Les trois articles qui suivent ont une caractéristique remarquable : le médicament est au coeur de leur objet et de leur questionnement. La chose n’est plus exceptionnelle mais elle reste rare. Il y a encore peu de temps, le médicament ne bénéficiait d’un intérêt marqué parmi les sciences sociales ou humaines que chez les économistes et les juristes. Si l’on se cantonne à la sociologie de langue française, l’absence du médicament, non seulement comme objet d’études mais même comme simple élément pertinent d’une réalité plus vaste, dans deux récents manuels de sociologie de la médecine et des maladies1 indique combien la littérature dont ils restituent les principaux apports a pu faire l’impasse sur le remède, aussi bien comme partie prenante des pratiques que comme source d’interrogations et de mobilisations. L’accent dominant, depuis les années 1960, mis par la sociologie de la médecine et de la santé sur les organisations, les interactions et les professions, n’a pas facilité, semble-t-il, l’intérêt pour un objet à la fois industriel, marchand et scientifique, mobile au point de n’être circonscrit à aucun espace institutionnel ou professionnel spécifique.