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Transformations de la zone torride

Les répertoires de la nature tropicale à l’époque des Lumières

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Neil Safier*
Affiliation:
University of British Columbia Vancouver, Traduit de l’anglais par Cécile d’Albis

Résumé

Cet article envisage l’histoire environnementale des tropiques à travers l’analyse des techniques narratives des individus qui ont parcouru les paysages équatoriaux de l’Amérique du Sud au XVIIIe siècle. À quelques exceptions près, les spécialistes d’histoire environnementale n’ont pas tenu compte des pratiques d’écriture qui ont accompagné les observations sur et dans la nature, une relation avec le monde naturel encouragée par des techniques de collecte, de mesure et d’édition. À travers différentes manières de capturer les tropiques sous une forme écrite, nous examinons les significations culturelles attachées à l’idée classique de « zone torride » dans une époque qui correspond à l’âge d’or de son évaluation instrumentale. La métamorphose de la zone torride – de lieu conçu comme un désert inhospitalier en région caractérisée par des conditions climatiques et des productions naturelles variées – s’est accomplie à travers un large ensemble d’entreprises éditoriales, allant des traités historiques aux listes et aux catalogues, réalisées à la fois par des voyageurs et des naturalistes.

Abstract

Abstract

This essay pursues an environmental history of the tropics by following the narrative techniques of writers who traversed the equatorial landscapes of South America during the eighteenth century. With few exceptions, environmental historians concerned with the tropics have underestimated the importance of the literary genres through which eighteenth-century authors engaged with the natural world. These varied techniques, including the use of technologies of collection, inscription, and measurement, played a role in transforming the image of the equatorial regions of the globe from a place that was understood to be an inhospitable desert to one that was characterized by more varied climatic conditions and diverse natural products. This metamorphosis of the torrid zone was effected through a broad series of editorial interventions: from historical treatises to lists and catalogs, carried out by philosophical travelers and naturalists alike.

Type
Catégories de la nature
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2011

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Footnotes

*

Je voudrais remercier Alice Ingold pour m’avoir invité à participer à ce numéro spécial des Annales. Je voudrais également exprimer ma profonde gratitude à Fred Collay, Guy Lazure, Florence Shia, Nicolás Wey Gómez et Anya Zilberstein pour leurs commentaires et leurs critiques constructives, ainsi qu’aux membres du séminaire de recherche de Lorraine Daston au Max Planck Institut für Wissenschaftsgeschichte de Berlin, où j’ai présenté une première version de cet article en juin 2010.

References

1- Pour une introduction générale à ces questions, voir l’ouvrage classique de Clarence Glacken, J., Traces on the Rhodian shore: Nature and culture in Western thought from ancient times to the end of the eighteenth century, Berkeley, University of California Press, 1967.Google Scholar À propos de la théorie du climat du XVIIIe siècle et de la pensée proto-environnementale, voir H. Grove, Richard, Green imperialism: Colonial expansion, tropical island Edens, and the origins of environmentalism, 1600-1860, Cambridge, Cambridge University Press, 1995,Google Scholar particulièrement chap. 4. Pour un article récent qui analyse les réflexions historiques sur le climat, voir Jean-Baptiste FRESSOZ et Fabien LOCHER, « Le climat fragile de la modernité. Petite histoire climatique de la réflexivité environnementale », http:// www.laviedesidees.fr/Le-climat-fragile-de-la-modernite.html, dernier accès le 3 septembre 2010. \

2- La traduction française de The Seasons de Thomson, originellement édité à Londres en 1748, fut publiée à Paris sous le titre Les Saisons, poème, Paris, Chaubert et Hérissant, 1759 Google Scholar, peu avant la publication de l’article de Jaucourt sur la zone torride.

