La littérature médiévale en langue vulgaire est plus largement imprégnée d'éléments folkloriques que celle de n'importe quelle autre période. Les oeuvres savantes — écrits philosophiques, théologiques ou autres — étaient toujours en latin (les sermons, toutefois, étaient émaillés de proverbes, de récits facétieux ou de légendes populaires). Les récits en langue vulgaire, eux, ont souvent pour cadre le monde merveilleux du conte. Même les romans courtois, tels ceux de Chrétien de Troyes, ou les lais de Marie de France, les Nouvelles de Boccace et les Contes de Canterbury de Chaucer sont étonnamment proches des contes populaires dont ils dérivent ou qui, à l'inverse, en dérivent. Magie, croyances et savoir populaires sont partout. Théoriquement, donc, le médiéviste devrait connaître le folklore au moins aussi bien que le latin, mais, bien souvent, tel n'est pas le cas. Joseph Bédier tournait en dérision, à cause sans doute de leurs excès, ses collègues (les « folkloristes ») qui étudiaient les origines du conte populaire. Mais, ce faisant, il a retardé de plusieurs décennies le développement des études de folklore en France.