Dans presque tous les pays de l'Amérique Latine l'étude de l'histoire bénéficie d'une solide tradition. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, on a travaillé avec ardeur, et selon les meilleures règles de l'érudition, à la recherche et à la mise en oeuvre des matériaux essentiels au labeur de l'historien. Les nombreux ouvrages, d'importance très variable, qui parurent alors tentaient surtout — et souvent avec succès — d'établir solidement certains critères, jugés fondamentaux pour la compréhension du processus de l'évolution nationale. Les travaux qui se poursuivent depuis le début de notre siècle ont encore ce caractère. La publication de documents de base s'est peut-être intensifiée, et de nombreux essais, rigoureux et lucides, ont vraiment, en certains domaines, épuisé les questions qu'ils traitaient. Mais la problématique n'a pas changé de nature, et l'on peut compter les rares tentatives — plus méritoires de par leur rareté même — qui s'efforcent d'ouvrir des perspectives dans les domaines neufs qui s'offrent aujourd'hui à l'historien.

Le problème des villages désertés a attiré depuis longtemps en divers pays l'attention des géographes et des historiens. Le Centre de Recherches Historiques de la VIe Section de l'École Pratique des Hautes Études a voulu reprendre ce vaste sujet, et un fort volume qui portera le titre Villages désertés et histoire économique paraîtra à l'occasion de la IIIe Conférence Internationale d'Histoire Économique (Munich, août 1965).

Si en effet le cas d'un village déserté semble se résoudre en un cas d'histoire locale, l'abandon d'un ensemble de villages permet l'approche de l'histoire économique en son entier. Tout, en effet, est mis en cause : la démographie, de toute évidence, mais aussi la formation du marché citadin, les structures juridiques de la propriété de la terre, la nature des sols, les types d'exploitation rurale, pour citer au hasard quelques-unes des données principales de cette histoire.

Exode rural, extension des friches, villages désertés : voilà, semble-t-il, les signes d'une évolution récente, engagée depuis un siècle ou deux dans les campagnes des vieux pays européens. Encore cette évolution n'est-elle ni générale, ni le plus souvent conduite à son terme. Mais dans quelques cas extrêmes, elle traduit concrètement dans le paysage la migration, géographique et professionnelle, des hommes. Déterminations globales, modalités régionales sont, sans conteste, objets de recherche géographique.

En est-il de même pour les sites d'habitat abandonnés avant les grandes transformations que l'on résume par « révolution agricole » et « révolution industrielle » ? Dans un monde apparemment dominé par l'économie agricole, que peuvent signifier ces désertions ? Ne relèventelles pas alors de séries d'accidents, épidémies, guerres, famines, au mieux de variations conjoncturelles, qui ne mettraient pas en cause, à long terme, les aménagements agraires et leurs rapports avec l'habitat ? Géographie des épidémies, géographie des invasions, recherches certainement passionnantes, mais qui, si elles en restaient là, manqueraient le véritable débat.

Les fouilles de villages disparus ayant été jusqu'ici fort peu nombreuses en France, il n'est peut-être pas sans intérêt d'exposer certaines données de l'expérience tentée en 1964 par la VIe Section de l'École Pratique des Hautes Études et de formuler les réflexions qu'elle a inspirées. Nous ne parlerons pas ici des recherches d'archives dont M. Pesez a traité ailleurs, ni de l'interprétation des photographies aériennes ; nous ne dirons rien de la fouille elle-même et nous laisserons aux historiens le soin de tirer les conclusions utiles. Nous nous occuperons essentiellement ici de la prospection au sol, d'une part, et de l'organisation des chantiers, d'autre part.

Outre-Manche, les désertions de villages ont très tôt, suscité des plaintes, des pamphlets dénonciateurs, voire des couplets vengeurs, et corrélativement, des enquêtes royales et des procès. En Sardaigne, où le nombre des villages abandonnés l'emporte sur celui des localités vivantes, on a, dès le XVIe siècle dressé des listes de paroisses disparues. En France, rien de tel. Seuls, ou à peu près, les documents fiscaux dressent parfois des constats de désertion, avec la sécheresse qu'on devine ; à notre connaissance, les villages disparus n'ont ému ni le pouvoir souverain, ni le prédicateur, ni le philosophe. Dès l'abord, c'est ce silence des textes qu'il faut souligner.

L'expression d'ethno-histoire est née récemment. On n'en parlait pas vers 1950. En 1962, M. Hubert Deschamps la définit dans l'introduction de Traditions orales et archives au Gabon : « L'ethno-histoire (expression récente et discutée) n'est à vrai dire qu'une branche de l'histoire totale, celle-ci ayant aujourd'hui l'ambition légitime de déborder ses limites classiques et de s'étendre à la planète. Elle pourrait être définie : L'ensemble des méthodes permettant d'étudier l'histoire des peuples sans écriture. »

Cette carte a été mise au point et dessinée à Athènes, en 1962-63, dans le cadre des travaux préparatoires de l'Atlas économique et social de la Grèce où elle est publiée à l'échelle du 1/2 000 000, et grâce à l'aide et aux contributions spéciales du Centre de Sociologie Européenne et du Laboratoire de Cartographie de l'École Pratique des Hautes Études. Elle a été préparée par Mme Marthe Rajchmann-Czarnovski, cartographe, et dessinée par M. Roger Vaternelle, artiste-cartographe (Institut Géographique National), sous la direction de M. Bernard Kayser, Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Toulouse, directeur des recherches géographiques au Centre des Sciences Sociales d'Athènes.

