La période de haute prospérité traversée par l’économie depuis trois ans eut dû normalement se traduire non seulement par des augmentations substantielles de recettes fiscales, mais aussi par l’apparition de surplus budgétaires importants, tout au moins au titre des budgets ordinaires. Ces surplus eussent permis à l’Etat de réduire ses appels au marché des capitaux pour le financement de ses investissements, voire de se constituer des réserves de trésorerie. II n’en fut rien, hélas! Lorsque, à la fin de l’année 1956, l’Etat se rendit compte à la fois de la tension des marchés financiers et de la hauteur des dépenses auxquelles il était entrainé, il fit un effort de compression des dépenses publiques.

L’année 1956 a été dans le monde une année de haute conjoncture. Certains ralentissements qui s’étaient marqués précédemment aux Etats-Unis dans des industries considérées comme des activités-clef, telles que l’industrie automobile, n’ont pas eu la répercussion en cascade que Ton pouvait craindre. Un peu partout la production, les échanges et le revenu national ont atteint de nouveaux records. La consommation et les dépenses privées ont continué à se développer, tandis que les investissements et les dépenses publiques se sont disputé les disponibilités qui demeuraient. Les prix et salaires ont été nettement orientés partout à la hausse.

Lorsque le temps est à la bourrasque, le voyageur qui s’est approché du fleuve a parfois quelque peine à découvrir le mouvement profond qui conduit à l’océan : les vagues de surface et les sautes de vent peuvent faire illusion sur le sens véritable du courant. En 1956, la vie sociale a été à plus d’une reprise trè;s agitée, permettant ainsi des interprétations contradictoires. Les discussions et les querelles n’ont pas manqué : mais en fin de compte, si l’on cherche à caractériser ce qu’il y a eu de nouveau et de durable sur le terrain des relations professionnelles et dans le domaine de la sécurité sociale, on a sans doute le droit de témoigner de quelque perplexité.

La pénurie d’énergie en Belgique comme dans de nombreux pays industrialisés d’Europe n’est pas un phénomène nouveau, mais elle s’est manifestée d’une facon plus aiguë au cours des cinq dernières années. De nombreuses études lui ont été consacrées tant en Belgique qu’a l’étranger et la crise du Moyen-Orient a eu pour effet d’attirer l’attention du grand public sur notre dépendance de l’étranger. Elle a montré combien notre développement industriel et social dépendait d’un approvisionnement aisément vulnérable.

Les deux derniers exercices ont été pour la sidérurgie beige une période de consolidation dans l’expansion. Ils constituent également une période d’adaptation des structures aux conditions nouvelles résultant de la technique moderne.

Comme celui de toute autre activité économique, le résultat de 1’exploitation agricole dépend dans une large mesure de l’emploi rationnel des facteurs de production. C’est pourquoi l’aperçu qui va suivre s’arrêtera assez longuement à l’appareil de la production agricole. L’examen de cet appareil fera surgir le problème struc-turel qui se pose à l’agriculture et dont la solution peut avoir de larges répercussions économiques et sociales.

Au cours de l’année 1956, les expectations et les importations de l’U. E. B. L. ont atteint de nouveaux records en valeurs et en volumes. Ces records s’inscrivent cependant dans une conjoncture dont les signes de tension s’affirment. Quant aux événements du Moyen-Orient, qui ont marqué la seconde moitié de l’année étudiée, ils ne paraissent pas devoir laisser de séquelles modifiant fondamentalement l’allure générale de l’évolution économique.

L’opinion publique beige a continué en 1956 à être parti-culièrement attentive au mouvement des prix. On peut dire qu’elle y a attribué une importance démesurée, en se méprenant sur le rôle véritable d’un système de prix.

Sur le plan des relations internationales, les enchaînements typiques de très haute conjoncture et l’approche d’un retournement cyclique probable se traduisent — et c’est normal — par des évolutions différentes dans les pays neufs et dans les pays développés.