L'histoire sociale de la Rome républicaine ne nous sera intelligible que le jour où le système censitaire, défini par les commentarii attribués au roi Servius Tullius, aura été correctement interprété et daté. Des études considérables ont été consacrées, particulièrement par Mr Cavaignac, à ce problème difficile entre tous. Sans vouloir entrer dans le détail de ces discussions, je me propose de présenter quelques observations, qui seraient peut-être de nature à constituer des « faits nouveaux » et à suggérer une revision des termes du problème.

C'est avec joie qu'on constate au Japon, durant ces dernières années, un effort soutenu vers l'étude des aspects économiques et sociaux de l'histoire nationale. Sans doute beaucoup de ces travaux, se bornant à l'analyse littérale des textes, négligent de scruter les forces profondes dont les documents ne donnent qu'une expression souvent imparfaite ; mais ces recherches même ont leur utilité ; et il en est d'autres où l'on a le plaisir de trouver la marque d'une compréhension plus pénétrante. Nous nous limiterons cette fois aux ouvrages qui concernent, plus spécialement, les rapports de la religion avec la structure économique et sociale.

Le chef du séminaire d'Histoire Économique de l'Université de Vienne a donné récemment une mise au point extrêmement utile des résultats acquis, en grande partie sous sa direction, au sujet du peuplement des Alpes autrichiennes et de leur évolution rurale jusqu'à la Réforme. Un travail de cette sorte n'existe pas encore pour les Alpes occidentales, et ce n'est que depuis peu qu'on dispose de travaux récents permettant d'y songer bientôt. Mais déjà de la comparaison des résultats, une conclusion d'ensemble paraît se dégager : jusqu'aux invasions germaniques et slaves, l'évolution des sociétés alpines est sensiblement analogue aux deux extrémités de la chaîne ; après ces invasions elles-mêmes, malgré les différences de peuplement et de langage, bien des traditions persistent, des nécessités naturelles comparables imposent des formes d'adaptation voisines, une évolution historique orientée dans le même sens général prolonge longtemps des ressemblances sociales, économiques, géographiques'qui, même aujourd'hui, sont loin d'avoir disparu.

Les précédents collaborateurs à cette enquête ont surtout insisté sur l'intérêt que présentait le cadastre pour l'histoire et la géographie économique. Sans diminuer en quoi que ce soit la valeur de leurs conclusions, on est bien obligé de reconnaître que les principaux intéressés, les paysans, se plaignent constamment de son imperfection. C'est de cette imperfection que nous voudrions ici rechercher les causes principales. Nous nous appuierons, d'une part, sur les très pénétrantes observations d'un agriculteur cantalien qui a entrepris la comptabilité détaillée de son domaine (Pradines), couvrant 44 ha.; d'autre part, sur l'étude d'une propriété limousine (à Saint-Viance), beaucoup plus petite (3 ha. et demi seulement en 1913), mais à propos de laquelle semblent s'accumuler toutes les sources d'erreur possible.

J'ai eu naguère l'occasion d'entretenir nos lecteurs de cette vaste entreprise, qui fut l'oeuvre propre du Consulat; bien qu'elle n'ait jamais été achevée, elle a certainement amené l'établissement de plans très nombreux, inutilisables, à vrai dire, pour l'étude de la structure interne des terroirs — puisque les limites parcellaires n'y sont point portées, — fort précieux, par contre, comme témoignage sur l'exploitation agricole. Dispersés à l'extrême et souvent bien difficiles à découvrir, ces documents si instructifs ont longtemps été victimes d'un absurde oubli. Aujourd'hui, cependant, l'attention a été ramenée sur eux par l'enquête qu'a si heureusement prescrite la Direction des Archives et à laquelle l'initiative prise, dès leurs débuts, par nos Annales n'a point été étrangère.

En marge d'un mémoire sur les finances de la ville de Gand, que vient ie couronner l'Académie de Belgique et qui va doter l'histoire urbaine des Pays-Bas d'un monument comparable aux ouvrages similaires d'Espinas, de Bûcher, de Sieveking et de Stilda, Mr Hans Van Werveke nous donne le résultat de ses recherches sur Les conséquences économiques et sociales de la politique monétaire des comtes de Flandre de 1337 à 1433 : étude très courte, mais riche d'aperçus nouveaux.

Le titre même du travail appelle une première observation : les mots «politique monétaire», qui impliquent une notion de dessein, peuvent-ils s'appliquer aux mutations des monnaies auxquelles ont dû procéder les comtes de Flandre, contraints et forcés, comme la plupart des princes de leur temps ? On en peut douter.

Sans plus attendre, sans prendre le temps d'en dénombrer en détail toutes les richesses, signalons l'apparition aux Éditions Domat-Montchrestien du volume qui achève et couronne le Cours d'économie politique professé en trois années au Conservatoire national des Arts et Métiers par Mr François Simiand. Comme les trois volumes de ce cours n'ont paru ni simultanément, ni dans leur ordre normal — le premier publié, le cours de 1928-1929, formait le tome II de l'ensemble ; il a été suivi du tome III (cours de 1929-1930) ; celui qui vient de paraître (cours de 1930-1931) est, en réalité, le tome Ier — rappelons brièvement les divisions organiques de ce remarquable ensemble.

L'American Academy of Political and Social Science, depuis longtemps déjà, consacre chaque volume de ses Annales à quelque question importante, pour laquelle elle demande le concours d'un grand nombre de spécialistes qualifiés. Ces « symposiums », comme on dit de l'autre côté de l'Atlantique, constituent de précieuses mises au point, qu'anime le conflit des opinions divergentes.

Un volume de la série, concernant les bourses de marchandises aux États- Unis, avait paru en 1911 : il ne traitait, et pour cause, que des bourses des grains, du coton et du café.

Mr P.-L. Michotte emprunte à la « géographie urbaine » les notions de situationet de sitepour en faire une excellente application à la « géographie industrielle »: ni déterminisme rigoureux ni, non plus, « caprice » Si le site a gardé tout son empire — conclut-il au terme de sa très minutieuse étude illustrée de cartes précises des hauts fourneaux existant en 1830, 1848, 1860 et 1930, — « parler encore de situation (en Belgique) est devenu presque un anachronisme » !

Avant la fonte au coke, la localisation de la sidérurgie sur le versant septentrional de l'Ardenne, dans le haut pays de l'entre Sambre-et-Meuse s'expliquait, en effet, par des raisons de situation : abondance du fer, présence des forêts et des forces hydrauliques, caractère saisonnier du travail compensant la faible densité humaine.

Dans sa préface, Mr Jean Guéhenno écrit : « En décembre dernier, je cherchais partout des renseignements sur le plan quinquennal. Or, les revues anglaises ou américaines que je lisais, toutes me renvoyaient à une même étude comme à la plus objective et à la plus honnête qui fût. Cette étude avait été publiée, disait-on, dans le numéro de novembre de la grande revue financière anglaise The Economist. Elle était de Mr Michael Farbman. Il me suffirait pour faire la présente notice bibliographique, d'inverser en quelque sorte la phrase de Mr Guéhenno, et de dire : « En décembre dernier (1930), on me demandait souvent des renseignements sur le plan quinquennal. Or, je renvoyais à une même étude, etc. »