3- « Zone Torride », in Diderot, D. et Alembert, D’ (dir.), Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Neufchastel, S. Faulche, 1765, vol. 17, p. 728.Google Scholar

4- José Fernandes Pinto Alpoim était l’un des commissaires qui accompagnait cette deuxième commission hispano-portugaise dans la zone frontalière située entre la rivière Ibicuy (au sud du Brésil près de la frontière de l’Urugay et de l’Argentine) et les chutes de la rivière Paraná, à environ 500 kmau nord, près des frontières actuelles du Paraguay, de l’Argentine et du Brésil. En tant qu’ingénieur placé sous l’autorité du gouverneur de Rio de Janeiro, Gomes Freire de Andrade, Alpoim fut aussi à l’origine de la « Casa dos Governadores » (plus tard « Paço Imperial ») à Rio de Janeiro dans les années 1740. Pour plus de renseignements sur José Fernandes Pinto Alpoim, voir Teresa Cristina De Carvalho Piva, «O Brigadeiro Alpoim: um engenheiro militar português que contri- buiu para a formação da engenharia no Brasil », Tecnologia & Cultura, 14, 2009, p. 13-17.

5- « Diario da segunda partida de demarcação da América meridional, que teve princípio na boca do Rio Ibicuy, e terminou no salto do Rio Paraná », in Collecção de notícias para a historia e geografia das nações ultramarinas que vivem nos dominios portuguezes ou lhes são vizinhas, Lisbonne, Academia Real das Sciencias, 1841, vol. 7, p. 239246.Google Scholar

6- Les précédentes histoires de la nature avaient tendance à surévaluer les idées philosophiques par rapport aux objets tangibles. Voir Glacken, C., Traces on the Rhodian shore…, op. cit. ;Google Scholar Ehrard, Jean, L’idée de nature en France dans la première moitié du XVIIIe siècle, Paris, SEVPEN, 1963.Google Scholar Pour des études plus récentes qui se focalisent sur l’aspect matériel et qui s’écartent d’une approche mettant l’accent sur l’histoire des idées, voir Golinski, Jan British weather and the climate of Enlightenment, Chicago, The University of Chicago Press, 2007;CrossRefGoogle Scholar Kavita Philip, « Imperial science rescues a tree: Global botanic networks, local knowledge and the transcontinental transplantation of Cinchona », Environment and History, 1, 1995, p. 173-200. La définition que donne Warren Dean de l’histoire environnementale correspond bien à la démarche que j’ai choisi de suivre ici : « Une sorte d’histoire culturelle qui analyse les capacités de notre espèce à comprendre et à gérer, dans des circonstances diverses, ses relations avec son environnement naturel. » La gestion de ces relations devrait inclure la manière dont l’information qui concerne le monde naturel a été collectée, répertoriée et transcrite. Voir Dean, Warren, Brazil and the struggle for rubber: A study in environmental history, Cambridge, Cambridge University Press, 1987, p. 6.Google Scholar

7- Une exception à saluer, le récent travail d’Alix COOPER, Inventing the indigenous: Local knowledge and natural history in early modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, particulièrement p. 7280,Google Scholar où l’auteur considère les flores locales comme des « instruments concrets » et examine leurs relations avec d’autres productions textuelles. Voir aussi Alix COOPER, « ‘The possibilities of the land’: The inventory of ‘natural riches’ in the early modern German territories », History of Political Economy, 35-1, 2003, p. 129-153.

8- L’une des raisons pour lesquelles la discipline a évité pendant si longtemps de prendre en compte les pratiques textuelles est peut-être l’engagement politique et l’identité de l’histoire environnementale comme champ d’histoire doté d’une responsa- bilité morale. Comme le remarque Aaron Sachs, la théorie postcoloniale et l’histoire environnementale sont toutes deux devenues des disciplines influentes au cours de la même décennie : Aaron Sachs, « The ultimate ‘other’: Post-colonialism and Alexander von Humboldt's ecological relationship with nature », History and Theory, 42, 2003, p. 111-135. C’est pourquoi, lorsque les historiens de l’environnement ont cherché à repousser les limites chronologiques d’une histoire environnementale essentiellement centrée sur les XIXe et XXe siècles, ce fut d’abord pour traiter de l’expansion impériale en tant que dégradation environnementale, que ce soit à propos de la destruction de la forêt atlantique, des pestes ovines, ou encore des moustiques et de la guerre. Voir Dean, Warren, With broadax and firebrand: The destruction of the Brazilian Atlantic forest, Berkeley, University of California Press, 1995;Google Scholar Elinor Melville, G. K., A plague of sheep: Environmental consequences of the conquest of Mexico, Cambridge, Cambridge University Press, 1994 ;CrossRefGoogle Scholar Mcneill, John R., Mosquito empires: Ecology and war in the Greater Caribbean, 1620-1914, Cambridge, Cambridge University Press, 2010.CrossRefGoogle Scholar

