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Histoire et narration dans l'historiographie arabe

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Aziz Al-Azmeh*
Affiliation:
University of Exeter

Extract

L'histoire peut bien être le domaine dans lequel la raison cesse d'employer sa célèbre « ruse », il n'en reste pas moins que notre perception des ruses de la raison s'exprime sous la forme du récit et s'inscrit dans le langage, qui est la substance du récit. L'idée selon laquelle la raison, comme toute autre chose, emploie sa ruse dans le récit et le discours, s'inscrit dans la tradition des rhétoriciens. Depuis l'Antiquité en effet, jusqu'à la renaissance actuelle, et après une interruption positiviste heureusement brève, ceux-ci persistent à décrire comment le langage arrange le monde à son profit. En réalité, les ruses de la raison s'expriment sous forme de mots, de même que le « sens de l'histoire » ou encore l'événement qui est censé constituer l'élément originel qui se regroupe avec d'autres éléments pour former l'histoire.

Summary

Summary

This article proceeds from the assumption that the world as expressed in historical writing obeys rules distinct from those that animate the world in its immediate empirical unfolding. It is argued that historical narrative has stronger affinities with mythological and other narratives than it has with the world as such. Medieval Arabic historical writing is then analyzed with the aim of showing how it is that narrative rules generate and structure specific profiles of events and of the concatenation of events. In this light, a study is made of the annalistic mode of historical narrative, which is considered here as the prototype of all chronological narrative. From this, conclusions are drawn pertaining to the relation between “real” causality and the causal modes prescribed by the narrative structure of chronological historical writing.

Type
Le Sens du Passé
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1986

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References

1. Frye, N., Anatomy of Criticism, Princeton, 1971, p. 331. Page 245Google Scholar, Frye affirme que ce passage par la rhétorique est caractéristique des structures verbales littéraires à l'exclusion des autres structures qui, selon lui, révèlent un lien direct entre la logique et la grammaire. Cette opinion provient sans doute du fait que Frye restreint le domaine des textes qu'il étudie. Or, son analyse devrait aussi inclure tous les récits, qu'ils soient considérés ou non comme « littéraires ». La corrélation directe entre la logique et la grammaire n'apparaît que dans des langages très spécialisés, comme celui auquel aspirent des courants récents de la philosophie. En aucun cas, elle ne peut caractériser les langages naturels. Voir à ce sujet la comparaison de Frye entre le roman réaliste et le mythe, où l'analyse du roman peut fort bien s'appliquer aux œuvres historiques (ibid., pp. 135-136).

2. Les critiques dirigées contre les préjugés de Ranke proviennent notamment de l'école des Annales et des œuvres structuralistes au sens large. Elles sont résumées dans Foucault, M., « Nietzsche, la généalogie, l'histoire », dans Hommage à Jean Hyppolite, Paris, 1971, pp. 145172 Google Scholar, et dans sa préface de The Archaeology of Knowledge, Londres, 1974 (édition frse, Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969). Sur les fondements métaphysiques de l'historiographie de Ranke, voir White, H. V., Metahistory, Baltimore, 1973.Google Scholar Le débat sur la primauté du récit dans les œuvres historiques dans des termes tronqués par les nécessités de la philosophie anglo-saxonne contemporaine est bien résumé dans Dray, W. H., « On the Nature and Rôle of Narrative in Historiography », History and Theory, 10, 1971, pp. 153171.Google Scholar

3. Dès 1949, L. Febvre, (A New Kind of History, éd. P. Burke, Londres, 1973, p. 36) qualifie cette conception de fétichisme des faits et « d'anachronisme grotesque ». Voir une critique de cette conception dans des termes intéressants : Croce, B., Theory and History of Historiography, Londres, 1921, p. 289 ss.Google Scholar Sur la temporalité, voir Braudel, F., Écrits sur l'histoire, Paris, 1969 Google Scholar, et Althusser, L. et Balibar, E., Lire le Capital, Paris, Maspero, 1968.Google Scholar Voir aussi les réflexions historiques sur les vicissitudes de la temporalité aux temps modernes dans Plessner, H., « On the Relation of Time to Death » dans Man and Time. Papers from the Eranos Yearbooks, Princeton, 1957, pp. 233263.Google Scholar

4. M. Foucault, op. cit., , p. 152.

5. Barthes, R., « Historical Discourse » dans Lane, M. éd., Structuralism : A Reader, Londres, 1970, pp. 149154.Google Scholar

