Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Vers 775, Charlemagne reçut une lettre, venant probablement d'Angleterre, envoyée par un certain Cathwulf, par ailleurs inconnu. Sa lettre est fort intéressante pour les singuliers modèles de royauté qu'elle présente. Cathwulf les avait trouvés dans une collection de droit canonique irlandais, et sa lettre illustre un courant de la pensée sociale irlandaise qui devait avoir une large influence sur le royaume franc, en y pénétrant selon divers canaux. Cette réception des modèles irlandais de royauté, de la part de l'Église carolingienne, pose problème pour différentes raisons.
Carolingian political culture was grounded in the successor kingdoms north of the ancient Mediterranean world. Carolingian bishops were profoundly affected by Visigothic, Irish, and English authors. The conceptualization of the Carolingian Empire as a sacred structure has been attributed to the influence of St. Augustine, while the religious aura of the Frankish kings has been traced to sacral Germanie kingship. The Carolingian Empire is also described as an attempt to revive the Roman Empire. These explanations are problematized by the importance of ancient Irish models of kingship in the sociological thought of Carolingian bishops, and by the absence of references to Augustine or to the Idea of Rome. These bishops found in Irish writings a description of kingship which was compatible with the new social model which they were developing, in which Christian king and Christian bishop jointly ruled the People of God.
* Je voudrais exprimer ici ma gratitude envers David Ganz qui s'est efforcé, de façon généreuse et méticuleuse, d'améliorer ce texte, envers Sabine MacCormack, pour ses nombreuses suggestions utiles et envers Alain Boureau dont les encouragements sont venus au bon moment.
1. Voir, par exemple, Levison, W., « Die Iren und die Frànkische Kirche », Historische Zeitschrift, 109, 1912, pp. 1–22 Google Scholar (voir p. 18) ; R. Reynolds, « Unity and Diversity in Carolingian Canon Law Collections : The Case of the Collectio Hibernensis and its Derivatives », dans Blumenthal, U.-E. éd., Carolingian Essays. Andrew W. Mellon Lectures in Early Christian Studies, Washington, 1983, pp. 99–136 Google Scholar (voir p. 101 ss).
2. R. Reynolds, « Unity and Diversity in Carolingian Canon Law… », art. cité, pp. 99-102. Voir aussi P. Riche, « Les Irlandais et les princes carolingiens aux vme et ixe siècles », dans Lowe, H. éd., Die Iren und Europa im frilheren Mittelalter, Stuttgard, 1982, pp. 734–745.Google Scholar
3. La lettre de Cathwulf est éditée dans MGH Epist., IV, II, pp. 502-505. Voir p. 503 : « […] ipse te exaltavit in honorent glorie regni Europe ». L'adoption, par Cathwulf, d'une célébration liturgique en commémoration de la victoire de Charlemagne sur les Lombards semble concorder avec le triomphalisme des évêques francs. Voir McCormick, M., Eternal Victory. Triumphal Rulership in Late Antiquity. Byzantium and the Early Médiéval West, Cambridge-Paris, 1986, p. 360.Google Scholar
4. « Quod tu es in vice illius super omnia membra eius custodire et regere, et rationem reddere in die iudicii, etiam per te. Et episcopus est in secondo loco, in vice Christi tantum est. Ergo considerate inter vos diligenter legem Dei constituere super populum Dei […] », Cathwulf, op. cit., p. 503.
5. « Non enim te abiecerunt sed me ne regnem super eos », I Sam., 8, 7.
6. Enright, M., Iona, Tara and Soissons. The Origin of the Royal Anointing Ritual, Berlin- New York, 1985, pp. 15–24 CrossRefGoogle Scholar. M. Enright ne produit pas de sources exégétiques. L'ecclésiologie et le droit canonique irlandais étaient fortement influencés par l'Église wisigothique, et particulièrement par Isidore et YAmbrosiaster, et les conceptions de Cathwulf sur les rapports entre le roi et le prêtre peuvent avoir, en dernière instance, leur source en Espagne.
7. Ullmann, W., The Carolingian Renaissance and the Idea of Kingship, Londres, 1969, p. 19 ss.Google Scholar
8. « Memor esto ergo semper, rex mi, Dei régis tui cum timoré et amore […] », Cathwulf, op. cit., p. 503.
