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Hommes de lettres et révolution scientifique

Genèse d’un récit au temps de Louis XIV

Published online by Cambridge University Press:  14 February 2024

Oded Rabinovitch*
Affiliation:
Université de Tel Avivodedra@tauex.tau.ac.il

Résumé

Au contraire d’autres mouvements équivalents, lemouvement scientifique né dans l’Europe du xviie siècle s’inscrivit dans la durée au lieu de s'essouffler au bout de quelques générations. Afin de comprendre cette persistance, cet article s’appuie sur le cas de la France au temps de Louis XIV (r. 1643-1715). Il soutient que les hommes de lettres ont joué un rôle crucial dans la légitimation du mouvement scientifique naissant. Ces hommes de lettres, qui jouissaient d’une affinité sociale, intellectuelle et esthétique avec la « nouvelle science », tissèrent le récit du progrès scientifique en mettant en avant l’idée d’une rupture radicale avec le passé. Défenseurs des idées modernes ou des modèles classiques, ils diffusèrent ce récit au sein de l'élite culturelle, mobilisant penseurs, découvertes et instruments scientifiques de leur époque à travers des débats variés. Ce faisant, ils forgèrent le récit d'une « révolution scientifique », qui exerça une profonde influence sur l’histoire sociale et culturelle de la science moderne.

Abstract

Abstract

In contrast to other scientific renaissances, the culture forged in seventeenth-century Europe became an enduring phenomenon rather than dissipating in a few generations. In an effort to understand the persistence of European science, this article uses the case study of France under Louis XIV (r. 1643–1715) to argue that men of letters played a crucial role in the legitimation of the nascent scientific movement. These men of letters enjoyed a social, intellectual, and aesthetic affinity with the “new science” and developed a narrative of scientific change that foregrounded the idea of a radical break with the past. They diffused this narrative among the cultural elite, mobilizing recent thinkers, discoveries, and scientific instruments as they participated in wide-ranging debates, regardless of whether they supported modern innovations or classical models. In so doing, they invented the narrative of a “scientific revolution,” a construction that has wielded a profound influence over the social and cultural history of European science.

Type
Histoire des savoirs Nouvelles approches
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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Footnotes

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* Je remercie Naor Ben-Yehoyada, Raz Chen-Morris, Nadine Férey-Pfalzgraf, Netta Green, Shaul Katzir, Dániel Margócsy, Ofer Rom et Oded Zrachia ainsi que les personnes ayant assisté à mes interventions dans les universités de Brown, Cambridge, Haïfa et Tel Aviv pour leur aide, leurs commentaires et leurs suggestions. Je remercie également les lecteurs anonymes de la revue Annales. Histoire, Sciences Sociales qui m’ont fait des remarques particulièrement pertinentes. Cet article a été financé par la subvention 972/17 de l’Israel Science Foundation.

References

1 Joseph Ben-David, The Scientist’s Role in Society: A Comparative Study, Englewood Cliffs, Prentice Hall, 1971 ; Stephen Gaukroger, The Emergence of a Scientific Culture: Science and the Shaping of Modernity, 1210-1685, Oxford, Clarendon, 2006 ; id., The Collapse of Mechanism and the Rise of Sensibility: Science and the Shaping of Modernity, 1680-1760, Oxford, Clarendon, 2010 (il s’agit des deux premiers volumes d’une série qui en compte quatre) ; H. Floris Cohen, How Modern Science Came into the World: Four Civilizations, One 17th-Century Breakthrough, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2010.

2 Joel Mokyr, La culture de la croissance. Les origines de l’économie moderne, trad. par P.‑E. Dauzat, Paris, Gallimard, [2017] 2020. Voir également Patrick O’Brien, « Historical Foundations for a Global Perspective on the Emergence of a Western European Regime for the Discovery, Development, and Diffusion of Useful and Reliable Knowledge », Journal of Global History, 8-1, 2013, p. 1-24.

3 Pour des tentatives récentes de replacer ces développements dans un contexte global, voir par exemple Simon Schaffer, « Newton on the Beach: The Information Order of Principia Mathematica », History of Science, 47-3, 2009, p. 243-276 ; Kapil Raj, « Thinking without the Scientific Revolution: Global Interactions and the Construction of Knowledge », in J. B. Shank (dir.), no spécial « After the Scientific Revolution », Journal of Early Modern History, 21-5, 2017, p. 445-458, ainsi que les autres articles de ce numéro ; James Delbourgo, « The Knowing World: A New Global History of Science », History of Science, 57-3, 2019, p. 373-399. Pour une tentative récente de synthèse, voir également James Poskett, Copernic et Newton n’étaient pas seuls. Une nouvelle histoire mondiale des sciences, trad. par C. Frankel, Paris, Éd. du Seuil, 2022.

