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Les ornements de l'histoire (à propos de l'ivoire carolingien de saint Remi)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Jean-Claude Bonne*
Affiliation:
EHESS

Extract

On tient souvent l'ornement pour un genre artistique mineur tout juste bon à décorer les cadres ou les surfaces de remplissage des images, des objets ou des édifices et le formalisme de ses compositions semble le laisser extérieur au monde des significations comme aux grands mouvements historiques. Il y aura donc quelque témérité à tenter de montrer ici comment le beau sous sa forme ornementale trouve à s'inscrire en tant que beau dans l'histoire, quel rapport il entretient avec elle, comment il en vient à l'orner.

Summary

Summary

It is always a delicate matter to place an esthetic phenomenon within its historical framework, a fortiori when it concerns ornamentation. We would like to bring to light the function of the acanthus borders of the Carolingian ivories by referring to an important binding plate which represents in particular the baptism of Clovis by Saint Remy with the holy phial descended from Heaven by a dove (the first representation of this eminent regalia). Apart from any formal, thematic and symbolic relations which the border in question has with the scenes represented, its indomitable beauty confers a particular persuasive power upon the image. Through this beauty, it is also the sacred and power itself which asserts its authority.

Type
Images Médiévales
Copyright
Copyright © Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1996

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References

1. Cet objet qui mesure 18,3 x 12,2 cm, est conservé au Musée de Picardie à Amiens. Notices dans A. Goldschmidt, Die Elfenbeinskulpturen aus der Zeit der Karolingischen, vol. I, Berlin, 1914, n° 57 ; D. Gaborit-Chopin, Ivoires du Moyen Age, Fribourg, 1978, p. 68, n° 83 ; id., Regalia, Les instruments du sacre des rois de France, RMN, 1987, pp. 44-46, fig. 13 ; id.dans Le Moyen Age au Musée de Picardie(catalogue du musée, Françoise Lernout éd.), Amiens, 1992, pp. 8-9 ; selon cette dernière notice, l'ivoire, « où l'on sent encore l'influence des ivoiriers de Charles le Chauve », daterait des environs de 880 et aurait pu être exécuté à Reims.

2. Sur cette histoire vue de Reims et dans la longue durée, cf. Le Goff, Jacques, « Reims, ville du sacre », dans Les Lieux de mémoire, II, La nation, Pierre Nora éd., Paris, Gallimard, 1986, pp. 89184 Google Scholar.

3. On distingue aussi communément entre la structure fonctionnelle d'un objet ou d'un édifice et leur décor, ou entre le corps et sa parure, etc. On ne traitera pas ici de ces aspects importants mais bien des remarques qui suivent pourraient s'y rapporter.

4. L'ornementation peut entretenir bien d'autres types de rapport avec l'image ; pour le Moyen Age, cf. Jean-Claude Bonne, « De l'ornemental dans l'art médiéval (VIIe-XIIe siècle). Le modèle insulaire», L'image. Fonctions et usages des images dans l Occident médiéval, J. BASCHET et J.-C. Schmitt éds, Paris, Le Léopard d'Or (sous presse).

5. Exemple typique d'une situation mixte parmi bien d'autres : on peut parler de cadre ajouté à l'ivoire en raison des changements de technique et de matière, mais aussi de bordure en raison de la reprise du principe ornemental. La figure 2 donne un exemple de monture orfévrée quoique postérieure à l'époque carolingienne.

6. A Reims même, l'arc de triomphe romain dit « Porte de Mars » du 2e siècle, comporte des chapiteaux et des frises d'acanthes ( Hollande, M., Les trésors de Reims, Reims, 1961, pp. 1921 Google Scholar).

7. Sur l'un de ces plats de reliure attribué au moine Tuotilo de Saint-Gall (ca900) figure un champ entier d'acanthes cruciformes ; le travail ajouré est prodigieux de finesse et d'élégance (A.Goldschmidt, Elfenbeinskulpturen, I,op. cit., n° 167).(B.

8. Il est clair que la question doit être posée d'une manière à la fois commune et spécifique pour tous les autres types de « décor » d'acanthe carolingien (dans les manuscrits, l'architecture…).

9. Pour une vue d'ensemble sur la notion médiévale de l'imago, cf., dans cette même livraison, la contribution de Jean-Claude SCHMITT, « La culture de l'imago».

10. Cf. l'article ornamentumdans le Novum glossarium medioe latinitatis, Copenhague, Munksgaard, fasc. Ordior-Oz, 1983, col. 807 ss.