9. Nombre d'auteurs ont trouvé une origine importante des modèles de l'empire carolingien dans une lecture erronée de la Cité de Dieu d'Augustin. Deane, H. A., The Political and Social Ideas of St. Augustine, New York-Londres, 1963, p. 232 Google Scholar ; Arquiluère, H.-X., L'augustinisme politique, Paris, 1934, p. 116 Google Scholar ; Mckeon, P., « The Empire of Louis the Pious. Faith, Politics and Personality », Revue bénédictine, 90,1980, p. 52 Google Scholar. Voir aussi W. Ullmann, The Carolingian Renaissance, p. 43. Pour ma part, je voudrais montrer que les évêques francs ont bien compris Augustin et l'on écarté de la discussion politique, de la façon la plus discrète possible. Cette position se rapproche plutôt de celle de Fichtenau, H., The Carolingian Empire, trad. Munz, P., New York, 1957, p. 64 ss.Google Scholar
10. « Exempta perplurima sunt, ut legem exaltetis. Primum pauca vobis scribo, sicut canones promunt et totius christianitatis lex continet per Dei mandatum. Post fidem Dei et amorem et timorem, ut sepius habeas enchyridion, quod est librum manualem, legem Dei tui scriptum in manibus tuis […] », Cathwulf, op. cit., p. 503. Il avait envoyé un aide-mémoire, fondé sur le Deutéronome 17, 18, que, suggérait-il, Charlemagne devrait recopier de sa propre main et lire chaque jour. Il est probable que ce livret ressemblait à la forme de manuel que prit en Bretagne la Collectio Canonum Hibernensis. Voir Frantzen, J., « The Significance of the Frankish Penitentials », Journal of Ecclesiastical History, 30,1979, pp. 409–421 CrossRefGoogle Scholar, et surtout la p. 419. La Collectio Canonum Hibernensis a souvent été résumée sous forme de manuel. Voir R. Reynolds, « Unity and Diversity in Carolingian Canon Law… », art. cité, p. 104 ss.
11. Les réformes spécifiques qui sont enjointes, au-delà de l'application de la loi canonique, consistent en la protection des privilèges des églises et l'établissement de règles de vie pour les moines, les chanoines, les évêques et les nonnes. La correction des évêques était capitale dans cette réforme, « quia non sunt omnes episcopi, qui dicuntur episcopi […] », Cathwulf, op. cit., p. 503.
12. « Sunt autem octo columne régis iusti propriae. In his, adtende diligenter, prima est veritas in rébus regalibus ; secunda pacientia in omni negotio ; tertia largitas in muneribus ; quarta persuadibilitas in verbis ; quinta malorum correptio et constricti ; sexta bonorum elevatio et exaltatio ; septima levitas tributi in populo ; octava aequitas iudicifi] inter divitem et pauperem », Cathwulf, op. cit., p. 503.
13. « Sunt autem octo columne régis iusti propriae […] (suivent les huit vertus) […] Has ergo octo columnas si obnixae servas, eris tune rex — quod rex dicitur a regendo, sicut regnum a regibus — et regnum tuum erit benedictum cum diebus tuis, cum uxore et filiis. Et tune erit aeris et tempestatum tranquillitas, terre maris cum omnibus in eis nascentibus fecunditas, et dominaberis etiam multis féliciter gentibus et inimici tui antefaciem tuam cadunt et reliqua. E contra, sicut dixit sanctus Patricius : “Pro régis iniustitia sui ipsius infelicitas erit, uxoris filiorum quoque dissensio, populorum famés, pestilentia, infecunditas terre, maris quoque tempestatibus fructus terrarum diversis percussis, et ab inimicis suis superatus et expulsus de regno” », Cathwulf, op. cit., p. 503.
14. « Maleficos, [vene]ficos, tempestarios, strigas, phitonissas, fures, homicidas […] ecclesiarum spoliatores vel raptores ; viduarum, pupillarum, peregrinorum iniuria fattentes […] », Cathwulf, op. cit., p. 504.
15. « […] quod minister Dei es in his omnibus et vindex […] », Cathwulf, op. cit., p. 504.
16. « Impia qui tulit tibi semper bella per orbem », Cathwulf (poème conclusif), op. cit., p. 504.
17. « O, o dies prope sunt. Qui nunc tenet teneat, donec dimidium fait. Lege et intellege diligenter », Cathwulf, op. cit., p. 505.
