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Bureaucratie, taxation et justice Taoïsme et construction de l’État au Jiangnan (Chine), XVIIe-XIXe siècle*

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Vincent Goossaert*
Affiliation:
CNRS-EPHE

Résumé

La dimension territoriale de l’organisation socioreligieuse de la Chine moderne est étroitement liée au taoïsme et à sa vision bureaucratique du monde. L’article met en évidence ce lien dans le cas de la région du Jiangnan à l’époque moderne. Cette région est caractérisée par des élites taoïstes particulièrement bien implantées. Ces élites contrôlent des temples centraux qui entretiennent avec les communautés territoriales des rapports de type bureaucratique: elles nomment les dieux locaux de ces communautés, perçoivent un impôt symbolique de leur part, et leur donnent accès à un système de justice divine. Ce faisant, elles fonctionnent comme une branche religieuse de la bureaucratie impériale, à laquelle elles sont par ailleurs intégrées. Cette triple bureaucratie, taoïste, divine, et impériale, a fonctionné jusqu’au début du XXe siècle.

Abstract

Abstract

The territorial dimension of early modern China’s socio-religious organization is intimately linked with Daoism and its bureaucratic worldview. This article studies such a link through a case study of the Jiangnan area during the late imperial period. Jiangnan was characterized by particularly deeply rooted Daoist elites who controlled central temples. These elites and temples oversaw local territorial communities in a bureaucratic manner, as they nominated their local gods, collected a symbolic tax from their members, and administered a system of divine justice for them. They thus operated as a religious branch of the imperial bureaucracy, to which they firmly belonged. The triple Daoist/Divine/Imperial bureaucracy functioned in such a way until the early twentieth century.

Type
État et religion en Chine
Copyright
Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2010

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Footnotes

*

Une première version de cet article a été présentée aux universités de Pittsburg, Rutgers, et Princeton en mars et avril 2009; je suis très reconnaissant à Katherine Carlitz, Kang Xiaofei, Liu Xun, Susan Naquin et Stephen Teiser qui ont organisé ces présentations, et aux auditeurs qui m’ont permis par leurs questions et remarques de considérablement améliorer mon argumentation. Fang Ling m’a apporté une aide irremplaçable dans la collecte des données de terrain et écrites, et Isabelle Charleux a patiemment relu les versions successives de ce texte. John Lagerwey et un évaluateur anonyme ont apporté des critiques très utiles à la préparation du manuscrit. Je remercie également l’ANR et la Chiang Ching-Kuo Foundation qui ont financé les recherches ayant mené à cet article dans le cadre du projet collaboratif international (2007-2010) intitulé « Temples, urban society and taoists » (http://www.gsrl.cnrs.fr/taoist-and-temple/).

References

1 - Une telle comparaison donne un certain intérêt au qualificatif, pour eux méprisant, de « Pape taoïste » donné au Maître Céleste par des missionnaires protestants.

2 - Le Tianshidao demandait à chacun de ses membres cinq boisseaux de riz, ce qui lui valut le sobriquet parmi ses détracteurs de « Voie des cinq boisseaux de riz ».

3 - Pour un état des connaissances récent, voir Espesset, Grégoire, «Latter Han religious mass movements and the early Daoist church», in Lagerwey, J. et Kalinowski, M. (dir.), Early Chinese religion, Leyde, Brill, 2009, p. 1161-1201 Google Scholar.

4 - Schipper, Kristofer, «Le pacte de pureté du taoïsme», La religion de la Chine. La tradition vivante, Paris, Fayard, 2008, p. 127-160 Google Scholar.

5 - Dean, Kenneth, Taoist ritual and popular cults of South-East China, Princeton, Princeton University Press, 1993 Google Scholar.

6 - Dean, Kenneth, «China’s second government: Regional ritual systems in Southeast China», in Ch’iu-kui, Wang, Yingzhang, Zhuang et Zhongmin, Chen (dir.), Shehui, minzu yu wenhua zhanyan guoji yantaohui lunwenji, Taipei, Hanxue yanjiu zhongxin, 2001, p. 77-109 Google Scholar.

7 - Par exemple Hymes, Robert, Way and byway: Taoism, local religion, and models of divinity in Sung and modern China, Berkeley, University of California Press, 2002 CrossRefGoogle Scholar.

