La filiation, telle que définie par Guyotat, est ce par quoi un individu se situe et est situé par rapport à ses ascendants et descendants réels ou imaginaires. Le lien de filiation peut être l’objet d’une pathologie, en particulier dans les psychoses, délire de filiation, pathologie puerpérale, qui sont souvent associées à une anomalie ou à des brèches de la filiation « instituée » (ou symbolique), ou à certains traumatismes, blessures et carences narcissiques. On se propose d’étudier, à travers 2 vignettes cliniques de patients suivis pour schizophrénie, la psychopathologie du délire de filiation comme répercussion de l’existence de secrets et de non-dits dans l’histoire familiale.
1revignette cliniqueMr H.K., âgé de 23 ans, célibataire, scolarisé jusqu’au baccalauréat, benjamin d’une fratrie de 5, hospitalisé pour une schizophrénie avec une symptomatologie faite d’un délire de grandeur, un délire mystique, un délire de filiation et un syndrome dissociatif. Les entretiens du patient et de la famille ont révélé plusieurs discordances indiquant l’existence probable de secret de famille et de non-dits.
2evignette cliniqueMr K.M., âgé de 32 ans, célibataire, scolarisé jusqu’en 5e année secondaire, enfant adoptif, son père adoptif est décédé, il est suivi pour une schizophrénie paranoïde avec comme symptomatologie un délire de grandeur, de filiation et de persécution. La mère adoptive a toujours nié l’adoption. Dans les familles de patients psychotiques, on retrouve souvent des fantômes, tels qu’Abraham et Torok les ont décrits, c’est-à-dire des deuils pathologiques et des secrets inavoués. Le fantôme familial se transmet de génération en génération, par un non-dit, des béances, un silence, en sinistre héritage.