6. Barthes, R., « L'effet du réel », Communications, 11,1968, pp. 8489 Google Scholar, et du même auteur, « Historical Discourse », p. 154. Cette ruse s'effectue au moyen de fonctions et de structures étudiées dans Barthes, R., « Introduction to the Structural Analysis of Narrative » dans Image- Music-Text, tr. S. Heath, Londres, 1977, pp. 79124.Google Scholar

7. C'est ce qui se produit dans un contexte légèrement différent dans A. J. Greimas, « The Interprétation of Myth : Theory and Practice », dans Marandaand, P. Köngäs Maranda, E. éds, Structural Analysis ofOral Tradition, Philadelphie, 1971, p. 84.CrossRefGoogle Scholar

8. Voir l'analyse de Greimas, A. J., Sémiotique et sciences sociales, Paris, 1976, p. 169.Google Scholar

9. A ce sujet, et sur les conséquences sur le récit et ses structures, voir Todorov, T., « Les catégories du récit littéraire », Communications, 8, 1966, pp. 127, 139-140Google Scholar et A. J. Greimas, « The Interprétation of Myth », p. 83. Sur les problèmes et les incertitudes sémantiques et grammaticaux qui accompagnent la représentation linguistique du temps et des séquences, voir Weinrich, H., Tempus : Besprochene und erzählte Welt, Stuttgart, 1964.Google Scholar

10. Voir Frye, Anatomy of Criticism, op. cit., pp. 51-52, 136-137, où la question de la plausibilité est débattue en termes de continuum qui rejoint le mythe et le mimétisme. Il faut mentionner une tentative pour dresser un inventaire des techniques de l'effet du réel dans les Mille et une nuits par B. Yasin, « Al-waǭa'i'īya wal-gharā'ibīya wal-wazīfa al-ijtimā'īya fī ḥikāyāt Shahrazād », Dirāsāt ‘Arabīya, 17/5, 1981, pp. 65-69.

11. Voir mon ouvrageIbn Khald On : AnEssayinReinterpretation, Londres, 1982, ch. 2, sec. 3, et pour une analyse plus large, mon ouvrage Al-kitāba at-tārīkhīya wal-ma'rifa at-tārīkhīya, Beyrouth, 1983, ch. 1 : « Uṣūl at-tārīkh ».

12. J'ai repris certains aspects de ce problème dans « L'Annalistique entre l'histoire et le pouvoir… », dans Histoire et diversité des cultures, Paris, éd. UNESCO, 1984.

13. La division nette entre les deux a incité Greimas (Sémiotique et sciences sociales, p. 169) à évoquer la possibilité d'une typologie des structures du récit historique stricto sensu.

14. Citons Fâhndrich, H., « The Wafayāt al-A'yān of Ibn Khallikān : A New Approach », Journal of the American Oriental Society, 93, 1973,p. 439 CrossRefGoogle Scholar ss où, dans un effort par ailleurs tout à fait louable, l'auteur perd son temps à faire de la philologie pour montrer que l'œuvre étudiée est une œuvre littéraire et par conséquent, peut faire l'objet d'une critique littéraire.

15. V. Propp, Morphology of the Folktale, tr. L. Scott, Austin and London, 1968, en particulier pp. 20 ss et 79 ss pour les passages clé ; trad. frse, Morphologie du conte, Paris, Gallimard, 1970.

16. C. Brémond, « La logique des possibles narratifs », Communications, 8, 1966, pp. 60-76, etibid., « Le message narratif », Communications, 4,1964, pp. 4-32.

17. Rappelons que la rhétorique traditionnelle se divise en trois fonctions : Yinventio (l'inférence du probable et des prémisses déguisés), la dispositio (l'inférence par les enthymèmes), et Yelocutio (l'usage des figures).

18. Des désaccords et des critiques s'expriment dans Fâhndrich, « The Wafayât al- A'yân », pp. 432-433, et dans Al-àzmeh, A., Ibn Khaldūn in Modem Scholarship : A Study in Orientalism, Londres, 1981, p. 199 ss.Google Scholar Dans un contexte plus restrictif, voir Malti-Douglas, F., « Dreams, the Blind, and the Semiotics of the Biographical Notice », Studia Islamica, 51, 1980, p. 138.Google Scholar

19. Citons Miquel, A., Un conte des mille et une nuits, Ajīb et Gharlb, Paris, 1977 Google Scholar, et T. Todorov, The Poetics of Prose, tr. R. Howard, Ithaca, N.Y., 1977, p. 67 ss ; édition frse, Poétique de la prose, Paris, Éditions du Seuil, 1980.