4 « [A]rt de penser et art d’écrire sont indissociables » chez Fontenelle, et ses réflexions théoriques développent des idées déjà exprimées dans ses travaux poétiques antérieurs : Sophie Audidière, « Fontenelle ou la tendresse philosophe. Introduction », in B. de Fontenelle, Digression sur les Anciens et les Modernes, et autres textes philosophiques, éd. par S. Audidière et al., Paris, Classiques Garnier, 2015, p. 13-58, ici p. 17 et 20 ; Stephen Gaukroger, « The Académie des Sciences and the Republic of Letters: Fontenelle’s Role in the Shaping of a New Natural-Philosophical Persona, 1699-1734 », Intellectual History Review, 18-3, 2008, p. 385-402 ; id., The Collapse of Mechanism…, op. cit., chap. 6 ; John Bennett Shank, Before Voltaire: The French Origins of “Newtonian” Mechanics, 1680-1715, Chicago, The University of Chicago Press, 2018 ; Maria Susana Seguin, « Anciens et Modernes à l’Académie des sciences », in C. Bahier-Porte et D. Reguig (dir.), Anciens et Modernes face aux pouvoirs. L’Église, le roi, les académies, 1687-1750, Paris, Honoré Champion, 2022, p. 179-198 ; Simone Mazauric, Fontenelle et l’invention de l’histoire des sciences à l’aube des Lumières, Paris, Fayard, 2007.

5 Les femmes auteurs avaient un profil social quelque peu différent de celui des hommes auteurs – elles ne recherchaient par exemple pas les mêmes relations de patronage – et leurs liens avec les problèmes abordés dans cet article mériteraient d’être étudiés plus en détail.

6 Voir Peter Burke, « Two Crises of Historical Consciousness », Storia della Storiografia, 33, 1998, p. 3-16, ici p. 7 ; de manière plus générale, voir François Furet, « La naissance de l’histoire », in L’atelier de l’histoire, Paris, Flammarion, 1982, p. 101-127.

7 Pour une analyse générale de la place de la France dans le siècle des Lumières, voir Dan Edelstein, The Enlightenment: A Genealogy, Chicago, The University of Chicago Press, 2010, p. 104-106 ; pour une vision plus nuancée, voir Pierre-Yves Beaurepaire, Le mythe de l’Europe française au xviiie siècle. Diplomatie, culture et sociabilités au temps des Lumières, Paris, Autrement, 2007.

8 Stéphane Van Damme, Paris, capitale philosophique. De la Fronde à la Révolution, Paris, Odile Jacob, 2005.

9 David Wootton, The Invention of Science: A New History of the Scientific Revolution, Londres, Penguin, 2015, p. 6-12 ; voir également Roy Porter et Mikuláš Teich (dir.), The Scientific Revolution in National Context, Cambridge, Cambridge University Press, 1992.

10 M. de V. [Voltaire], Lettres philosophiques, Amsterdam, Chez E. Lucas, au Livre d’or, 1734, p. 139-140.

11 J. Mokyr, La culture de la croissance, op. cit., en particulier p. 107-122 et p. 163-187 sur Newton.

12 Voir, par exemple, Simon Schaffer, « Newtonianism », in R. C. Olby et al. (dir.), Companion to the History of Modern Science, Londres, Routledge, 1990, p. 610-626 ; Margaret C. Jacob, « The Truth of Newton’s Science and the Truth of Science’s History: Heroic Science at Its Eighteenth-Century Formulation », in M. J. Osler (dir.), Rethinking the Scientific Revolution, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 315-332 ; ainsi que les travaux de J. B. Shank. Voir l’accent mis par J. Mokyr sur l’importance du « biais de contenu » (le succès des idées de Newton) dans la création du newtonisme, malgré sa reconnaissance du rôle des médiateurs, par exemple : « La tendance à une approche mécaniste fut le fruit de la pensée et des peines de maintes personnes […] qui se servirent des découvertes de Newton d’une façon que lui-même n’eut pas approuvée » (J. Mokyr, La culture de la croissance, op. cit., p. 170).

13 Comme l’illustre le débat autour de Toby E. Huff, Intellectual Curiosity and the Scientific Revolution: A Global Perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 2011 ; Ting Xu et Khodadad Rezakhani, « Reorienting the Discovery Machine: Perspectives from China and Islamdom on Toby Huff’s Intellectual Curiosity and the Scientific Revolution: A Global Perspective », Journal of World History, 23-2, 2012, p. 401-412. Je développe encore ce point de vue dans Oded Rabinovitch, « The ‘System of the World’ and the Scientific Culture of Early Modern France », Notes and Records: The Royal Society Journal of the History of Science, 2023, https://doi.org/10.1098/rsnr.2022.0042.

14 Christian Jouhaud, Les pouvoirs de la littérature. Histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000 ; dans le champ de la philosophie, voir Dinah Ribard, Raconter, vivre, penser. Histoire(s) de philosophes, 1650-1766, Paris, Éd. de l’EHESS/J. Vrin, 2003.

15 Alain Viala, Naissance de l’écrivain. Sociologie de la littérature à l’âge classique, Paris, Éd. de Minuit, 1985, en particulier p. 29-50 et 270-290 ; voir Robert A. Schneider, Dignified Retreat: Writers and Intellectuals in the Age of Richelieu, Oxford, Oxford University Press, 2019.