18. « Et in dimidio ebdomadis deficiet hostia et sacrificium et in templo erit abominatio desolationis », Daniel 9, 27. « et iurasset per viventem in acternum quia in tempus temporum et dimidium temporis », Daniel 12, 7.
19. La question porte sur les relations entre Cathwulf et deux oeuvres proches, les Canones Hibernensis, Wasserschleben, H. éd., Die irische Kanonensammlung, Leipzig, 1885 Google Scholar et le De duodecim abusivis saeculi, Hellmann, S. éd., Pseudo-Cyprianus De XII abusivis saeculi. Texte und Untersuchungen zur geschichte der altchristilichen Literatur, Leipzig, 1909 Google Scholar. Voir H. Anton, « Pseudo-Cyprian. De duodecim abusivis saeculi und sein Einfluss auf den Kontinent, insbesondere auf die karolingischen Fiirstenspiegel », dans H. LÔWE éd., Die Iren und Europa…, op. cit., pp. 568-617 (voir p. 571). Bien que Cathwulf affirme avoir « retenu, de mémoire, quelques mots parmi beaucoup d'autres », la forme de ses citations montre qu'il utilisait quelque texte. Plusieurs commencent par le mot item et certaines se terminent par et reliqua. Ses attributions de textes à Patrick, et bien d'autres preuves internes prouvent qu'il se servait d'une forme de la Collectio.
20. Mordek, H., Kirchenrecht und Reform im Frankenreich, Berlin-New York, 1975 Google Scholar, donne une liste des manuscrits continentaux, pp. 255-258. La circulation large des collections de droit canonique se repère dans les sources de la Collectio Hibernensis elle-même, qui utilise nombre de conciles gaulois, et notamment Orange (441), Vaison I (442), Agde (506) et Orléans I (511). Voir Maasen, F., Geschichte der Quellen und der Literatur des canonischen Rechts im Abendlande, Graz, 1870, rééd. 1956, pp. 881–884.Google Scholar
21. M. Enright, Iona, Tara…, op. cit., p. 24 ss.
22. Gaudemet, J., Les sources du droit de l'Église en Occident du w au vu’ siècle, Paris, 1985, pp. 144–146 Google Scholar. H. Mordek, Kirchenrecht…, op. cit., p. 63 ss. Sur l'usage large de la Collectio, voir R. Reynolds, « Unity and Diversity… », art. cité, pp. 108-133.
23. Pour un point de vue opposé, voir M. Sheehy, « The Collectio Hibernensis — A Celtic Phenomenon », dans H. LÔWE éd., Die Iren und Europe…, op. cit., pp. 525-535. M. Sheehy s'intéresse à la portée générale et de longue durée du texte, telle qu'elle se réalise par son inclusion dans le Décret de Gratien (p. 525 ss). Sa thèse, que la Collectio eut moins d'influence que ses sources et particulièrement le pseudo-Cyprien, touche de plus près à cette discussion (p. 527). Sur l'« étrangeté » du cas irlandais, et en particulier sur la confusion institutionnelle entre évêques et abbés, voir Ryan, J., Irish Monasticism. Origins and Early Development, Dublin-Cork, 1931, pp. 170–174 Google Scholar. Voir aussi Bitel, L., Isle ofthe Saints : Seulement and Christian Community in Early Ireland, Cornell U.P., 1994, 288 Google Scholar p., passim.
24. Die Irische Kanonensammlung, XXV, 3-4, p. 77 ss. Voir M. Sheehy, « Celtic Phenomenon », p. 531 et M. Enright, Iona, Tara…, op. cit., pp. 51-55. Ces deux auteurs se réfèrent à l'Audacht Morainn, « Spéculum » irlandais ancien, qui est au fondement de ces chapitres de la Collectio. En voici un extrait, d'après M. Enright, p. 51 ss : « Dis-lui : c'est grâce à la justice du souverain que les épidémies (et) les grandes foudres sont écartées du peuple […]. C'est grâce à la justice du souverain qu'il dépêche de (grands) bataillons vers les frontières des voisins hostiles […]. C'est grâce à la justice du souverain que le poisson nage en abondance dans les flots ». Le texte a été copié vers 700, mais des preuves internes le font remonter « bien plus tôt » (M. Enright, p. 51). Cette relation entre la bonne royauté et la productivité de la nature est d'évidence enracinée dans le paganisme celte. Voir Wait, G., Ritual and Religion in Iron Age, Oxford, 1985, p. 228 Google Scholar. Voir aussi James, E., « The Sacred Kingship and the Priesthood », dans The Sacral Kingship, Leyde, « Studies in the History of Religions IV », 1959, pp. 63–70.Google Scholar
25. Kern, F., Kingship and Law in the Middle Ages, trad. Chrimes, S., Oxford, 1939, pp. 13–17 Google Scholar. Pourtant, F. Kern avait tort de dire que l'Église s'était entièrement coupée de ces conceptions et « suivait seulement ses propres règles » en réfléchissant sur la royauté (F. Kern, p. 28).