20. Farhan, M. J., « Manhajiyyāt Ibn al-Athīr fî kitābihi al-Kāmil fit-Tārīkh », dans Al-Fikr al-'arabī al-mu'āṣir, 12, 1981, pp. 149158.Google Scholar

21. Connelly, B., « The Structure of Four Banî Hilâl Taies : Prolegomena to the Study of Slra Literature », Journal of ArabieLiterature, 4, 1973, p. 18.Google Scholar

22. Sur le concept de l'auteur, voir Foucault, M., « Qu'est-ce qu'un auteur ? », Bulletin de la Société française de Philosophie, 64, 1969, pp. 73104 Google Scholar, R. Barthes, « The Death of the Author » et « From Work to Text », dans Image-Music-Text, pp. 142 ss, et 155 ss. Voir aussi l'étude judicieuse de Lacarpa, D., « Rethinking Intellectual History and Reading Texts », History and Theory, 19, 1980, pp. 245276.Google Scholar

23. T. Todorov, « Les catégories du récit littéraire », pp. 139-140. Sur l'imbrication des récits dans les Mille et une nuits, voir T. Todorov, Poetics of Prose, p. 70 ss.

24. C'est ainsi que l'opinion de A. Laroui, selon laquelle le parataxe que l'on peut déceler dans les récits historiques arabo-islamiques dénote un manque d'objectivité immanente, prouve une méconnaissance du fait que l'objectivité est un problème relatif constitué par l'ordre du récit. A. Laroui, Crisis of theArab Intellectual, tr. D. Cammel, Berkeley et Los Angeles, 1976, pp. 23- 24 ; édition frse, La crise des intellectuels arabes : traditionalisme ou historicisme, Paris, Maspero, 1974.

25. C'est l'historicisme du xixe siècle qui est à la base de l'opinion de F. Rosenthal, (A History ofMuslim Historiography, 2’ éd., Leyde, 1968, p. 75) pour qui l'histoire des annales est simplement une technique d'écriture historique. De même, ce sont ses notions d'auteur, d'influence historique et de « tradition » qui aboutissent à une impasse dans un article très adroit de Haarmann, U., « Auflôsung und Bewahrung der klassischen Formen arabischer Geschichtsschreinbung in der Zeit der Mamlunken » Zeitschrift der Deutschen Morgenlàndischen Gesellschaft, 121, 1971, pp. 50 Google Scholar et passim. L'écriture historique sous forme d'annales y est nettement différenciée d'autres modes d'articulation de la connaissance historique, puisqu'elle est appréhendée comme une « tradition » distincte, et par conséquent séparée des racines épistémologiques qui la relient avec d'autres modes d'organisation du récit. En outre, elle permet de ne voir que des styles différents dans les différentes formes d'organisation du récit.

26. Ibn Khaldūn : An Essay, ch. 1. Voir aussi mon ouvrage Al-kitaba at-tarXkhiya walma'rifaat- tâfîkhiya, ch. 2.

27. Voir AL-Azmeh, Ibn Khaldūn : An Essay, ch. 1, et ibid., « As-Siyāsa wal-lā-siyāsa filfikr al-'arabī al-islāmī », Al-Fikr al-'arabī, 3/22,1981, p. 281 ss.

28. Les Prolégomènes d'Ebn Khaldoun, éd. E. Quatremère, Paris, 1858, vol. 1, p. 50.

29. Voir Isfahàni, Tārīkh sinïy mulūk al-ard wal-anbiyā, éd. Gottwald et Tabrizi, Leipzig, A.H. 1340, p. 9, où il est question des listes de dynasties et de rois : « dhikran mursalan mujarradan min al-akhbār wal-siyar wal-awṣāf ».

30. Loc. cit.

31. C'est ce qui est attribué à différentes traditions dans G. Rotter, « Formen der frùhen arabischen Geschichtsschreibung », dans G. Rotter éd., Deutsche Orientalistik am Beispiel Tübingens, Tübingen et Bâle, 1974, pp. 63-64. L'auteur remarque à juste titre que chez Ṭabarī, ces deux sortes de récits sont des formes séparées. Même si cette différenciation se trouvait déjà dans les premières périodes de l'historiographie arabe, c'est la distinction conceptuelle qui nous intéresse ici, et c'est dans ce sens que nous employons le terme « primitif ».

