A mesure que l'OEuvre de la Croix rouge se développe, il devient plus intéressant d'en retracer la marche progressive. Les dates marquantes de ses annales se multipliant, peuvent d'ailleurs fournir les éléments d'une étude chronologique assez curieuse.

C'est cette considération qui, déjà à plusieurs reprises, a engagé le Comité international à insérer dans son Bulletin des notices de ce genre. Depuis lors, ces mêmes indications, complétées par d'autres, ont été encore présentées sous la forme nouvelle d'un tableau synchronique, qui permet de suivre, année par année, la formation successive des sociétés de secours, mise en regard des adhésions simultanées de gouvernements à la Convention de Genève et des actes principaux du Comité international. Ce travail, imprimé en 1880, se trouve joint à la présente livraison; des circonstances indépendantes de notre volonté ne nous ont pas permis de le livrer plus tôt à la publicité.

Dritter General-Bericht der österreichischen Gesellschaft vom Rothen Kreuze. — Wien, 1882, in-8, 90 p.

Rechenschafts-Bericht des österreichischen-patriotischen Hilfsvereines, und der Section patriotischer Landes-Hilfsverein für Niederösterreich. 1881. — Wien, 1882, in-8, 48 p.

Foreningen: Det Bode Kors. Sjette Aarsberetning. — Kjobenhavn, 1882, in-8, 29 p.

Le Comité central allemand a décidé, dans sa séance du 23 juin, de prier la Société autrichienne de mettre à l'ordre du jour de la Conférence internationale des Sociétés de la Croix rouge les sujets suivants:

10 Quels moyens les Sociétés de secours aux soldats blessés et malades doivent-elles employer, pour que le personnel sanitaire formé en temps de paix. à leurs frais ou avec leur coopération, soit immédiatement à leur disposition en cas de guerre ?

20 Quels moyens ont été employés et peut-on employer encore, pour préparer et faciliter certaines mesures importantes en vue de l'efficacité de la Convention de Genève, qui, dans l'opinion des gouvernements, ne se prêtent pas à des stipulations contractuelles?

Telles seraient:

a) Des dispositions à prendre pour répandre la connaissance de la Convention de Genève dans l'armée, parmi les personnes qui prennent le plus de part à son exécution, et dans le grand public.

Circulaire de la Direction de la Société autrichienne.

Nous croyons de notre devoir de nous adresser de nouveau à tous les Comités centraux voués aux soins des blessés et malades en campagne, en leur rappelant notre circulaire du 15 Janvier dernier, dans laquelle nous leur demandions s'ils désiraient qu'une conférence Internationale fût tenue à Vienne dans le courant de l'année 1883.

Le troisième rapport général de la Société autrichienne de la Croix rouge contient, sur les opérations de cette société en Bosnie, des détails intéressants. Comme il ne s'agissait pas précisément d'une guerre, il a fallu dévier en quelque mesure de la ligne d'action tracée par les précédents. Prévoyant une lutte sanglante, la Direction de la Société offrit son concours à l'administration de la guerre; l'offre fut acceptée avec empressement, et l'on se félicita de cette occasion de mettre à l'épreuve l'organisation de la Société. Pour ne pas troubler la population, on ne convoqua pas d'assemblée générale, comme on l'aurait fait en cas de guerre internationale; la Direction se prévalut des pouvoirs qui lui sont conférés pour les cas extraordinaires, et il ne fut pas fait d'appel de fonds.

Le rapport d'où nous avons extrait l'article précédent sur l'insurrection de Bosnie contient, sur l'activité de la Société autrichienne, d'autres informations, parmi lesquelles nous relèverons les suivantes:

Les recettes de l'exercice 1881 (y compris le solde de l'exercice précédent) se sont élevées à 543,800 florins en papier et à 119,793 florins 62 kreutzer en numéraire, ce qui, déduction faite des dépenses, a laissé un boni de 513,700 florins en papier et de 4,081 15 en numéraire.