16 Pour une vue d’ensemble, voir : Emily Butterworth, « Women Writers in the Sixteenth Century » et Elizabeth C. Goldsmith, « Seventeenth-Century Women Writers », in W. Burgwinkle, N. Hammond et E. Wilson (dir.), The Cambridge History of French Literature, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, respectivement p. 211-219 et 306-315.

17 Pour des exemples, voir Caroline Sherman, « The Genealogy of Knowledge: The Godefroy Family, Erudition, and Legal-Historical Service to the State », thèse de doctorat, Princeton University, 2008, p. 177-195 ; Oded Rabinovitch, The Perraults: A Family of Letters in Early Modern France, Ithaca, Cornell University Press, 2018, p. 44 ; ainsi que, dans le présent numéro, le compte rendu de Laurence Giavarini, « Oded Rabinovitch, The Perraults: A Family of Letters in Early Modern France et Neil Kenny, Born to Write: Literary Families and Social Hierarchy in Early Modern France », p. 587-591. Ce phénomène semble dépasser le rôle éducatif dans l’aristocratie médiévale décrit par Michael Clanchy, « Did Mothers Teach Their Children to Read? », in C. Leyser et L. Smith (dir.), Motherhood, Religion, and Society in Medieval Europe, 400-1400: Essays Presented to Henrietta Leyser, Farnham, Ashgate, 2011, p. 129-153.

18 April Shelford, Transforming the Republic of Letters: Pierre-Daniel Huet and European Intellectual Life, 1650-1720, Rochester, University of Rochester Press, 2007, p. 77-113 ; R. A. Schneider, Dignified Retreat, op. cit., p. 107-121.

19 Nicolas Boileau, « Satire X », in Œuvres complètes, éd. par F. Escal, Paris, Gallimard, 1966, p. 62-80 ; Charles Perrault, L’apologie des femmes, Paris, Veuve J.-B. Coignard et J.-B. Coignard fils, 1694.

20 René Descartes, Lettre à Desargues, 19 juin 1639, Œuvres de Descartes, vol. 2, éd. par C. Adam et P. Tannery, Paris, J. Vrin, [1964-1974] 1996, p. 553-557, ici p. 554-555.

21 Ibid.

22 Antoine Baudeau de Somaize, Le grand dictionnaire des pretieuses, ou La clef de la langue des ruelles, Paris, chez Jean Ribou, 1660 ; cité dans Geoffrey V. Sutton, Science for a Polite Society: Gender, Culture, and the Demonstration of Enlightenment, Boulder, Westview Press, 1995, p. 103-141.

23 Antoine Baudeau de Somaize, Le dictionnaire des précieuses […], éd. par C.-L. Livet, Paris, P. Jannet, vol. 1, [1660] 1856, p. 59. Voir également G. V. Sutton, Science for a Polite Society, op. cit., p. 104-106. Selon G. V. Sutton, ces 14 cas (sur près de 300) reflètent un intérêt relativement faible pour la philosophie naturelle au sein de la « société polie », intérêt qui allait rapidement se renforcer au cours des décennies suivantes. Il me semble qu’il s’agit déjà d’une présence non négligeable, compte tenu du fait que Somaize s’intéresse en priorité à d’autres détails de la vie des figures qu’il présente.

24 Par exemple, Mercure galant, juill. 1682, p. 361-362 (publication sur la conjonction de Saturne, Jupiter et Mars) ; Mercure galant, juin 1681, p. 260-262 (histoires extraordinaires sur deux femmes enceintes). Voir également Christophe Schuwey, Un entrepreneur des lettres au xviie siècle. Donneau de Visé, de Molière au « Mercure galant », Paris, Classiques Garnier, 2020. Sur le phénomène de l’essor des revues politiques et savantes au cours de la période, voir Jean-Pierre Vittu, « Du Journal des savants aux Mémoires pour l’histoire des sciences et des beaux-arts : l’esquisse d’un système européen des périodiques savants », xviie siècle, 228, 2005-3, p. 527-545 ; Marion Brétéché et Dinah Ribard, « Qu’est-ce que les mercures au temps du Mercure galant ? », no spécial « Auctorialité, voix et public dans le Mercure galant », xviie siècle, 270, 2016-1, p. 9-22.

25 Jacques Rohault, Entretiens sur la philosophie, Paris, Michel Le Petit, 1671. L’ouvrage, structuré comme une conversation entre l’auteur et un amateur qui a dû s’enrôler dans l’armée pour maintenir le statut de sa famille, aborde notamment la physique de l’eucharistie et l’âme des animaux. Sur des sujets comme la lumière et la vue ou encore la pesanteur et le flux et reflux de la mer, voir id., Traité de physique, Paris, Veuve de Charles Savreux, 1671, respectivement vol. 1, p. 264-378 et vol. 2, p. 118-140.

26 Dans Les femmes savantes (1672), les protagonistes échangent au sujet de leurs penchants en matière de science et de philosophie et discutent des mérites respectifs d’Aristote, de Platon et de Descartes, et de leur souhait de réaliser des expérimentations : Molière, « Les femmes savantes », acte III, scène 2, in Œuvres complètes, vol. 2, éd. par M. Rat, Paris, Gallimard, 1956, p. 741-822, ici p. 783-784.

