Les théoriciens de l’école économique classique se jugeaient en droit de fondre dans un même moule une définition logique des concepts, un établissement des modèles de calcul, une description des enchaînements économiques et un énoncé des normes valables pour les individus, les groupes et la société dans son ensemble. C’est la philosophie du XVIIIe siècle qui se reflète dans cette idée; la société atomistique de libre concurrence sans notion de temps, ni de développement technique, ni de monopole, est l’objet d’étude du classicisme de Quesnay à Keynes.

Si par contre, on s’attache au problème de réalité et si on recherche quel est le critère d’une théorie juste en dehors du pur rapprochement logique des concepts, on s’aperçoit que l’énoncé de la question ne saurait être acceptable. Si de plus on demande quel est le rapport entre la théorie de l’entreprise ou du groupe d’un côté et celle de l’économie sociale de l’autre, on met le doigt sur une autre difficulté ignorée par la doctrine classique. Cette doctrine a donc un problème de réalité et ce que l’on peut appeler un problème de sommation, tous deux non encore résolus.

Une des préoccupations de l’Institut de Recherches Economiques et Sociales a toujours été d’apporter sa contribution à l’histoire économique de la Belgique, de préciser les aspects principaux et de chercher à les interpréter. De nombreux articles parus dans ce bulletin au cours des années qui précédèrent la dernière guerre, avaient spécialement pour objet de dégager les tendances de longue durée des divers éléments de notre économie. Quoique toutes ces études visent à remonter jusque 1830 ou même plus haut, leur précision est généralement moindre pour les premières années, faute de documents statistiques adéquats.

Cétte étude vise à dégager les raisons théoriques et pratiques pour lesquelles il serait intéressant de remplacer l’emploi de la courbe logistique par celui de la courbe normale intégrale. L’ajustement de celle-ci aux phénomènes logistiques est présentée suivant deux méthodes, l’une basée sur les moindres carrés, l’autre plus élémentaire mais plus rapide, sur le diagramme probabilitaire.