Le mariage occupe assurément beaucoup de place dans les sources de l'histoire romaine, aussi bien dans les recueils de droit que dans les traités de philosophie ou dans les manuels de morale. L'ennui est que ces divers ouvrages ne parlent pas toujours d'une même voix. Pour la raison sans doute qu'ils ne parlent pas non plus toujours de la même chose : description de la pratique matrimoniale quotidienne, théorie de l'amour conjugal, règles et structures juridiques régissant l'union légitime, autant de thèmes que les auteurs anciens ont abordés, en les isolant, comme s'ils étaient dotés d'une certaine autonomie. Il faut donc résister à la tentation, pourtant naturelle chez le chercheur, de mêler, dans un souci de synthèse peut-être prématuré, des informations peu compatibles, ou d'appliquer à une institution aux ramifications multiples, des observations incontestables certes, mais limitées à un aspect ou à un moment donnés.