Elle est basée sur les résultats officiels du recensement de la population du 19 mars 1961 — population de fait.

L'Hôpital de Santa Maria degli Innocenti fut créé pour recueillir et éduquer les enfants trouvés de Florence, par la corporation de Por Santa Maria, dite de la Soie parce que les fabricants et les négociants de tissus en soie constituaient le groupe le plus important de ses adhérents. Comme on a pu l'écrire, « dans la deuxième moitiée du XVe siècle, l'Art de la Soie finit par s'identifier à l'Art de Por Santa Maria lui-même… »

Manifestation de l'esprit de bienfaisance et de charité d'un des principaux Arts florentins, l'Hôpital témoigne de la prospérité et de la puissance des setaioli, qui ont supporté tout le poids financier de l'institution, et n'ont pas hésité à créer des taxes spéciales pour lui assurer une activité favorisée par rapport aux oeuvres semblables, dites de la Scala et de San Gallo.

C'est le titre du colloque du C.N.R.S. tenu à Toulouse du 24 au 27 février 1964, sous la présidence de Pierre Monbeig, Professeur à la Sorbonne. Son but a été double : apprécier le phénomène spécifique de la capitale latino-américaine, les problèmes qu'il pose, les solutions que l'on propose ; expérimenter sur un sujet déterminé la méthode du travail interdisciplinaire, en honneur dans les groupes d'area studies ou d'aires culturelles. Étaient conviés des représentants éminents des différentes sciences sociales : histoire, géographie, économie, sociologie, ethnologie, démographie, droit, politicologie, urbanisme. Fallait-il prévoir un exposé général par discipline ou encourager les monographies particulières, soit dans la perspective d'une discipline soit dans la synthèse de plusieurs d'entre elles ?

Les organisateurs du Colloque s'en sont tenus à un compromis entre ces deux positions. Ils ont encouragé les études d'ensemble par discipline mais ils n'ont pas refusé les monographies particulières.

« Les sociétés savantes, si nombreuses chez nous, sont des foyers où s'alimentent le zèle et l'ardeur pour les études littéraires, pour les arts et pour les recherches scientifiques. Le rôle que jouent ces compagnies est tel, qu'ignorer leur existence, leur nombre, l'action qu'elles exercent, c'est ne pas avoir une notion suffisante du mouvement intellectuel dans notre pays. » Sans doute cette circulaire de Jules Ferry a-t-elle quelque peu vieilli. Mais l'on a tort de sous-estimer le rôle de ces « compagnies », de les déclarer, sans autre forme de procès, archaïques, inutiles, bonnes à disparaître ; certes elles rencontrent certaines difficultés, mais point insurmontables.

Rien n'a mieux souligné l'urgence d'un développement des sciences humaines que l'incertitude générale des concepts auxquels on fit appel pour célébrer le cinquantième anniversaire de l'Été 1914.

Il ne s'agit pas ici de l'incertitude officielle du Pouvoir, duquel il était peut-être malaisé d'obtenir plus qu'une relative abstention — le Ministre français des Anciens Combattants admettant qu'il aurait été regrettable de « célébrer », mais décent de « commémorer » l'épreuve meurtrière.

Il ne s'agit pas non plus de l'incertitude d'une opinion publique au sein de laquelle les Anciens Combattants — dans l'entre-deux-guerre, un ingrédient très spécifique de la constellation socio-politique — ont perdu bonne partie de leur poids physique et affectif.

Le lieu de la publication du dernier travail du Professeur Marczewski et sa forme ne doivent pas faire illusion. Ce n'est pas à un gros article que les Cahiers de l'I.S.E.A. ont offert leur généreuse hospitalité, c'est à un gros ouvrage, gros par le volume autant que par l'intérêt.

Ce texte fait suite à un autre texte plus court sur « la Conjoncture Économique des États-Unis, 1950-60 ». Les deux études sont inséparables. Elles sont les premières d'une « série » consacrée à la conjoncture économique, justement, et dirigée par M. Marczewski. Elles doivent être suivies d'études sur la conjoncture dans les économies dominées, qui feront l'objet d'un troisième Cahier. On annonce d'autres Cahiers qui porteront sur les politiques nationales et internationales de conjoncture.

L'Idéologie de gauche a longtemps rêvé avec Saint-Simon du jour où le gouvernement des hommes céderait à l'administration des choses. Michel Crozier tente de nous prouver que l'évolution inverse est au contraire celle qui peut libérer l'homme de l'organisation et, plus même, il montre comment l'analyse sociologique permet de dire que ce processus, largement engagé aux U.S.A. se manifeste déjà en France par des signes avant-coureurs mais certains : la bureaucratie bouge et les nouveaux rapports entre les hommes qui apparaissent font plus changer la société que les révolutions technologiques.