11. Raban Maur, De universo, liv. IX, prologue, MIGNE, PL, t. 111, col. 259.

12. On lira plus bas un texte décrivant les ornamentadont Hincmar a doté la cathédrale de Reims (il y entre précisément des livres liturgiques à couverture d'ivoire).

13. On trouve, par exemple, dans un diplôme de Charlemagne de 813 l'expression « hiis regni Francioe regiis insignis et ornamentis », MGH, Dipl. Karol., I, Hanovre, 1906, n° 286 (cité par Danielle Gaborit-Chopin, Regalia. Les instruments du sacre des rois de France, op. cit., p. 23, n. 71).

14. Ceci s'éclairera mieux par la suite. Relevons que chez Raban MAUR (op. cit., liv. XXI, chap. XXII, « De ornamento », PL, col. 580 ss), le mot ornamentumdésigne, en bonne ou en mauvaise part, toutes les parures, et d'abord celles du visage et de la tête (par rapprochement pseudo-étymologique avec os, oris), mais Raban en donne pour exemple aussi bien la couronne du roi (primum ornamentum; ce qu'on peut tirer vers la substantialité de la chose royale) que les coiffures et parures des femmes (ce qui tire plutôt vers le paraître).

15. Pour l'esquisse d'une telle théorie, nous nous permettons de renvoyer à l'article cité à la note 2.

16. Libri Carolini sive Caroli Magni Capitulare de imaginibus, H. BASTGEN éd., dans MGH, Legum sectio III, Concilia, t. II, Suppl., Hanovre-Leipzig, 1924, Prœfatio, pp. 3 et 6.

17. Cette fonction est énoncée la première, probablement parce qu'elle est la plus compréhensive et sentie comme la plus immédiate. De même, le décret de Nicée II, avant même de parler d'images, évoque globalement « l'ornement qui convient aux temples sacrés de Dieu (ornamento decibile)» ; l'expression, incluant implicitement les « saintes images », souligne d'emblée leur dimension cultuelle et « chosale » (Conciliorum oecumenicorum décréta, Istituto per le Scienze Religiose, Bologne, 1973, 3e éd., p. 133).

18. Sur tout ceci et ce qui suit, cf. Schmandt, Walther, Studien zu den Libri Carolini, Mayence, 1966, pp. 5455 Google Scholar.

19. Lib. Carol, liv. IV, chap. III, p. 177, cité ibid.avec d'autres références.

20. Liv. Il, chap. XXVIII, op. cit., p. 87.

21. Jean SCOT s'inspire du Pseudo-Denys l'Aréopagite dont il a traduit et commenté La hiérarchie céleste(865-870) et il est aussi l'auteur du De divisione naturœ(860-866). Jens Luther a consacré un excursusd'un mémoire, intitulé « Die Akanthusranke auf dem Arnulfciborium und ihre Bedeutung fur die spätkarolingische Ornamentik », à la « théorie esthétique de Jean Scot Erigène et son rapport avec l'art sous Charles le Chauve » ; je le remercie de m'avoir communiqué ce travail auquel j'emprunte les références qui suivent.

22. Foussard, Michel, « Auloe siderœ. Vers de Jean Scot au roi Charles. Introduction, texte, traduction et notes », Cahiers archéologiques, XXI, 1971, pp. 7988 Google Scholar et Michael Herren, « Eriugena's Auloe Sideroe, the Codex Aureus, and the Palatine Church of St. Mary at Compiègne », Studi Medievali, Spolète, 1987, XXVIII, 2, pp. 583-608. Sur la longue tradition des visions justifiant les objets d'art chrétiens (surtout quand ils sont nouveaux) ou la fondation d'une église, cf. Jean-Claude Schmitt, « Rituels de l'image et récits de vision », Testo e imagine nell alto medioevo, Spolète, 1994, pp. 419-462.

23. Cf. Bonne, Jean-Claude, «Pensée de l'art et pensée théologique dans les écrits de Suger », Artistes et philosophes : éducateurs ?, Descamps, C. éd., Paris, Centre Pompidou, 1994, pp. 1350 Google Scholar.

24. Cité d'après Kessler, Herbert L., « Faciès bibliothecœ revelata : Carolingian Art as Spiritual Seeing », Testo e imagine nelV alto medioevo, Spolète, 1994, p. 543 Google Scholar.

25. Je remercie vivement Madame F. Lernout, conservatrice au Musée de Picardie, pour diverses vérifications minutieuses.

26. MGH, Script, rerum merov., t. 3, Passiones vitoeque sanctorum, B. KRUSCH éd., Hanovre, 1896, p. 256 ss. 25. Je remercie vivement Madame F. Lernout, conservatrice au Musée de Picardie, pour diverses vérifications minutieuses.