9- Vandelli, Domenico, «Viagens filosóficas ou dissertação sobre as importantes regras que o filósofo naturalista, nas suas peregrinaçõ es, deve principalmente observar », O Gabinete de curiosidades de Domenico Vandelli, Rio de Janeiro, Dantes, 2008, p. 150151. Google Scholar Parmi d’autres textes prescriptifs du XVIIIe siècle, citons Carl von LINNé, Instructio peregrinatoris, Holmiae, 1760 ; John Coakley LETTSOM, Le voyageur naturaliste, ou Instructions sur les moyens de ramasser les objets d’histoire naturelle et de les bien conserver, Amsterdam/ Paris, Lacombe, 1775 ; Henri-Louis Duhamel Du Monceau, Avis pour le transport par mer des arbres, des plantes vivaces, des semences, des animaux et de différens autres morceaux d’histoire naturelle, Paris, Impr. royale, 1753 ; étienne-FrançoisTurgot, Mémoire instructif sur la manière de rassembler, de préparer, de conserver et d’envoyer les diverses curiosités d’histoire naturelle, Paris/Lyon, J.-M. Bruyset, 1758. Pour plus de précisions sur les prescriptions scientifiques à la fin du XVIIIe et au XIXe siècle, voir Kury, Lorelai, « Les instructions de voyage dans les expéditions scientifiques françaises (1750-1830) », Revue d’histoire des sciences, 51-1, 1998, p. 6592.CrossRefGoogle Scholar

10- Bien que cet article ne porte pas sur la question plus restreinte mais tout aussi fascinante des conteneurs physiques grâce auxquels la nature était transportée d’une région vers une autre, il rend compte d’une autre transformation essentielle : celle des notes de terrain en manuscrit puis (dans certains cas) en document imprimé. Pour une étude des conteneurs physiques dans lesquels les matériaux étaient acheminés, voir Marie-Noëlle BOURGUET, « La collecte du monde : voyage et histoire naturelle (fin XVIIe siècle-début XIXe siècle) », in C. BLANCKAERT et al. (dir.), Le Muséum au premier siècle de son histoire, Paris, éd. MNHN, 1997, p. 163-196. En ce qui concerne la manière dont les périodiques ont influencé la conception de la zone torride dans les Amériques, voir l’importante étude de Mauricio NIETO OLARTE, Orden natural y orden social: Ciencia y política en el Semanario del Nuevo Reyno de Granada, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 2007, particulièrement chap. 5.

11- Steven SHAPIN et Simon SCHAFFER, Leviathan and the air-pump: Hobbes, Boyle, and the experimental life: Including a translation of Thomas Hobbes, Dialogus physicus de natura aeris by Simon Schaffer, Princeton, Princeton University Press, 1985 ; Simon SCHAFFER et al. (dir.), The brokered world: Go-betweens and global intelligence, 1770-1820, Sagamore Beach, Science History Publications, 2009 ; James DELBOURGO, A most amazing scene of wonders: Electricity and enlightenment in early America, Cambridge, Harvard University Press, 2006 ; Neil SAFIER, Measuring the New World: Enlightenment science and South America, Chicago, University of Chicago Press, 2008 ; Marie-Noëlle BOURGUET, Christian LICOPPE et H. Otto SIBUM, Instruments, travel and science: Itineraries of precision from the seventeenth to the twentieth century, New York, Routledge, 2002. Bien entendu, les aspects techniques et technologiques de l’histoire environnementale (en ce qui concerne les outils et les méthodes d’extraction) ont été bien étudiés dans certains contextes. Voir par exemple Shawn William MIller, Fruitless trees: Portuguese conservation and Brazil's colonial timber, Stanford, Stanford University Press, 2000, en particulier les chapitres 4 à 6 qui traitent des techniques rustiques, indigènes et africaines, des outils comme les haches et les moulins et des technologies de navigation telles que le radeau ou le canoë. Notre article insiste au contraire sur l’effort encyclopédique du XVIIIe siècle et sa focalisation sur la collecte de renseignements obtenus grâce à des matériaux bruts, des spécimens et au savoir indigène.