26. Wallace-hadrill, J. M., The Long-Haired Kings and Other Studies in Frankish History, New York, 1962, p. 156.Google Scholar
27. Pour une interprétation opposée, voir J. Wallace-hadrill, M., « Gregory of Tours and Bede : Their Views on the Personal Qualities of Kings », reproduit dans Early Médiéval History, Oxford, 1975, pp. 96–114 Google Scholar. Voir p. 103, où il est suggéré que Grégoire considérait les Francs comme un peuple élu.
28. On ne saurait se contenter d'affirmer l'universalité de la monarchie sacrée. Sur la transformation du gouvernement guerrier franc, voir J. M. Wallace-hadrill, The Long-Haired Kings…, op. cit., pp. 153-163.
29. Flint, V., The Rise of Magic in Early Médiéval Europe, Princeton, 1991, pp. 381–386 Google Scholar, affirme que la « magie » associée à la royauté archaïque était perçue comme un élément de rivalité pour l'Église, qui tenta de rectifier ces conceptions en définissant la royauté prospère comme le résultat de la vertu chrétienne. Les rituels d'onction permirent à l'Église de fournir ses propres fondements magiques à la royauté. Voir le compte rendu de Paxton, F., The American Historical Review, 97, n° 3, p. 830 Google Scholar ss, qui dit, je crois à juste titre, que Flint exagère l'aspect intentionnel, de la part des clercs, des reformulations doctrinales, en réponse à la magie indigène. L'analyse de Flint relève d'une longue tradition. Carlyle, qui relevait l'influence du pseudo-Cyprien sur la pensée politique carolingienne, ne pouvait alors dater l'oeuvre, mais il tenta de la faire entrer dans son schéma sur la lutte, à cette période, entre théorie politique patristique et une « conception germanique de la royauté ». Carlyle, , A History of Médiéval Political Theory in the West, 6 vols, Edimbourg, 1903-1906, vol. I, p. 218.Google Scholar
30. Voir, par exemple, La Cité de Dieu, I, 9, où il est expliqué pourquoi le bon et le mauvais sont châtiés ensemble par les catastrophes de la vie en ce monde.
31. The Laws of the Salian Franks, trad. K. F. Drew, Philadelphie, 1991, p. 171.
32. La base en était probablement une source antérieure, utilisée aussi par la Collectio Hibernensis. Voir H. Anton, « Pseudo-Cyprian », art. cité, pp. 51-53.
33. S. Hellmann, Pseudo-Cyprianus…, op. cit. Le « neuvième abus » se trouve aux pp. 51-53.
34. Le terme « pharaonique » appartient à Jean Dévisse, « Le sacre et le pouvoir avant les Carolingiens, l'héritage wisigothique », dans Le sacre des rois, Actes du colloque international d'histoire sur les sacres et couronnements royaux, Reims, 1975, Paris, 1985, pp. 27-38 (voir p. 27).
35. Ullmann, W., « Public Welfare and Social Législation in the Early Médiéval Councils », Studies in Church History, 7, Cambridge, « Councils and Assemblies », 1971, pp. 1–39.Google Scholar
36. Expression de Peters, E., The Shadow King. Rex inutilis in Médiéval Law and Literature. 751-1327, New Haven-Londres, 1970.Google Scholar
37. « Legimus quoque, quod régis bonitas totius est gentis prosperitas, Victoria exercitus, aeris temperies, terrae habundantia, filiorum benedictio, sanitas plebis. Magnum est totam regere gentem. A regendo vero rex dicitur ; et qui bene régit subiectum sibi populum, bonam habet a Deo retributionem : regnum scilicet caeleste. Y aide féliciter régnât in terra, qui de terreno regno merebitur caeleste. Orationibus vero et vigiliis eo instantius ad Deum insistere débet, quo non pro se solummodo, sed pro totius gentis prosperitate Deum deprecari débet. Similiter principes et iudices populi in iustitia et pietate populo praesint. Viduis, pupillis, et miseris sint quasi patres ; quia aequitas principum populi est exaltatio », MGH Epist, IV, n° 18 des lettres d'Alcuin, pp. 49-52 (voir p. 51 ss).