32. J'ai étudié la notion de khabar dans mon ouvrage Ibn Khaldūn : An Essay, ch. 2, et dans Al-kitāba at-tārīkhiya, ch. 1. Il faut remarquer l'existence de preuves philologiques au fait que les termes khabar, hadïth, hikaya et qissa n'étaient pas nécessairement différenciés en ce qui concerne leur véracité. Voir à ce sujet C. Pellat, « Hikāya » dans Encyclopédie de l'Islam, nouv. éd., t. 3, p. 369, et A. Abdel-Meguid, « A Survey of the Terms Used in Arabie for “ Narrative ” and “ Story ” », Islamic Quarterly, 1, 1954, p. 196.

33. Voir l'étude de Bull, W. E., Time, Tense, and the Verb, Berkeley et Los Angeles, 1968, p. 17.Google Scholar

34. IBN AL-Athir,Al-Kāmilfit-tārīkh, éd. C. J.Tornberg, Beyrouth, 1965-66, vol. l,pp. 3-4. Voir également J. ‘Ali, « Mawârid Tārīkh at-Tabarī », dans Majallat al-Majma'al- ‘ilmī al- ‘irāqī, 1, 1950,pp. 167,173,et F. Sezois,GeschichtedesarabischenSchrifttums,heyde, 1967 et suiv.,vol. 1, pp. 242-243.

35. Kāmil, vol. 12, pp. 147 et suiv. Ce problème figure dans Rosenthal, History of Muslim Historiography, op. cit., p. 147.

36. ṣafadī,Al-Wāfī bil-wafayāt,vol. l.éd.H. Ritter,Wiesbaden, 1962,p. 42.

37. Kāmil, vol. 5, p. 423.

38. Ṭabarī, Tārīkh ar-rusul wal-mulūk, éd. M. J. DE Goeje, Leyde, 1879 et suiv., vol. 10, pp. 23 ss. ; Ibn Kathīr, Al-Bidāya wan-nihāya, Le Caire, 1932, vol. 10, p. 40 ss.

39. Kāmil, vol. 5, pp. 489-492.

40. Ibid., vol. 5, pp. 493-496.

41. Voir par exemple le supplément au récit de Ṭabarī sur l'accession au califat de Abū al'Abbās dans son ouvrage Tārīkh, vol. 10, p. 34 ss.

42. Ibid., vol 11, p. 667 ss.

43. Bidāya, vol. 10, p. 189 ss.

44. Kāmil, vol. 6, p. 175 ss.

45. Ibid.,vol. 6, p. 176.

46. Maqdisī, Kitāb al-Bad’ wat-tārlkh, éd. C. Huart, attribué à Balkhī, Paris, 1899 et suiv., vol. 6, pp. 104-105.

47. Prolégomènes, vol. l,p. 18 ss.

48. Tārīkh al-'allâma Ibn Khaldūn, éd. Y. A. Dàghir, Beyrouth, 1956 et suiv., vol. 3, pp. 473-474.

49. Kitâb at-tanbïh wal-ishrâf, éd. M. J. DE Goeje, Leyde, 1894, p. 346.

50. Tārīkh mukhtaṣarad-duwal, éd. A. ṣALḥĀNĪ, nouvelle éd., Beyrouth, 1958, p. 130 et 130n.

51. Kāmil, vol. 5, p. 67 ss.

52. Les conséquences de ce mode de relation du récit dans le domaine de la causalité sont importantes. Nous aborderons plus loin des aspects de ce problème. Pour une analyse plus systématique, voir mon ouvrage : Al-Kitāba at-tārīkhīya, ch. 2.

53. Kāmil, vol. 6, p. 210 ss.

54. Kamil, vol. 8, p. 24 ss et passim.

55. Ibid., vol. 8, pp. 590-591.

56. Ibid., vol. 8, pp. 84-85, 89-90,113-115.

57. Pour les catégories selon lesquelles l'histoire arabe organise les collectivités humaines, comme umma, tabaqa etjïl, voir mes ouvrages : Ibn Khaldūn : An Essay, ch. 1, et Al-Kitāba attārīkhīya, ch. 3.

