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Gouvernement et pénitence

Les enquêtes de réparation des usures juives de Louis IX (1247-1270)

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Marie Dejoux*
Affiliation:
Lamop, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Résumé

En 1247, avant la croisade, et jusqu’à sa mort en 1270, Louis IX fit recueillir les plaintes de ses sujets afin de réparer les torts de son administration. Pénitentielles, ces enquêtes étaient aussi des instruments de gouvernement, comme en attestent les enquêtes de restitution des usures juives. Les saisies générales des biens des créanciers juifs avaient rendu Louis IX coupable d’un recel d’autant plus peccamineux qu’il provenait d’une activité condamnée par l’Église et par le roi en personne : l’usure. Au nom de sa souveraineté sur ses juifs – les « juifs du roi » – et pour le salut de son âme, le roi entendit publiquement rendre à ses sujets ces biens mal acquis. La restitution des usures juives est une entreprise de conversion multiple : Louis IX ne restitue qu’une partie des biens des juifs et convertit le reste à un usage pieux, la croisade. En rendant, il transforme également en salut ses exactions et tourne à son avantage le rejet que pouvaient inspirer les créanciers juifs. Ces enquêtes incarnent donc un art de gouverner singulier, mêlant contrainte et consentement, souveraineté et scrupule religieux : le « moment saint Louis ».

Abstract

Abstract

Between his first crusade in 1247 and his death in 1270, Louis IX decided to collect his subjects’ grievances in order to right the wrongs of his administration. A penitential act, the inspections that ensued were also instruments of government: the king aimed to both save his soul and to rule his kingdom. This dual purpose is particularly apparent in the investigations into the restitution of Jewish wealth acquired through usury. By seizing the property of Jewish creditors, Louis IX was guilty of retaining the profits of an activity condemned by both the church and himself: usury. To assert his sovereignty over his Jews—the “Jews of the King”—and for the salvation of his soul, the king intended to publicly return these ill-gotten gains to his subjects. These restitutions entailed multiple conversions: Louis IX only returned a portion of the goods that had been appropriated by Jews, converting the rest into funds for the crusade. In doing so, the king also converted his wrongs into salvation, and turned the revulsion that Jewish creditors could inspire to his advantage. These investigations thus embodied a singular art of government, combining coercion and consent, sovereignty and religious scruple: the “Saint Louis moment.”

Type
Antisémitisme et histoire
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2014

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References

Page 848 note 1 Voir le parcours historiographique « Antisémitisme » à l‘adresse http://annales.ehess.fr/index.php?426.

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2 Voir, à titre d’exemple, Gauvard, Claude (dir.), L’enquête au Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2009,Google Scholar et Pécout, Thierry (dir.), Quand gouverner, c’est enquêter. Les pratiques politiques de l’enquête princière en Occident, XIIIe-XIVe siècles, Paris, De Boccard, 2010.Google Scholar La multiplication des rencontres scientifiques organisées sur cet objet, de même que la constitution d’un projet ANR dévolu aux enquêtes, Gouvaren (Gouverner par l’enquête, université d’Aix-en-Provence), montrent le regain d’intérêt pour cette procédure.

3 Mausen, Yves, Veritatis adiutor. La procédure du témoignage dans le droit savant et la pratique française (XIIe-XIVe siècles), Milan, A. Giuffrè, 2006.Google Scholar

4 Le corpus documentaire est celui que Léopold Delisle a délimité dans « Les enquêtes administratives du règne de saint Louis et la chronique de l’anonyme de Béthune », Recueil des historiens des Gaules et de la France (ci-après RHGF), XXIV, Paris, Imprimerie nationale, 1904.

5 En français, « au service des restitutions et des réparations » du roi, d’après une sentence de juillet 1255 des enquêteurs envoyés dans les baillies de Sens et de Paris, RHGF, XXIV, p. 6*. Ce glissement terminologique est attesté par d’autres sources.

6 Dejoux, Marie, « Gouverner par l’enquête en France, de Philippe Auguste aux derniers Capétiens », French Historical Studies, 372, 2014, p. 271302.CrossRefGoogle Scholar

7 Id., « Gouverner par l’enquête au XIIIe siècle. Les restitutions de Louis IX (1247- 1270 », thèse de doctorat, Université de Paris 1-Panthéon Sorbonne, 2012, parue sous le titre Les enquêtes de Saint Louis. Gouverner et sauver son âme, Paris, PUF, 2014.

