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Les Sociétés Berbères dans L'aurès Méridional

Published online by Cambridge University Press:  21 August 2012

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Les Berbères de l'Aurès, pour désigner leurs groupes sociaux, utilisent deux mots: harfiqt et εarch L'un, εarch, correspond à la tribu, c'est-à-dire à un groupe politique; l'autre, harfiqt, au groupe familial ou pseudo-familial. C'est la réunion d'un certain nombre de groupes pseudo-familiaux qui constitue une tribu.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © International African Institute 1938

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References

page 42 note 1 L'Aurès est une région montagneuse de l'Agérie, située en lisière du Sahara. Elle est habitée par des gens de langue berbère, que les Arabes nomment chaouīa. C'est également ce nom que leur donnent les Français d'Algérie, malgré la confusion possible avec les populations du Maroc dites aussi chaouīa.

Les chaouïa du Nord de l'Aurès sont actuellement sédentaires, ceux du Sud semi-nomades. Ils estivent dans l'Aurès et hivernent en Sahara.

page 42 note 2 Féminin singulier: harfiqt; pluriel hirfiqin. Vient de l'Arabe refqa qui signifie ‘fraction, portion’. Le ṯ de harfiqṯ est un t spirant.

page 42 note 3 Masculin singulier: lεǎrš; pluriel laεrāš. Vient de l'arabe.

page 42 note 4 Nous n'étudions ici que les sociétés des semi-nomades de l'Aurès méridional. Chez les sédentaires du Nord, les choses sont encore plus confuses et la harfiqṯ a perdu tout son sens sous l‘influence du développement de la propriété privée et des ventes et achats qu'elle favorise.

D'ailleurs, d'une manière générale, on peut dire que le maximum de complexité sociale coïncide avec le maximum de caractère sédentaire.

page 43 note 1 Féminin singulier: ljmεaṯ; pluriel: ljmue.

page 43 note 2 Masqueray, Formation des Cités, p. 30: ‘la famille prise isolément n'a pas de nom; on dit “les gens de …”. Par rapport à la cité, on la nomme refga (arabe).’

page 44 note 1 Masculin singulier: eammi; pluriel: eammumi. Le mot aiṯεammi est un pluriel collectif, et ne comporte pas de singulier.

page 44 note 3 Il est difficile de savoir si une femme mariée fait partie de la harfiqṯ de son père ou de celle de son mari: la cérémonie du mariage comporte bien une série de rites destinés à ‘lui faire oublier le chemin de la maison de ses parents’, mais d'autre part, elle continue à porter le nom de son père et, en cas de veuvage, retourne vivre chez ses frères et non chez ses beaux-frères. Ses enfants, en tout cas, sont de la harfiqṯ de leur père et n'ont aucun devoir vis-à-vis de la harfiqṯ de leur mère. Pourtant, dans l'Aurès comme au Maroc (Enquête de M. Destaing) il n'existe pas de mot pour nommer le fils d'un frère; on l'appelle simplement ‘mmis n uma’ (fils de mon frère), tandis qu'il existe un mot original pour dire le fils d'une sœur: ayyau. C'est un fait bien connu également que les sorcières algériennes, dans les incantations, ne nomment pas un individu par son nom suivi de celui de son père, mais suivi de celui de sa mère.

page 45 note 1 ‘Honneur’ se dit ahenfuf, pluriel ihenfaf; mot qui signifie également ‘nez’. Un informateur que j'interrogeais sur de très curieuses fêtes, rythmées par l'année solaire, et qui ont lieu sur les principaux sommets de l'Aurès, me répondit: ‘Le nez, c'est l'honneur de la personne: la montagne, c'est le nez de la terre, alors, la montagne a de l'amour-propre.…’

page 46 note 1 Le habous est un acte arabe par lequel un homme déshérite toute sa postérité feminine en faveur de sa postérité masculine jusqu'à extinction de celle-ci. Le habbous ne porte que sur les biens-fonds.

page 46 note 2 Il y a eu, depuis la conquête arabe, d'importants mouvements de population à l'intérieur du massif aurésien. A l'époque où se sont constituées les tribus actuelles dans leurs habitats actuels,la forme dela propriété indigène devait déjà être touchée par l'esprit coranique. Le habbous, tout en étant d'origine arabe, est précisément une manière de tourner la loi arabe et de maintenir un mode d'héritage conforme aux usages des Berbères. Si le communisme familial proprement dit a existé chez ces derniers, il semble que ce soit antérieurement à la formation des tribus actuelles (nous ne parlons que des semi-nomades de l'Aurès méridional). Dans le Nord, les tribus, socialement plus évoluées, paraissent historiquement plus anciennes.

page 47 note 1 ‘Consanguin’ est pris ici dans son sens étroit de ‘parenté par les mâles’ et non dans celui de ‘parenté par le sang ‘qu'on lui donne quelquefois.