58. L'exposé qui va suivre est fondé sur mon analyse dans Ibn Khaldūn : An Essay, ch. 1.

59. Tārīkh, éd. Dār Sàdir, Beyrouth, 1960, vol. 1, p. 68, vol. 2, p. 7 et passim. Voir mes commentaires à ce sujet dans « Annalistique… », op. cit., et l'exposé dans Al-Kitaba at-Tārīkhîya, ch. 2.Surlesprincipesderastrologiehistorique,voir lBN Khaldon,Prolégomènes,vol. 2,p. 186 ss. Cette relation primitive n'est pas limitée aux Arabes. Son existence chez les Babyloniens et les Perses est confirmée. Pour la Chine, voir J. Needham, « Time and Eastern Man »,dansJ. Needham, The Grand Titration, Londres, 1969, p. 233.

60. Tanbīh, pp. 102-103.

61. Abul-Fidā,Al-Mukhtaṣar fī akhbār al-bashar,LeCaire, 1325 (de l'hégire), vol. l , p . 46 ss, p. 54.

62. Kāmil, vol. 1, pp. 46, 77 ss.

63. Ibid., vol. l , p p . 232-234.

64. Voir par exemple IBN Kathīr, Bidāya, vol. l , p . 193,et YA'QŪBĪ, Tārīkh, vol. 1, p. 221.

65. IBN Kathīr, Bidāya, vol. 1, p. 191.s

66. Tanbīh, pp. 129-130.

67. Voir par exemple Mas ‘ŪDĪ, Murūj adh-dhahab wa ma'ādin aj-jawhar, éd. C. Barbier De Meynard et Pavet DE Courteiixe, rev. Ch.Pellat, Beyrouth, 1965, vol. l , p . 2, qui parle de récits « emboîtés » (Fī taḍā'if) les uns dans les autres, et Suyuti, tārīkh al-khulafā', Beyrouth, Dār aththaqāfa, s. d., p. 5, qui parle plus simplement, comme tous les autres, « de ce qui s'est passé pendant son époque ».

68. H. Plessner, « On the Relation of Time to Death », p. 236.

69. Voir R. Barthes, « Introduction to the Structural Analysis of Narrative », p. 99.

70. Voir H. Fränkel, « Die Zeitauffassung in der friigrieschichen Literatur », dans Frankel, H., Wege und Formen fruhgrieschichen Denkens, Munich, 1960, pp. 12 Google Scholar, et A. Momioliano, « Time in Ancient Historiography », dans History and the Concept of Time (History and Theory, Beiheft 6, 1966), pp. 1-23. Notons que dans les sagas islandaises, le temps est rarement spécifié ou divisé. Dans La saga de Njal par exemple, le temps n'est qu'un cadre pour le déroulement des événements, qui n'y sont pas soumis. Le « Althing » est moins un point temporel que le noeud de plusieurs événements. Même des phrases comme « l'été passa. Deux mois avant l'hiver, Gunnar dit… » (ch. 60), ne participent pas à l'intrigue elles ne font que rapporter une circonstance, un « informant » selon la terminologie de R. Barthes.

71. Mas‘ŪDĪ, Akhbār az-zamān wa man abādahu l-ḥidthān wa ‘ajā'ib al-buldān wal-ghāmir bil-mā’ wal'umrān, éd. ‘A. SĀWĪ, Beyrouth, 1980, pp. 225-226.

72. Voir par exemple les exposés de Ibn Kathīr, Bidāya, vol. 2, p. 116, et YA‘Qūiī, Tārīkh, vol. l , p . 154.

73. Voir Sakhâwi, Al-I'lân bit-tawbîkh li-man dhammaahlat-Tārīkh, Damas, Éd. Qudsî, 1349 de l'hégire, p. 8 : « al-waqt alladhï tudbat bihi al-ahwàl », et Kàfiaji, Al-Mukhtasar fî ‘ilm at-tâflkh, éd. F. Rosenthal, dans History ofMuslim Historiography, p. 547.

74. Cela est valable également pour l'Ancien Testament, où la dissociation des événements renforce les liens verticaux. Voir E. Auerbach, Mimesis, tr. W. Trask, Princeton, 1968, p. 17.