8 Foucault, Michel, Le gouvernement de soi et des autres. Cours au Collège de France, 1982-1983, éd. par Gros, F., Paris, Gallimard/Le Seuil, 2008.Google Scholar

9 M. Dejoux, Les enquêtes de Saint Louis…, op. cit., p. 149-181.

10 Guyotjeannin, Olivier, « L’intégration des grandes acquisitions territoriales de la royauté capétienne (XIIIe-début XIVe siècle) », in Maleczek, W. (dir.), Fragen der politischen Integration im mittelalterlichen Europa, Ostfildern, J. Thorbecke, 2005, p. 211239, ici p. 218.Google Scholar

11 Pour reprendre l’expression forgée pour les enquêtes des ducs de Bourbon par Olivier Mattéoni, «Enquêtes, pouvoir princier et contrôle des hommes dans les territoires des ducs de Bourbon (milieu du XIVe siècle-début du XVIe siècle) », in C. Gauvard, L’enquête au Moyen Âge, op. cit., p. 364-404, ici p. 391.

12 M. Dejoux, Les enquêtes de Saint Louis…, op. cit., p. 65-86.

13 Ibid., p. 183-206.

14 Comme l’atteste la lettre de commission de 1268 : saluti anime nostre providere volentes, « voulant pourvoir au salut de notre âme », RHGF, XXIV, p. 7*-8*.

15 D’après la commission de 1268, ibid., p. 7*-8*.

16 L’expression est récurrente dans les Sententiae languedociennes de 1262. Voir, par exemple, RHGF, XXIV, 5, p. 625.

17 Telle que définie par Jacques Chiffoleau dans La comptabilité de l’au-delà. Les hommes, la mort et la religion dans la région d’Avignon à la fin du Moyen Âge (vers 1320-vers 1480), Rome, École française de Rome, 1980.

18 Nous reprenons ici l’expression forgée par Bisson, Thomas N. dans The Crisis of the Twelfth Century: Power, Lordship, and the Origins of European Government, Princeton, Princeton University Press, 2008.Google Scholar

19 Chester Jordan, William, Men at the Center: Redemptive Governance under Louis IX, Budapest/New York, Central European University Press, 2012.Google Scholar

20 La lettre de commission de 1257 sur les enquêtes de réparation des usures juives a les mêmes accents que celle de 1268 sur les enquêtes générales sur l’administration : nos super hiis animae nostrae cupientes providere saluti et de nostra conscientia scrupulum removere, « voulant sur ces choses pourvoir au salut de notre âme et ôter le scrupule de notre conscience », Archives nationales (ci-après AN), Registre Pater, fol. 201 et 206.

21 Cette lecture apologétique prend sa source dans Louis-Sébastien LE De Tillemont, Nain, Vie de Saint Louis, roi de France, éd. par de Gaulle, J., Paris, J. Renouard, 1847–1851 ;Google Scholar Bruel, Alexandre, « Notes de Vyon d’Hérouval sur les baptisés et les convers et sur les enquêteurs royaux au temps de saint Louis et de ses successeurs (1234-1334) », Bibliothèque de l’École des chartes, 28, 1867, p. 609621 ;CrossRefGoogle Scholar Delisle, Léopold, « Fragment d’un registre des enquêteurs de saint Louis », Extrait des comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris, Imprimerie nationale, 1915, p. 116.Google Scholar Elle se retrouve dans Riquet, Michel, « Saint Louis roi de France et les Juifs », Septième centenaire de la mort de Saint Louis, Paris, Les Belles Lettres, 1976, p. 345350 ;Google Scholar Wade Labarge, Margaret, « Saint Louis et les juifs », in Babelon, J. et al., Le siècle de Saint Louis, Paris, Hachette, 1970,Google Scholar et Madaule, Jacques, « Saint Louis et les Juifs », L’Arche, 165, 1970, p. 5861.Google Scholar

22 Voir, par exemple, Nahon, Gérard, « Le crédit et les Juifs dans la France du XIIIe siècle », Annales ESC, 245, 1969, p. 11211148.Google Scholar W. C. Jordan s’est servi des fragments d’enquêtes picardes pour montrer la dégradation de l’activité bancaire juive, provoquée par la politique anti-usuraire de Louis IX : Chester Jordan, William, «An Aspect of Credit in Picardy in the 1240’s: The Deterioration of Jewish-Christian Financial Relations », Revue des études juives, 142, 1983, p. 141152 ;Google Scholar Id., « Jews on Top: Women and the Availability of Consumption Loans in Northern France in the Mid-Thirteenth Century », Journal of Jewish Studies, 29, 1978, p. 39-56 ; Id., « Jewish-Christian Relations in Mid-Thirteenth Century France: An Unpublished Enquête from Picardy », Revue des études juives, 138, 1979, p. 47-54.

