INTRODUCTION AU PRÉSENT VOLUME

Les femmes en prison sont une minorité. Aujourd'hui, sur les 10,35 millions de détenus dans le monde, 6,8 % sont des femmes. Leur nombre augmente rapidement. Étant donné le nombre relativement faible de détenues, les politiques pénitentiaires sont traditionnellement élaborées en réponse au comportement des hommes. L'impact de ces politiques sur les femmes suscite jusqu'à présent peu d'intérêt. Les recherches menées sur les femmes en prison démontrent cependant que les détenues se distinguent de leurs homologues masculin en ceci (a) qu'elles sont généralement emprisonnées pour des raisons differentes et qu'une fois emprisonnées, (b) elles ont d'autres besoins. Les femmes sont par exemple plus souvent incarcérées pour des infractions liées aux stupefiants que pour des délits violents, elles sont sans cesse plus sensibles à une vaste gamme de problèmes mentaux et elles requièrent rarement des mesures de sécurité excessives semblables à celles qui sont appliquées aux détenus de sexe masculin.

Le fait que les systèmes pénitentiaires soient axés sur les hommes, associé aux besoins differents des détenues soulève des questions sur lefficience de nos systèmes actuels. Généralement, la politique pénitentiaire doit être axée sur la réalisation des objectifs de l'emprisonnement (notamment le châtiment) : la réhabilitation, la réintégration sociale et la dissuasion (prévention générale et particulière) et la neutralisation. L'approche utilisée pour atteindre ces objectifs peut être differente dans le cas des femmes. Parallèlement à cela, les questions liées à lefficacite ne sont pas les seules qui requièrent notre attention concernant les femmes en prison, des préoccupations relatives aux droits de l'homme peuvent également être soulevées. Les femmes en prison forment une minorité vulnérable. Contrairement aux hommes (ou plus fréquemment que ceux-ci), les femmes peuvent être confrontées à des besoins d'hygiène liés à la santé reproductive, à la maternité, au manque de ressources financieres, aux intimidations du personnel masculin, à des (ex) partenaires violents et autres problèmes specifiques au genre.

Les Règles des Nations Unies de 2010 concernant le traitement des détenues et l'imposition de mesures non privatives de liberté aux délinquantes (les Règles de Bangkok) - qui forment le thème central du présent ouvrage - traitent à la fois des droits de l'homme et des questions defficacite pertinentes pour les femmes en prison.