8 - Goossaert, Vincent, «Counting the monks: The 1736-1739 census of the Chinese clergy», Late Imperial China, 21-2, 2000, p. 40-85 CrossRefGoogle Scholar.

9 - Jian, Yang, Qing wangchao fojiao shiwu guanli, Beijing, Shehui kexue wenxian chu-banshe, 2008 Google Scholar, chap. 1.

10 - (Qinding) Libu zeli, Taipei, Chengwen chubanshe, [1851] 1966, 170:1a-2b; Goossaert, Vincent, The Taoists of Peking, 1800-1949: A social history of urban clerics, Cambridge, Harvard University Asia Center, 2007, p. 59-62 CrossRefGoogle Scholar.

11 - Ce chiffre est en réalité une sous-estimation, dans la mesure où les données du Gujin tushu jicheng sont incomplètes, et où certains fonctionnaires taoïstes cumulaient plusieurs postes (une préfecture et un district, notamment).

12 - «Yanjin huoju», Shenbao, Shanghai, Shenbaoguan, 1872-1949, GX8/3/13 (les articles du quotidien shanghaien Shenbao sont cités ici par le jour dans le calendrier des Qing, GX renvoyant à l’ère Guangxu (1875-1808), et le format année/mois lunaire/jour), évoque un fonctionnaire taoïste demandant l’aide du gouverneur du Jiangsu pour imposer son autorité sur les taoïstes au foyer et leur droit d’exercer.

13 - C’était par exemple le cas à Anqing, capitale de l’Anhui: Shouzhen, Zhan, «Anqing daoguan de jianzao yu chuanshuo » et « Anqing daojiao tanzhu ji keshi», Anqing wenshi ziliao, 25, 1994, p. 108-112 et 116-118 Google Scholar; voir aussi Hongtu, Xu et Yuanshi, Shi, Zhejiang sheng Shangyu xian Lingbao zhai tan keyiben huibian, Taibei, Xinwenfeng chuban gongsi, 2006, p. 7 Google Scholar pour le cas de Shangyu (entre Hangzhou et Ningbo); pour des cas semblables hors de la région du Jiangnan, voir Deyu, Wei, «Ming yilai Zhengyi pai daojiao de shisuhua – dui Minxi huoju daoshi de diaocha», Shehui kexue, 11, 2006, p. 153-160 Google Scholar; Zhenman, Zheng et Dean, Kenneth, Fujian zongjiao beiming huibian – Quanzhou fu fence, Fuzhou, Fujian renmin chubanshe, 2004, no 782 Google Scholar.

14 - Goossaert, Vincent, «Les institutions lignagères des spécialistes religieux en Chine, 16e-21e siècles», in Herrou, A. et Krauskopff, G. (dir.), Moines et moniales de par le monde. La vie monastique au miroir de la parenté, Paris, L’Harmattan, 2010, p. 305-318 Google Scholar. Comme le montre Faure, David, Emperor and ancestor: State and lineage in South China, Stanford, Stanford University Press, 2007 CrossRefGoogle Scholar et Id., « La solution lignagère. La révolution rituelle du XVIe siècle et l’État impérial chinois», Annales HSS, 61-6, 2006, p. 1291-1316, l’organisation en lignage est en elle-même une marque d’intégration à l’État impérial et au statut d’élite.

15 - Dans d’autres parties de la Chine, les élites taoïstes font partie d’un second système de lignage, appelé Quanzhen, ce qui conditionne des modes d’organisation bureaucratique différents. Des taoïstes affiliés au Quanzhen sont bien présents au Jiangnan avant 1900, mais ils n’y sont pas, sauf exception, en position dominante.

16 - Goossaert, Vincent, «Bureaucratic charisma: The Zhang Heavenly Master institution and court Taoists in late-Qing China», Asia Major, 17-2, 2004, p. 121-159 Google Scholar.

17 - Song, Lu et Langzhai, Zhu, Wushan Chenghuangmiao zhi, in Zhongguo daoguan zhi congkan , Nanjing, Jiangsu guji chubanshe, [1789] 2000 Google Scholar, vol. 19, 5.1a-4b; le cas du Xuanmiaoguan de Suzhou était similaire.

