À la suite d’un accident radiologique dû à une source de gammagraphie survenu au Chili en décembre 2005 et impliquant une victime, l’IRSN a été sollicité pour réaliser la reconstitution dosimétrique par calcul Monte Carlo. Des outils, développés au laboratoire, associant des fantômes anthropomorphes mathématiques et voxélisés au code de calcul Monte Carlo mcnpx ont été mis en œuvre afin de déterminer la distribution de dose au niveau de la fesse gauche de la victime et la dose aux organes critiques. La cartographie dosimétrique réalisée au niveau de la fesse gauche montre que la dose à la surface est importante (1900 Gy) et chute rapidement pour atteindre 20 Gy à 5 cm de profondeur. Les calculs réalisés avec un fantôme mathématique indiquent que les doses moyennes aux organes critiques sont faibles et permettent d’identifier de possibles sites de prélèvement de moelle osseuse. S’appuyant sur la cartographie dosimétrique, une exérèse de 5 cm de profondeur et de 10 cm de diamètre a été pratiquée au niveau de la fesse gauche de la victime.

Les activités utilisant des rayonnements ionisants évoluent et nécessitent une surveillance dosimétrique adaptée. Dans le même temps, les techniques dosimétriques ont également évolué offrant notamment un choix de dosimètres électroniques plus important en particulier pour les neutrons ainsi qu’une diversification des techniques utilisables (TLD, OSL, RPL) pour la dosimétrie passive de routine. L’étude de poste est devenue incontournable afin de déterminer la façon la plus réaliste les caractéristiques de l’exposition dont résulte, entre autres, le choix des techniques passives et opérationnelles. Les différents dosimètres passifs aujourd’hui proposés par les laboratoires agréés présentent des performances globalement satisfaisantes. Par ailleurs, il existe sur le marché de multiples modèles de dosimètres électroniques susceptibles de couvrir les besoins associés à la dosimétrie opérationnelle. L’organisation d’intercomparaisons constitue un élément important du dispositif de contrôle de la bonne mise en œuvre des techniques de dosimétrie passive par les laboratoires agréés et des performances des dosimètres actifs dans des conditions réalistes d’utilisation. De telles intercomparaisons sont réalisées périodiquement, tant à un niveau national qu’international, afin de prendre en compte les évolutions des matériels, des pratiques et du plus grand nombre de situations possibles.

La collaboration de l’Institut de physique nucléaire de l’Académie des sciences de la République tchèque (IPN AS RTch) avec les laboratoires français de recherche en dosimétrie a commencé durant les années 1970. Pendant plusieurs années, elle s’est concentrée sur les sujets liés à la dosimétrie des neutrons. Les premières études concernaient l’utilisation des détecteurs thermoluminescents (DTL) dans les champs mixtes neutron-gamma (Spurný et al., 1976). Par la suite, elles se sont surtout orientées vers l’utilisation des détecteurs solides de traces (Spurný et al., 1987 ; Portal et al., 1986). Toutes ces études ont été menées en collaboration avec le Service de dosimétrie de l’Institut de protection et de sûreté nucléaire et une équipe de l’université de Limoges (Spurný et al., 1995).  Depuis le début des années 1990, la collaboration entre l’IPN et les laboratoires français s’est focalisée sur les problèmes liés à l’exposition aux rayonnements d’origine naturelle cosmique et tellurique.

The study of naturally-occurring radiation and its associated risk is one of the preoccupations of bodies responsible for radiation protection. Cosmic particle flux is significantly higher on board aircraft that at ground level. Furthermore, its intensity depends on solar activity and eruptions. Due to their professional activity, flight crews and frequent flyers may receive an annual dose of some millisieverts. This is why the European directive adopted in 1996 requires the aircraft operators to assess the dose and to inform their flight crews about the risk. The effective dose is to be estimated using various experimental and calculation means. In France, the computerized system for flight assessment of exposure to cosmic radiation in air transport (SIEVERT) is delivered to airlines for assisting them in the application of the European directive. This dose assessment tool was developed by the French General Directorate of Civil Aviation (DGAC) and partners: the Institute for Radiation Protection and Nuclear Safety (IRSN), the Paris Observatory and the French Institute for Polar Research - Paul-Emile Victor (IPEV). This professional service is available on an Internet server accessible to companies with a public section. The system provides doses that consider the routes flown by aircraft. Various results obtained are presented.

Following a request from the Permanent Secretary of the French Commission for Artificial Radioelements (CIREA) engaged to investigate a request for a licence related to a new scintigraphy unit dedicated to equidae, a dosimetric assessment concerning the personnel attending the examination was carried out. This scintigraphy unit depends on the Goustranville Centre for Imaging and Research on the Locomotive Diseases of Equidae (CIRALE) in the Calvados region. The dosimetric assessment was carried out for the different operators during the successive stages of the scintigraphic examination. Assuming 150 examinations per year, the annual equivalent dose to the fingers skin is 150 mSv maximum for the technologist and 2 mSv for the veterinary surgeon; the annual effective dose ranges from 0.15 to 0.45 mSv, depending on the operators.

