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La communauté aujourd'hui

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Antoinette Fioravanti-Molinié*
Affiliation:
CNRS-Pari

Extract

Les travaux qui précèdent ont montré l'érosion progressive des ethnies andines au cours de la période coloniale. Au terme de ce long processus de fragmentation, l'unité sociale de base se trouve réduite à la « communauté » : c'est du moins la notion qu'utilise la littérature anthropologique pour définir les sociétés villageoises actuelles. Si le terme a le mérite de désigner des situations très diverses, il présente l'inconvénient de réduire la réalité andine et de l'isoler de son contexte historique.

Ce caractère réducteur a une origine d'abord administrative : dans les années 1570 le vice-roi Toledo ordonne le regroupement des Indiens en villages ou Reducciónes, et leur assigne des terres collectives (tierras del común). Cette réorganisation de la vie économique et sociale s'inspire très largement des comunidades de Castille, d'Estrémadure et du Royaume de Léon, dont certaines fonctionnent encore aujourd'hui.

Summary

Summary

“Community”, the term most often used to characterize contemporary Andean societies, is much too reductive to be useful. It denies the ethnic nature of these societies and their original features, for it suggests a social structure without internal fragmentation, whereas actually an Andean group often consists of a heterogenous ensemble of parental, residential, and religious units. Moreover, thèse groups are differentiated on the economic and social level as well. Finally, the term totaly ignores history.

Historical study makes it possible to distinguish, within the Andean world, three types of society (beyond those which live as ethnic groups). Thèse are illustrated in the present article by three examples. San Juan Uchucuanicu (Chancay Valley, Peru) represents the archetype of the “community” in which the indigenous strain predominates. Its equalitariarism is evident in the distribution of land and water, in the organization of work in a way of organizing work which is based on kinship, and in its political organization. But the development of salaried work and the sale of fruit at Lima generates inequalities which could threaten to upset its equilibrium. Ambana (Larecaja, Bolivia) is representative of those societies which function on the basis of social, territorial, and residential units established at the beginning of the colonial period. Its System of landholdings can be reconstructed only if one considers it in the context of the colonial reducción. But Ambaba gradually split up into various social strata in the course of the XIXth century. This is also the case of Yucay, which is illustrative of those societies that become increasingly divided into social classes with the adoption of a merchant economy. AU the same, its rituals recall the period when it was organized as a reducción.

The simultaneous existence of these three examples should bring to light some aspects of the evolution of Andean societies.

Type
Des Ethnies aux Communautés
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1978

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References

Notes

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3. Mariátegui, J. C., Siete ensayos de interprétation de la realidad peruana, Santiago du Chili, Ed. Universitaria S.A., 1955.Google Scholar

4. Voir par exemple les travaux sur l'hacienda Vicos dont nous ne citerons que quelques publications : Alers, O., « Population and development in a Peruvian community », Journal of inter-american studies, Coral Gables (FL), v. 7, n° 4, oct. 1965, pp. 423448 CrossRefGoogle Scholar ; Fried, J., « Social organization and Personal security in a Peruvian hacienda Indian community : Vicos », American anthropologist, 64, 4, aoút 1962, pp. 771780 CrossRefGoogle Scholar; Mangin, W., « Organizacion social en Vicos», Etnologia y arqueologia, 1, Lima, mai 1960, pp. 2437 Google Scholar ; Holmberg, A., Dobyns, H., Vasquez, M., « Methods for the analysis of cultural change », Anthropological quarterly, 34, 2, Washington D.C., avril 1962, pp. 3746 CrossRefGoogle Scholar.

5. Plan nacional de intégration de la población aborigen, Ministerio de Trabajo y Asuntos Indigenas, janvier 1962-juin 1965, Lima, 1965.

6. Il faut signaler dans ce sens le róle important de l'Instituto de estudios peruanos de Lima, dirigé par J. Matos Mar, et aussi les travaux menés à Huánuco par une équipe qu'animait J. V. Murra (cf. Visita de la Provincia de Léon de Huánuco en 1562, Inigo Ortiz de Zúniga, Visitador, Huánuco, 2 vol. 1967, 1972).

7. Fuenzalida, F., « La matriz colonial de la comunidad de indigenas peruana : una hipotesis de trabajo», Revista del Museo nacional, t. XXXV, Lima, 1967-1968, pp. 92123 Google Scholar.

8. M.Gutelman, A. Métraux, « Les communautés rurales au Pérou », Paris, Études rurales, sept.-oct. 1963, n° 10, Dobyns, H., The social matrix of peruvian indigenous communities, Ithaca, Cornell University, 1964 Google Scholar.