75. Kāmil, vol. 1, pp. 261-264.

76. Ibid., vol. 5, p. 444.

77. Mas-Odi, Murûj adh-dhahab, vol. l , p . 321.

78. Voir W. G. Millward, « The Adaptation of Men to their Time : An Historical Essay by Al-Ya'qûbï », Journal of the American Oriental Society, 84, 1964, p. 330. Nous sommes en désaccord avec cet auteur lorsqu'il qualifie d'idiosyncrasie la démonstration d'al-Ya'qûbl de l'adaptation humaine par « des énoncés des faits concrets et spécifiques » plutôt que par un exposé philosophique. Sur les pseudo-causalités et les autres moyens de passage dans l'exposé des séquences historiques, voir les excellentes conclusions de Noth, A., Quellenkritische Studien zu Themen, Formen, und Tendenzen frühislamischer Geschichtsüberlieferung, Bonn, 1973, p. 54 ss, 156 ss, 169 ss.Google Scholar Ce travail accompli de Quellenkritik est faussé du fait qu'il ne voit dans les pseudocausalités et les phénomènes associés qu'une pratique déformée de l'histoire.

79. C'est également valable pour le Moyen Age en Europe. Voir Huizinga, J., The Waning of the Middle Ages, Harmondsworth, 1972, p. 195 Google Scholar ; réédition frse, L'automne du Moyen Age, Paris, Payot, 1975.

80. Voir AL-Azmeh, Al-Kitāba at-tārīkhīya, ch. 4. C'est uniquement dans ce sens que les généalogies peuvent être considérées comme des schémas d'organisation du récit, comme le pense Rotter (” Formen der frùhen arabischen Geschichtsschreibung », p. 68).

81. La littérature sur ce sujet est abondante. Nous nous contenterons de citer l'exposé général de Mas'Ūdī dans Tanbīh, p. 84, les exposés sur les divisions entre les fils de Noé par Mas'Odi dansMurûj, vol. l,p. 311 ssetde YA,QūBī(Tārīkh, vol. l,p. 20) et sur la division des Arabes, Yaqūbī, Tārīkh, vol. 1, pp. 233-234, Wahb B. Munabbih, At-Tījān Fī mulūk ḥimyar, réimp. of Sanaa, 1979, pp. 222-223, et Ibn Kathīr, Bidāya, vol. 2, p. 156 ss, pour des détails sur les Arabes du Sud.

82. Voir Curtius, E., European Literature and the Latin Middle Ages,tr. W. Trask, Londres, 1953, pp. 252253.Google Scholar

83. IghSthat al-umma bi-kashf al-ghimma, éd. M. M. Ziyàda et J. Shayyàl, Le Caire, 1957, p. 8ss.

84. Ce problème est traité dans mon livre Al-kitāba at-tārīkhīya, chap. 4. Il faut souligner l'affinité de cette idée d'histoire avec la conception du mythe comme histoire exemplaire que nous trouvons chez M. Eliade (Traité d'histoire des religions, Paris, 1949, pp. 366-367 et ch. xi, passim). Il faut aussi voir comment la conception du temps dans le corps d'une histoire de répétitions s'accorde parfaitement avec le temps mythologique caractérisé par Schelling dans Philosophie der Mythologie, comme un temps indivisible et absolument identique, dans lequel le début et la fin sont identiques, « une sorte d'éternité, puisqu'il est, non pas une séquence de temps, mais uniquement Un temps, qui devient le passé relativement au temps qui lui succède » (cité en tr. dans E. Cassirer, The Philosophy of Symbolic Forms, tr. R. Manheim, Hew Haven and Londres, 1955, vol. 2, p. 106). La relation entre ce problème et notre objection exprimée au début de cet article, à propos de la distinction radicale entre l'histoire et des formes de récits fantastiques, est évidente.

85. Lacy, N. J., « Spatial Form in Médiéval Romance », Yale French Studies, 51, 1974, p. 169.Google Scholar

86. Voir Fändrich, « The Wafayāt al-A'yān », p. 438 ss.

87. Connelly, « The Structure of Four Banī Hilāl Taies », pp. 24-25, 31-34. J'exprime toutefois des réserves quant à la terminologie de l'auteur.

88. Eco, U., A Theory of Semiotics, Londres, 1977, p. 133135.Google Scholar

89. Voir Noth, Quellenkritische Studien, pp. 71-73.

90. The Genesis of Secrecy, Cambrigde (Mass.), 1979, p. 105.