Cet article présente une synthèse des résultats obtenus par une étude internationale menée pendant quatre années sur la conjoncture des années 1300 dans le monde de la Méd.terranée occidentale chrétienne. Il en ressort une image fortement diversifiée. Géographiquement diversifiée : coexistent des régions «émergentes» en plein développement et d’autres dont les ressorts semblent usés. Et socialement diversifiée : les nouveaux chemins de l’économie et de la politique bouleversent les équilibres traditionnels, mettent à mal les anciennes formes de richesse et créent de nouvelles stratégies gagnantes. À la différence de l’Europe du Nord, l’Europe méridionale n’a pas connu la grande famine de 1315. Il n’y a pas, au Sud, de disette généralisée sauf en 1347. Les disettes y sont dues aux distorsions du marché plus qu’à la chute de la productivité des terres cultivées. L’urbanisation y est en pleine puissance et pèse sur les circuits d’approvisionnement. Le commerce pénètre partout et dans tous les milieux, notamment à partir d’un réseau de petites villes qui s’est densifié au cours du XIIIe siècle. Rien n’indique un réel manque de monnaie : le crédit, omniprésent, y supplée mais contribue à redistribuer les cartes économiques et sociales.