27 Hélène Merlin et Dinah Ribard, « Enfin vinrent Malherbe, Galilée, Descartes… Périodisation littéraire et périodisation culturelle : problèmes théoriques, problèmes historiques », Littératures classiques, 34, 1998, p. 47-71, ici p. 49-51.

28 Nicolas Boileau, « L’art poétique », in Œuvres complètes, éd. par F. Escal, Paris, Gallimard, 1966, p. 157-185, ici p. 160 et 167.

29 Outre H. Merlin et D. Ribard, « Enfin vinrent Malherbe, Galilée, Descartes… », art. cit., voir R. A. Schneider, Dignified Retreat, op. cit., p. 46-50.

30 Lettre de Guez de Balzac à Boisrobert, nov. 1623, Jean-Louis de Balzac, Les premières lettres de Guez de Balzac, 1618-1627, vol. 1, éd. par H. Bibas et K.-T. Butler, Paris, Droz, 1933, p. 143-148, ici p. 147 ; H. Merlin et D. Ribard, « Enfin vinrent Malherbe, Galilée, Descartes… », art. cit., p. 52. Pour une brève discussion, voir également Mathilde Bombart, « Des écritures en polémique : autour de la querelle des Lettres de Guez de Balzac (1624-1630) », Littératures classiques, 59-1, 2006, p. 173-191.

31 Jean-Pierre Cavaillé, « ‘Le plus éloquent philosophe des derniers temps’. Les stratégies d’auteur de René Descartes », Annales HSS, 49-2, 1994, p. 349-367.

32 Jean Du Hamel, Réflexions critiques sur le système cartésien de la philosophie de Mr. Régis, Paris, Edme Couterot, 1692, p. 3-4. La satire la plus féroces des protocoles universitaires chez Molière se trouve probablement dans la scène finale du Malade imaginaire (1673), où Argan devient médecin. Voir également Harcourt Brown, Science and the Human Comedy: Natural Philosophy in French Literature from Rabelais to Maupertuis, Toronto, University of Toronto Press, 1976, p. 91-98.

33 Jean-Baptiste de La Grange, Les principes de la philosophie, contre les nouveaux philosophes Descartes, Rohault, Regius, Gassendi, le P. Maignan, &c., Paris, Georges Josse, 1675, p. 42-44.

34 Ibid., p. 49-65. Dinah Ribard souligne l’importance du passage du cours oral à la forme écrite du livre dans « La science comme littérature à l’époque moderne », Littératures classiques, 85-3, 2014, p. 135-152, ici p. 141.

35 Pascal Duris, Quelle révolution scientifique ? Les sciences de la vie dans la querelle des Anciens et des Modernes, xvie- xviiie siècles, Paris, Hermann, 2016. Voir également Sophie Roux, « De la nouveauté à l’âge classique », in G. Pajonk (dir.), Concepts, cultures et progrès scientifiques et techniques. Enseignement et perspectives, Paris, Éd. du CTHS, 2009, p. 79-90. Plus largement, sur la question de savoir si la science du xviie siècle est davantage caractérisée par l’innovation ou par la continuité, voir John L. Heilbron, « Was There a Scientific Revolution? », in J. Z. Buchwald et R. Fox (dir.), The Oxford Handbook of the History of Physics, Oxford, Oxford University Press, 2013, p. 7-24 ; Stéphane Van Damme, « Un ancien régime des sciences et des savoirs », in S. Van Damme (dir.), Histoire des sciences et des savoirs, vol. 1, De la Renaissance aux Lumières, Paris, Éd. du Seuil, 2015, p. 19-20.

36 Comme l’a remarqué John Henry, les études portant sur le « contenu technique et intellectuel des sciences » permettent de mettre en évidence des continuités avec le passé tandis que les ruptures sont bien plus visibles dans l’histoire sociale du début de l’époque moderne : John Henry, « Science and the Scientific Revolution », in P. N. Stearns (dir.), Encyclopedia of European Social History: From 1350 to 2000, vol. 2, Détroit, C. Scribner’s sons, 2001, p. 77-94, ici p. 78.

37 Voir Roger Chartier, « Le monde comme représentation », Annales ESC, 44-6, 1989, p. 1505-1520.

38 Cité dans Roger Ariew, « Damned If You Do: Cartesians and Censorship, 1663-1706 », Perspectives on Science, 2-3, 1994, p. 255-274, ici p. 257-258 ; Francisque Bouillier, Histoire de la philosophie cartésienne, vol. 1, Paris, C. Delagrave et cie, [1842] 1868, p. 469.

39 Sophie Roux, « The Condemnations of Cartesian Natural Philosophy under Louis XIV (1661-91) », in S. Nadler, T. M. Schmaltz et D. Antoine-Mahut (dir.), The Oxford Handbook of Descartes and Cartesianism, Oxford, Oxford University Press, 2019, p. 755-779, en particulier p. 756-765 ; plus largement, voir Stéphane Van Damme, Descartes. Essai d’histoire culturelle d’une grandeur philosophique, Paris, Presses de Sciences Po, 2002.