12- Daugeron, Bertrand, Collections naturalistes entre science et empires, 1763-1804, Paris, Muséum national d’Histoire naturelle, 2009, p. 35.Google Scholar

13- K. Philip, « Imperial science… », art. cit., p. 183.

14- Gómez, Nicolás Wey, The tropics of empire: Why Columbus sailed south to the Indies, Cambridge, MIT Press, 2008, p. 222.Google Scholar

15- Ibid., p. 180-188 en ce qui concerne les origines intellectuelles du concept moderne de zone torride.

16- Inca De La Vega, Garcilaso, Comentarios reales de los Incas, Mexico, Fondo de Cultura Económica, [1609] 1977, p. 10.Google Scholar

17- Le modèle classique de l’archipel vertical a été développé par John MURRA, « The economic organization of the Inca State », Ph. D., Université de Chicago, 1956.

18- Inca Vega, Garcilasodela,Histoire des Yncas, rois du Pérou, Amsterdam, J.Desbordes, 1715, liv. IX, chap. XXVIII, p. 448449.Google Scholar

19- Ibid., p. 449.

20- La première greffe de fruits européens sur des arbres locaux a probablement eu lieu vers 1540, dans l’état mexicain d’Oztoticpac. Voir F. Cline, Howard, « The Oztoticpac lands map of Texcoco, 1540 », Quarterly Journal of the Library of Congress, 23-2, 1966, p. 77115;Google Scholar Herbert R. Harvey, « The Oztoticpac lands map: A reexamination », in Harvey, H. R. (dir.), Land and politics in the valley of México: A two-thousand-year perspective, Albuquerque, University of New Mexico Press, 1991, p. 163185.Google Scholar De manière plus générale, voir Alfred W. Crosby Jr., The Columbian exchange: Biological and cultural consequences of 1492, Westport, Praeger Publishers, 2003.

21- Marie-Noëlle Bourguet, « La collecte du monde… », art. cit. ; Christian Licoppe et Marie-Noëlle Bourguet, «Voyages, mesures et instruments. Une nouvelle experience du monde au Siècle des lumières », Annales HSS, 52-5, 1997, p. 1115-1151 ; Lorelai Kury, « Les instructions de voyage… », art. cit. Ce dernier auteur cite le comte Léopold Berchtold, , Essai pour diriger et étendre les recherches des voyageurs qui se proposent l’utilité de leur patrie, Paris, Du Pont, [1789] an V-1797,Google Scholar qui insistait sur le fait que les explorateurs devaient emmener avec eux « une bonne montre, un compas de marine, un thermomètre, un baromètre, des cartes […], un bon télescope ».

22- « éloge de Charles-François de Cisternai du Fay par Fontenelle », in Histoire de l’Académie royale des sciences, année 1739, Paris, s. n., s. d, p. 78.Google Scholar

23- K. Philip, « Imperial science… », art. cit., p. 190.

24- [Thomas-François Dalibard], « Préface », in La Vega, G. De, Histoire des Incas, rois du Pérou, nouvellement traduite de l’espagnol de Garcillasso de La Vega, et mise dans un meilleur ordre ; avec des notes et des additions sur l’histoire naturelle de ce pays, Paris, Prault fils, 1744, vol. 2, p. IX.Google Scholar

25- Ibid., p. V.

26- Maclot, Jean-Charles, Précis sur le globe terrestre, ou Explication de la mappemonde… avec des Notions raisonnées pour servir d’introduction à la partie d’astronomie qui se combine avec la géographie, Paris, Vente, 1765.Google Scholar

27- C. Licoppe et M.-N. Bourguet, « Voyages, mesures et instruments… », art. cit.

