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Espacement des naissances et planification familiale : une critique de la méthode Dupâquier-Lachiver
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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Dans un article important publié en 1969, Dupâquier et Lachiver ont proposé une nouvelle technique visant à mesurer la diffusion du contrôle des naissances dans les populations anciennes en utilisant des données de reconstitution des familles. On a parfois considéré leur approche comme un substitut ou un complément à la technique classique — mise au point par L. Henry — qui consistait à détecter la restriction volontaire des naissances en examinant l'âge de la mère à la naissance de son dernier enfant et la forme de la courbe de fécondité légitime.
Summary
In an influential article published in Annales just over a decade ago, Dupâquier and Lachiver proposed a technique for detecting birth control based on family reconstitution data. Their measure focusses on ‘intervals’ and was seen as an alternative to the measures proposed by Henry which focus on ‘stopping’ behaviour. The Dupâquier-Lachiver approach suffers from the main problems. It confounds the effects of birth spacing patterns with attempts to terminate childbearing and it is sensitive to the underlying level of marital fertility thus being incapable of distinguishing deliberate attempts at birth control from nonvolitional factors which contribute to the determination of the overall fertility level. These problems are demonstrated with data from several German village populations.
- Type
- Histoire Démographique
- Information
- Copyright
- Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1981
References
* Remerciements. Cette étude a été possible grâce aux subventions que nous ont accordéesl'Institut National de la Santé et la Fondation Rockefeller.
1. Dupâquier, J. et Lachiver, M., « Sur les débuts de la contraception en France ou les deuxmalthusianismes », Annales E.S.C., n° 6, 1969, pp. 1391–1406 Google Scholar. Bien que Dupâquier et Lachiverparlent de contraception, il serait plus exact de parler de limitation des naissances puisque leurtechnique est également sensible à la pratique de l'avortement qui, à proprement parler, est uneméthode de limitation des naissances mais non de contraception. C'est la raison pour laquelle lestermes de contrôle, prévention, restriction volontaire, limitation des naissances ont été utilisés danscet article de préférence à celui de contraception.
2. Voir, par exemple, Henry, Louis, Anciennes familles genevoises. Étude démographique : 16e- 20e siècles, Paris, PUF., INED, Cahier 26, 1956 Google Scholar; et Henry, Louis, Manuel de démographie historique, Genève, Librairie Droz, 1967.Google Scholar
3. Voir, par exemple, Lachiver, Marcel, « Fécondité légitime et contraception dans la Régionparisienne », dans Sur la population française au XVIIIe et au XIXe siècle. Hommage à MarcelReinhard, Paris, Société de Démographie Historique, 1973, pp. 383–491 Google Scholar ; David Gaunt, « Familyplanning and the pre-industrial society : some Swedish évidence », dans Âgren, Kurt et al, Aristocrats, farmers, proletarlans, Uppsala, 1973, pp. 28–55 Google Scholar ; Perrenoud, Alfred, « Malthusianismeet protestantisme : un modèle démographique weberien », Annales E.S.C., n° 4, 1974, pp. 975–988 Google Scholar ;Arthur IMHOF, « Structure of reproduction in a West German village, 1690-1900 », dans Sune Àkerman, Hans Chrs. Johansen et Gaunt, David, Chance and change, Odense, Odense University Press, 1978, pp. 23–32 Google Scholar ; Christer Winberg, «Population growth and proletarianism », dans Àkerman et al., Chance and change, pp. 170-184 ; Ingrid Eriksson et John Rogers, « Differentialfertility in a nineteenth-century rural Swedish district », dans Àkerman et al., Chance and change, 1978, pp. 161-169. Dans certains de ces travaux, d'autres indices de limitation des naissances ontégalement été étudiés.
4. Pour une discussion sur cette question, voir Carlsson, Gôsta, « The décline in fertility :innovation or adjustment process », Population Studies, 20, pp. 149–174 Google Scholar ; Knodel, John et Walle, Etienne Van De, « Lessons from the past: policy implications of historical fertility studies », Population and Development Review, 5, 1979, pp. 217–245.Google Scholar
5. Voir, par exemple, Gaunt, « Family planning… » ; Eriksson et Roggers, « Differentialfertility… ».
6. Curieusement, il y a une erreur dans la définition de la mesure dans l'article original deDupâquier et Lachiver en tant que « Nombre d'accouchements avant 40 ans/Durée de vie conjugale(limitée au 40e anniversaire de la femme) ». La même erreur figure dans l'article de Perrenoud,« Malthusianisme et protestantisme… ».
7. Le terme d'invervalle moyen entre les naissances, par femme, se réfère dans cet article à :(L'âge de la femme lors du dernier accouchement - âge lors du mariage)/(nombre total d'accouchements légitimes). Notez qu'on considère les accouchements plutôt que les naissances et quel'intervalle compris entre le mariage et la première naissance légitime est également inclus. La mesureDupâquier-Lachiver ne tient compte que des accouchements qui ont eu lieu avant 40 ans.
8. Jean-Louis Flandrin, par exemple, en présentant les résultats qu'il a obtenus en utilisant latechnique Dupâquier-Lachiver à partir de l'article « Fécondité légitime », nomme ces intervalles« intervalles intergénésiques moyens ». Il discute ainsi du changement intervenu dans la distributiondes intervalles Dupâquier-Lachiver : « Entre 1740 et 1789 il n'est prouvé que par la multiplicationdes familles à intervalles intergénésiques moyens, longs et très longs, comme si l'on avait moinscherché à empêcher les charges familiales de croître au-delà d'un certain chiffre — variable d'unefamille à une autre — qu'à espacer les naissances. » Voir Jean-Louis Flandrin, Familles parenté, maison, sexualité dans l'ancienne société, Paris, Librairie Hachette, 1976, p. 226. De même, Arthur Imhof, dans « Structure of reproduction » (p. 31), se trompe sur ce que sont réellement cesintervalles ; il les interprète comme s'ils étaient des « intervalles » réels entre les naissances. Encomparant les résultats qu'il a obtenus en utilisant la méthode Dupâquier-Lachiver pour le village deHeuchelheim à des modèles développés par A. Wrigley qui indiquent que l'intervalle maximummoyen entre deux naissances pouvait aller jusqu'à 31,5 mois dans une fécondité naturelle, lescommentaires d'Imhof sont les suivants : « … Si l'on en croit ce modèle, les intervalles qui atteignent31,5 mois devraient être considérés comme étant naturels plutôt que de refléter la pratique de lacontraception. Nous avons été surpris de constater que les intervalles de plus de 31 mois étaient trèsfréquents à Heuchelheim, de 1691 à 1900. Si nous devions attribuer tous les intervalles entre lesnaissances de plus de 31 mois à la contraception, nous trouverions que 29,5 % à 60,7 % de toutes lesnaissances (entre 1 et 2/3) étaient volontairement espacées. En ce cas, nous aurions réellement affaireà une planification véritable. » D'autres chercheurs (tels Gaunt, « Family planning and thepreindustrial society », p. 48 ; Eriksson et Rogers, « Differential fertility », p. 164 ; et Winberg,« Population growth and proletarianisation », p. 179) se réfèrent également à ces intervalles commes'il s'agissait d'intervalles réels entre les naissances ou d'une mesure de l'espacement entre lesnaissances.
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