales des intendants qui servaient en 1710-1712, 1749-1751 et 1774-1776 sont comparées et analysées dans Vivian R. Gruder, The Royal Provincial Intendants. Cf. aussi, Roland Mousnier et ses collaborateurs, Le Conseil du Roi de Louis XII À la Révolution Paris, 1970 (Travaux du Centre de Recherches sur la civilisation de l'Europe moderne, fasc. 6), pp. 31-45. M. Antoine prépare un dictionnaire biographique et généalogique des maîtres des requêtes sous le règne de Louis XV.

74. Cf. François Bluche, Les magistrats du Grand Conseil au XVIIIe siècle, Paris, 1966, Annales Littéraires de l'Université de Besançon, vol. 83, pour une analyse de l'institution et une liste des membres avec des renseignements sommaires sur chacun.

75. Listes établies d'après les volumes de VAlmanach Royal, vérifiées et complétées d'après les provisions de la série V1, P 4881-4888 et Roton, Les arrêts du Grand Conseil… Inclure les conseillers d'État qui presque tous avaient déjÀ occupé un office anoblissant aurait aggravé le problème mentionné À la note 60 ci-dessus. On les a donc exclus.

76. Bluche et Durye, L'anoblissement par charges…, t. 2, pp. 32-33 ; listes dans la Roque et BarthélÉmy, Catalogue des gentilshommes… et [Duhamel], État de la magistrature…, pp. 483-504.

77. Les registres des régiments pour les contrôles des officiers aux Archives de la Guerre, série Yb et les informations généalogiques sur les élèves de l'Ecole militaire À la Bibliothèque Nationale, mss. fr. 32060-32099, ont fourni les sources de cette analyse. On a étudié 10 régiments d'infanterie (Austrasie, Auvergne, Bourbonnais, Bourgogne, Dauphin, La Fère, Lorraine, Piémont, Touraine), 10 régiments de cavalerie et de dragons (dont 7 contenaient des dossiers récemment rassemblés sur les pages du service militaire. Les extraits de baptêmes, disponibles pour tous (14 exceptés) donnent des renseignements succincts sur la fonction officielle ou l'emploi des pères, s'ils en avaient un. Je tiens À remercier ici M. Jean-Claude Devos, Chargé de Cours aux Sciences de l'Education, À l'Université de Vincennes (Paris VIII), pour m'avoir permis d'utiliser ces dossiers et pour son amabilité au cours de mes années de travail aux Archives de la guerre À Vincennes.

78. Deux cartons qui n'étaient pas encore numérotés quand je les ai consultés aux Archives de la guerre il y a bientôt dix ans !

79. Source, cf. note 8 ci-dessus. 979 pères ont placé 1 102 fils sur lesquels on possède des renseignements. Cela n'inclut pas les placements dans l'artillerie (cf. note 81 ci-dessous).

80. Les neufs cours étaient : les Parlements d'Aix et de Besançon, les Cours des Aides de Bordeaux et de Montauban, la Chambre des Comptes de Rouen, les Conseils supérieurs d'Alsace, d'Artois, le Châtelet et le Grand Conseil.

81. Archives de la Guerre, Y*> 669. Cf. note 8 ci-dessus. Sur les 148 qui entrèrent de 1781 À 1789, 47 avaient d'abord présenté un certificat de Chérin, et 33 avaient présenté des preuves À leur entrée dans une école militaire. Vers 1789, les notes du registre qui donnent des renseignements sur chaque individu se font moins complètes et moins systématiques. Mais il semble que 9, au moins, des 49 qui entrèrent en tant que fils de chevaliers de Saint- Louis avaient quatre générations ou plus de noblesse et auraient donc pu recevoir un certificat de Chérin.

82. Claude Brelot, La noblesse en Franche-Comté de 178g À 1808, Paris, 1972, Annales littéraires de l'Université de Besançon, 134, p. 27. Pour sa thèse de Ph.D soutenue À Brown University en 1968, le professeur Charles J. Wrong a étudié systématiquement et en profondeur les officiers de 10 régiments d'infanterie de 1775 À 1789. On en saura sans aucun doute beaucoup plus sur ce sujet quand les résultats de ses recherches seront publiés.

83. Archives de la Guerre, Yb 669-670.

84. Archives de la Guerre, Y* 69.

85. J. de la Trollière et R. de Montmort, Les Chevau-Légers de la Garde du Roy, I5ç2-iy8y, Paris, 1953. Parmi les fils des 223 fermiers généraux de 1726 À 1791 qui étaient généralement des anoblis ou en cours d'anoblissement, 20 % entrèrent dans l'armée. Cf. Y. Durand, Les fermiers généraux, pp. 294-301, 375.

86. Latreille, L'armée et la nation…, pp. 75-78; Léon Mention, Le comte de Saint- Germain et ses réformes, Paris, 1884, chap. 2.