40 [François Bernier], Requeste des maistres ès arts, professeurs et régens de l’Université de Paris […], À Delphe [sic], Societé des imprimeurs ordinaires de la Cour de Parnasse [adresse fantaisiste], 1671.

41 Nicholas Dew, Orientalism in Louis XIV’s France, Oxford, Oxford University Press, 2009, p. 131 ; Faith E. Beasley, Versailles Meets the Taj Mahal: François Bernier, Marguerite de La Sablière, and Enlightening Conversations in Seventeenth-Century France, Toronto, University of Toronto Press, 2018, en particulier les chapitres 1 et 2 sur le milieu fréquenté par Bernier dans les années 1670, bien que l’Arrêt ne soit pas abordé.

42 Jean Luc Robin, « L’Indiscipline de l’Arrêt burlesque et les deux voies de la légitimation du discours scientifique », Seventeenth-Century French Studies, 29-1, 2007, p. 101-111, ici p. 107. Sur le texte, voir H. Brown, Science and the Human Comedy, op. cit., p. 102-105 ; Gad Freudenthal, « Littérature et sciences de la nature en France au début du xviiie siècle : Pierre Polinière, l’introduction de l’enseignement de la physique expérimentale à l’Université de Paris et l’Arrêt burlesque de Boileau », Revue de Synthèse, 99-100, 1980, p. 267-295.

43 Boileau réécrivit le texte en 1701, ainsi que l’explique son éditeur du xviiie siècle dans Nicolas Boileau, « Arret burlesque, donné en la grand’chambre du Parnasse […] », in Œuvres de Mr. Boileau Despréaux […], vol. 2, Genève, Fabri et Barrillot, 1716, p. 237-242, ici p. 237.

44 Pour P. Duris, ce texte « donne en effet en creux une première image assez précise des principales figures et découvertes revendiquées par la science moderne dans le dernier tiers du xviie siècle » (P. Duris, Quelle révolution scientifique ?, op. cit., p. 203-209, ici p. 204).

45 [F. Bernier], Requeste des maistres ès arts…, op. cit., p. 7-8.

46 N. Boileau, « Arrêt burlesque… », op. cit., p. 325-330, ici p. 327-328.

47 Ibid., p. 328.

48 [F. Bernier], Requeste des maistres ès arts…, op. cit., préface, p. 3-4.

49 Nicolas Boileau, Œuvres diverses du Sr Boileau Despréaux, avec le Traité du sublime, ou du merveilleux dans le discours […], Paris, Denys Thierry, 1701, p. 292.

50 [F. Bernier], Requeste des maistres ès arts…, op. cit., p. 4.

51 Ibid., p. 9.

52 François Bernier, Abrégé de la philosophie de Gassendi, Lyon, Anyson et Posuel, 8 vol., 1678.

53 Gabriel Guéret, La guerre des autheurs anciens et modernes, avec la Requeste et arrest en faveur d’Aristote, La Haye, Arnoult Leers, 1671 ; Paris, Bibliothèque nationale de France, R-9438, [François Bernier], Requeste des maistres ès arts, professeurs et régents de l’Université de Paris […], Libreville, Jacques Le Franc, 1702 [le lieu de publication et la maison d’édition sont de toute évidence fictifs afin de protéger l’éditeur à l’origine de cette version piratée], p. 13 et 15 pour les mises à jour de la version de 1671. Une édition autonome datant de 1674 existerait, mais il semble impossible de la trouver dans les collections publiques. La bibliothèque Gottfried Wilhelm Leibniz de Hanovre possède un exemplaire (Lr 8049) apparemment publié en 1672, ce qui atteste l’existence probable d’une édition supplémentaire.

54 Arrêt burlesque donné sur requête et par défaut en la grand’chambre du Parnasse Ilinois et Huron [...], s. l., de l’imprimerie de la Cour, 1770 (il s’agit d’une satire de Jacques-C.-François de La Perrière de Roiffé, Nouvelle physique céleste et terrestre […], Paris, Delalain, 3 vol., 1766) ; Requête burlesque, et arrêt de la Cour du Parlement, concernant la suppression du magnétisme animal, s. l. [Paris], s. n., 1785.

55 Comme on peut le voir, par exemple, dans Nicolas Boileau et Jacques de Losme de Montchesnay, Bolaeana, ou Bons mots de M. Boileau […], Amsterdam, Lhonoré, 1742. La version plus courte de Boileau fut également incluse dans une publication d’un adversaire de Descartes, qui l’utilisa pour documenter les nombreuses critiques injustifiées adressées à l’université de Paris par les partisans du philosophe : François Babin, Journal ou Relation fidelle de tout ce qui s’est passé dans l’Université d’Angers au sujet de la philosophie de Des Carthes […], s. l., s. n., 1679, p. 18-19.

