Les pages qui suivent prennent naturellement la suite d'un article de M. R. Bloch, Où en est la technique archéologique à propos de l’étruscologie (Annales, 1952, n° 3, p. 319-328). Sans avoir la prétention de révéler l'utilisation archéologique de la photographie aérienne, entrevue presque dès les débuts de l'aviation et dont l'ouvrage du colonel J. Baradez a fourni la dernière et la plus brillante illustration, elles ont pour but de présenter au monde savant et au public cultivé les résultats importants obtenus récemment grâce à cette méthode dans l'étude de la cadastration romaine de l'Africa vetus.

Celle-ci, retrouvée dès 1833 par Falbe, consul danois à Carthage, avait donné lieu à de nombreuses études qu'on trouvera mentionnées dans un long article de Deléage sur les cadastres antiques à la date de 1934.

« Les monographies de familles posent des problèmes plus rares, plus délicats, plus particuliers (que les statistiques). Elles mettent mieux en contact avec la vie. Elles provoquent des surprises, des étonnements. Elles révèlent des accidents. Elles inquiètent. Elles font réfléchir.»

Ainsi s'exprimait il y a quelques années M. Lucien Febvre en tête d'un article consacré par M. Ph. Wolff aux Ysalguier de Toulouse. En même temps, l'éminent historien appelait de ses voeux le développement d'une véritable enquête sur le type familial, convaincu de la « fécondité historique » que ce genre peut comporter.

C'est dans cette perspective que nous voudrions placer l'étude qui va suivre. Elle porte sur une famille dont le nom est resté dans l'histoire lyonnaise lié avant tout à une très ancienne exploitation de mines. Mais un examen attentif de ses destinées dégage bien d'autres centres d'intérêt et fournit ample matière à réflexion.

Chacun des États du Sud du Brésil, Paraná, Santa Catarina, Rio Grande do Sul, mériterait une étude sur les rapports qui ont existé et qui existent encore entre son peuplement et son agriculture. Le Paraná, le plus récent de ces trois États et dont les progrès ont été lents au XIXe siècle, a été transformé depuis moins de vingt-cinq ans par l'avance du front pionnier caféier venu de Sào Paulo. Le Santa Catarina a d'abord été peuplé à partir du littoral par des agriculteurs d'origine allemande, établis sur le rebord cristallin de la Serra do Mar ; puis la région du Plateau central a été occupée, après l'établissement de la voie ferrée Uruguai-São Paulo, par d'autres agriculteurs, d'origine allemande et italienne, venus du Rio Grande do Sul. Or c'est justement le Rio Grande do Sul, le plus méridional des États brésiliens, qui a suivi l'évolution la plus originale et la plus intéressante : elle lui donne même une valeur exemplaire en ce qui concerne certains problèmes d'histoire rurale en pays neuf.

C'est aujourd'hui un lieu commun que d'opposer à la profonde unité géographique de la Bresse les divisions historiques qui ont morcelé définitivement ce « pays ». De part et d'autre de la frontière des toitures, des dialectes et du droit, chacun s'accorde à reconnaître au Nord une Bresse chalonnaise et louhannaise, nettement bourguignonne avec ses toits aux tuiles plates, son dialecte francien de langue d'oïl et son droit coutumier, s'opposant au Sud à une Bresse burgienne, d'attirance savoyarde, caractérisée par ses toits aux tuiles rondes, son dialecte franco-provençal et son droit écrit.

Pour qui a eu la chance de visiter Madère, sa réputation de paradis terrestre ne paraît guère usurpée. Mais sa diversité est grande et réserve bien des surprises. Peu d'endroits au monde qui offrent autant de contrastes sur d'aussi courtes distances. Tout d'abord, sur la côte un paysage fortement humanisé, où l'empreinte de l'homme se marque, ne serait-ce que par l'éparpillement des maisons blanches parmi les terrasses cultivées avec soin. A quelques kilomètres de là, vers l'intérieur, brusquement surgit un quasidésert, des vallées aux coupures profondes, des escarpements vertigineux, ‘ des pentes rapides qui atteignent vite un millier de mètres, puis, au coeur de l'île, de 1 500 à 1 800 m. Çà et là de puissantes cascades.

Une école d'historiens hispano-américains s'est efforcée, ces années dernières, de rendre justice à un passé colonial, sommairement condamné, bien souvent par une historiographie éloignée des sources. Elle s'est appliquée, non sans courage, à lutter contre une attitude dictée par un sentiment profond : l'hostilité à l'égard des anciennes métropoles. Cette hostilité, il est vrai, issue des longues guerres de l'Indépendance, plus encore que de trois siècles de domination coloniale, va, aujourd'hui, en s'estompant.

L'oeuvre de Sergio Bagú n'appartient pas à ce courant, qui n'a pas encore réussi à déborder beaucoup le cadre du Mexique. On devine l'auteur, bien qu'il évite de le trop laisser paraître, avant tout soucieux d'expliquer le retard du développement économique de l'Amérique latine, par rapport à l'Amérique anglo-saxonne, obsédant terme de référence.

On est d'abord impressionné. Quel sujet, quelle bonne fortune ! Mais comme toujours, il faut commencer sa lecture par une traduction. L'O. N. U. ni l'U. N. E. S. C. 0. ne parlent la langue de ... tout le monde, c'est le cas de le dire. Les augustes puissances parlent leur langue à elles, qui est assez singulière. Et par exemple, il faut entendre que « situation sociale » veut dire : niveau de vie — et ensuite que « niveau de vie » signifie : tendances démographiques et conditions sanitaires de tous les pays ; alimentation et nutrition ; conditions de logement, d'enseignement, de travail et d'emploi, revenu national et répartition intérieure du revenu. Autant de chapitres. Pour conclure, de brèves récapitulations « continentales » : la situation sociale (entendez toujours le niveau de vie) dans le Moyen-Orient ; la situation sociale dans l'Asie du Sud et du Sud-Est.