Entre 1999 et 2001, l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) a réalisé des mesures de dosimétrie pour l'Institut français pour la recherche et la technologie polaire (IFRTP) afin d'évaluer la dose reçue par le personnel présent au dôme C (Antarctique), sur la future base CONCORDIA. À cet endroit, la dose est essentiellement due aux rayonnements cosmiques. Des dosimètres thermoluminescents ont été utilisés pour mesurer la contribution des rayonnements à faible transfert linéique d'énergie (TLE). La contribution à la dose des rayonnements à fort TLE a été à la fois mesurée par des détecteurs à traces et estimée par extrapolation des mesures à faible TLE, en connaissant l'altitude du dôme C et les proportions respectives des rayonnements à faible TLE et à fort TLE. Les résultats globaux sont donnés en terme de dose efficace. Pour une année complète passée au dôme C, la dose efficace est estimée à 2,1 mSv.

At the end of July 1998, three 137Cs sources (between 0.17 and 150 GBq) were found in the vicinity of the village of Matkhoji, located at 300 km to the west of Tbilissi. This site was a former Russian military base, abandoned since 1992 and used now as pasture and a playground for the children. The Georgian Environment Ministry requested assistance from IAEA which sent a mission to the site. This established that a predominantly chronic exposure of part of the population of the village has occurred. The IAEA requested technical assistance from IPSN. A mission, made up of 4 people from IPSN and a representative of the IAEA went to the site from 12 to 17 October 1998. This mission collected information on the circumstances of the exposure and selected a potentially explored cohort of 112 people, in three groups: children of more than five years and adults of less than 50 years attending the site and members of a family who had a source in their cattle shed. An analysis of hematologic parameters was performed on these people and 85 blood samples were taken for biological dosimetry. The hematologic analysis carried out on the spot did not show any particular anomaly. The biological dosimetry by scoring of unstable chromosome aberrations (dicentric, rings centric, fragments) in blood peripheral lymphocytes was performed on blood samples after air transportation to the specialised laboratory (LDBM) of the IPSN Two successive procedures were initiated. The first was a quick phase of triage not very precise but intended to check if some of these people presented obvious signs of irradiation. Only 50 cells per subject were scored. Seven days were needed to complete this phase. Dicentrics were found in three people only indicating a whole-body dose not exceeding 0.5 Gy on average. This triage was followed of a more complete but longer examination, where chromosome aberrations were scored in 250 cells. Six weeks were necessary to score 22 000 cells from the 85 people. In total, 30 dicentrics were scored among only 17 Georgian patients. The highest dose to the whole body estimated from a reference calibration curve was 0.3 Gy The majority of these dicentrics was found in the children having played on several occasions in the former military camp. Unfortunately, the information provided by the population was too fragmentary to permit an effective reconstruction of the individual doses.

In the case of accidental exposure to ionising radiation, estimation of the absorbed dose in the organism is an important indicator for evaluating the biological consequences. To complete the clinical and biological investigations, physical dosimetry methods can be used to provide an estimate of the absorbed dose and its distribution in the organism. This article describes the development of calculation tools in physical dosimetry, in particular a numerical anthropomorphic phantom which can be adapted to each individual. A standard model was developed from the data available in the ICPR Publication 23. A set of tests was carried out with the model dimensions being modified to study the effect of morphology on the dose calculation. A comparison was made with another standard model used in internal dosimetry. These studies highlight the parameters to be taken into account in the model, depending on whether the accident is local or global.

Les champs de rayonnement à bord des avions subsoniques ont été étudiés au cours des vols Prague – Abu Dhabi – Bangkok et Bangkok – Abu Dhabi – Prague, au mois de février 1995. Un ensemble complexe d'instruments de mesures a été utilisé : un compteur proportionnel équivalent au tissu, un remmètre de neutrons, un débitmètre pour l'environnement ; des détecteurs thermoluminescents, un détecteur solides de traces, et des détecteurs à bulles. Les résultats obtenus sont présentés et analysés ; ils sont confrontés aux résultats obtenus pendant une période proche au cours de vols Prague – Montréal – Prague. Les conclusions concernent l'influence des paramètres géographiques sur le niveau d'irradiation du personnel navigant.

Le champ de rayonnement à bord des avions subsoniques a été étudié au moyen d'un ensemble complexe de dosimètres (compteur proportionnel équivalent au tissu (CPET), "remmeter" pour les neutrons, détecteurs thermoluminescents (DTL), détecteurs solides de traces (DST), et détecteurs à bulles). Les mesures ont été réalisées à bord d'un airbus A310-300 pendant des vols Prague-Montréal et Montréal-Prague au cours du mois de février 1995. Les résultats obtenus sont présentés, analysés et discutés tant du point de vue des réponses des différents dosimètres que du niveau d'irradiation générale.