La directive 97/43/EURATOM du 30 juin 1997 pointe la
radiologie interventionnelle comme une des pratiques spéciales (Article
9) susceptibles de délivrer des doses élevées, et pour lesquelles
il est demandé de veiller à ce que les équipements, les procédures,
les programmes d’assurance qualité et la formation des opérateurs
soient particulièrement appropriées. En effet, l’utilisation d’un
rayonnement X de faible énergie lors de procédures allant de quelques
secondes à plusieurs heures pour les examens complexes, renvoie inévitablement
à des risques stochastiques et déterministes. L’évaluation de la
dose maximum à la peau est donc une donnée appréciable dans l’objectif
d’un suivi dermatologique du patient. Dans cette étude nous avons
choisi d’utiliser comme détecteur les films radiochromiques XR-RV3-Gafchromic® afin d’obtenir une cartographie de la dose à la peau
reçue par le patient lors d’une procédure. Les films radiochromiques
sont intéressants car ils permettent à la fois de visualiser et
de quantifier la région de dose maximale. Nous présentons ici les étapes
préliminaires à une utilisation sur patient des films, à savoir
l’étude des caractéristiques physiques, l’étalonnage en dose, la
lecture par scanner plat et l’exploitation des films avec le logiciel
de traitement d’images ImageJ. Les résultats obtenus montrent que
l’utilisation des films radiochromiques est pertinente pour une
évaluation dosimétrique sur patient. Plus particulièrement, la réponse
des films diffère de moins de 3,6 % entre l’étalonnage à 80 kV et
120 kV et l’incertitude globale reste inférieure à 20 % jusqu’à
une dose de 12 Gy. L’évolution de la réponse du film dans le temps
étant négligeable, la lecture peut être faite immédiatement et l’exploitation
du film nécessite moins de 15 minutes pour obtenir la cartographie
de la dose. L’application de cette technique de mesure in-vivo pour 58
procédures a permis de mettre en évidence une dose maximale à la
peau supérieure à 3 Gy pour 12 patients. Ces patients ont alors
été orientés vers un suivi dermatologique. Parmi ces patients, l’évaluation
de la dose peau à partir des indicateurs dosimétriques fournis par
l’installation aurait mené au suivi de seulement 4 patients.