Que les Anglais, même philosophes, ne soient pas les Français, c'est une vérité qu'il ne faut pas sous-estimer. On vient de traduire chez Gallimard et d'installer dans la « Bibliothèque des Idées » de la maison une Histoire de la philosophie occidentale en relation avec les événements politiques et sociaux de l'Antiquité jusqu'à nos jours (ouf !), fort convenablement traduite par Hélène Kern de l'anglais de Bertrand Russell. — Ce nom n'est pas négligeable. Les échos du prix Nobel, en 1950, l'ont fait retentir de par le monde. On l'accueille donc avec un préjugé de sympathie, Mais quelle déconvenue !…

« En relation avec les événements politiques et sociaux »…. Hélas ! Si le titre ne portait pas cette annonce prestigieuse, je reprocherais d'abord à l'ouvrage de n'être qu'une suite d'études sur la pensée de quelques philosophes arbitrairement choisis comme « techniquement qualifiés » et considérés, en dépit de quelques clauses de style, comme de purs esprits enclos dans leurs cabinets de travail.

Beaucoup d'encre a été répandue ces temps derniers, chez nos amis belges, pour ou contre telle ou telle conception de l'histoire belge. Dans leurs discussions, les protagonistes ont apporté cette robuste véhémence qui nous donne volontiers un petit frisson — surtout lorsqu'ils touchent à des problèmes comme celui de la nation, sinon de la patrie, que nous n'abordons pas d'habitude en iconoclastes. Il est évident qu'un Français n'a point à prendre parti dans de pareils conflits. Tout au plus peut-il — mais à part lui — en tirer quelques leçons.

Frans Van Kalken, homme dynamique qui fait répandre le bruit qu'il est professeur « honoraire » de l'Université libre de Bruxelles — mais personne ne le croit ; Frans van Kalken, dont ici même et tout dernièrement nous signalions le plus récent travail, un livre solide et neuf sur Marnix de Sainte- Aldegonde — Frans van Kalken a pris parti (il a même été pris à partie) dans le débat dont nous parlions plus haut.

Qu'une sociologie particulière des parlements d'ancien régime reste à faire, on n'en saurait douter. Si leur structure juridique et leur rôle politique ont fait l'objet d'études approfondies, si le rôle intellectuel des magistrats a été souvent évoqué, il reste encore beaucoup à trouver sur leurs origines sociales, leur fortune en particulier, dont l'aspect capitaliste n'a guère été étudié jusqu'ici. Leur affiliation, assez fréquente à la franc-maçonnerie, ne les empêcha pas d'être des conservateurs sociaux. Ce qu'il advint de ceux qui échappèrent à la guillotine ou revinrent d'émigration n'est pas indifférent à savoir pour la connaissance de l'histoire sociale du xixe siècle.... Ce sont là réflexions suggérées par le Recueil généalogique de M. Henri de Frondeville.

Que les archives d'Italie soient d'une extrême richesse, personne ne pourrait le nier, personne n'en doute ; que, parfois, les recherches s'y avèrent difficiles (sans que, d'ailleurs, reconnaissons-le, la responsabilité en incombe pour autant aux archivistes), on le sait également. On ne peut donc que se réjouir, si l'on aime vraiment la recherche historique, à l'annonce d'un large et méthodique programme de publications, organisé, justement, pour porter remède à toutes ces difficultés. Voila une entreprise d'un rare mérite et d'une évidente utilité.

Pierre Goubert, notre collaborateur, par l'exemple d'Auneuil-en-Beauvaisis d'abord, amorce ensuite d'une enquête généralisée, a attiré ici même l'attention sur la richesse historique des registres paroissiaux. Voici, procuré par M. Jacques Levron, L’État-civil antérieur à la Révolution de Saumur avec un index de près de 4 000 noms qui figurent dans le dépouillement des registres des trois paroisses de la ville depuis la fin du XVIe ou le début du XVIIe siècle : « C'est comme le reflet de tous ceux qui ont vécu à Saumur pendant trois siècles : les classes sociales, les métiers, les conséquences des événements sur la vie de la cité s'y retrouvent », écrit l'ancien archiviste en chef du Maine-et-Loire, qui mentionne chronologiquement tous les actes, noms, prénoms, professions, titulatures, parrainages, incidences diverses, par exemple sur la disette de 1692-1694 (p. 91-93), ou les hivers de 1709 (p. 33), 1728-1729, la guerre en 1744, l'attentat de Damiens (p. 95-99), etc..., sans omettre tel épisode des guerres de religion, comme la surprise de Langeaisen 1585 (p. 5), oules abjurations de protestants, au XVIIIe siècle en particulier.

Sous la direction du professeur Gùnther Franz et en liaison avec la Deutsche Landwirtschafts-Gesellschaft une nouvelle revue d'histoire rurale est publiée à Francfort depuis l'an dernier, le Zeitschrift für Agrargeschichte und Agrarsoziologie. Elle prétend s'intéresser à toutes les activités scientifiques qui s'efforcent d'éclairer l'évolution des sociétés et de l'économie rurales, et rassembler par conséquent les observations des historiens, des géographes, des sociologues et même des praticiens de l'agriculture ; elle n'entend pas se limiter à l'étude de la campagne allemande, mais considérer d'une manière générale l'histoire agraire européenne. Le contenu des deux premiers cahiers répond effectivement à ce programme.