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La question des hauts revenus: Un programme ? Des programmes

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Gilles Postel-Vinay*
Affiliation:
INRA/EHESS

Résumé

Á partir d’une exploitation systématique des données administratives disponibles depuis la création de l’impôt sur le revenu, en 1914, Thomas Piketty offre une réflexion originale sur la distribution des revenus en France au XXe siècle et sur le rôle qu’a pu y jouer l’imposition des revenus. Son ouvrage, qui se situe dans la droite ligne du travail pionnier entrepris il y a une cinquantaine d’années par Simon Kuznets sur l’histoire de l’inégalité aux États-Unis, est discuté ici par François Bourguignon et Gilles Postel-Vinay.

Summary

Summary

Based on a systematic exploitation of administrative data available ever since the creation of the income tax in 1914, Thomas Piketty provides an original analysis of evolution of the income distribution in France during the 20th century and of the role played by the taxation of income. This book, in the straight tradition of the pioneering work undertaken fifty years ago by Simon Kuznets on the history of inequality in the United States, is discussed here by François Bourguignon and Gilles Postel- Vinay.

Type
Hauts revenus et inégalités (France, XXe siècle)
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2003

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References

Á propos de Piketty, Thomas, Les hauts revenus en France au XXe siècle. Inégalités et redistributions, 1901-1998, Paris, Grasset, 2001 [Hauts revenus] Google Scholar.

1 Tony Atkinson, Michel Glaude, Lucile Olier et Thomas Piketty, Inégalités économiques, Paris, La Documentation française/ENS, « Les rapports du Conseil d’analyse économique-33 » (2e rapport, par Thomas Piketty), 2001. Rappelons que, créé en 1997, le Conseil d’analyse économique est défini comme une structure de réflexion et de confrontation permettant au gouvernement d’éclairer ses choix dans le domaine économique.

2 Krugman, Paul, The Age of Diminished Expectations: US Economic Policy in the 1990, Cambridge, The MIT Press, [1990] 1997 Google Scholar.

3 Pour monter cette ligne de défense, Thomas Piketty est déjà intervenu ponctuellement en analysant le comportement des hauts revenus face aux modifications des taux marginaux supérieurs de l’impôt sur le revenu de 1970 à 1996 (” Les hauts revenus face aux modifications des taux marginaux supérieurs de l’impôt sur le revenu en France, 1970-1996 », Économie et prévision, 138-139, 1999, pp. 25-60).

4 Fût-ce au prix d’une redistribution, dans la mesure où l’impression de ces annexes s’apparente à une taxe (non progressive) sur une (potentiellement large) fraction des lecteurs.

5 Voir sur ce point, Maria Novella Borghetti, L’oeuvre de C. E. Labrousse. Étude d’un modèle d’histoire économique, Paris, Éditions de l’EHESS, à paraître.

6 Peter Lindert parle en effet de « voie lactée » (milky way) même si, en l’occurrence, elle est peu lumineuse. Voir Peter Lindert, « Three Centuries of Inequality in Britain and America », in Atkinson, A. B. et Bourguignon, F. (éds), Handbook of Income Distribution, New York-Amsterdam, North-Holland/Elsevier, 2000, vol. 1, pp. 167213 Google Scholar.

7 Hauts revenus, p. 542.

8 Voir notamment Pierre Birnbaum, Le peuple et les « gros ». Histoire d’un mythe, Paris, Grasset, 1979, et Hauts revenus, p. 16.

9 Ce dont joue la couverture qui reproduit la une de L’Humanité du 27 septembre 1936, avec en gros titre : « Ce sont les riches qui doivent payer. »

10 En ce sens, je ne dirais pas, comme l’auteur, que cette terminologie est « réductrice » et que parler des « 200 familles » « a pour seul mérite d’attirer l’attention sur le fait que les foyers de ce fractile dépendent de façon essentielle des revenus tirés de leurs gros portefeuilles de valeurs mobilières » (Hauts revenus, p. 109).

11 La France comptait quinze millions de foyers « imposables et non imposables » au début du siècle et le double à la fin. Disons un peu plus de vingt millions en moyenne sur l’ensemble du siècle. De ce fait, si ces « 200 familles » sont assimilées au 0,01% des foyers ayant les revenus les plus élevés, il s’agirait bon an mal an sur le siècle de quelque 2 000 foyers. Faut-il déposer un amendement et élargir la cible aux « 2 000 » familles ? En fait, peu importe ici. Tant pis si l’on ignore, à ce stade, si ces foyers ont des liens entre eux – si, par exemple, ils sont regroupables par dix ce qui permettrait à nouveau de parler sinon de « 200 familles » du moins de « 200 tribus »… En revanche, on verra plus loin qu’il aurait été important de savoir si ces foyers ont ou non une quelconque continuité au cours du temps.

12 Ibid., p. 96.

13 Ibid., p. 95. Voir aussi, p. 100 : « Il ne fait aucun doute que cette régularité statistique exprime une réalité sociale profonde : les “classes moyennes” et autres […] “classes moyennes supérieures” investissent dans la pierre, mais les “vrais riches” sont surtout des détenteurs de capitaux mobiliers. Il s’agit là encore d’une caractéristique essentielle de ce qu’est une société “capitaliste” : dans les sociétés capitalistes modernes, la véritable richesse réside toujours dans la propriété des capitaux mobiliers […]. » De même encore, pp. 104-105.

14 Ibid., p. 226.

15 Par exemple, ibid., p. 228, n. 2.

16 Voir Salais, Robert, Baverez, Nicolas et Reynaud, BÉnÉdicte, L’invention du chômage : histoire et transformations d’une catégorie en France des années 1880aux années 1980, Paris, PUF, [1986] 1999 Google Scholar.

17 Hauts revenus, pp. 180 et 187.

18 Ibid., p. 169.

19 Ibid., p. 226.

20 Ibid., p. 197.

21 Par exemple, Hauts revenus, pp. 508-509. S’agissant de la période du second aprèsguerre, une solution est d’opposer, à la tendance principale à la stabilité, des secousses – fussent-elles importantes, comme celles de 1968 ou de la Libération lorsque, dans le secteur privé et sans doute plus encore dans le public, sont (re)définies des grilles de carrières et une hiérarchie des salaires qui tranchent nettement avec le passé…

22 Ibid., p. 179.

23 Ibid., p. 179, n. 2. La difficulté est peut-être un peu vite dite « mineure ».

24 Ibid., p. 110.

25 Pourtant, dans « Social Mobility and Redistributive Politics », Quarterly Journal of Economics, 110-3, 1995, pp. 551-584, l’auteur attachait au contraire une grande importance à la mobilité.

26 Hauts revenus, p. 111.