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La Carte des Opinions Françaises : Point de vue d'un Historien

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Alfred Lajusan*
Affiliation:
Centre National de la Recherche Scientifique

Extract

Pour en mieux signaler l'intérêt, je voudrais résumer en tête de l'intéressant article d'A. Lajusan les principales hypothèses de travail qu'il nous suggère. S'attaquant en historien, et non plus seulement en géographe, à ce problème de la répartition des opinions politiques en France, que l'on sait, depuis les travaux d'André Siegfried, commandé essentiellement et par des prises de position héritées vis-à-vis de l'Église et de la religion, et par les conditions d'assiette de la propriété rurale, A. Lajusan remarque d'abord, en ce qui concerne cette dernière, que le ressentiment des paysans vis-à-vis de l'Ancien Régime a longtemps mis en cause, beaucoup plus que le système fiscal de la monarchie, le régime seigneurial •— et moins encore les exigences matérielles que les souvenirs de contraintes et d'humiliations laissés par celui-ci dans l'esprit des populations.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1949

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References

page 407 note 1. Pressac ignore le vote de 1849, cependant mis en lumière dos 1932 par G. Génique (Bibl. de ta Revue d'Histoire Moderne), inspiré par le cours do Ch. Seignobos de 1907-08. Il connaît par contre la chronique électorale récente.

page 408 note 1. Par convention, le peuple rural en 1789 admettait ce qui sera depuis I8J5 l'odieux « gouvernement des curés » : billets de confession, contrôle scolaire, droit de correction même. Par convention nouvelle au XIXe siècle, il déclare ne supporter le prêtre qu'à l'église et l'on voit en 1863 le zèle d'un curé comtois pour Montalembert lui Ô1er dans un village les voix que lui assure ailleurs l'abstention d'un confrère, les deux villages désireux en somme de voter d'accord avec l'Église (Mgr Besson, Vie de Mgr Mathieu, p. 318).

page 408 note 2. L'ultramontanisme a dénoncé les suites du jansénisme en Basse-Bourgogne et Champagne. Quand M. Sauzay, au début de sa Persécution révolut; dans H Doubs, signale la « mauvaise réputation laissée par les Cisterciens », il est sans doute informé par des curés méditatifs, nombreux en Comté.

page 408 note 3. Le .poids du prélèvement clérical et sa répartition au point d'arrivée peuvent être précisés en analysant le revenu évalué par le rôle des Décimes en 1760 et en le rapprochant du revenu ou de l'impôt foncier évalué en 1820 (t. II du traité do Ghrvaise). La dîme, discutée dans le détail, acceptée dans le principe, épargnant le fermier, n'était pas à la mesure de la vexation ressentie.

page 408 note 4. Je m'inscris en faux contre la théorie quasi syndicaliste du développement ecclésiastique, en faveur ancienne et renforcée par l'important ouvrage de M. PréClin. Les pages surprenantes de LE Iplay sont à chercher dans la Réforme sociale (p. 97). Romantique, il ne voit de surhommes chrétiens qu'au moyen See, cependant les saints du moyen âge ont agi sur les puissants, ceux de la Contre- Réforme sur le peuple. Le rôle de la hiérarchie, renforcée dans la réforme ecclésiastique anglaise du XIXe siècle, a été souligné par Ë. Halévt (Hist. du peuple anglais, t. Vit, p. n). Un mot d'un curé de St-Germain-le-Guillaume (abbé A. Anoot, Dict. de la Mayenne, t. III) est intéressant à noter ; il s'agit des con grégations féminines agissantes : « Une de ces filles est plus nécessaires dans une paroisse que cent prêtres. »

page 408 note 5. Abbé Srvestre, La constitution civile en Normandie Op. 188) et étude de J. Lovie recensée dans la Renue de l’Hist. de l'Eglise de France, 1933.

page 409 note 1. Mémoire de Lamoignon DE Courson (éd. Faugèiib-Dubourg, p. 3i).

page 409 note 2. La guérilla contrebandière de Mandrin a pourtant iproduil dans l'Isère une légende à valeur politique.

page 409 note 3. Sur le problème, observations de G. Lefebvre (Ami. ftêvolut., 19.V1, p. 46g).

page 409 note 4. Son élu, sans concurrent, était le républicain catholique E. Larny. M. A. Siegfried a observé — avant 1914 — en Vannetais une domination sacerdotale qui « se passait d'être aimée ».

page 409 note 5. Ce dualisme ecclésiastique se prolonge en Belgique propre : petits évêchés flamands, principauté d'Église de Liège. Outre les indications de la chronique générale de Du Tems (1776) et du recueil du Père A. Jean (1891), les ouvrages do van Drivai, sur Boulogne et de Destombes (t. lu) sur Cambrai sont renseignants.

page 409 note 6. Voir les Paysans du Nord de G. Lefebvre, surtout p. 878. Sur le Boulonnais, le t. II du recueil Lomquet des Cahiers. Je n'ai pas pu fiXer, l'avoir monastique, mais il avait été en partie ruiné ou — cas fréquent dans la Belgique même annexée — laissé en règle, ce qui laissait sur place le prélèvement.

page 410 note 1. Pressac, muet sur les origines de l'esprit public de l'Ouest, voit dans le radicalisme du Hainaut l'évolution d'un bonapartisme lui-même conditionné par la faiblesse du libéralisme, effet probable des souvenirs de la Cour des ducs du XVe siècle, restés « peut-être plus vivants » à. Valenciennes qu'à Lille et Douai…

page 410 note 2. Cela d'après île recueil bien annoté de Larrieu, Cahiers de la Soûle.