9. Voir cependant les travaux de T. Platt sur les Mácha et ceux de N. Wachtel sur les Chipaya ; il semble que les caractères ethniques soient plus vivants en Bolivie qu'au Pérou.

10. Murra, J. V.. Formaciones económicas y poli'ticas del mundo andino, Lima, Instituto de estudios peruanos, 1975.Google Scholar

11. On voudra bien se reporter, pour l'illustration de cette catégorie, aux contributions de T. Platt et de N. Wachtel.

12. San Juan et Ambana font actuellement l'objet de recherches pluridisciplinaires menées par l'Institut français d'études andines dans le cadre duquel j'ai pu rassembler ces données.

13. H. Locker, J. Piel, « San Juan Uchucuanicu : évolution historique », Bulletin de l'Institut français d'études andines, 1975, IV, n° 1 et 2, pp. I à 7. De façon générale, voir l'ensemble de ce numéro du Bulletin consacré aux études menées sur cette région.

14. Les relations de parenté spirituelle sont fondées sur le compadrazgo et les liens de juramento. Le premier est bien connu. La parenté de juramento lie par un rituel ad hoc non seulement les deux individus qui s'y engagent mais aussi leurs familles : la soeur de juramento de mon frère sera ma soeur de juramento ; le fils de juramento de ma mère sera mon frère de juramento, etc. Les réseaux des deux types de parenté s'entremêlent ainsi profondément.

15. Fuenzailda, F., Villaran, J.-L., Golte, J., Valiente, T., Estructuras tradicionales y economia de mercado : la comunidad de Indigenas de Huayopampa, Lima, Instituto de estudios peruanos, 1968.Google Scholar

16. Esquina : c'est une notion très importante de la pensée andine.

17. N'est-ce pas un indice de quadripartition ?

18. T. Saignes, L'accès à la terre dans les vallées d'Ambana, doc. miméo, 1977. Voir aussi la contribution de T. Saignes à ce volume.

19. Le cas d'une famille illustre bien cette trajectoire. Trois frères obreros habitent le bourg d'Ambana : deux d'entre eux un quartier de la moitié du haut, l'autre sur la place du village ; leur père est resté dans la comunidad dont cette famille est originaire et qui fait partie de la moitié du haut. Nous avons là en quelque sorte les trois étapes de l'évolution du groupe obrero : la comunidad où réside le père, le quartier du bourg où sont installés deux frères et enfin la place du village qu'habite l'un des frères, témoignant ainsi du processus de « vecinisation » entrepris par certains obreros.

20. Archives paroissiales de Yucay : registres de baptêmes, de mariages et de décès.

21. Pour une analyse plus complète de la structure sociale et en particulier des relations entre hacendados et paysans que nous ne pouvons développer ici, voir A. Fioravanti - Moijnié, « Tendances actuelles de la communauté rurale péruvienne », Sociologie du travail, n° 2. avril-juin 1974, pp. 174-190.

22. J. V. Murra, « El control vertical de un máximo de pisos ecológicos en la economia de las sociedades andinas », dans Formaciones económicas y politicas del mundo andino, op. cit., pp. 59-115.

23. Dans ce sens il faut signaler la persévérance avec laquelle les membres de la coopérative José Zuniga de Huaran dans la Vallée Sacrée ont exigé le droit d'acheter un domaine dans les terres chaudes à Ccosiïipata et l'incompréhension à laquelle ils se sont heurtés. Aujourd'hui ils ont enfin une « île » où ils élèvent du bétail et cultivent des fruits.

24. Fioravanti-Mounié, A., « Contribution à l'étude des sociétés étagées des Andes : la vallée de Yucay », Études rurales, 1975, 57, janv.-mars, pp. 3559 CrossRefGoogle Scholar ; C. Fonseca Martel, « La economia ‘vertical’ y la economia de mercado en las comunidades altenas del Perù », dans Visita de la Provincia de León de Huánuco en 1562, op. cit., pp. 317-337 ; O. Harris, Kinship and the vertical economy of the Laymi ayllu, Norte de Potosi, Paris, XLII Congrès international des américanistes, sept. 1976; St. Webster, «An indigenous quechua community in exploitation of multiple ecological zones », Revista del Museo nacional, n° XXXVII, Lima, 1971, pp. 174-183.

25. J. C. Mariátegui, op. cit.

26. Voir la contribution de T. Saignes.