87. [des Cars, Jean-François de Pérusse], Mémoires du duc des Cars, publiés par son neveu, Paris, 1890, t. 1, p. 143.

88. Les renseignements sur cet épisode viennent des Archives Nationales Va 55, lettres et notes pour le mémoire À ce sujet adressé au Garde des Sceaux par la Grande Chancellerie.

89. C'est sûrement ce fait et les particularités de cet office qui ont conduit Molière À dépeindre M. Jourdain comme un bourgeois « gentilhomme », statut qui avait des connotations plus précises alors qu'aujourd'hui. Les prétentions de M. Jourdain allaient au-delÀ de celles d'un simple anobli.

90. L. Dollot, La question des privilèges dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Paris, 1941, p. 54.

91. Louis-Philippe, Comte de Ségur, Mémoires, souvenirs et anecdotes, Paris, 1890 (F. M. Barrière, éd., Bibliothèque des mémoires relatifs À l'histoire de France pendant le xvme siècle, vol. XIX-XX), t. 1, p. 159.

92. L'organisation du comité mis sur pied par Ségur est décrite dans [Pierre, Marie, Maurice, Henri] Comte de Ségur, Le maréchal de Ségur (1724-1801), ministre de la Guerre sous Louis XVI, Paris, 1895, pp. 234-236 ; A. Latreille, L'armée et la nation, pp. 179-181. Quatre comités spécialisés étaient dirigés chacun par un lieutenant général (de Bésenval, de Caraman, du Châtelet et de Poyanne). Les quatre lieutenants généraux se réunissaient en un comité supérieur sous la direction du maréchal de Contades pour formuler des recommandations au ministre sur les changements À apporter dans l'armée. Les procèsverbaux des réunions de ce comité, connus en 1840, avaient malheureusement disparu quand P. M. M. H. de Ségur écrivit son livre en 1895 (p. 236) et n'ont apparemment pas reparu depuis.

93. Ce paragraphe et le suivant dans lequel je dégage brièvement les grandes lignes du raisonnement qu'on se tenait dans l'armée sont fondés sur une lecture des écrits et des projets militaires « techniques » et pratiques. Aux Archives Nationales, les séries M et MM qui contiennent des documents sur l'École militaire, la série K où l'on trouve les papiers de Broglie sont des sources importantes ; les séries « Mémoires et Reconnaissances » et A1 des Archives de la Guerre sont, évidemment, plus importantes encore. Une analyse plus attentive et plus détaillée est nécessaire. Si, en général, l'interprétation par Emile Léonard de l'exclusivisme militaire dans les années 1780 ne me convainc pas, sa présentation de l'évolution de la pensée dans l'armée au xvme siècle est excellente (L'armée et ses problèmes au XVIIIe siècle, Paris, 1958). On trouve beaucoup de choses aussi dans Tuetey, Latreille et Hartmann (cf. note 4 ci-dessus).

94. L'importance nouvelle des sentiments concernant la famille au xvme siècle est difficile À mesurer mais observée partout. Vue souvent chez Greuze et chez Diderot, on l'a parfois appelée « bourgeoise » dans ses inspirations et ses manifestations, mais les changements dans les sentiments ont été certainement plus généraux et plus culturels que ne le laisse deviner une stricte analyse de classe. Cf. Philippe Ariès, L'enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, Paris, i960, 3e partie.

95. Le rapport est publié en entier dans Albert Latreille, L'armée et la nation, pp. 393-453.

96. Ibid., p. 433.

97. Encyclopédie méthodique. Art militaire, 1785, t. II, pp. 249-251.

98. Rapport de Guibert dans A. Latreille, L'armée et la nation, pp. 450-451.

99. Encyclopédie méthodique. Art militaire, t. II, p. 251.

100. Ouvrage d'un citoyen, gentilhomme et militaire, ou lettres sur la noblesse, qui présentent le tableau de son origine, de ses droits, dénoncent les abus, en indiquant les moyens d'y remédier et d'opérer des changements importants pour ce corps et la patrie, À MM. les Notables, Londres, 1787, pp. 140-141.

101. « Ordonnance concernant la Constitution de l'Infanterie Française, 17 mars 1788 », dans État militaire de France pour l'année 1788, p. 429.

102. Bibliothèque Nationale, Fonds Joly de Fleury, 453, fos 58 ss., Arrest de la Cour du Parlement, Du 14 juillet iyyo. Qui déclare les Articles VII et VIII des nouveaux Règlements faits par les Gens des Trois États de la Province de Languedoc Nuls, comme étant faits au-delÀ de leur pouvoir.

103. Archives départementales de la Haute-Garonne, C 2414, f° 151 (22 novembre 1771).

104. Archives Nationales, O1972, n° 94, minutes de lettre, 16 décembre 1774, Hozier À un destinataire non indiqué ; O1 866, f° 51, lettre du 14 octobre 1775, Mùller au président Hozier.