18 - Shin-yi, Chao, «Huizong and the divine empyrean palace temple network», in Ebrey, P. B. et Bickford, M. (dir.), Emperor Huizong and late Northern Song China: The politics of culture and the culture of politics, Cambridge, Harvard University Asia Center, 2006, p. 324-358 Google Scholar; Schipper, Kristofer, «Note sur l’histoire du Dongyue miao de Pékin», in Dieny, J.-P. (dir.), Hommage à Kwong Hing Foon. Études d’histoire culturelle de la Chine, Paris, Collège de France, 1995, p. 255-269 Google Scholar.

19 - Les grandes guildes commerciales notamment apparaissent systématiquement comme fortement liées aux grands temples centraux, au point d’en venir à les contrôler totalement comme au temple du dieu de la ville de Shanghai depuis la fin du XIXe siècle.

20 - Renshu, Wu, «Ming Qing Jiangnan Dongyue shen xinyang yu chengshi qunzhong de jiti kangyi – yi Suzhou minbian wei taolun zhongxin», in Hsiao-t’i, Li (dir.), Zhongguo de chengshi shenghuo, Taipei, Lianjing, 2005, p. 149-206 Google Scholar; Yinong, Xu, The Chinese city in space and time: The development of urban form in Suzhou, Honolulu, University of Hawai’i Press, 2000, p. 183-199 Google Scholar.

21 - K. Schipper, « Note sur l’histoire du Dongyue miao... », art. cit.

22 - Notons que les temples du dieu de la ville et du Pic de l’Est sont extrêmement nombreux au Jiangnan, et beaucoup d’entre eux ne sont pas des temples centraux.

23 - Ainsi, le grand temple du Pic de l’Est à Pékin fédérait une centaine d’associations différentes: Naquin, Susan, Peking: Temples and city life, 1400-1900, Berkeley, University of California Press, 2000 Google Scholar; Kristofer Schipper, «Structures liturgiques et société civile à Pékin » (1997), La religion de la Chine..., op. cit., p. 355-382.

24 - Wolf, Arthur P., «Gods, ghosts, and ancestors», in Wolf, A. P. (dir.), Religion and ritual in Chinese society, Stanford, Stanford University Press, 1974, p. 131-182 Google Scholar.

25 - Shahar, Meir et Weller, Robert P. (dir.), Unruly gods: Divinity and society in China, Honolulu, University of Hawai’i Press, 1996 Google Scholar.

26 - Par bureaucratie taoïste, je n’entends pas ici l’administration taoïste nommée par la bureaucratie impériale et présentée plus haut, mais les structures mises en place par les taoïstes eux-mêmes (même si elles se recoupent dans une assez large mesure).

27 - Cette procession (sanxunhui) était observée dans toutes les villes de Chine. Le fait que les dieux du sol de chaque quartier y participaient est bien documenté pour diverses villes du Jiangnan, notamment Suzhou: Goossaert, Vincent, «Managing Chinese religious pluralism in the nineteenth-century city gods temples», in Klein, T., Meyer, C. et Gentz, J. (dir.), Chinese religions in the age of globalization, 1800 to the present, Boston, Brill, à paraître Google Scholar.

28 - « Wulin saihui», Shenbao, GX21/6/15.

29 - Wu Renshu, « Ming Qing Jiangnan Dongyue... », art. cit., p. 166-171. Par exemple, pour Shanghai, « Yueshen shengzuo», Shenbao, GX21/7/27 et « Rengui liangde», Shenbao, GX4/7/2. Pour le chaoshen à Hangzhou, voir ci-dessous. Sur les temples de l’Empereur du Pic de l’Est comme le sommet de la hiérarchie des systèmes rituels dans les villes du Jiangnan, voir aussi von Glahn, Richard, «The sociology of local religion in the Lake Tai basin», in Lagerwey, J. (dir.), Religion and Chinese Society, Hong Kong/Paris, Chinese University Press/EFEO, 2004, p. 773-815 Google Scholar.

30 - V. Goossaert, Taoists of Peking..., op. cit., p. 199-207.

31 - Yuan, Gu, Suzhou Xuanmiaoguan zhi, in Zangwai daoshu, Chengdu, Bashu shushe, [1832] 1992-1994, vol. 20 Google Scholar, 5.1a-5b.

32 - Lu Song et Zhu Langzhai, Wushan Chenghuangmiao zhi..., op. cit., 5.4b-15b.

33 - Daogen, Pan, Kunshan xian Chenghuangmiao xuzhi, in Zhongguo daoguan zhi congkan xubian, Yangzhou, Guangling shushe, 2004, vol. 14, p. 28-38 Google Scholar.