23 Lettre de commission datée de janvier 1247 nouveau style (ci-après n. st.), RHGF, XXIV, p. 4*.

24 Ibid. : ipsi restituant ea ad quorum restitutionem per ipsorum confessiones vel per probaciones viderint predicti fratres ipsos secundum Deum teneri.

25 Le Goff, Jacques, Saint Louis, Paris, Gallimard, 1996, p. 186.Google Scholar

26 Ibid.

27 D’après les instructions remises aux enquêteurs languedociens en 1258 (RHGF, XXIV, 19, p. 621), le formulaire envoyé aux évêques de France en 1259 (AN, J 367, no 1) et la lettre de commission de 1268 (RHGF, XXIV, p. 7*-8*).

28 Voir la bulle papale du 11 avril 1258 (Layettes du Trésor des Chartes, t. III, 4404, p. 401) et le dossier des lettres épiscopales (AN, J 367, no 2-38).

29 Sur l’apparition de clauses de réparation dans les testaments d’usuriers, voir Nelson, Benjamin, « The Usurer and the Merchant Prince: Italian Businessmen and the Ecclesiastical Law of Restitution, 1100-1550 », The Journal of Economic History, 7, 1947, p. 104122 ;CrossRefGoogle Scholar Id., « Blancardo (the Jew ?) of Genoa and the Restitution of Usury », in Barbagallo, C. (dir.), Studi in onore di Gino Luzzatto, Milan, A. Giuffrè, 1949, p. 96116.Google Scholar Sur les restitutions ordonnées par les princes dans leurs testaments, voir par exemple Godding, Philippe, « Le testament princier dans les Pays-Bas méridionaux (12e-15e siècles) : acte privé et instrument politique », Revue d’histoire du droit, LXI, 1993, p. 217235,CrossRefGoogle Scholar et Brown, Elizabeth, « Taxation and Morality in the XIIIth and XIVth Centuries: Conscience and Political Power and the Kings of France », French Historical Studies, 8, 1973, p. 128.CrossRefGoogle Scholar

30 M. Dejoux, Les enquêtes de Saint Louis…, op. cit., p. 330-344.

31 Piron, Sylvain, « Un couvent sous influence. Santa Croce autour de 1300 », in Bériou, N. et Chiffoleau, J. (dir.), Économie et religion. L’expérience des ordres mendiants (XIIIe–XVe siècle), Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2009, p. 331355.Google Scholar

32 Ceccarelli, Giovanni, « L’usura nella trattatistica teologica sulle restituzioni dei male ablata », in Quaglioni, D., Todeschini, G. et Varanini, G.-M. (dir.), Credito e usura fra teologia, diritto e amministrazione : linguaggi a confronto, sec. XII-XVI, Rome, École française de Rome, 2005, p. 323, ici p. 7.Google Scholar

33 Todeschini, Giacomo, Il prezzo della salvezza. Lessici medievali del pensiero economico, Rome, Nuova Italia scientifica, 1994, p. 135.Google Scholar

34 Sur ce dernier thème, voir Boyer, Jean-Paul, « Prêcher Marseille. Paroles franciscaines à l’aube du XIVe siècle », in Boyer, J.-P. et Pécout, T. (dir.), La Provence et Fréjus sous la première maison d’Anjou (1246-1382), Aix-en-Provence, Publications de l’université de Provence, 2010, p. 135170.CrossRefGoogle Scholar

35 G. Ceccarelli, « L’usura… », art. cit., p. 5-7.

36 Sur la prosopographie des enquêteurs, voir M. Dejoux, Les enquêtes de Saint Louis…, op. cit., p. 107-147.

37 Todeschini, Giacomo, Richesses franciscaines. De la pauvreté volontaire à la société de marché, Bologne, Verdier, 2004, p. 116.Google Scholar