26. MGH, Script, rerum merov., t. 3, Passiones vitoeque sanctorum, B. Krusch éd., Hanovre, 1896, p. 256 ss.

27. Voir, par exemple, la couverture du livre que le Christ tient à la main sur la reliure d'ivoire des Évangiles de Lorsch, ca810 ( Hubert, J., Porcher, J., Volbach, W. F., L'Empire carolingien, Paris, NRF, 1968 Google Scholar, fig. 210).

28. Il semble y en avoir sept, ce qui pourrait être une allusion aux dons du Saint-Esprit appelés sur le baptisé.

29. Sur la typologie de ce genre d'acanthe, cf. Grabiner, E. et Pressouyre, L., « Chapiteaux à feuilles d'acanthe fouettées par le vent », dans L'acanthe dans la sculpture monumentale de l'Antiquité à la Renaissance, Paris, CTHS, 1993, pp. 357382 Google Scholar.

30. Cf. infra, le texte afférent à la note 66.

31. Cf. Jean Devisse, Hincmar, archevêque de Reims, 845-882, Genève, Droz, t. II, p. 1020 et sur la tradition manuscrite de la Vita, pp. 1008-1037.

33. MGH, op. cit., p. 264.

34. MGH, op. cit., p. 285 ss.

35. On pourrait montrer que le relief connaît aussi des tensions (personnages venant alternativement en avant et en arrière, clerc dont la tête est au second plan mais les pieds au premier pour rythmer avec ceux des deux autres, etc.).

36. MGH, op. cit., p. 290.

37. Hincmar compare ce miracle à celui des noces de Cana ; il s'agit d'un miracle de type christique comme le précédent.

38. « Sanctum Spiritum in spetie, non autem in natura colombœ super Dominum, quando baptizatur, apparuisse », op. cit., p. 297.

39. Je remercie Odile Cellier de m'avoir suggéré cette interprétation du personnage et, d'une manière générale, Jérôme Baschet pour ses remarques.

40. Sur la gestualité du rhéteur et de l'orant entre Antiquité et Haut Moyen Age, sur la main divine, etc., cf. Schmitt, Jean-Claude, La raison des gestes dans l'Occident médiéval, Paris, Gallimard, 1990 Google Scholar, chap. I-III.

41. MGH, op. cit., pp. 280-285 (on y trouve des formules comme « […]cum liberio arbitrio, ut non necessitate sed voluntate in bonitate… », p. 281).

42. Id., op. cit., p. 286.

43. « […] et secundum traditionem […] baptizati existent renati », op. cit., p. 298.

44. Alcuin, Vita sancti Vedasti, MGH, Script, rerum merov., t. 3, p. 418 (cité par O. Guillot, op. cit., p. 246, n. 138).

45. MGH, op. cit., p. 296, « via […] preparatur, velisque ac cortinis depictis ex utraque parte protenditur et desuper adumbratur. Plateœ sternuntur, aecclesioe componitur baptisterium, balsamo et ceteris odoramentis conspergitur ».

46. Op. cit., p. 298.

47. L'identité de ce personnage pose un problème qu'on ne peut discuter en détail. Certains ont songé à saint Vaast, ce qui est plausible, mais il n'apparaît pas dans la Vita Remigi.En se fondant sur le principe de la collégialité épiscopale, cher à Hincmar, on peut songer aussi à un évêque co-officiant nimbé en raison de l'importance de la circonstance, ou encore à un évêque qui aurait été attaché à la reine Clotilde (mais saint Avit, qui a été envisagé, n'était pas présent, selon la tradition).

48. Sa couronne est un bandeau surmonté de motifs à trois boules — des pierres rondes comme on en voit sur certaines couronnes dans l'art carolingien, quoique aucune ne soit exactement semblable à celle-ci. Sur la typologie des couronnes carolingiennes, cf. Dominique ALIBERT, « Les insignes personnels. A) La couronne », Les Carolingiens et leur image. Iconographie et idéologie, thèse de doctorat nouveau régime, 1994 (je le remercie de m'avoir communiqué ce travail).

49. Sur ces questions, cf. id., «Des rois sortiront de tes reins ».

50. Plat de reliure du Sacramentaire de Drogon, Metz, vers 855. L'iconographie du baptême du Christ a inspiré le motif de la colombe dans le baptême de Clovis (cf. W. F. VOLBACH, Elfenarbeiten der Spatantike und des frtihen Mittelalters, Mayence, 1976, n° 112, p. 80, exemple du début du 5e siècle, et n° 141, p. 91). Les images de baptême du Christ où la colombe descend une ou deux ampoules dans son bec sont certainement postérieures (plaque d'ivoire du musée Mayer Van der Bergh d'Anvers et châsse du Musée de Brunswick, cf. Goldsmith, op. cit., n° 66 et 96).

