Dans le monde grec antique, il s’avère souvent difficile d’identifier les individus et de retrouver leurs parents, non seulement à cause de la documentation, mal datée et offrant peu de séries continues, mais aussi à cause du système onomastique qui repose sur le nom unique, sans attacher l’individu à une lignée au-delà du nom du père. Cependant, ce mode de nomination s’avère être un atout pour la reconstitution d’un type de lien : quand un individu est identifié comme l’enfant de son père, le nom porte au moins un lien de filiation explicite. En mettant en œuvre une suggestion d’Alain Bresson datant de 1984, nous proposons de mener, sur le corpus attique, une analyse de réseaux bâtie sur ce lien de filiation entre deux noms, afin de voir si les groupes cohésifs qu’ils révèlent sont de réels réseaux de parenté. L’article entend ainsi construire une nouvelle méthode d’étude des élites civiques. Il s’interroge sur la possibilité de construire des réseaux onomastiques qui évitent les biais méthodologiques et documentaires dans le nouveau contexte d’accessibilité des données numériques. Après avoir démontré qu’il est possible d’utiliser à des fins prosopographiques les données mises en ligne par le Lexicon of Greek Personal Names, l’article explore les modes d’enquête et de mise en récit induites non seulement par le corpus documentaire, mais aussi par l’outil réseau.