L'ordre du jour de l'Assemblée générale ordinaire, tenue le 30 avril 1881, annonçait quelques modifications ou changements aux statuts de la Société.

Les propositions du Comité central, qui toutes furent adoptées à l'unanimité, ont apporté aux statuts les modifications suivantes:

10 (§ 1) Le nom adopté jusqu'ici par la Société: « Société de secours aux malades et blessés en temps de guerre », sera dorénavant changé en celui de « Société de la Croix rouge ».

Nous avons'l'honneur de transmettre sous ce pli à V. E. une déclaration datée de ce jour, par laquelle nous avons accepté, au nom de tous les Etats qui ont signé la convention conclue à Genève le 22 août 1864 pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne, ou qui y ont adhéré depuis, l'accession des Etats-Unis de l'Amérique du Nord à cette convention.

Les conférences annuelles, auxquelles le Conseil de la Société française convie ses délégués régionaux et des représentants des comités des départements, ont eu lieu à Paris les 30, 31 mai et 1er juin derniers. Elles out émis les vœux suivants:

Que MM. les Délégués et les Présidents de Comités s'efforcent de reconstituer des Comités de dames, ainsi que le vœu en a déja été émis dans les Conférences de 1878.

Au nombre des conférences qu'a fait donner cette année la Société française de la Croix rouge — conférences dont nous avons publié l'énumération dans notre précédent Bulletin (p. 102) — il s'en trouvait une que l'honorable secrétaire général de la Société a bien voulu nous communiquer par extrait, après l'avoir dounée lui-même devant une nombreuse assistance.

Les expositions, qui jouissent aujourd'hui d'une grande vogue et qui, dans tous les domaines auxquels elles s'appliquent, sont un puissant moyen de progrès, ont déjà fourni bien souvent aux sociétés de la Croix rouge l'occasion de montrer leur outillage et de travailler au perfectionnement de celui-ci. Il est probable que, sans ce stimulant, les améliorations obtenues auraient été plus lentes à se produire, et nous espérons que les sociétés participeront toujours davanlage à ces entreprises industrielles.

La Société française d'assistance aux mutilés pauvres continue son œuvre, sous la philanthropique direction de M. le comte de Beaufort. Le concours fidèle de tous ses coopérateurs et de toutes ses coopératrices se manifeste aussi activement dans les villes de province que dans la capitale, et non-seulement en France mais encore à l'étranger. C'est ainsi qu'un des membres du Conseil, se trouvant à Athènes lors du tremblement de terre de Chio, s'est rendu sans délai sur le lieu du sinistre, et a pu concourir au soulagement de nombreux blessés. On espérait annoncer la formation définitive à La Haye d'une Société sœur. C'était l'ancien président de la Croix rouge néerlandaise, le regretté lieutenant-général de Stuers, qui en avait conçu la généreuse pensée, et qui, peu de temps avant sa mort, faisait pour cela un appel à la charité de ses concitoyens, dans une circulaire qu'on a pu nommer son testament spiritual. Ce testament accepté par la piété filiale, aurait été déjà mis à exécution sans un nouveau deuil. Mme de Stuers n'a survécu au général que de quelques jours.

Nous signalons à l'attention de nos lecteurs un article sur les secours aux blessés en temps de guerre, article qui a paru dans la Nouvelle Revue (1er juin 1882).

L'auteur, M. le Dr P. Bouloumié, ancien médecin militaire, a traité son sujet essentiellement au point de vue français. Il montre la nécessité de réformer le service sanitaire de l'armée, puis il s'occupe de la Société de la Croix rouge, demandant qu'elle soit mise sous la dépendance directe du médecin en chef de l'armée, en temps de paix comme en temps de guerre, au lieu de « rester une puissance parallèle, une rivale irresponsable et par conséquent dangereuse. »

Dans le rapport qu'il a présenté, le 9 janvier 1881, sur ses travaux de l'année 1880 le Comité de la Croix rouge hellénique a exposé ses opinions touchant l'accomplissement de la mission de la Société dans les luttes nationales en Orient. Dès lors l'accroissement des ressources et du matériel de la Société a fait l'objet de ses plus vives préoccupations. Les moyens qu'il avait autrefois à sa disposition étaient insuffisants et disproportionnés avec les nécessités imposées par les luttes imminentes.

