La rénovation du vieil Empire marocain par le Protectorat français a posé d'innombrables problèmes, les uns spéciaux et localisés, les autres de portée générale. Le pays est ainsi devenu un vaste champ d'expériences, qui intéressent les techniques et les sciences les plus diverses. Des succès fort inégaux ont couronné des improvisations hasardeuses. Mais il est aussi des échecs instructifs pour l'observateur désintéressé. Les essais poursuivis sur le plan social méritent une attention toute particulière. Une des grandes infériorités de la sociologie sur les sciences de la nature, c'est l'impossibilité de l'expérimentation. L'Empire chérifien représente une chance merveilleuse : l'évolution actuelle de la société marocaine, beaucoup mieux que les survivances de sociétés primitives, place l'observateur devant des expériences vécues.

Le monde marocain était naguère figé dans des moules séculaires : son originalité a été bien dégagée par des voyageurs dilettantes, assez intelligents pour comprendre, assez artistes pour sentir et exprimer son charme unique profondément humain.

L'enquête que nous ouvrons aujourd'hui n'a rien d'une improvisation. Les Annales étaient à peine nées que déjà nous y pensions. Les circonstances qui nous ont si longtemps empêchés de passer à l'exécution importent peu. Mais il convient, croyons-nous, de donner, en guise de préface, quelques précisions sur ce que nous attendons du travail d'équipe ainsi proposé à nos amis.

Partons du présent. La démarche nous est ici familière : non pas quoique nous soyons, par métier, avant tout des historiens, mais parce que nous nous efforçons d'être avant tout des historiens, c'est-à-dire, selon le mot de Henri Pirenne, des hommes qui aiment la vie et savent la regarder. De nos jours donc, il existe, dans presque tous les pays de vieille civilisation, un groupe que l'on dénomme et qui s'appelle lui-même : noblesse. Ne disons pas, trop hâtivement, une classe. Ce serait préjuger d'une terminologie que la recherche, entre autres objets, se propose précisément de mieux fixer.

La noblesse fut ou est un fait social ; d'abord, du Xe au XIVe siècle, de grande importance au double point de vue de la défense armée et de l'administration seigneuriale ; puis, peu à peu confiné au privilège fiscal vendu par l'État ; réduit, enfin, depuis 1789, à une conception héréditaire simplement idéale, mais non inopérante.

A son sujet beaucoup de notions fausses ont cours, depuis trois siècles, dues les unes à la vanité, les autres à l'envie : deux passions ignares et visionnaires. Pour arriver à savoir ce qu'il nous est possible de connaître en la matière, avec certitude, nous devrons donc éviter d'utiliser les écrits d'opinion, les généalogies faites « pro domo », et même les recueils d'actes originaux lorsqu'ils résultent d'un choix arbitraire destiné à étayer une thèse préconçue. En effet, de toutes les études sur la noblesse, la critique ne retient à peu près rien : toutes visent à exalter ou à dénigrer.

Que, dans l'ordre intellectuel comme dans celui de la pratique, l'éveil des curiosités naisse, presque toujours, d'une sorte d'ambiance collective, l'histoire de nos études, à défaut même de l'histoire tout court, suffirait à nous l'apprendre. Brusquement, une catégorie de phénomènes semble sortir de l'ombre, pour s'imposer aux efforts convergents des travailleurs. Ainsi a-t-on vu l'analyse des terroirs ruraux, longtemps négligée, conquérir en quelques années une place de premier plan parmi les préoccupations des chercheurs français. Les résultats certains demeurent encore loin de nos prises. Mais l'enquête est en route et c'est, désormais—tant observations comme hypothèses s'accumulent avec rapidité, — à intervalles de plus en plus rapprochés qu'il convient de faire le point. Un ouvrage récent et considérable nous en fournira aujourd'hui l'occasion.

Dans les Annales (polonaises) d'histoire sociale et économique, Mr Sulimirski étudie (p. 1-56) « l'influence du climat sur le peuplement et les migrations ». L'examen des sols dans l'Europe du Sud-Est, et particulièrement celui des terres noires et des loess, a révélé des variations récentes du climat. L'auteur s'est efforcé de les dater d'après les trouvailles préhistoriques faites dans le Sud-Est de la Pologne. Étendant son enquête jusqu'à l'Ukraine méridionale, d'une part et, de l'autre, jusqu'à la Suède, il établit une chronologie. L'humidité, faible une vingtaine de siècles avant notre ère, augmente jusque vers 300 av. J.-C. A partir de ce maximum, elle diminue jusque vers le milieu du XVe siècle, pour croître à nouveau jusqu'à nos jours. La courbe de la population dans l'Ukraine méridionale refléterait les mêmes fluctuations.