34 - Yaoting, Chen, «Shanghai daojiao shi», in Renze, Ruan et Zhennong, Gao (dir.), Shanghai zongjiao shi, Shanghai, Shanghai renmin chubanshe, 1992, p. 353-438 Google Scholar, ici p. 399.

35 - Dou, Li (fl. 1764-1795), Yangzhou huafanglu, Beijing, Zhonghua shuju, 1997, 1:25 Google Scholar. Sur les rapports entre les Maîtres Célestes et les temples du dieu de la ville, voir Goossaert, Vincent, «Qingdai Jiangnan diqu de Chenghuangmiao, Zhang Tianshi ji daojiao guanliao tixi», Qingshi yanjiu, 1, 2010, p. 1-11 Google Scholar.

36 - Jianchuan, Wang, «Zhang tianshi zhi yanjiu: Yi Longhushan yixi wei kaocha zhong-xin», thèse de doctorat, Guoli Zhongzheng daxue, 2003 Google Scholar; V. Goossaert, « Bureaucratic charisma... », art. cit., p. 139-141. Pour un exemple d’édit de canonisation (daté de 1790) d’un dieu de la ville d’un bourg près de Yangzhou, et promulgué par le Maître Céleste, voir Chun, Dong, Gantang xiaozhi, in Zhongguo difangzhi jicheng, Xiangzhen zhi zhuanji, vol. 16, Nanjing/Shanghai/Chengdu, Jiangsu guji chubanshe/Shanghai shudian/BaShu shushe, [1855] 1992 Google Scholar, 4.5a-b.

37 - Qiyuan, Chen (1811-1881), Yongxian zhai biji, Beijing, Zhonghua shuju, 1989 Google Scholar, « Miaogui manshen», p. 178-179.

38 - Atsutoshi, Hamashima, Sokan shinko: kinsa Κθηαη noson shakai to minkan shinko, To¯kyo¯, Kenbun Shuppan, 2001, p. 231-232, 320-322Google Scholar; V. Goossaert, « Bureaucratic charisma... », art. cit., p. 139-141.

39 - Un certificat de canonisation peint datant de 1641 constitue une source particulièrement remarquable: Little, Stephen (dir.), Taoism and the arts of China, Chicago, The Art Institute of Chicago/University of California Press, 2000, cat. 82 Google Scholar.

40 - Chi, Qian, Huangxizhi, in Zhongguo difangzhi jicheng, Xiangzhen zhi zhuanji, vol. 11, Nanjing/Shanghai/Chengdu, Jiangsu guji chubanshe/Shanghai shudian/BaShu shushe, [1831] 1992 Google Scholar, 8.9a-b.

41 - Hamashima Atsutoshi, Sõkan shinkõ..., op. cit., p. 231-232 note que plusieurs canonisations eurent lieu pendant une tournée du Maître Céleste dans la préfecture de Songjiang (actuel Shanghai) au début des Qing.

42 - Pan Daogen, Kunshan xian Chenghuangmiao xuzhi..., op. cit., p. 78-79.

43 - Observation de terrain par Fang Ling, Hangzhou, 2008.

44 - von Glahn, Richard, The sinister way: The divine and the demonic in Chinese religious culture, Berkeley, University of California Press, 2004 CrossRefGoogle Scholar, chap. 7.

45 - Dadunjin, je n’ai pu déterminer le sens précis de cette expression qui se réfère manifestement, comme les autres pratiques de cette liste, à une transaction monétaire contractuelle conditionnant le salut individuel.

46 - Yuqian, «Xunsu tiaoyue»,cité par WURenshu,«Ming Qing Jiangnan Dongyue... », art. cit., p. 173.

47 - Hamashima Atsutoshi, S o¯kan shinko¯..., op. cit., p. 205-219; voir aussi les travaux des historiens chinois qui ont prolongé la documentation et les analyses d’Hamashima: Wu Renshu, « Ming Qing Jiangnan Dongyue... », art. cit.; Zhen, Rong, Zhongguo gudai min-jian xinyang yanjiu: yi sanhuang he Chenghuang wei zhongxin, Beijing, Zhongguo shangwu chubanshe, 2006, p. 212-227 Google Scholar; Tao, Wu, «Qingdai Suzhou diqu de cunmiao yu zhenmiao: cong minjian toushe chengxiang guanxi», Zhongguo nongshi, 2, 2004, p. 95-101 Google Scholar; Jian, Wang, «Ming Qing yilai Jiangnan minjian xinyang zhong de miaojie: yi Su, Song wei zhongxin», Shilin, 6, 2008, p. 118-134 Google Scholar; et R. von Glahn, « The sociology of local religion... », art. cit., p. 800-801.