28- De Ulloa, Antonio, Noticias americanas, entretenimientos phísicos-históricos sobre la América meridional y la septentrional oriental, comparación general de los territorios, climas y producciones en las tres especies vegetales, animales y minerales, con relación particular de las petrificaciones de cuerpos marinos de los Indios naturales de aquellos países, sus costumbres y usos, de las antigüedades, discurso sobre la lengua y sobre el modo en que pasaron los primeros pobladores. Su autor, don Antonio de Ulloa, Madrid, impr. de F. M. de Mena, 1772, p. 106:Google Scholar « Temperamentos calientes de la Zona Torrida hay incomparablemente mas fecundidad en especies, y mas hermosura en los Arboles. »

29- De Ulloa, Antonio, Relación histórica del viage a la América Meridional, Madrid, A. Marin, 1758, vol. 5, chap. 6, p. 380.Google Scholar

30- L’importance rhétorique de s’appuyer sur une observation de premièremain corroborée par des objets instrumentaux dans la culture scientifique européenne du XVIIIe siècle a été analysée par Bourguet, M.-N., Licoppe, C. et SIBUM, H. O., Instruments, travel and science…, op. cit.Google Scholar Sur l’histoire du thermomètre en particulier, voir Marie-Noëlle BOURGUET, « Measurable difference: Botany, climate, and the gardener's thermometer in eighteenth-century France », in L. SCHIEBINGER et C. SWAN (dir.), Colonial botany: Science, commerce, and politics in the early modern world, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2005. À propos de l’histoire de la climatologie et des instruments de mesure, au XVIIIe siècle en particulier, voir Golinski, J., British weather…, op. cit.Google Scholar

31- De Ulloa, A., Relación histórica…, op. cit. Google Scholar: « Todos los Moradores de aquel Clima tengan los Colores tan pálidos, y quebrados, como si empezaran a convalecer de alguna aguda enfermedad… se nota en todas sus acciones, y movimientos, hasta en el hablar, cierta floxedad, y descoyuntamiento natural… Los que llegan de Europa mantienen el Semblante de robustez, y los colores vivos por espacio de tres, o quatro Meses, pero passados estos van perdiendo uno, y otro a fuerza de sudar, hasta que quedan de contexturas semejantes a las de aquellos antiguos Habitadores. »

32- De Ulloa, A. Noticias americanas…, op. cit., p. 195196 :Google Scholar « Es regular que la naturaleza de las gentes y los animales participe de las distintas qualidades de los temperamentos… Los territorios que están fuera de la Zona Torrida participan de ambas intemperies con otro exceso distinto, procedido de pasar de un extremo al otro, pues en el Verano se experimentan los efectos del calor, y en el Invierno los del frio. »

33- Sur Antonio de León Pinelo et les tropiques ibériques aux XVIe et XVIIe siècles, voir Heidi Scott, V., « Paradise in the New World: An Iberian vision of tropicality », Cultural Geographies, 17-1, 2010, p. 77101.CrossRefGoogle Scholar

34- L’identité du critique anonyme de la Relación histórica d’Ulloa n’est pas connue, mais des preuves circonstancielles semblent démontrer qu’il s’agit d’un ecclésiastique créole, probablement un jésuite. Pour plus de renseignements sur ce personnage, voir Safier, N., Measuring the new world…, op. cit., chap. 5.Google Scholar

35- « Juicio imparcial sobre los Indios de Quito », Clements Library, University of Michigan, Peru MS 125, sect. 33.

36- Ibid., sect. 35.

37- La Condamine, Charles-Marie de, Relation abrégée d’un voyage fait dans l’intérieur de l’Amérique méridionale, depuis la côte de la mer du Sud, jusqu’aux côtes du Brésil et de la Guiane…, Paris, Vve Pisot, 1745, p. 49.Google Scholar

38- Sur les observations ethnographiques de La Condamine et l’usage qu’il fait des ouvrages des missionnaires jésuites, voir N. Safier, Measuring the New World…, op. cit., en particulier chap. 2.

39- La Condamine, C.-M. de, Relation abrégée…, op. cit., p. 171172.Google Scholar

40- Cette idée d’une époustouflante diversité biologique fut aussi reprise par des lecteurs plus tardifs de la Relation abrégée de La Condamine, non seulement dans un contexte européen, mais aussi par ceux qui lisaient La Condamine tout en parcourant eux-mêmes l’Amazone. José Monteiro de Noronha, né dans la ville brésilienne de Belém do Pará, s’appuie sur les récits du Français et ses descriptions d’huiles et de résines du bassin de l’Amazone. Des voyageurs tels que La Condamine et Monteiro de Noronha ont joué un rôle important pour forger des concepts écologiques tropicaux avant l’heure, étendant les histoires locales ou régionales à des régions bien plus vastes, ouvrant ainsi la voie à Alexandre Dehumboldt et Bonpland, Aimé, Géographie des plantes équinoxiales. Tableau physique des Andes et pays voisins dressé d’après des observations et des mesures prises sur les lieux depuis le 10e degré de latitude boréale…, Paris, Langlois, 1805,Google Scholar et bien plus tard, au modèle de l’écosystème.