56 Je cite l’édition augmentée de 1702 : Gabriel Daniel, Voyage du monde de Descartes, Paris, Nicolas Pépie, 1702. Sur le texte, voir H. Merlin et D. Ribard, « Enfin vinrent Malherbe, Galilée, Descartes… », art. cit., p. 60-68 ; Jean-Luc Solère, « Un récit de philosophie-fiction : Le Voyage du monde de Descartes du Père Gabriel Daniel », Uranie. Mythes et littératures, 4, 1994, p. 153-184 ; Nicolas Corréard, « Voyager dans le monde des idées : le roman de la philosophie naturelle selon Margaret Cavendish et Gabriel Daniel », xviie siècle, 280, 2018, p. 411-432 ; Justin Smith, « Gabriel Daniel: Descartes through the Mirror of Fiction », in S. Nadler, T. M. Schmaltz et D. Antoine-Mahut (dir.), The Oxford Handbook of Descartes and Cartesianism, op. cit., p. 791-803.

57 G. Daniel, Voyage du monde de Descartes, op. cit., p. 346.

58 Ibid., p. 343-353, citation p. 348.

59 Pour une démonstration, voir Laurence Brockliss, « Aristotle, Descartes and the New Science: Natural Philosophy at the University of Paris, 1600-1740 », Annals of Science, 38-1, 1981, p. 33-69. Pour une analyse du débat sur le rapport à la science des universités à l’époque moderne, en particulier dans le contexte anglais, voir Mordechai Feingold, « Between Teaching and Research: The Place of Science in Early Modern English Universities », in M. Feingold et G. Giannini (dir.), The Institutionalization of Science in Early Modern Europe, Leyde, Brill, 2020, p. 3-19.

60 Daniel reconnaît l’existence des lunes de Jupiter dans la description du monde élaboré par Descartes, mais ne dit rien du contexte de leur découverte : G. Daniel, Voyage du monde de Descartes, op. cit., p. 321.

61 Les Jésuites reconnurent l’existence des phases de Vénus en 1611, neuf ans avant d’accepter formellement le modèle tychonique, en dépit de son implication dévastatrice pour les modèles géocentriques : Mario Biagioli, Galileo’s Instruments of Credit: Telescopes, Images, Secrecy, Chicago, The University of Chicago Press, 2006, p. 155, n. 33.

62 C’est le sujet principal du livre 5 (G. Daniel, Voyage du monde de Descartes, op. cit., p. 427-516). Une version antérieure de ce livre a été publiée sous le titre Nouvelles difficultez proposées par un péripatéticien à l’auteur du « Voyage du monde de Descartes ». Touchant la connoissance des bestes […], Paris, Vve de S. Benard, 1693. Le texte a été publié anonymement, mais Antoine-Alexandre Barbier a identifié G. Daniel comme étant l’auteur : Antoine‑Alexandre Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, vol. 3, 3e édition, Paris, Paul Daffis, 4 vol., 1872-1879, p. 569-570.

63 G. Daniel, Voyage du monde de Descartes, op. cit., p. 175.

64 Ibid., p. 343.

65 Ibid., p. 342-345.

66 H. Merlin et D. Ribard, « Enfin vinrent Malherbe, Galilée, Descartes… », art. cit., p. 60.

67 M. G. de l’A. [Pierre-Daniel Huet], Nouveaux mémoires pour servir à l’histoire du cartésianisme, s. l., s. n., 1692. Pour éclairer ce qui conduit P.-D. Huet à « jeter l’éponge » et à s’en remettre « à la dérision, à l’hyperbole et aux grossières attaques personnelles » dans les Nouveaux mémoires, voir Thomas M. Lennon, « Pierre-Daniel Huet, Skeptic Critic of Cartesianism and Defender of Religion », in S. Nadler, T. M. Schmaltz et D. Antoine-Mahut (dir.), The Oxford Handbook of Descartes and Cartesianism, op. cit., p. 780-790, ici p. 787.

68 G. Daniel, Voyage du monde de Descartes, op. cit., p. 258.

69 Ibid., p. 254-257 et 271-279.

70 Ibid., p. 261-269, citation p. 268. Pour la biographie de Pascal, voir Gilberte Périer, « La vie de Monsieur Pascal, écrite par Madame Périer, sa sœur », in B. Pascal, Œuvres complètes, éd. par J. Chevalier, Paris, NRF, 1954, p. 3-34, ici p. 4-5 (sur la reconstitution par le jeune Pascal des 32 premières propositions d’Euclide).

71 Gabriel Daniel, Entretiens de Cleandre et d’Eudoxe, sur les Lettres au Provincial, Cologne, Pierre Marteau, 1694, en particulier p. 2-9 pour la critique de Perrault. Le nom de cet éditeur était traditionnellement utilisé pour les versions piratées ou non autorisées.

72 [Pasquier Quesnel], Le roman séditieux du Nestorianisme renaissant [], s. l., s. n., [1693], p. 1 ; [Gabriel Daniel], Lettre apologétique de l’auteur du « Voyage du monde de Descartes » accusé faussement dans un écrit intitulé « Le roman séditieux, etc. » […], s. l., s. n., 1693. Sur le contexte d’ensemble de ces polémiques, voir Jean-Pascal Gay, Morales en conflit. Théologie et polémique au Grand Siècle, 1640-1700, Paris, Éd. du Cerf, 2011.