48 - Les leaders du temple villageois collectant l’impôt céleste étaient parfois identiques aux collecteurs de l’impôt dû à l’administration impériale, et tous deux étaient versés dans un bureau à proximité, si ce n’est dans le temple du dieu de la ville. L’assimilation du dieu du sol du quartier/village au chef du baojia (responsable de la police et de la collecte des impôts) est extrêmement fréquente dans les sources du XIXe siècle.

49 - « Jiaohui leijian», Shenbao, GX5/6/29.

50 - «Sanmao hui», Shenbao, GX3/2/26; «Sanmao shen huishen», Shenbao, GX3/3/17; « Jiexiang Maoshan», Shenbao, GX4/2/6.

51 - «Kanhui zhaoyang», Shenbao, GX5/5/5, qui relate le cas d’une communauté de Suzhou s’étant rendu au Qionglongshan pour payer l’impôt céleste, à la suite de quoi les dieux avaient déclaré qu’il manquait une certaine somme; la famille responsable organisa sa propre procession pour payer la somme manquante.

52 - «Pudong yinghui renao», Shenbao, TZ12/3/20. Le Qinciyangdian est aujourd’hui l’un des temples taoïstes les plus actifs de la municipalité de Shanghai, mais la pratique de l’impôt céleste semble y avoir disparu; pour une étude contemporaine de ce temple, voir Changyun, Ding, Zhongyu, Liu et Yougui, Ye, Qinciyangdian yu dongyue xinyang: yige zongjiao renleixue shijiao de kaocha, Shanghai, Shanghai cishu chubanshe, 2004 Google Scholar.

53 - Les taoïstes gérant le Xuanmiaoguan et le Shangzhenguan (le principal temple de Qionglongshan) sont étroitement liés, étant membres du même lignage issu de Shi Daoyuan ЅШМШ (?-1678), qui travailla auprès du Maître Céleste et servit l’empereur des Qing.

54 - Ke, Xu (1869-1928), Qingbai ¡eichao, Beijing, Zhonghua shuju, 1984 Google Scholar, «Wuren you jiexianghui », p. 4772-4773.

55 - Gu Yuan, Suzhou Xuanmiaoguan zhi..., op. cit., 12:3b-4a (citant le Wuxian zhigao Μϋϋδ^ίβ); Chu Renhu (fl. 1675-1695), Jianhu ji, Yangzhou, Jiangsu guangling guji keyinshe, 1983, miji 1, «Tianxiang».

56 - Les yuanbao sont des feuilles de monnaie d’offrande, soit jaunes (pour les dieux) soit argentées (pour les défunts), consacrées par la récitation d’une incantation et pliées en forme de lingot d’argent.

57 - Lu, Gu, Qingjia lu, Nanjing, Jiangsu guji chubanshe, [1830] 1997, 2:54-55 Google Scholar («Jie tianxiang »). Ce texte était déjà traduit par Doré, Henri S. J., Recherches sur les superstitions en Chine, Shanghai, Imprimerie de la Mission catholique, 1911-1938 Google Scholar, « Solder les impôts du Ciel », 1re partie, t. 2, no3 (1912), p. 294-295.

58 - Ching-lang, Hou, Monnaies d’offrande et la notion de trésorerie dans la religion chinoise, Paris, Collège de France, 1975 Google Scholar; voir aussi Scott, Janet L., For Gods, ghosts and ancestors: The Chinese tradition of paper offerings, Hong Kong, Hong Kong University Press, 2007 Google Scholar.

59 - « Lun jianjiao jiexiang zhi wu», Shenbao, GX5/7/2. Hou Ching-lang, Monnaies d’offrande..., op. cit., p. 105, cite le jie tianxiang dans sa discussion sur l’histoire des monnaies de trésorerie (kuqian), mais je pense qu’il s’agit d’une erreur, le jie tianxiang concernant les monnaies d’or et d’argent et non les monnaies de trésorerie qui sont un autre type de monnaies d’offrande.

60 - Hamashima Atsutoshi, Sōkan shinkō..., op. cit., p. 209, citant le Huangdu zhenzhi.

