Les Canadiens francophones sont naturellement exposés à un environnement bilingue constant. L'influence de la langue officielle dominante – l'anglais – sur leur langue maternelle ne peut être ignorée. Vu la politique linguistique proactive actuellement en place dans la province de Québec, on peut s'attendre à ce que la presse écrite francophone soit très attentive à la protection de la langue qu'elle utilise. Cependant, plusieurs études (Théoret, 1991; Martel et al., 2001; Chaput, 2009) ont montré que la presse n’échappait pas au phénomène d'anglicisation tant les traces laissées par les contacts entre les deux cultures étaient visibles à l’écrit dans l'utilisation de termes anglais ou anglicisés. Se basant sur deux visions s'opposant sur le sujet, cet article se propose d’étudier si le contexte culturel et linguistique des lectorats a une influence sur le degré d'anglicisation de la presse écrite canadienne francophone. La première hypothèse admet que plus une communauté est exposée à l'anglais de façon répétée, plus la fréquence d'utilisation d'emprunts à l'anglais dans les journaux est élevée ; la deuxième se base sur le principe de survie de la langue qui veut que lorsqu'il y a insécurité linguistique, la protection du lexique est beaucoup plus importante. Basée sur un corpus composé d'une année entière de publications de trois quotidiens destinés à trois communautés francophones québécoises et outaouaise, cette étude analyse la fréquence d'utilisation de plus de 500 « anglicismes », plus précisément des emprunts lexicaux intégraux et hybrides. Les résultats obtenus semblent confirmer la deuxième hypothèse, vu que la région la plus bilingue des trois communautés affiche les chiffres les plus bas.