73 Gabriel Daniel, A Voyage to the World of Cartesius, trad. par T. Taylor, Londres, Thomas Bennet, [1690] 1692 ; Nicolas Malebranche, Father Malebranche his Treatise Concerning the Search after the Truth […], trad. par T. Taylor, Londres, W. Boyer et al., [1674-1675] 1700.

74 Augustin de Backer, Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, ou Notices bibliographiques, vol. 1, Liège, impr. de L. Grandmont-Donders, 1853, p. 241 ; Francisco Aguilar Piñal, Bibliografía de autores españoles del siglo xviii, vol. 1, Madrid, Instituto de folologia Miguel de Cervantes, 1981, p. 151.

75 Christiaan Huygens, Œuvres complètes, La Haye, Martinus Nijhoff, 22 vol., 1888-1950, vol. 9, p. 301-302. Ni la lettre ni la réponse n’ont été conservées. Les notes utilisées par Huygens pour sa réponse mentionnent la thèse de son correspondant présumé, probablement Charles Perrault.

76 Ibid.

77 Charles Perrault, Parallèle des Anciens et des Modernes en ce qui regarde les Arts et les Sciences […], Paris, Veuve J.-B. Coignard et J.-B. Coignard fils, 4 vol., 1688-1697.

78 Sara E. Melzer, Colonizer or Colonized: The Hidden Stories of Early Modern French Culture, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2012, p. 125.

79 Cité dans Larry F. Norman, The Shock of the Ancient: Literature and History in Early Modern France, Chicago, The University of Chicago Press, 2011, p. 40 ; voir P. Duris, Quelle révolution scientifique ?, op. cit., p. 251-257 et 262-266 sur le Parallèle de Perrault.

80 C. Perrault, Parallèle des Anciens et des Modernes…, op. cit., préface du vol. 2 (pages non numérotées) ; voir également la préface du volume 4.

81 C. Perrault, Parallèle des Anciens et des Modernes…, op. cit., vol. 4, p. 123-230, en particulier p. 182-230 au sujet de l’âme des animaux et du rapport de cette question à la raison.

82 Voir notamment Ingrid D. Rowland et Noah Charney, The Collector of Lives: Giorgio Vasari and the Invention of Art, New York, W. W. Norton & Co., 2017 et Dániel Margócsy, « The Global Reception of Stradanus and the Political Use of the Nova Reperta », in L. Markey (dir.), Renaissance Invention: Stradanus’s Nova Reperta, Evanston, Northwestern University Press, 2020, p. 115-133. Sur le patronage scientifique, voir Aurélien Ruellet, La maison de Salomon. Histoire du patronage scientifique et technique en France et en Angleterre au xviie siècle, Rennes, PUR, 2016.

83 Pour des interprétations divergentes du conflit entre l’importance de la vérité et l’utilité pour les patrons dans le cas paradigmatique de Galilée, voir Mario Biagioli, Galileo, Courtier: The Practice of Science in the Culture of Absolutism, Chicago, The University of Chicago Press, 1993, en particulier chap. 1 ; Robert S. Westman, The Copernican Question: Prognostication, Skepticism, and Celestial Order, Berkeley, University of California Press, 2011, en particulier p. 436-440. Sur la tension constitutive entre contemplation des vérités naturelles et utilité scientifique, voir Peter Dear, « What Is the History of Science the History Of? Early Modern Roots of the Ideology of Modern Science », Isis, 96-3, 2005, p. 390-406.

84 Bernard Lamy, Entretiens sur les sciences […], éd. par F. Girbal et P. Clair, Paris, PUF, 1966, p. 256. Sur l’interdiction d’enseigner prononcée à l’encontre de B. Lamy, voir Fred Ablondi, « Bernard Lamy, Empiricism, and Cartesianism », History of European Ideas, 44-2, 2018, p. 149-158, ici p. 152-153.

85 B. Lamy, Entretiens sur les sciences […], op. cit., p. 257-259.

86 Ibid., p. 256.

87 Pour une analyse approfondie, voir Roger Cooter et Stephen Pumfrey, « Separate Spheres and Public Places: Reflections on the History of Science Popularization and Science in Popular Culture », History of Science, 32-3, 1994, p. 237-267, et comparer avec Emma C. Spary, Eating the Enlightenment: Food and the Sciences in Paris, 1670-1760, Chicago, The University of Chicago Press, 2012.

88 C. Perrault, Parallèle des Anciens et des Modernes…, op. cit., vol. 4, p. 62, 265, 276 et 290.

89 [F. Bernier], Requeste des maistres ès arts…, op. cit., p. 8. Si Charles Perrault essaye de faire valoir Claude comme une autorité en matière de musique ancienne, ce dernier reste aujourd’hui connu comme architecte et membre de l’Académie royale des sciences.

90 Pour une lecture différente du rôle esthétique de la technique dans le texte, voir Anthony Saudrais, « Le pouvoir de la mécanique et la mécanique du pouvoir. Le progrès technique dans l’imaginaire de Charles Perrault », in C. Bahier-Porte et D. Reguig (dir.), Anciens et Modernes face aux pouvoirs, p. 287-302.