page 47 note 2 Ce résumé ne peut donner qu'une idée très approximative de la complexité des modes indigènes de propriété. On trouve par exemple au Sahara, à proximité des terres de culture εarch, des terrains où chaque harfiqṯ groupe ses gourbis. Tout homme peut creuser son gourbi ou il lui plâit à. condition que ce soit sur le territoire de sa harfiqṯ. Ce gourbi une fois creusé est propriété privée de celui qui l'a creusé, il le lègue à ses fils, mais ni lui, ni eux, ne peuvent le vendre. En résumé on peut dire qu'au Sahara les terres de culture appartiennent à. la tribu, les terrains d'habitation à la harfiqṯ, et les habitations elles-mêmes aux individus.

page 47 note 3 C'est plus souvent la tribu que la harfiqṯ qui ‘invite’ ainsi un saint personnage. Et d'autant plus qu'une famille maraboutique répugne à se mélanger avec d'autres.

page 47 note 4 La baraka est une efficacité surnaturelle ajoutée à l'efficacité normale d'un être ou d'une chose. La baraka d'un marabout, c'est à la fois sa vertu, sa chance, sa saintete et le pouvoir miraculeux qu'il peut transmettre à l'un de ses fils ou, par voie d'initiation, à un successeur quelconque. Tout être, tout objet, peut avoir ou non de la baraka, de même certaines formules, tel le mot bismillah, qui, dit avant de manger, augmente la valeur de la nourriture.

page 47 note 5 On imagine la perturbation profonde que les ventes et achats de terrains, en se multipliant sous l'influence de la paix française, ont pu provoquer dans la structure de la société indigene. Cette tendance qui, chez les sédentaires, est antérieure à la conquête, a tellement bouleversé chez eux les stratifications sociales qu'elles sont presque méconnaissables.

page 48 note 1 A cause de la nécessité de défendre les récoltes, la disposition des terres cultivées prime celle des sources dans la détermination de l'habitat. Voir à ce sujet l'article de Th. Rivière sur l'Habitation chez les Ouled Abderrahmane, qui paraîtra ici même.

page 49 note 1 L'État civil existe depuis 1924 dans cette partie de l'Aures. On a donné un même nom de famille à tous les gens ayant un bisaïeul commun. Les indigènes ont appelé cette opération le ‘greffage’.

page 49 note 2 Dans les nombreuses généalogies de groupes que j'ai relevées on trouve très rarement l'association justifiée par une parenté utérine; en général, il y a d'abord association et ensuite alliance par mariage.

page 49 note 3 Dans les rites actuels du mariage, les coups de feu semblent avoir perdu le symbolisme du rapt, puisqu'on en tire également dans le cas,’ très fréquent, des mariages entre cousins. Par contre, on retrouve l'institution du rapt dans les légendes. La légende généalogique des Ait Daoud, à ce point de vue entre autres, a un caractère très archaïque.

page 50 note 1 C'est du moins la conception actuelle des gens de l'Abmar Khaddou en matière d'héritage. Je répète dans ce paragraphe ce qu'ils m'ont dit à ce sujet, mais je ne suis pas sure que ce soit exact. Ils observent de nombreuses coutumes sans les comprendre. Il faut rapprocher de ceci l'histoire de la propriété de la danse chez les msamda dont il est question un peu plus loin.

page 51 note 1 Pour ne pas augmenter les difficultés de lecture j'ai gardé l'orthographe traditionnelle. Ces divers patronymes se prononcent: ahabderrahman, aiddauḏ, aisimhand, aisiali musa ou aisiali u musa.

page 53 note 1 Dans le protocole des mariages, bien que les acteurs soient les groupes familiaux, c'est le groupe politique—la tribu—qui officie. La saison des mariages se situe entre la première pluie d'automne et les premiers labours, afin que la baraka des unions humaines vivifie les moissons futures, tandis que la terre, préparée par la première pluie a l'opération sacrée des labours, à l'enfouissement des céréles sacrées, débordante également de baraka, sanctifiera les mariages et les rendra féconds—échanges où se renforcent les puissances saintes qui sont la force de la tribu, les génératrices d'une abondante nourriture et de nombreux défenseurs. Tout ceci est très religieux et, malgré les apparences, intéresse autant le groupe politique que le groupe familial.

page 53 note 2 Le motif semblait suffisant à mon informateur; en fait il y en avait un autre également péremptoire: ce jeune homme était divorcé et l'usage veut qu'on ne fasse une grande fête que quand les deux conjoints sont neufs au point de vue matrimonial.

page 54 note 1 Les azriya sont les filles non mariées et les divorcées. Dans quelques tribus, elles peuvent se livrer à la prostitution; dans les autres, la coutume leur laisse une assez grande liberté, tout en prenant des mesures pour qu'elles ne puissent en user avec des étrangers. On a vu que le groupe agnatique montre sur ce point une certaine susceptibilité, et cette anecdote en est une nouvelle preuve.

Le mot hasliṯ qui signifie ‘poupee’, signifie aussi ‘fiancée, mariée’ et désigne également la petite héroïne de la fête des labours et la cuiller à pot qu'on habille en femme et qu'on promène solennellement pour faire pleuvoir. Petits garçons et petites filles jouent à la poupée, et chaque poupée a un nom, parfois un nom arbitraire, qui a plu à l'enfant, mais, plus souvent, le nom d'une fille qu'il connaît et admire.