Bien que caractérisée, dans son ensemble, par l’élévation des taux d’alphabétisation, l’Italie moderne reste encore un monde dans lequel l’oralité et l’écriture sont inextricablement liées. Afin de comprendre ce phénomène en profondeur, notamment les formes d’alphabétisation répandues parmi les groupes populaires, en particulier les femmes, il faut tenir compte non seulement des professionnels de l’enseignement mais aussi d’autres protagonistes, figures marginales ou improvisées souvent négligées dans les sources. Pour ces différentes raisons, on s’est intéressé ici, en priorité, au rôle, peu connu, des maîtresses de petites écoles et à leur enseignement, en général très simplifié par rapport à celui de l’école officielle. Puis, au travers d’un exemple concret, on a cherché à éclairer de l’intérieur les phénomènes identifiés précédemment grâce au travail d’archives. D’une autobiographie écrite par une femme de la fin du XVIIIe siècle — fille d’un jardinier, lectrice enthousiaste et poétesse autodidacte — émerge, filtré par le souvenir, le cadre très vivant et détaillé d’une éducation rustique, d’un contact passionné avec les livres et d’une lutte acharnée pour pénétrer le monde de l’écriture.