91 C. Perrault, Parallèle des Anciens et des Modernes…, op. cit., vol. 4, p. 178-181.

92 O. Rabinovitch, The Perraults, op. cit., p. 106-110.

93 Sur l’essor de la recherche dans le domaine des relations entre science et littérature, voir par exemple Frédérique Aït-Touati, Contes de la Lune. Essai sur la fiction et la science modernes, Paris, Gallimard, 2011. Voir également les approches mises en avant par Howard Marchitello et Evelyn Tribbles (dir.), The Palgrave Handbook of Early Modern Literature and Science, Londres, Palgrave Macmillan, 2017.

94 Charles Perrault, Parallèle des Anciens et des Modernes, 2e édition, Paris, Veuve J.‑B. Coignard et J.-B. Coignard fils, 2 vol., 1692-1693, publié simultanément avec le troisième volume de la première édition.

95 Pour ses nécrologies, voir Mercure galant, mai 1703, p. 232-253 ; Abbé Tallemant, « Eloge funèbre de Mr. Perrault », in Recueil des harangues prononcées par Messieurs de l’Académie françoise, dans leurs réceptions, & en d’autres occasions differentes, depuis l’establissement de l’Académie jusqu’à présent, vol. 2, Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1709, p. 591-602 ; Journal des sçavans, 10 mars 1704, p. 174-176.

96 D. Ribard, Raconter, vivre, penser, op. cit. ; O. Rabinovitch, The Perraults, op. cit., p. 17-19.

97 I. Bernard Cohen, « The Eighteenth-Century Origins of the Concept of Scientific Revolution », Journal of the History of Ideas, 37-2, 1976, p. 257-288. Pour une discussion sur l’hypothèse de continuités avec la querelle des Anciens et des Modernes, voir Catherine Fricheau, « Des Modernes aux Encyclopédistes. Le bon sens de l’idée de progrès ? », Dix-huitième siècle, 40-1, 2008, p. 543-559.

98 Louis Moréri, Le grand dictionnaire historique, ou le Mélange curieux de l’histoire sacrée et profane […], Lyon, J. Girin et B. Rivière, [1674] 1683 ; id., Le grand dictionnaire historique […] Nouvelle édition, Paris, Les libraires associés, 1759 ; Jean Le Rond d’Alembert, « Discours préliminaire des éditeurs », in D. Diderot et J. Le Rond d’Alembert (dir.), Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, etc., University of Chicago, ARTFL Encyclopédie Project, édition automne 2017, éd. par R. Morrissey et G. Roe, http://encyclopedie.uchicago.edu.

99 Voir, par exemple, la préface de Lissa Roberts et Simon Schaffer à Lissa Roberts, Simon Schaffer et Peter Dear (dir.), The Mindful Hand: Inquiry and Invention from the Late Renaissance to Early Industrialisation, Amsterdam, Koninkliijke Nederlandse Akademie van Wetenschappen, 2007, p. xiii-xiv.

100 Voir A. Viala, Naissance de l’écrivain, op. cit., p. 306, colonne 9 du tableau.

101 Si les érudits français ont découvert Newton assez tôt, ce n’est qu’après 1730 que le scientifique anglais est devenu le symbole de la période de progrès scientifiques : John Bennett Shank, The Newton Wars and the Beginning of the French Enlightenment, Chicago, The University of Chicago Press, 2008 ; id., Before Voltaire, op. cit. Sur Newton dans le contexte de la querelle des Anciens et des Modernes, voir Christoph Lehner et Helge Wendt, « Mechanics in the Querelle des Anciens et des Modernes », Isis, 108-1, 2017, p. 26-39.

102 Pour des exemples illustrant cette question des dynamiques nationales (quand bien même certains sont contestés par des travaux plus récents), voir J. Ben-David, The Scientist’s Role in Society, op. cit., p. 64-65 (sur le déclin de la science italienne au xviie siècle) ou p. 97-100 (sur le fait que le succès de la science française au cours des premières décennies du xixe siècle tient davantage à la dynamique des Lumières qu’aux réformes de la Révolution française ou de Napoléon).

103 H. F. Cohen, How Modern Science Came into the World, op. cit., p. 565-594 ; Domenico Bertoloni Meli, Thinking with Objects: The Transformation of Mechanics in the Seventeenth Century, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2006, p. 161-165.

104 Peut-être aussi parce que ces textes s’écartaient du modèle du « manuel » qui était, selon la formule de Thomas Kuhn, le principal mode de transmission des nouveaux paradigmes : Thomas S. Kuhn, The Structure of Scientific Revolutions, Chicago, The University of Chicago Press, [1962] 1970, p. 136-143.

105 Pour une analyse d’ensemble, voir par exemple Paul A. David, « The Historical Origins of ‘Open Science’: An Essay on Patronage, Reputation and Common Agency Contracting in the Scientific Revolution », Capitalism and Society, 3-2, 2008, https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2209188#.