51. Plat de reliure avec Pierre baptisant un homme, Lotharingie, vers 860-870 (Florence, Musée du Bargello, inv. 38 C ; cf. Gaborit-Chopin, D., Avori medievali, Florence, 1988 Google Scholar, n° 7).

52. Sur tout ceci, cf. O. Guillot, « Les saints des peuples et des nations dans l'Occident des VIe-Xe siècles. Un aperçu d'ensemble illustré par le cas des Francs en Gaule », dans Santi e Demoni nell'alto medioevo occidentale, Spolète, 1989, en particulier pp. 221-245 (et notamment p. 222, n. 48 sur le sens du mot patronuscomme protecteur et défenseur d'un cliens).La plus ancienne mention de Remi comme patronusrevient à Louis le Pieux (816-825) (cf. infra), la seule autre pour le 9e siècle concerne Charles le Chauve (847) (ibid., p. 227, n.

62. Je remercie Dominique Alibert de m'avoir fait bénéficier d'indications bibliographiques et de remarques précieuses sur les questions abordées dans cette partie.

53. Cf. Depreux, Philippe, « Imbuendis ad fidem prefulgidum surrexit lumen gentibus. La dévotion à saint Remi de Reims aux IXe et Xe siècles », Cahiers de Civilisation médiévale, XXXV, n° 2, 1992, pp. 112113 Google Scholar.

54. P. Dupreux, op. cit., pp. 118-119.

55. Baix, F., « Les sources liturgiques de la Vita Remigii de Hincmar », Miscellanea historica in honorem Alberti de Meyer, Louvain, 1946 Google Scholar, t. 1.

56. Historia Remensis ecclesiœ, MGH, Scriptores, t. XIII, G. WAITZ éd., Hanovre, 1881.

57. Flodoard nous apprend aussi que des statues d'Etienne IV et de Louis le Pieux figuraient au fronton de la façade de la nouvelle cathédrale, avec cette inscription : « Dans cette cathédrale, Louis fut fait César par le couronnement du grand pape Etienne… », cité par Rheinhardt, op. cit., p. 26 et n. 4.

58. J. F. Böhmer, Regesta Imperii I, 1908, acte n° 801 (cité par O. Guillot, op. cit., p. 247).

59. Cf. O. Guillot, op. cit., p. 247, n. 143.

60. Sur cette charte reprise dans Flodoard, HRE, II, 19 (op. cit., p. 470), la disposition de la nouvelle église et la signification de la dédicace au Sauveur, cf. Reinhardt, H., La cathédrale de Reims, Paris, 1963, p. 25 Google Scholar, 27 ss.

61. Ibid., p. 117 ss.

62. Reg., op. cit., n° 835, cité par H. Rheinhardt, op. cit., pp. 25 et 26 note 1, et par O. Guillot, op. cit., p. 247, n. 143.

63. Enfin, Flodoard rapporte à l'époque d'Ebbon le rêve au cours duquel le moine Raduin aurait vu la Vierge sortir du tombeau de Rémi en compagnie de celui-ci et de l'évangéliste Jean. « Voici, dit la Vierge en prenant la main de saint Rémi, celui à qui l'autorité sur tout pouvoir a été remise par le Christ pour toujours. De même qu'il a reçu la grâce de convertir ce peuple par son enseignement, de même il possède à jamais le don inviolable d'élever son roi ou son empereur » (cité par Michel SOT, Un historien et son Église au Xe siècle : Flodoard de Reims, Paris, 1994, p. 478).

64. Flodoard, Historia Ecclesioe Remensis, liv. III, chap. 5, PL, t. 135, col. 144 ss.

65. Les trésors des églises de France, Catalogue de l'exposition de 1965 au Musée des Arts Décoratifs de Paris, CNMH, 1965, p. 78 ss.

66. PL, t. 125, Ordo qualiter Carolus rex fuit coronatus in Mettis civitate, anno 869…, col. 806.

67. Cf. Bautier, Robert-Henri, « Sacres et couronnements sous les Carolingiens et les premiers Capétiens », Variorum H, dans Recherches sur l'histoire de la France médiévale, Paris, 1991, spécialement pp. 3346.Google Scholar

68. J. Devisse, op. cit., pp. 671-724.

69. M, p. 678.

70. M., p. 690.

71. W.,p.803ss.

72. On peut imaginer l'effet à partir de reliures intégralement conservées.

73. D. Gaborit-Chopin, Ivoires du Moyen Age, op. cit., p. 9 ; la suite de ce paragraphe d'après cet ouvrage.

74. Ibid.la citation suggère bien comment les qualités de l'ivoire ressortent de comparaisons avec d'autres matières recherchées.