page 410 note 3. Le iparticularisme catholique basque est ancien, mais la valeur civique de la foi, comme toujours en France, est liée à une régénération cléricale ; il y a de Daguerre une Vie du chanoine Duvoisin (1861) et, sur l'histoire ou l'ancien état du diocèse, l'édition complétée des Becherches de Vuillet par Dubarat et Durandv, et le début de l'ouwrage d'Haristoty sur la persécution révdlutionaire.

page 411 note 1. Le rapport cité est dans Gounet, Le dioc. du Puy de 1789 à 1801, p. 17. Sur les Béates, à défaut d'une étude non écrite ou des rapports de l'Inspecteur Baret. leur défenseur vers 1880 (Ann. de l'École normale, 1888), voir un rapport de 1857 (J. Maurain Polit, ecclés. du Second Empire, p. 296), quelques pages de G. Sand (Marquis de Villemer) et ,un roman d'A. Giron, La Béate (1884), Leur histoire intéresse plus la vraie science du passé que celle ide tel ordre masculin (magnifié par les bâtisses d'époque et les recherches posthumes d'une clientèle d'architectes et d'érudits.

page 411 note 2. Du fait d'une évolution que je n'ai pas à définir ici, le Maçonnais (et lui seul) ne se signale plus que par l'exceptionnelle intimité — en pays rural bourguignon — de la majorité des non au relerendum de mai rg46.

page 411 note 3. D'après H. Beaune, La Noblesse aux Etats de Bourgogne, et MonÉui.

page 411 note 4. Cela déduit de l'excellent ouvrage de P. Obdioni sur les Survivances jansénistes dans le diocèse d'AuXerre. A. Challe: (Hist. de! l'Auxerrois, 1878) avait déji eu de bonnes vues, il y a une médiocre Ihistoire des évoques de Mâcon par LA Rocheite. Les évoques dirigeaient l'administration dont l'étude de Rousselot, très récente, fait un tableau optimiste pour les années 1780.

page 412 note 2. Beslay, Voyage aux pays rouges, 1873.

page 412 note 3. Le contour n'est donné que sous réserve, mais enfin le ressort d'Arles en son voeu ne parle pas de féodalité. On a les cahiers de Draguignan (recueil Mireur) et.d'Aix (Arch. parlent., t. VI).

page 412 note 4. Pour le mysticisme, voir le grand ouvrage d'H. Bremond, lui-même Provençal natif, si mystique d«i dehors (t. VI, 3 et t. VII) — et, sur une des manifestations activistes, le livre de l'abbé Gaduel sur l'abbé Allemand, « père de jeunesse » à Marseille.

page 412 note 5. Sur la vie diocésaine : pour Arles, les recueils généraux ; pour Fréjus, H. Espitalter, tes énégues de Frêjus du XIIIe à la fin du XVIIIe siècle, et Achard, Deicript de la Provence, 1787, p. 654-1555. En 1792, les districts d'Arles et Nyon sont pour le Sud-Est résistants selon le calcul officiel (Repue d'Hist. moderne,, 1906-1907).

page 413 note 1. Il est exagéré de définir le Retour un « prononciamento de l'armée » (CH. Seignobos), mais jamais il n'y eut unanimité d'illusion. L'Est des jacqueries de 1789 et (ce qui ne m'occupe pas ici) du militarisme populaire a, seul contre l'Ouest et le Midi, assuré le succès du Retour. La réaction isolée de la Comte prête à des observations trop longues à déduire ici.

page 413 note 2. Sur l'Ancien Régime dan” les deux paye, voir surtout le Mémoire sur l'Angoumois, de Gervais (1726, êdit. Babinet) et ïe recueil des Cahiers Balensw sur le Bigorre. Sur les Cent Jours, LE Gaixo (Les Cent Jours), qui, ici, n'utilise pas à fond ses sources.

page 413 note 3. Sur Je domaine lorrain, d'ailleurs devenu dur aux paysans, selon Mathieu (Ane. Régime, p. 271), cf. Régnéville (Considérât., 1700). Le cas du Lauraguai (voir l'étude de Ramière de Fortanier et la recension de G. Ledebvre, Ann. Éêvol,, 1934) me semble éclairci par le rapprochement de deux circonstances : nombreuses paroisses rachetant les droits du roi, vaste insurrection royaliste d'août 1799

page 413 note 4. Qu'on me permette, en finissant, d'exprimer des voeux en harmonie avec des observations présentées ici-même par des voix autorisées. L'érudition ancienne, disons antiquaire, et celle du plein du XIXe siècle, disons romantique, ne «ont nullement aussi dénuées de substance ou d'esprit que nous l'a dit, aux années 1900, celle de l'âge du papier, si abondante et souvent si perfectionnée, mais entachée à la fois de prétention scientifique (« Voici une contribution… ») ot do quant-à-soi bourgeois (« Je n'ai pas à faire le travail du chercheur »). Souhaitons, par eXemple, que ce qui reste a publier de) Cabiers de 1789, non seulement se conforme aux meilleurs modèles, mais y joigne une concordance, au moins des divisions administratives. Souhaitons aussi que, par le recours au Tableau des décimes de 1760 et à tant de recherches locales, un Atlas antiquus Gallicae ecclesiae maniable nous soit donné. On n'en a guère que des fragments, et point toujours exacts.