Nous avons reçu de Budapest un grand nombre de brochures, qui attestent chez la Croix rouge hongroise une exubérance de vie extrêmement réjouissante.

L'une d'elles en particulier rappelle comment des sociétés de dames, de la capitale de la Hongrie, se constituèrent en Société centrale des dames du royaume, en août 1878, dans le but de recueillir des dons en faveur des soldats combattant en Bosnie et dans l'Herzégovine. L'appel qui fut adressé au public ne resta pas sans résultat, et, encouragée d'augustes sympathies, la Société s'est bientôt proposé un accroissement d'activité.

Il résulte du rapport présenté par le secrétaire général, M. Vincenzo Maggiorani, à l'Assemblée tenue le 16 avril dernier, que la Société italienne continue d'être en voie de prospérité et se développe rapidement.

Le grand événement du dernier exercice a été la reconnaissance légale de la Société, comme personne juridique. Le rapporteur insiste longuement sur les avantages que cette position nouvelle ne peut manquer de donner à l'œuvre, et propose de conférer le titre de membre d'honneur aux deux hommes qui y out concouru le plus efficacement, savoir: le ministre de la guerre, général Ferrero et le député Oreste Baratieri, major des bersagliers.

Rarement, depuis que nous publions ce Bulletin, nous avons fait des incursions dans le domaine de l'art, et cependant les productions artistiques que la Croix rouge a inspirées sont déjè nombreuses. Les peintres surtout se sont avidement emparés de ce nouvel élément d'intérêt pour leurs compositions militaires. En reproduisant sur la toile les scènes tragiques des champs de bataille, ils oublient rarement d'y faire figurer le secoureur volontaire de l'un ou de l'autre sexe; parfois même c'est sur lui qu'ils attirent principalement l'attention, en mettant sur le premier plan l'épisode dans lequel il intervient.

Le dernier rapport de la Société mecklembourgeoise signale, comme objet principal de son activité, l'instruction d'infirmiers. La direction de l'hôpital de Schwerin s'est engagée à instruire un certain nombre d'hommes qui, en cas de guerre, se mettraient à la disposition de la Société. La Société paie pour cela 30 marks par élève à l'hôpital, et alloue à chaque élève un mark par jour d'instruction. Celle-ci est d'une heure et demie par jour pendant trois ou quatre semaines. D'autre part, des infirmières sont formées dans la fondation de Bethléem, à Ludwigslust.

Dans son 14me rapport qui vient de paraître, le Comité d'Utrecht, en retraçant l'histoire de son activité pendant l'année 1881, a rappelé la crise qu'a traversée la Société néerlandaise de la Croix rouge à l'occasion de la guerre du Transvaal. Nous en avons déjà parlé en son temps (Bulletin no 46, t. XII, p. 75), mais il n'est pas sans intérêt d'y revenir et de préciser le rôle important du Comité d'Utrecht dans cette circonstance, d'après son propre témoignage.

Dans l'article qui précède, il est fait mention d'une lettre écrite au Comité d'Utrecht par le Président du Comité international, lettre dans laquelle l'auteur, mis en demeure de se prononcer entre deux opinions contradictoires, a traité longuement les questions de principes qui se rattachaient à celle qu'on lui avait adressée. Il a cherché à montrer comment les idées admises par la Croix rouge devaient recevoir leur application, dans des cas analogues à celui du Transvaal, qui n'a paru embarrassant que parce que les règles dirigeantes étaient mal comprises.