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I. Suger et Les Débuts de L'Age Gothique

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Pierre Francastel*
Affiliation:
Paris, École Pratique des Hautes-Études

Extract

M. Hans Sedlmayr a publié récemment un gros livre qui constitue un essai d'interprétation nouvelle du gothique. L'auteur voit dans le développement de la cathédrale, considérée à la fois comme une forme artistique et comme un fait politique, l'expression d'un moment de la civilisation médiévale — et considère que ce moment coïncide avec la formation d'un esprit dont la royauté française est la suprême incarnation. Il voit ainsi dans la cathédrale non seulement la somme d'une théologie, mais l'expression d'une civilisation harmonieuse qui remplace celle du haut moyen âge et qui repose sur la fusion de trois éléments jusqu'alors distincts : le celtique le nordique et le méditerranéen.

Type
Thèmes "Annales"
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1952

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References

page 237 note 1. Die Entstehung der Kathedrale. Zurich, Atlantis, 1950. Cf. également, du même, Die gotisnhe Kathedrale Frankreichs als Europàische Konigskirche, dans Anzeiger der Osterreischischen Akademie der Wissenschaften, 1949. — M. Sedlmayr fut de 1936 à 1945 professeur à l'Université de Vienne. Il enseigne à Munich depuis 1951.

page 237 note 2. Bony, Cf. Jean, Essai sur la spiritualité de deux cathédrales : Notre-Dame de Paris et Saint- Etienne de Bourges, dans Chercher Dieu, Paris, 1943 Google Scholar, et surtout Tewkesbury et Pershore et A propos de Teivkesbury et Pershore, dans Bulletin monumental, 1937.

page 238 note 1. Ces notions de style, d'art et d'esprit méditerranéen ou autre, malgré leur fragilité, sont encore à la mode. Je n'en citerai qu'un autre exemple : le remarquable ouvrage de F. Saxl et R. Wittkower, English art and Mediterranean, Oxford, 1948. Il conviendra aussi de signaler un jour les travaux de Nils Aberg sur les familles d'entrelacs durant le premier moyen âge. Les deux problèmes des grandes aires de civilisation et de la formation des styles sont des problèmes clefs à l'heure actuelle. Cf. sur le problème des modes et styles, un mémoire de R. Bonnot dans le prochain numéro de l'Année Sociologique. Je n'ai fait ici qu'indiquer l'importance du problème des « transitions » qui constitue à nos yeux un des points capitaux du débat sur les origines et la signification du gothique. M. Sedlmayer considère que le gothique se forme en vertu d'une sorte de force donnée par l'impulsion des mécènes, pour lui la transition c'est le développement progressif d'une donnée. Je pense que le vrai problème du style de transition est de savoir comment on passe de monuments où des éléments de structure comme l'ogive et l'arc-boutant s'intègrent dans des conceptions traditionnelles — romanes si l'on veut — à des monuments dont la conception globale est moderne, gothique, même où là quelques éléments de structure sont romans. Le problème a été jadis posé par Dehio et Polaczek à propos de l'Alsace. On attend beaucoup sur ce sujet de la thèse de M. Jean Bony.

page 239 note 1. Erwin Panofsky, Abbot Suger on the abbey church of Saint-Denis and its art treasures, Princeton University Press, 1946, 2e éd. 1948. Cette publication comprend : le Liber de rébus in administrât!one sua gestis ; le Libellus aller de consecratione ecclesiae sancti Dyonisii et YOrdinatio a. d. MCXL0 vel MCXL10 conjirmata. La traduction en anglais fait vis-à-vis au texte latin. Elle est précédée de la prélace et suivie de notes et de commentaires ainsi que de quelques planches. Cf. aussi du même auteur : Postlogium sugerianum, dans Art BuUetin, 1947.

page 239 note 2. Archéologiquement parlant, le travail de M. Panofsky ne fait que reprendre les conclusions des travaux poursuivis sur la basilique par un autre archéologue américain, M. Sumner Mcknight Crosby. Celui-ci, qui poursuit depuis longtemps des fouilles dans le sous-sol, a publié pendant la guerre un premier bilan de ses travaux : Abbey of Saint-Denis (475-1122), Yale University Press, 1942. Cette publication, on le voit, ne concerne que le Saint-Denis présugérien. On attend avec impatience le second volume qui fera état de nouvelles fouilles. Pour la discussion critique des thèses de l'auteur, v. le dernier Buetin de la Société des Antiquaires de France (1945-1947) qui contient quelques notes d'un vif intérêt. Je songe en particulier à la contribution de M. Jean Hubert sur La tour occidentale et sur La topographie de Saint-Denis : à celle du comte Biaise de Montesquiou-Fezensac sur Les portes de bronze de Saint-Denis ; à celle de ces deux auteurs sur Vescrain de Charlemagne. Il faut rappeler en outre l'article de M. Ëlie Lambert sur l'Abbatiale de Saint-Germer et l'école de Saint-Denis, dans le Bulletin monumental de 1941, sans parler naturellement de Y Art gothique du même auteur, indispensable introduction à toute étude sur le gothique. M. Marcel Aubert vient de publier une monographie de Suger (Coll. Figures monastiques. Éditions de Fontenelle, Abbaye de Saint-Wandrille, 1950) qui est une mise au point du sujet.

page 240 note 1. Sur l'architecture cistercienne, le livre fondamental est celui de Marcel Aubert, L'architecture cistercienne, en collaboration avec la Marquise de Maillé, Paris, Éditions d'Art et d'Histoire, 1943, 2 volumes. Pour le compléter, en ce qui concerne les conditions économiques de l'expérience cistercienne cf. les études d'Ët. Delaruelle dans le numéro spécial du Journal de Psychologie normale et pathologique consacré au Travail, 1948, et les thèses violemment paradoxales de Dom J. Leclercq, La vie économique des monastères au moyen âge, dans Économie et humanisme, Lyon, Les Éditions Ouvrières, 1948. Dans le même recueil, étude plus nuancée de Palanque et Delaruelle sur Le rôle temporel de l'Église du IVe au VU” siècle : il y a là le germe d'une étude très importante, qui devrait être entreprise sur des bases critiques.