38. Deug-Su, L'opéra agiografica di Alcuino, Spolète, Biblioteca degli « Studi Medievali », 13, 1983, pp. 69-71.
39. Voir la discussion des sources dans H. Anton, « Pseudo-Cyprian », art. cité, p. 585. J. M. Wallace-Hadrill considérait que ceci prouvait qu'Alcuin relevait de l'augustinisme politique : J. M. Wallace-hadrill, « The Via Regia of the Carolingian Age », dans Smalley, B. éd., Trends in Médiéval Political Thought, Oxford, 1965, pp. 22–42 Google Scholar. Reproduit dans J. M. Wallace-hadrill, Early Médiéval History, op. cit., pp. 181-200 (voir p. 189).
40. H. Fichtenau, The Carolingian Empire, op. cit., p. 145.
41. Goffart, W., The Narrators of Barbarian History (A. D. 550-800) : Jordanes, Gregory of Tours, Bede, and Paul the Deacon, Princeton, 1988, p. 181.Google Scholar
42. « Quod insolito more et ultra consuetum ubique terrae sterilitas esse et famis periculum imminere videtur, aëris etiam intempéries frugibus valde contraria, pestilentia quoque per loca, et paganorum gentium circa marcas nostras sedentia bella continua », Charlemagne à Ghaerbald (807), MGH Capitula, I, p. 53.
43. Wallace-hadrill, J. M., The Frankish Church, Oxford, 1983, p. 229 CrossRefGoogle Scholar. La meilleure discussion des idées personnelles de Louis se trouve dans P. McKeon, « The Empire of Louis the Pious… », art. cité.
44. Annales royales franques, année 814.
45. E. Magnou-Nortier, « Les évêques et la paix dans l'espace franc (vie-xr siècles) », L'évêque dans l'histoire de l'Eglise, Actes de la 7e rencontre d'histoire religieuse, Fontevrault, 14-15 octobre 1983, Angers, 1984, pp. 33-50 (voir p. 34).
46. Capitula legibus addenta (818-819), MGH Leges, Sect. II, I, p. 281.
47. Capitulare missorum (819), item 3, MGH Leges, Sect. II, I.
48. P. McKeon, « The Empire of Louis the Pious… », art. cité, p. 61.
49. Pour H.-X. Arquillière, c'est le triomphe des « impérialistes » qui sauvait l'unité de l'empire en le plaçant largement entre les mains d'un seul homme (H.-X. Arquillière, L'augustinisme politique, op. cit., p. 123).
50. Dans YOrdinatio imperii de 817. MGH Leges, Sect. II, I, p. 270 ss. Voir aussi Wallacehadrill, J. M., The Barbarian West, A. D. 400-1000, 1952, rééd., New York, 1962, p. 123.Google Scholar
51. P. Mckeon, « The Empire of Louis the Pious… », art. cité, p. 54f. Voir YOrdinatio imperii, p. 270f. : « […] ut amore filiorum aut gratia unitas emperii a Deo nobis conservati divisione humana scinderetur, ne forte hac occasione scandalum in sancta ecclesia oriretur et offensam illius in cuius potestate omnium iura regnorum consistunt incurreremus ».
52. « […J ut aliquis illorum propter cupiditatem rerum terrenarum, quae est radix omnium malorum, aut diviso aut obpressor ecclesiarum vel pauperum extiterit aut tyrannidem, in qua omnis crudelitas consistit […] », Ordinatio imperii, p. 271.
53. Thegan, Vita Ludovici imperatoris, J.-P. Migne, Patrologiae cursus complétas, séries Latina (par la suite PL), 106, pp. 401-430, voir p. 416. Noble, T. F. X., « The Revolt of King Bernard of Italy in 817 : Its Causes and Conséquences », Studi Medievali, Ser. 3, 15 (1974), pp. 315–326.Google Scholar
54. Annales royales franques, année 821. Pour cette notion de pénitence publique, voir R. Meens, « Paenitentia publica en paenitentia privata. Aantekeningen bij de oorsprong van de zogeheten Karolingische dichotomie », dans Die Fonteyn der Ewiger Wijsheit. Opstellen aangeboden aan prof, dr A. G. Weiler, Bange, P., P. M. J. C. de Kort éds, Middeleeuwse Studies, V, Nimègue, 1989, pp. 65–73 Google Scholar (voir pp. 65f. et 68f.).