105. Archives Nationales, O1 995, « Catalogue des noms et surnoms des Pages qui ont été reçus dans la Grande Écurie du Roy, depuis l'année 1751 ». Dans les années 1780, donc, 50 % des pères des pages avaient été militaires, alors qu'auparavant la proportion était bien inférieure : 8 % (11 sur 141) dans les années 50 et 23 % (31 sur 134) dans les années 70.

106. Comte de Ségur, Le maréchal de Ségur, p. 254.

107. A. de Besancenet, Un officier royaliste au service de la république d'après les lettres inédites du général de Dommartin, Ij86 À 178g, Paris, 1876, p. 23.

108. Dans Tableau de Paris…, cité par Yves Durand, Les fermiers généraux, p. 211.

109. Cf. Latreille, L'armée et la nation, pp. 188-199, 209-210, 248-261.

110. Les lecteurs des Annales savent que ce problème a été soulevé et traité dans l'article de F. Furet, « Le catéchisme de la Révolution française” (cf. note 2 ci-dessus), pp. 278-289, dont les notes donnent les références essentielles À la littérature antérieure qu'il est inutile de rappeler ici. Il apparaît clairement que je me sens proche de cette position et c'est pour cela que j'ai attiré l'attention des lecteurs sur l'article de G. Lemarchand, « Sur la société française en 1789 » (cf. note 2) qui résume la littérature qui défend une position opposée. Plusieurs études en anglais sont intéressantes : A. Cobban, The Social Interprétation of the French Révolution, Cambridge, 1964 ; Elizabeth L. Eisenstein, « Who Intervened in 1788 ? A Commentary on ‘ The Corning of the French Révolution ’ », American Historical Review, LXXI, octobre 1965, pp. 17-103 ; la conclusion de V. Gruder, The Royal Provincial Intendants ; et surtout George V. Taylor, « Noncapitalist Wealth and the Origins of French Révolution », American Historical Review, LXXII, janvier 1967, pp. 469-493. R. R. Palmer a résumé cette controverse dans le monde anglo-saxon : « Polémique américaine sur le rôle de la bourgeoisie dans la Révolution française, » Annales historiques de la Révolution française, n° 189, juillet-septembre 1967, pp. 369-380

111. Les travaux de George V. Taylor, « Noncapitalist Wealth… » et d'Herbert Lûthy, La banque protestante en France de la Révocation de l'Édit de Nantes À la Révolution, 2 vol., Paris, 1959-1961, sont évidemment très utiles sur ce point : (Jean Bouvier et Henry Germain-Martin, Finances et financiers de l'Ancien Régime, « Que sais-je ? », n° 1109, Paris, 1964, chap. 3, résument commodément l'ouvrage de Liithy). En ce qui concerne l'existence et la croissance de ce groupe, cf. Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais, pp. 204, 392-398 ; Georges Lefebvre, Études orléanaises, t. 1, Contribution À l'étude des structures sociales À la fin du XVIIIe siècle, Paris, 1962, Commission d'histoire économique et sociale de la Révolution, Mémoires et documents, t. XV, pp. 154, 175-188, 200- 201 ; dans Information historique, trois articles de Guy Richard (1957, n ° 5. PP- 185-189 ; 1958, n° 5, pp. 185-190, 201 ; 1959, n° 4, pp. 156-160) et un de Pierre LÉON (1958, n° 3, pp. 101-105). Le monde de l'anobli et du financier est bien décrit et analysé par Yves Durand, Les fermiers généraux au XVIIIe siècle et par Guy Chaussinand-Nogaret dans son livre récent, Gens de finance au XVIIIe siècle, Collection Bordas-Connaissance, Série Université, Paris, 1972 et dans Les financiers de Languedoc au XVIIIe siècle, Sevpen, Paris, 1970.

112. Ce chiffre est calculé d'après les listes d'Armand Brette, Les Constituants. Liste des Députés et des suppléants élus À l'Assemblée constituante de 178g, Paris, 1897, Société de l'histoire de la Révolution française ; sur les réactions hostiles d'autres nobles aux parlementaires au moment du coup contre les cours en mai 1788, cf. J. Égret, La Pré-Révolution française, pp. 295-299.

113. En Artois, en 1755, le corps de la noblesse des États provinciaux demanda et reçut la permission de faire passer de quatre À six le nombre de générations de noblesse paternelle À fournir pour les personnes nouvelles qui siégeraient parmi eux. En 1770, ils réussirent À convaincre le roi de leur permettre d'appliquer la même exigence du côté maternel. Cf. les registres de correspondance du Ministre de la Guerre aux Archives Nationales E 2772, fos 71, 76, et E 2778, 24 octobre 1770.

114. The Age of the Démocratie Révolution, vol. 1, passim.

115. Le Dictionnaire de l'Académie françoise, dédié au Roy, 2 vol., Paris, 1694, V°L I» pp. 402-403, « Estât » ; Dictionnaire de l'Académie françoise, 4e éd., 2 vol., Paris, 1762, vol. 1, pp. 674-675.