Résumé
Juliette Adam (1836–1936), célèbre salonniere de la IIIe République, est aussi la fondatrice de la Nouvelle Revue. Fascinée par l’Antiquité grecque, elle se penche également sur le destin de la Grèce moderne à un moment ou le pays est discrédité aux yeux des Européens. La présente contribution se focalise sur le regard que porte la Nouvelle Revue sur la Grece moderne. L’objectif de ses collaborateurs ainsi que de sa directrice est, d’une part, de soutenir les revendications irrédentistes des Grecs et ressusciter un philhellènisme politique, d’autre part de promouvoir la littérature néohellénique en France et de cultiver une nouvelle image de la Gèce, un pays résolument moderne qui peut dèsormais réclamer son autonomie par rapport à l’Antiquité.
Mots-clés: Grèce moderne, grec moderne, littérature néo-hellénique, philhellénisme politique, médiateurs, Nouvelle Revue
Si pour son correspondant grec Constantin Katsimbalis, Juliette Adam (1836–1936) est ‘la nouvelle Aspasie’, elle est surtout connue à l’étranger comme la ‘Grande française’. Figure emblématique de la République et feministe engagée, confidente de Léon Gambetta et amie intime de George Sand, Juliette Adam, née Lambert, couvre, grâce à son exceptionnelle longévité, un siècle de l’histoire politique et littéraire de la France. Femme de lettres, romancière, publiciste, militante républicaine et mémorialiste, elle est aussi la fondatrice, en 1879, de la Nouvelle Revue dont elle assume la direction, pendant vingt ans, jusqu’en 1899.
La carrière littéraire de Juliette Adam est riche et durable: une cinquantaine d’ouvrages, des romans, des mémoires et des récits. Mais ce qui marque la scene politique nationale et internationale, c’est son activisme politique qui se traduit dans des centaines de pages de réflexions sur la marche du monde. Cette activité concourt à tracer le portrait d’une femme d’exception qui rayonne sous la IIIe République, régime auquel elle va surtout lier son sort. Son second mariage, en 1868, avec Edmond Adam (1816–1877) qui fut membre du Conseil d’État (1849–1851) et sera deputé de l’Union républicaine (1871–1875) avant de devenir sénateur inamovible (1875–1877), lui garantit une ascension sociale mais surtout une entrée dans le monde politique. Décidée à jouer un rôle dans la vie politique et littéraire de son pays, Juliette Adam réussit, grâce a sa beauté exceptionnelle et à son intelligence, à s’affirmer dans ce milieu masculin de la politique.