55. « In Mis dibus, quando sacer et religiosus domnus noster imperator euocato conuentu in Attiniaco agebat, strenue prouidens de omnibus utilitatibus commissorum sibi populorum […] quod utique laudabiliter inspirante Dei gratia quaeseuit, aeleganter inuenit, fideliter ore su annuntiauit », Lyon, Agobard de, De dispensatione ecclesiasticarum rerum, II, 1-8, Corpus christianorum, séries Latina (par la suite CCL), vol. 25, p. 121.Google Scholar
56. Ceci semble être la perspective de Thegan, qui montre Louis se livrant à des activités très analogues à celles pour lesquelles, apparemment, il dut faire pénitence, Vita Ludovici imperatoris, PL, 106, p. 416 ss.
57. « Ob hanc causam multa dédit pauperibus propter purgationem animae suae », Thegan, Vita Ludovici…, op. cit., p. 416 ss.
58. « Quicquid utile potuerit reperire sagacitas uestra ad cauenda peccata, ad uitanda pericula, ad erigendam religionem, ad inlustrandum doctrinam, ad corroborandam fidem, ad excolendum studium sanctitatis, confidenter edicite, et ad explenda pariturum Deo Domnum imperatorem minime dubitetis. Qui, quoniam, ut Scripturae sacrae docent, peccata contrahunt infelicitates, pertubationes, clades et sterilitas in populos, tota sollicitudine curât, ut, bona quidem statuendo, mala uero destruendo, optineat una uobiscum apud Dominum, ut, remous aduersis casibus, regnum sibi commissum prospère, Deo fauente, ualeat gubernare », Lyon, Agobard de, De dispensatione ecclesiasticarum rerum, II, 1-8 (CCL, vol. 25), p. 122.Google Scholar
59. Encore une fois, cela ne peut venir d'Augustin. Pour un avis opposé, voir Markus, R., Saeculum : History and Society in the Theology of St. Augustine, Cambridge, 1970, pp. 72–92.Google Scholar
60. Concile de Paris 829, dans MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 608.
61. « Deumque tota devotione deposcere, ut nobis propitiari [.. ] », Epistola generalis, Concilium Parisiense 829, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 599.
62. « […] ut omnes homines per totum regnum nostrum, qui exercitalis itineris debitores sunt, bene sint praeparati cum equis, armis, vestimentis et victualibus », Epistola generalis, Paris 829, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 601.
63. « In tribulatione ergo multifariisque adversitatibus et calamitatibus mundi non dissimulantes sed humiliter veraciterque sunt expetenda suffragia divina », Praef. Concilium Parisiense 829, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 605.
64. « […] quibus et in evangelio a Domino tanta confertur potestas, ut quae statuerint in terra statuta sint et in caelo et quae solverint in terra soluta sint et in caelis et quorum reiserint peccata remittantur eis. Hos quippe constat vicarios esse apostolorum et luminaria mundi », Praef. Concilium Parisiense 829, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 605, citant Ag. 2, 12 « Interroga sacerdotes legem ».
65. Duby, G., Les trois ordres ou l'imaginaire du féodalisme, Paris, Gallimard, 1978.Google Scholar
66. « Rex a recte agendo vocatur. Si enim pie et juste et misericorditer régit, merito rex appellatur ; si his caruerit, non rex, sed tyrannus est ». Lib. II, Cap. I, Concilium Parisiense 829, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 649.
67. « Quapropter quisquis ceteris mortalibus temporaliter imperat non ab hominibus, sed a Deo sibi regnum commissum credat. Multi namque munere divino, multi etiam Dei permissu régnant. Qui pie et iuste et misericorditer régnant sine dubio per Deum régnant ; qui vero secus, non eiurs munere, sed permissu tantum régnant », Lib. II, Cap. V, Concilium Parisiense 829, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 655.
