Hostname: page-component-77c89778f8-fv566 Total loading time: 0 Render date: 2024-07-19T04:19:16.866Z Has data issue: false hasContentIssue false

De l'asymétrie au triangle. Transformations symboliques au nord de Potosi

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Olivia Harris*
Affiliation:
University of Kent at Canterbury

Extract

Lorsqu'on étudie les systèmes de représentations des peuples andins, il convient d'abord d'analyser leurs principales pratiques symboliques, et de restituer leur répertoire culturel dans son ensemble. Depuis dix ans environ, les travaux, à la fois dans le domaine ethnographique et ethnohistorique, ont beaucoup contribué à réaliser cette exigence. Cependant, à mesure que les grandes lignes de la structure symbolique se précisent, il deviant impératif d'étendre l'analyse aux particularités de chaque localité et de chaque groupe ethnique. Dans la mesure où l'on peut parler de structures symboliques andines, on implique en même temps des systèmes de transformations à l'intérieur de structures générales. Dans ce qui suit, je me référerai aux travaux de Tristan Platt sur les Macha (cf. l'article précédent) pour discuter de telles variations symboliques entre deux groupes ethniques voisins au nord de Potosi, en Bolivie.

Summary

Summary

Andean dualism in its varied expressions is now well-known. The account of Laymi dualism presented here is articulated with that of the neighbouring Macha; for the problem of dualist forms common to both has produced strikingly different symbolic resolutions. The difference is focussed in the representation of the relationship between woman and man, which for the Laymi is characterised by asymmetry and hierarchy; it can be understood both by reference to other pair relationships, and by the tripartite form commonly ascribed to such pairs in ritual. The explicit asymmetry of the triad is however made symmetrical in a sixfold structure of paired tripartition found both in ritual and in the local configuration of ethnic groups. In such symbolic operations a single married couple represents the entire group in balanced multiplicity, but this resolution leaves out of account certain concrete forms of inequality in Laymi social relations.

Type
Représentations et Pratiques Symboliques
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1978

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Notes

1. Les données empiriques sur lesquelles est fondé cet article, ont été rassemblées au cours de deux années de travail sur le terrain au nord de Potosi, financé par la Social Science Research Council of Great Britain et le Central Research Fund de l'Université de Londres. Comme on le verra, j'ai une dette immense envers Tristan Platt, au terme de nombreuses discussions au cours des six dernières années. Je voudrais le remercier particulièrement ainsi que Nathan Wachtel et John Murra pour leurs commentaires sur les versions précédentes de ce travail.

2. Voir Bernabé Cobo. 1892. t. III, chap. XXIV, p. 230.

3. Voir W. Espinoza S., 1969 et section la de cet article.

4. Voir Lévi-Strauss, 1956.

5. Voir W. Espinoza S.. 1969 et aussi la carte (p. 000). La preuve documentaire la plus ancienne que j'ai trouvée de l'« aillo laime » est ANB (Sucre), Tierras e Indios, n. 149 (1592).

6. Il est possible qu'autrefois, la moitié puraka ait été aussi tripartite. La preuve est indirecte mais elle est liée à l'articulation des pouvoirs politiques dans chaque moitié et à la fonction des plus petites unités administratives — les cabildos (voir Ib). Une proportion importante de la moitié puraka est concentrée à Qalaqala — village d'environ I 000 habitants — et elle est répartie dans trois cabildos différents. On m'a dit à plusieurs reprises qu'autrefois les trois subdivisions de la moitié laymi (2) formaient chacune un simple cabildo et n'étaient pas, comme elles le sont maintenant, encore subdivisées en différentes unités.

7. Ainsi, les trois subdivisions de Laymi (2) n'ont clairement ni fonctions politiques ni fonctions administratives (voir n. 6 supra).

8. Depuis le début du XXe siècle, de toute façon, les deux étages font partie de différentes provinces du département de Potosi, et du point de vue de l'administration publique ils sont donc placés sous l'autorité de sous-préfets différents.

9. Voir Murra, 1975, où est publié l'article qui pour la première fois a attiré l'attention sur l'« économie verticale » des Andes. J'ai présenté l'économie laymi dans Harris. 1978 (a).

10. C'est un modèle qui semble avoir été assez commun dans la région du Qullasuyu précolombien ; par exemple les Lupaqa (Murra, 1975) et les nombreux groupes qui possédaient des terres dans la vallée de Cochabamba avant la répartition faite par Wayna Qapaq (Universidad Mayor de S. Simon, Dept. de arqueologia, 1977).

11. Voir PLATT (supra, p. 1096). Le terme employé en aymara pour indiquer le couple, homme et femme comme une seule unité, est chachawarmi. Voir aussi Harris, 1978 (b).

12. En pratique, les produits du suni, surtout le ch'uhu, sont aussi emportés au likina pour y être préparés et consommés, mais à une échelle moins étendue.

13. Voir le Vocabulario de la lengua aymara de Ludovico Bertonio, publié en 1612 : « hila : hermano mayor » et « sulka hermano menor, dize el varon a su hermano. »

14. Voir Lévi-Strauss, op. cit. L'auteur admet qu'il existe des exemples d'un dualisme vraiment symétrique, mais il affirme qu'il y en a très peu.

15. Comme exemples de l'importance historique des maisons rondes, voir Hyslop, 1976, pp. 104-106 et Wachtel. 1971, p. 215.

16. Voir les figures 1 et 2 et note 6 supra.

17. Voir Bertonio, op. cit.: « nayra un grano de alguna semilla. »

18. Ainsi, les pommes de terres sont femelles et le maïs est mále ; une représentation qui est basée non seulement sur la signification évidente de leurs formes, mais aussi sur le fait que le maïs est produit dans l'étage écologique mále — le likina — et les pommes de terre dans l'étage femelle.

19. Lévi-Strauss, op. cit., p. 121.

20. Voir Harris, 1978 (b). 21. Il reste encore à préciser d'autres exemples analogues aux transformations décrites ici dans d'autres régions des Andes. L'exposé de Platt mentionne l'iconographie traditionnelle andine ainsi que l'organisation sociale inca : et les travaux de Tom Zuidema (1964) montrent que la tripartition aussi était importante dans l'organisation de l'État inca (voir aussi Wachtei., 1966). Il vaut la peine de rappeler que des structures circulaires ont dominé pendant longtemps l'architecture de l'altiplano ; le symbolisme laymi nous montre à la fois que la triade peut s'identifier comme transformation d'un cercle, et qu'on peut la représenter dans un triangle, motif qui se trouve partout dans les tissages andins.