41- La Condamine, C.-M. de, Relation abrégée…, op. cit., p. 48.Google Scholar

42- Ibid., p. 74.

43- Ibid., p. 75.

44- M.-N. Bourguet, « La collecte du monde… », art. cit., p. 194. Sur ce sujet, voir aussi Marie-Noëlle Bourguet et Christophe Bonneuil, , « De l’inventaire du monde à la mise en valeur du globe. Botanique et colonisation (fin XVIIe siècle-début XXe siècle) », Revue française d’histoire d’outre-mer, 322-323, 1999, p. 538.Google Scholar

45- Richard R. YEO, « Ephraim Chambers's Cyclopædia (1728) and the tradition of commonplaces », Journal of the History of Ideas, 57-1, 1996, p. 157-175. Sur la pratique humaniste de collectionner des fragments de savoirs et de les réunir en un seul livre, voir Ann Blair, « Humanist methods in natural philosophy: The Commonplace Book », Journal of the History of Ideas, 53-4, 1992, p. 541-552. Sur les livres de référence à l’époque moderne, voir Blair, Ann, Too much to know: Managing scholarly information before the Modern Age, New Haven, Yale University Press, 2010. 42 - Ibid., p. 74.Google Scholar

46- Leclerc, Georges-Louis, Buffon, comte de et Daubenton, Louis-Jean-Marie, « Description du Cabinet du Roy », Histoire naturelle, générale et particulière. Avec la description du cabinet du Roi, Paris, Imprimerie royale, 1758-1763, vol. III, p. 2.Google Scholar

47- Cowie, Helen, « Sloth bones and anteater tongues: Collecting American nature in the Hispanic world (1750-1808) », Atlantic Studies, 8-1, 2011, à paraître.Google Scholar

48- Liste des objets reçus de Monsieur de la Condamine, 20 juin 1747, Daubenton. Collection privée, Paris.

49- La Condamine, C.-M. de, Relation abrégée…, op. cit., p. 76.Google Scholar

50- À propos des représentations narratives des conditions environnementales au cours du voyage de reconnaissance de Sampaio le long du Rio Negro, voir Safier, Neil, «O Diario da viagem do Ouvidor Sampaio (1774-1775): as praéticas narrativas de uma viagem administrativa na Ameérica Portuguesa », LEITURAS: Revista da Biblioteca Nacional de Lisboa, 6, 2000, p. 123145.Google Scholar

51- De Sampaio, Francisco Xavier Ribeiro, « Relação Geographica-Historica do Rio Branco da America Portugueza », Revista Trimensal de História e Geographia do Jornal do Instituto Histórico e Geográphico Brazileiro, 13, 1850, p. 200-273, ici p. 204. Google Scholar

52- F. X. Ribeiro De Sampaio, «Relação Geographica-Historica… », art. cit., p. 207.

53- Buffon, G.-L. de et Daubenton, L.-J.-M., Histoire naturelle…, op. cit., vol. XIII, p. 145.Google Scholar Cette interprétation de l’histoire ancienne du Nouveau Monde eut un effet négatif sur la manière dont par la suite les anthropologues et les historiens ont perçu les premiers habitants des régions équatoriales d’Amérique du Sud et elle n’a que récemment été remise en cause par les archéologues et les anthropologues.

54- De Sampaio, Francisco Xavier Ribeiro, Diario da viagem, que em visita, e correição das povoações da capitania de S. Jose do Rio Negro fez o ouvidor, e intendente geral da mesma Francisco Xavier Ribeiro de Sampaio, no anno de 1774 e 1775, Lisbonne, na typografia da academia, 1825, p. 61.Google Scholar

55- Ibid.

56- Francisco Xavier Ribeiro De Sampaio « Relação Geographica-Historica… », art. cit., p. 262.

57- Ibid., p. 265.

58- K. Philip, « Imperial science… », art. cit., p. 196.

59- Foucault, Michel, Les mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966, p. 172.Google Scholar