68. De duodecim abusivis saeculi, Hellmann, S. éd., Pseudo-Cyprianus De XII abusivis saeculi [Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur, 34, Leipzig, 1909], p. 1 Google Scholar ss.
69. « Iustitia vero régis est neminem iniuste per potentiam obprimere, sine acceptione personarum inter virum et proximum suum iudicare, advenis et pupillis et viduis defensorem esse, furta cohibere, adulteria punire, iniquos non exaltare, inpudicos et istriones non nutrire, impios de terra perdere, parricidas et periurantes vivere non sinere, ecclesias defendere, pauperes elemosynis alere, iustos super regni negotia constituere […] patriam fortiter et iuste contra adversarios defendere, per omnia in Deo vivere […] Qui vero secundum hanc legem non dispensât, multas nimirum adversitates imperii tolérât. Idcirco enim saepe pax populorum rumpitur et offendicula etiam de regno suscitantur, terrarum quoque fructus diminuuntur et servitia populorum praepediuntur, multi etiam dolores prosperitatem regni inficiunt, carorum et liberorum mortes tristitiam conférant, hostium incursus provintias undique vastant bestiae armentorum et pecorum grèges dilacerant, tempestates veris et hiemis terrarum fecunditatem et maris ministeria prohibent et aliquando fumnimum hictus setes et arborum flores et paminos exurunt. Super omnia vero régis iniustitia non solum praesentis imperii faciem fuscat, sed etiam filios suos et nepotes, ne post se regni hereditatem teneant, obscurat », PS.-Cyprien, De duodecim abusivis saeculi, c. 9, cité d'après Paris 829, Lib. II, Cap. I, Concilium Parisiense 829, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 650.
70. « Pax populorum est, tutamentum patriae, inmunitas plebis, munimentum gentis, cura languorurn, gaudium hominum, temperies aeris, serenitas maris, terre fecunditas, solatium pauperum, hereditas filiorum et sibimetipsi spes futurae beatitudinis », PS.-Cyprien, De duodecim abusivis saeculi, c. 9, d'après Lib. II, Cap. I, Concilium Parisiense 829, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 650.
71. « Scire etiam débet, quod causa, quam iuxta ministerium sibi commissum administrât, non hominum, sed Dei causa existit, cui pro ministerio quod suscepit, in examinis tremendi die rationem redditurus est. Et ideo oportet, ut ipse, qui iudex est iudicum, causam pauperum ad se ingredi faciat et diligenter inquirat, ne forte illi, qui ab eo constituti sunt et vicem eius agere debent in populo, iniuste aut neglegenter pauperes oppressiones pati permittant », Lib. II, Cap. II, Concilium Parisiense 829, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 652.
72. « Ipse enim débet primo defensor esse ecclesiarum et sevorum Dei, viduarum, orfanorum ceterorumque pauperum necnon et omnium indigentium », Lib. II, Cap. II, Concilium Parisiense 829, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, II, p. 651.
73. Concilium Parisiense A. 825, MGH Leges, Sect. III, Concilia, II, ii, pp. 473-551. Plus de la moitié des capitula viennent d'Augustin.
74. É. Delaruelle, , « En relisant le De institutione regia de Jonas d'Orléans », Mélanges d'histoire du Moyen Age, dédiés à la mémoire de Louis Halphen, Paris, 1951, p. 186.Google Scholar
75. d'orléans, Jonas, De institutione regia, III, PL, 106, pp. 287–290.Google Scholar
76. « Quibus verbis claret quod pietas, justifia et misericordia stabiliant regnum ; et laesiones viduarum et pupillorum, calumniaeque miserorum, violentaque judicia, et perversio justitiae evidenter illud evertant », d'orléans, Jonas, De institutione regia, VI, PL, 106, p. 295.Google Scholar
77. « Attende quare : quia non est bonae voluntatis ; definitio quippe chantas est (ut doctores nostri tradunt) bona voluntas. Ergo quicunque bonam voluntatem non habet, charitatem non habere comprobatur : et ideo pacem, qui Christus est, qui bonae voluntatis non est habere non meretur. “Gloria” inquit multitudo coelestis exercitus, “in excelsis Deo, et in terra pas hominibus bonae voluntatis” (Luc. 2, 14) ». d'orléans, Jonas, De institutione regia, IX, PL, 106, p. 298.Google Scholar
78. É. Delaruelle, « En relisant le De institutione regia… », art. cité, p. 186.