38 Voir par exemple Pierrede Jean Olivi, Tractatus de contractibus, édité dans Todeschini, Giacomo, Un trattato di economia politica francescana. Il De emptionibus et venditionibus, de usuris, de restitutionibus, Rome, Istituto storico italiano per il Medio Evo, 1980 ;Google Scholar De Jean Olivi, Pierre, Traité des contrats, éd. par Piron, S., Paris, Les Belles Lettres, 2012.Google Scholar Sur Pierre de Jean Olivi et sur sa pensée, voir en priorité, parmi une bibliographie conséquente, Boureau, Alain et Piron, Sylvain (dir.), Pierre de Jean Olivi (1248-1298). Pensée scolastique, dissidence spirituelle et société, Paris, J. Vrin, 1999.Google Scholar

39 Milani, Giuliano, « Avidité et trahison du bien commun. Une peinture infamante du XIIIe siècle », Annales HSS, 663, 2011, p. 705739.Google Scholar

40 François Bougard, , « Le crédit dans l’Occident du Haut Moyen Âge : documentation et pratique », in Devroey, J.-P., Feller, L. et Le Jan, R. (dir.), Les élites et la richesse au Haut Moyen Âge, Turnhout, Brepols, 2010, p. 439477, ici p. 477.CrossRefGoogle Scholar L’expression de « vrai crédit » est également de lui.

41 Pour une vision synthétique de la question, se référer à Boureau, Alain, « Usure », Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, PUF, 2002, p. 14221423 ;Google Scholar pour un développement plus systématique, voir Le Bras, Gabriel, « Usure. La doctrine ecclésiastique de l’usure à l’époque classique (XIIIe–XVe siècle) », in Vacant, A., Mangenot, E. et Amann, É. (dir.), Dictionnaire de théologie catholique, Paris, Letouzey et Ané, 1950, vol. 15, col. 2236-2272.Google Scholar

42 Sylvain Piron, « Le devoir de gratitude. Émergence et vogue de la notion d’antidora au XIIIe siècle », in D. Quaglioni, G. Todeschini et G. M. Varanini (dir.), Credito e usura fra teologia, diritto e amministrazione…, op. cit., p. 73-101, ici, p. 74.

43 Denjean, Claude, « Commerce et crédit : une réhabilitation sous condition », in de Cevins, M. M. et Matz, J.-M. (dir.), Structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l’Occident latin (1179-1449), Rennes, PUR, 2010, p. 471484.Google Scholar

44 Claustre, Julie, Dans les geôles du roi. L’emprisonnement pour dette à Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, p. 16.Google Scholar

45 G. Ceccarelli, « L’usura… », art. cit., p. 4.

46 Chazan, Robert, Medieval Jewry in Northern France: A Political and Social History, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1973, p. 119120 ;Google Scholar Shatzmiller, Joseph, Shylock revu et corrigé. Les juifs, les chrétiens et le prêt d’argent dans la société médiévale, Paris, Les Belles Lettres, 2000, p. 88.Google Scholar

47 D’après nos dépouillements, les exemples sont rares et méridionaux, voir RHGF, XXIV, 26, p. 326 et 31, p. 327.

48 G. Nahon, « Le crédit… », art. cit., p. 1134. Les dépositions révélant ce procédé sont néanmoins peu nombreuses : RHGF, XXIV, 25, p. 98 ; 114, p. 345 ; 200, p. 89 ; 680, p. 157 ; 1417, p. 213 ; 1512, p. 222.

49 G.Nahon, « Le crédit… », art. cit. ; W. C. Jordan, « Jewish-Christian Relations… », art. cit.

50 Theis, Valérie, « Jean XXII et l’expulsion des juifs du Comtat Venaissin », Annales HSS, 671, 2012, p. 4180 Google Scholar, en particulier p. 61-66.

51 A. Bruel, « Notes de Vyon d’Hérouval… », art. cit., p. 621.

52 M. Dejoux, Les enquêtes de Saint Louis…, op. cit., p. 29-38.

53 Le parcours archivistique des différentes pièces émanées des enquêtes de réparation est retracé dans Ibid., p. 38-48.

54 Selon l’appréciation du garde du Trésor des Chartes, Gérard de Montaigu, en 1370 : AN, JJ 126, fol. 5v.

55 Certaines enquêtes ne gagneraient même le Supplément qu’au XIXe siècle, preuve de la longue errance des documents hors des archives centrales. Sur ce thème, voir Yann Potin, « Archiver l’enquête ? Avatars archivistiques d’un monument historiographique : les enquêtes ‘administratives’ de Louis IX (1247-1248) », in C. Gauvard (dir.), L’enquête au Moyen Âge, op. cit., p. 241-267.