75. Ici, p. 15.

76. Id., p. 46. Raban Maur, tout en allégorisant l'ivoire d'éléphant, note qu'il fait partie des ornamenta palatiorum ﹛De universo, op. cit., liv. XVII, chap. VI, PL, t. 111, col. 464).

77. L'Empire carolingien, op. cit., fig. 214-215 et D. Gaborit-Chopin, Ivoires du Moyen Age, op. cit., fig. 66-69 et 91-94.

78. Un plat de reliure attribué au moine Tuotilo de Saint-Gall comporte deux scènes de la vie de saint Gall, c'est aussi une œuvre tardive, vers 900 (Saint-Gall, Stiftsbibliothek) ; id., fig. 98. Il en est de même pour une représentation de saint Nicaise dans le grand médaillon central d'un ivoire de Tournai. Saint Grégoire a bénéficié aussi d'une image dans l'ivoire probablement vers la même époque. Si le saint qui figure sur la couverture d'un Sacramentarium gregorianumdu début du 9e siècle est indiscernable d'un évangéliste (cf. W. F. VOLBACH, Elfenarbeiten…, op. cit., n° 225, p. 133), par contre, une image plus tardive figure l'inspiration de Grégoire, mais il y a loin de ce « portrait d'auteur » à la représentation de scènes hagiographiques comme celles de notre ivoire (cf. M. leithe-jaspers, et R. Distelberger, Le Kunsthistorisches Muséum- Vienne, 1984, p. 53 ; référence fournie par D. Alibert).

79. Les trous des clous sont bien visibles dans les deux bordures verticales de l'ivoire d'Amiens.

80. Je me suis expliqué ailleurs sur ces questions ; par exemple dans « Entre ambiguïté et ambivalence (problématique de la sculpture romane) », La part de l'oeil, 8, 1992, pp. 146-164.

81. Sur l'acanthe romaine à l'époque impériale, on renvoie aux travaux exemplaires de Gilles Sauron, par exemple « La promotion apollinienne de l'acanthe et la définition d'une esthétique classique à l'époque d'Auguste », dans L'acanthe dans la sculpture monumentale de l'Antiquité à la Renaissance, op. cit., pp. 75-97.

82. Cette citation et les deux suivantes sont tirées de l'introduction de L. Pressouyre à L'acanthe dans la sculpture monumentale de l'Antiquité à la Renaissance, op. cit., p. 6.

83. Au sens de J. Devisse (cf. supra).

84. Sur ce thème, cf. Paul VEYNE, « Conduites sans croyance et oeuvres d'art sans spectateurs », Diogène, 143, Gallimard, 1988, pp. 3-22.

85. Sur cette économie complexe du « supplément », cf. Derrida, Jacques, De la grammatologie, Paris, 1967 Google Scholar et du même auteur, en rapport avec la question de l'ornement et du cadre, cf. Parergon, texte repris dans La vérité en peinture, Paris, Flammarion, 1986.

86. On pourrait reconsidérer de ce point de vue la curieuse palmette d'acanthe (non attestée archéologiquement) qui figure, à côté des fleurons, sur certaines images de couronnes carolingiennes et qui jalonne par ailleurs « l'ornementation » de manuscrits comme la Première Bible de Charles le Chauve.

87. Nous avons déjà abordé la question des rapports entre « arcanes de l'art » et « arcanes du pouvoir » dans « De l'ornemental dans l'art médiéval (VIIe-XIIe siècle). Le modèle insulaire », op. cit. supraà la note 4.

88. Sur la minéralisation comme expression à la fois fétichiste et symbolique de la souveraineté dans le monde africain, cf. Auge, Marc, Le Dieu objet, Paris, Flammarion, 1988 Google Scholar, passim.

89. Etymologarium Libri, PL, t. 82, col. 626.

90. Comme l'atteste, parmi de multiples exemples, l'octogone de la chapelle palatine d'Aixla- Chapelle. L'autre plat de la reliure citée (aujourd'hui BN, lat. 9393) comporte une bordure à grands rinceaux de vigne (symbole de la Passion) ; on étudiera ailleurs le couple vigne-acanthe et leur rapport avec le contenu des images. Le symbolisme résurrectionnel de l'acanthe est fréquent dans les enluminures carolingiennes, notamment celles du Canon de la messe.