Implantée à Ganagobie, la société Isotopchim était spécialisée dans la synthèse de
molécules organiques radioactives (carbone-14). En 2001, l'OPRI est intervenu à la
demande de la Préfecture afin d'évaluer l'impact dosimétrique et par conséquent le
risque sanitaire lié à la contamination du site et son extension géographique. L'étude
de la répartition spatiale du carbone-14 a mis en évidence des niveaux de
radioactivité très importants dans différentes parties de l'usine et notamment le
laboratoire avec une contamination surfacique supérieure à 20 000 Bq/cm2. Cette
étude a également révélé l'association de matières fortement radioactives avec des
produits chimiques très inflammables stockés dans des conditions critiques. Suite
aux recommandations de l'OPRI, un périmètre de sécurité a été mis en place autour
de l'usine afin d'éviter toute dispersion incontrôlée de la radioactivité. La
cartographie de l'activité massique du 14C a mis en évidence un marquage spécifique
décroissant en fonction de la distance par rapport au point de rejet d'effluents
gazeux et de la dispersion atmosphérique liée aux conditions climatiques locales.
Dans un rayon de 50 mètres autour de l'usine, le marquage radioactif est important
dans les sols (66 000 Bq/kg C) et les végétaux (25 000 Bq/kg C). Néanmoins, malgré
des scénarii extrêmes, les calculs de dose ont révélé des valeurs très inférieures à la
limite réglementaire fixée par la directive Euratom 96/29 (1 mSv/an). Ce site
représente un cas assez rare de contamination manifeste par le 14C. Il peut donc
conduire a posteriori à une étude in situ des processus de répartition, d'élimination
ou de concentration du carbone-14 dans les sols et les indicateurs biologiques.