56 Inquisitiones in Remensi et Laudunensi diocesibus, RHGF, XXIV, p. 269-295, no 36, 53, 55, 57-58, 67-69, 107, 112, 121-123, 126 et 138.

57 Le Clerc, Joseph-Victor, Chrestomathia ex linguae graecae scriptoribus, Paris, Delalain, [1812] 1823.Google Scholar Ces fragments furent repérés et collectés par Delisle, Léopold; il en retrace la découverte dans « Fragments d’un registre des enquêteurs de Saint Louis », Journal des Savants, 33, 1909, p. 3839.CrossRefGoogle Scholar Les feuillets trouvés par L. Delisle dans les trains de reliure de manuscrits de la Sorbonne (Bibliothèque nationale (ci-après BN), Lat. 15964 et 16471) ont été édités par ce dernier sous le titre De usuris, ut videtur, circ. Annum 1247, dans RHGF, XXIV, p. 745-748 (ci-après De usuris). Les fragments intégrés dans la reliure de la Chrestomathie (BN, NAL 471) ont été édités par lui dans les RHGF, XXIV, p. 742-744, no 121 sq., et par W. C. JORDAN dans « Jewish-Christian Relations… », art. cit., puisque ces lambeaux avaient été découverts après la parution du tome XXIV des RHGF (ci-après Contra Judeos).

58 BN, Dupuy 532, fol. 88r-90v.

59 R. Chazan, Medieval Jewry in Northern France…, op. cit., p. 119-120 ; Jordan, William Chester, The French Monarchy and the Jews, from Philip Augustus to the Last Capetians , Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1989, p. 145, n. 13.CrossRefGoogle Scholar Joseph Shatzmiller est plus mesuré, il parle d’un « document émis par Louis IX, peut-être dès 1248 », mais il n’en tient pas compte dans le reste de sa démonstration, voir J. SHATZMILLER, Shylock revu et corrigé…, op. cit., p. 87. C. Balasse, en revanche, propose d’inverser la chronologie des enquêtes et du formulaire. Selon elle, le roi s’appuierait sur les enquêtes et sur les cas d’usure qu’elles dénoncent pour organiser des commissions spécifiques, décrites par le formulaire : Balasse, Céline, 1306. L’expulsion des juifs du royaume de France, Bruxelles/Paris, De Boeck/Fondation pour la mémoire de la Shoah, 2008, p. 34.Google Scholar Les éléments qui suivent invalident cette hypothèse.

60 L. Delisle a ainsi eu raison de les éditer parmi les Querimoniae in Ambianensi, Silvanectensi et Viromandensi balliviis exceptae, anno 1247 vel 1248, voir RHGF, XXIV, p. 704-721. En leur ajoutant les dépositions éditées par W. C. Jordan, les plaintes contre les usuriers juifs représentent 45% des dépositions conservées.

61 Il s’agit d’un rouleau inédit, le AN, J 943, no 19, que J. Shatzmiller décrit sommairement dans le développement qu’il consacre aux enquêtes de restitution des usures juives menées par Louis IX, voir J. Shatzmiller, Shylock revu et corrigé…, op. cit., p. 86-87.

62 Plusieurs religieuses de l’abbaye de Saint-Jacques de Vitry (Vitry-en-Perthois) viennent réclamer en son nom vingt livres, prélevées à titre d’usure par des prêteurs juifs (AN, J 943, no 19, item 39, peau no 1). Les villages dont proviennent les déposants sont tous situés dans la Marne, à proximité de l’abbaye : Cheminon, Vanault-les-Dames, Blesme, Saint-Lumier-en-Champagne, Bignicourt-sur-Salux, Jussecourt-Minecourt, Saint-Vrain, Marolles, etc. C’est donc à Vitry-en-Perthois que renvoie le titre écrit au verso du rouleau : L’anqueste de caus qui ont rendu deniers au juys par reson d’uzure puis XX ans de Vitri.