61 - Voir diverses interdictions de la collecte de l’impôt céleste liées à celle de l’organisation d’autres fêtes et invoquant la ségrégation des sexes: « Daoshi lianqian», Shenbao, GX3/2/16; « Jinzhi saihui», Shenbao, GX4/2/13; « Chajin bisu», Shenbao, GX4/3/21.

62 - Katz, Paul R., Divine justice: Religion and the development of Chinese legal culture, Londres, Routledge, 2009 Google Scholar.

63 - Sur les pratiques pénitentielles, voir P. R. Katz, Divine justice..., op. cit., chap. 5, et Goossaert, Vincent, «Irrepressible female piety. Late imperial bans on women visiting temples», Nan Nü. Men, Women and Gender in China, 10-2, 2008, p. 212-241 Google Scholar.

64 - Ling, Fang, «Hangzhou Laodongyuemiao de bianqian», Xianggang zhongwen daxue Daojiao wenhua yanjiu zhongxin tongxun, 12, 2008, p. 3-4 Google Scholar; voir aussi P. R. Katz, Divine justice..., op. cit., chap. 5 et Yongzhong, Lin et Songshou, Zhang, Laodongyue: miaohui diaocha baogao, Hangzhou, Zhejiang yinshuaju, 1936 Google Scholar.

65 - Le lien étroit entre la collecte de l’impôt céleste et les rituels de jugement, perçu par les observateurs du XIXe siècle, est clairement évoqué par un éditorial paru dans la presse en 1875 et critiquant ces deux pratiques: « Jiemingxiang», Shenbao, GX1/9/28. La coutume de collecter de la monnaie d’offrande à l’occasion du jugement des défunts par l’Empereur du Pic de l’Est fut importée de Hangzhou à Shanghai, nous dit un journaliste en 1878, par l’industrie de la monnaie d’offrande: « Rengui liangde», Shenbao, GX4/7/2.

66 - Les montagnes de monnaies d’offrande en papier accumulées dans le temple causaient régulièrement des incendies dont plusieurs ravagèrent le temple à la fin du XIXe siècle.

67 - «Jinzhi Hangzhou Dongyue chaoshen yi», Shenbao, GX6/6/14.

68 - Sheshen, offrir son corps, pratique que l’on a vue ci-dessus dénoncée par le gouverneur Yuqian et qui fait l’objet de tout un ensemble d’interdictions.

69 - Par exemple Mei, Yuan (1716-1798), Zi buyu quanji, Shijiazhuang, Hebei renmin chubanshe, 1997 Google Scholar, « Renshou youding yinjian buneng cengjian», xu 10, p. 592.

70 - Un grand temple de la région de Ningbo consacré au culte de l’alchimiste taoïste Ge Hong vendait des certificats d’ordination permettant d’assurer son salut dans l’au-delà: Zhiyuan, Shen et Bingcheng, Yue, «Lingfengshan ‘Ge Xianweng pusa’ xinyang diaocha», Zhongguo minjian wenhua, 3, 1991, p. 172-183 Google Scholar; Yue, Yu (1821-1906), Youtai xianguan biji, Shanghai, Shanghai guji chubanshe, 1986 Google Scholar, anecdote 212.

71 - « Fangshi lingying ji »; « Xushi ganshen ji »; « Shenliao yinsheng ji »; Lu Song et Zhu Langzhai, Wushan Chenghuangmiao zhi..., op. cit., 4:5a-10b.

72 - Sur le monde religieux de cet auteur, voir Goossaert, Vincent, «Yu Yue (1821-1906) explore l’au-delà. La culture religieuse des élites chinoises à la veille des révolutions», in Hamayon, R. et al . (dir.), Miscellanea Asiatica, Sankt Augustin, Monumenta Serica Google Scholar, à paraître.

73 - Yu Yue, Youtai xianguan biji, op. cit., anecdote 271.

74 - V. Goossaert, « Bureaucratic charisma... », art. cit., p. 132-133.

75 - Comme le suggère Brook, Timothy, «Tormenting the dead», in Brook, T., Bourgon, J. et Blue, G. (dir.), Death by a thousand cuts, Cambridge, Harvard University Press, 2008, p. 122-151 Google Scholar, les populations étaient sans doute tout autant informées des procédés et de la culture bureaucratiques par les rituels, l’opéra et les livres de morale que par une expérience directe de la bureaucratie impériale.