Un Congrès de la montagne marocaine sera organisé par l'Institut des Hautes Études marocaines de Rabat à Pâques 1937. Il a été utilement précédé d'une réunion préparatoire à Pâques 1936, où furent examinés et discutés les problèmes de méthode. Ceux-ci sont orientés dans une triple direction de recherches : 1° définition de la montagne marocaine (étude physique) ; — 2° rôle humain de la montagne : économie montagnarde, genres de vie indigènes, institutions berbères, linguistique… ; — 3° originalité de la montagne marocaine par rapport aux autres montagnes méditerranéennes et aux montagnes en général. A peine est-il besoin de souligner l'intérêt de cette dernière comparaison quand on songe à la place très restreinte de la montagne marocaine dans le livre synthétique de Mr Jules Blache sur «L'Homme et la Montagne » (1933).

LeNankai Social and Economic Quarterly continue, sous un titre nouveau, le Nankai Weekly Statistical Service et le Monthly Bulletin on Economic China, que publiait depuis quelques années l'Institut Économique de l'Université Nan-k'ai, à T'ien-tsin. Sous la direction de Mr H. D. Fong, un des économistes les plus actifs et les plus compétents de la jeune Chine, cette publication apporte une contribution de valeur à l'étude des problèmes économiques et sociaux qui commencent à préoccuper une partie de la nouvelle génération chinoise, formée surtout à l'école anglo-saxonne. La plupart des articles contenus dans ces trois volumes, et dont quelques-uns seulement sont dus à des spécialistes occidentaux, témoignent d'un réel effort d'objectivité scientifique ; des faits y sont présentés et analysés avec un souci manifeste de faire prévaloir l'observation sur les théories, les questions de méthode ne sont pas éludées, le ton est sobre et même critique.

Dans la haute vallée du Tibre, le bourg de Sansepolcro, après une assez courte période d'indépendance, conquise sur son abbé et péniblement maintenue contre les pouvoirs voisins, tomba, en 1370, sous la domination des Malatesta. Là vivait, vers ce temps précisément, un marchand nommé Giubileo di Niccolô Carsidoni. Il appartenait, sans nul doute, à une des bonnes familles de la bourgeoisie locale ; ne le voit-on pas, dès 1365, probablement fort jeune, membre du Conseil du Peuple et appelé, en même temps, à suppléer un de ses oncles au Conseil des Vingt-Quatre ? Ses débuts d'homme d'affaires furent pourtant des plus modestes. En 1370, la défaillance d'un sien débiteur l'ayant empêché de remplir ses propres engagements vis-à-vis de ses créanciers, il fut jeté dans la prison pour dettes : cela, faute de pouvoir disposer d'une somme assez médiocre.

On ne redira jamais assez combien les études d'histoire sont inorganisées en France. Et même ailleurs. II a fallu l'occasion d'un cours professé au Collège de France, non pas sur l'Histoire de la Poste en tant qu'institution, mais sur le transport de la pensée, sa vitesse et ses conditions au cours des temps modernes, pour que vienne à ma connaissance, par une démarche personnelle de l'auteur, la publication dans un périodique de caractère officiel et technique — le jeune Bulletin d'informations, de documentation et de statistique du Ministère des P. T. T. (il a été créé en 1931) — de toute une série d'articles très sérieusement et solidement documentés qui, sous la rubrique générale de Pages et documents d'histoire postale, représentent, en réalité, les chapitres d'une Histoire générale de la Poste en France sous l'Ancien Régime qui nous manque absolument.

Une nationalité vivace qui a su produire au Moyen Age une civilisation brillante et porter son nom d'un bout à l'autre de la Méditerranée : elle a semblé s'éclipser ensuite et sombrer sous la centralisation castillane ; elle s'est relevée à la fin du XIXe siècle ; elle s'affirme chaque jour avec plus d'énergie que la veille, jusqu'à se faire une place à part dans la nouvelle république espagnole — voilà l'image qu'a donnée d'elle la nationalité catalane. Mais quelles réalités démographiques se cachent sous ce nom ? Quelles en ont été les vicissitudes et surtout quelles en sont aujourd'hui les forces réelles ? Les historiens sauront gré à Mr Josep A. Vandellôs de le leur dire dans deux ouvrages récents.

Actuellement avec ses 32 000 km2 la Catalogne est un peu plus grande que la Belgique et représente 6,3 p. 100 de la superficie de l'Espagne.

Marché financier, marché monétaire : il n'est pas de grande place financière digne de ce nom qui ne possède à la fois ces deux mécanismes indispensables. Toutefois, lorsque l'on veut fixer en quelques traits la physionomie distinctive de ces grandes places que sont Londres, New York, Paris, Amsterdam, c'est avant tout à la distinction aujourd'hui classique entre marché monétaire et marché financier qu'il faut en revenir, plus précisément aux diverses combinaisons auxquelles peuvent donner lieu leurs rapports et rôles réciproques.!

On sait que le terme de marché monétaire désigne le marché de l'argent à court terme (marché de l'argent tout court ; en anglais, money market; en allemand, Geldmarkt); au contraire, l'appellation, plus vague en soi, de marché financier est de plus en plus réservée au marché du crédit à long terme, autrement dit des valeurs mobilières : Bourse et émissions de titres.