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Naissance de l'écriture et fonction poétique en Grèce archaïque : quelques points de repère

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Annie Schnapp-Gourbeillon*
Affiliation:
Université de Paris VIII

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Il est peu de « documents » dont l'interprétation soit plus difficile à établir que les premières inscriptions alphabétiques de la Grèce ancienne. Non qu'elles soient particulièrement délicates à traduire, ces quelques lignes éparses retrouvées au hasard des sépultures ou des sanctuaires sur des fragments de céramique, des statuettes votives, ou simplement gribouillées sur des rochers. Leur étrangeté vient plutôt de ce qu'elles impliquent : l'apparition, à un moment donné, d'un système de notation entièrement neuf dans une société dont nous percevons certes la vigoureuse originalité, mais de loin, comme au travers d'un filtre, sans pour autant parvenir à cerner définitivement les mécanismes obscurs de sa genèse. Lieu d'émergence du politique, point d'ancrage de la cité en gestation, le viiie siècle qui voit s'éparpiller la féconde diaspora des Grecs sur tout le pourtour de la Méditerranée, est l'image même du bouillonnement intellectuel, époque riche, complexe, diversifiée où l'invention alphabétique a pu passer pour une découverte parmi d'autres. Et c'est bien ainsi que l'a compris la tradition des études classiques, qui a cherché la révolution conceptuelle au niveau exclusif des résultats : l'écriture est ce qui sert à fixer un savoir, littéraire ou philosophique, que l'on étudiera comme tel.

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La Production du Document
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Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1983

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References

Notes

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4. E. Havelock, AUX origines…, op. cit., p. 38.

5. La discussion porte sur deux localisations principales : Al Mina ou Chypre.

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11. Des pratiques encore actuelles sont à ce sujet Éclairantes, comme celle qui consiste à rédiger ou à faire rédiger — des prières qui seront déposées sur la tombe d'un rabbin de renom ou d'un marabout, pour rester dans deux grandes religions monothéistes.

12. C'est l'opinion de K. Robb, que je partage entièrement.

13. J. Goody, op. cit., chap. 5 (Que contient une liste ?).

14. J. Goddy, op. cit., p. 194.

15. Détienne, M., L'invention de la Mythologie, Paris, Gallimard, 1981, p. 66.Google Scholar

16. Pour Hérodote, tous les dieux grecs viennent de l'Egypte (II, 50). Et seuls les Égyptiens sont en mesure de prouver leur haute antiquité « parce que de tous temps ils tiennent le compte des années et le consignent par Écrit »(II, 145, I 1-12). Platon, dans le Timée, reprend et développe longuement ce thème. Voir à ce sujet le livre de M. Détienne, op. cit., chap. v : La cité défendue par ses mythologues.

17. M. Détienne, op. cit., p. 61.

18. ld., p. 72.

19. Cf. Snodgrass, A. M., Archaic Greece. The Age of Experiment, Londres, Dent, 1980, pp. 82 83.Google Scholar

20. Voir en particulier le beau livre de Fraenkel, H., Dichtung und Philosophie des frùhen Griechentums, New York, 1955 Google Scholar, traduction anglaise Early Greek Pœtry und Philosophy, Oxford, Blackwell, 1975.

21. Cf. le livre remarquable de J. Svenbro, La parole et le marbre, Lund, 1976.

22. Voir en particulier Préface to Plato, op. cit.

23. M. Détienne, op. cit., p. 60 ; ou « encyclopédie tribale » pour reprendre les termes mêmes d'Havelock.

24. « The alphabetization of Homer », dans Communication Arts in the Ancien! World, op. cit., p. 17.

25. Id., p. 17.

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27. Voir à ce sujet la critique de Russo, J., « Is “ oral “ or “ aurai “ composition the cause of Homer's formulaic style ? », dans Stolz, B. A. et Shannon, R. S. Éds, Oral Littérature and the Formula, University of Michigan, 1976.Google Scholar

28. Beaucoup d'encre a coulé sur le sujet. En faveur de l'aspect oral des comparaisons, on retiendra l'ouvrage récent de Scott, W. C., The Oral Nature of the Homeric Simile, suppl. Mnemosyne, 1974.CrossRefGoogle Scholar Pour une bibliographie plus détaillée sur les comparaisons homériques voir A. Schnapp-GourbeilLON, Lions, héros, masques, Paris, Maspero, 1981 ( l r c partie). J'ai personnellement essayé de démontrer que la comparaison homérique Était, contrairement à la thèse de beaucoup de partisans de la tradition orale qui la considèrent comme une forme interpolée plus tardive, absolument inséparable de son contexte littéraire immédiat.

29. « Is “ oral “ or “ aurai “ composition… », op. cit.

30. Cf. R. Finnegan, op. cit., pp. 69-70.

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32. E. A. Haveiock, Préface to Plato, op. cit., p. 125.

33. Id., p. 142.

34. Id., p. 125.

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36. Cf. Fittschen, K., Untersuchungen zum Beginn der Sagendarstellungen bei den Griechen, Berlin, Bruno Hessling, 1969;Google Scholar voir aussi Johansen, F., The Iliad in Earlv Greek Art, Copenhague, 1967.Google Scholar

37. J. Russo, « Is “ oral “ or “ aurai ”… », op. cit.

38. Voir à ce sujet l'intéressante introduction au roman chinois médiéval « Au bord de l'eau », par R. Etiemble, Éd. La Pléiade, où une telle pratique est décrite dans le détail.

39. Voir Severyns, A., Le cycle Épique dans l'école d'Aristarque, Liège-Paris, 1928.Google Scholar Analystes et unitaires sont Évidemment en désaccord formel sur ce point. Cet article se range du côté des seconds.

40. Pour une analyse de la structure de f Iliade, on peut regarder, entre autres ouvrages, le livre de Whitman, C., Homer and the Heroic Tradition, Cambridge (Mass.), 1958, e e Éd. New York, 1965.CrossRefGoogle Scholar

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