63 M. Dejoux, Les enquêtes de Saint Louis…, op. cit., p. 155-156.

64 Nous proposons également d’en décaler la datation aux années 1268-1269.

65 Voir le cahier de témoignages rassemblés lors des investigations contre Gautier, châtelain de Laon, RHGF, XXIV, p. 260-268, et M. DEJOUX, Les enquêtes de Saint Louis…, op. cit., p. 91-92.

66 L’expulsion des juifs de Saint-Quentin est mentionnée dans RHGF, XXIV, 167, p. 744.

67 Chester Jordan, William, Louis IX and the Challenge of the Crusade: A Study in Rulership, Princeton, Princeton University Press, 1979, p. 85.Google Scholar

68 Grayzel, Solomon, The Church and the Jews in the XIIIth Century, New York, Jewish Theological Seminary of America, 1989, vol. 1, p. 306309 ;Google Scholar Blumenkranz, Bernhard, «Le De regimine Judaeorum : ses modèles, son exemple », in Verbeke, G. et Verhelst, D. (dir.), Aquinas and Problems of his Time, Louvain, Leuven University Press, 1976, p. 101117, ici p. 104-105.Google Scholar

69 BN, Doat 154, fol. 64v, in C. Devic et J. Vaissette (éd.), Histoire générale de Languedoc, avec des notes et les pièces justificatives (ci-après HGL), Toulouse, Privat, 1872- 1892, t. VIII, col. 1358, § VI.

70 AN, Registre Pater, fol. 201, in de LauriÈre, E. (éd.). Ordonnances des roys de France de la troisième race (ci-après Ord.), Paris, Imprimerie royale, 1723, t. I, p. 85.Google Scholar

71 Antequam iter arripuissemus transmarinum ; non tamen animo retinendi.

72 Et postmodum cum Judeos ipsos de terra nostra mandavissemus expelli.

73 Parmi les historiens qui ont traité la question, seul R. Chazan date l’expulsion de 1253, en se basant sur Mathieu Paris, voir R. Chazan, Medieval Jewry in Northern France…, op. cit., p. 122. Nous rejoignons la date donnée par G. Nahon,W. C. Jordan, J. Shatzmiller et C. Balasse de 1256, puisqu’il paraît plus logique d’attendre le retour du roi pour qu’une telle décision soit prise, de même pour l’adjonction d’une sanction d’expulsion à l’interdiction de l’usure en 1254. Les expulsions des juifs au Moyen Âge ne sont pas toujours datées avec précision. Faisant souvent l’objet de mentions allusives dans les actes émanés des souverains, les comptabilités semblent le meilleur moyen pour en établir la datation, ainsi que l’a récemment démontré Valérie Theis pour l’expulsion par le pape des juifs du Comtat Venaissin, voir V. Theis, « Jean XXII et l’expulsion des juifs… », art. cit. L’incendie de la Chambre des comptes interdit le recours aux sources comptables pour le royaume de France, il faut donc trouver d’autres expédients.

74 Animae nostrae cupientes providere saluti et de nostra conscientia scrupulum removere.

75 Sont conservées quelques mentions éparses des ventes entreprises par ses envoyés pour le compte du roi. Dès 1257, ils vendent un moulin en Normandie, voir Musset, Lucien, « Morel de Falaise », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, 57, 1963–1964, p. 559.Google Scholar En juin 1258, ils procèdent à la vente de la maison de Dieudonné de Braye et de Bonnevie, son fils, située rue de la Tissanderie à Paris, pour 120 livres parisis (AN, S 4241, no 12). En novembre 1260, on les retrouve à Gonesse où ils vendent la maison du juif Samson pour 30 livres parisis (AN, JJ 30 A, fol. 202, no 318).

76 Pro restituendis usuris per Judeos in Turonia extortis: A.BRUEL, « Notes de Vyon d’Hérouval… », art. cit., p. 621.

77 La seule vente de deux maisons rapporte au roi de France 150 livres, soit le quart de la somme rendue en Touraine. Un autre point de comparaison est l’évaluation des biens des juifs que fixèrent en 1268 les enquêteurs d’Alphonse de Poitiers dans les diocèses de Toulouse et d’Albi (cette ville non incluse) : 2 235 livres tournois. Voir Jusselin, Maurice, « Documents financiers concernant les mesures prises par Alphonse de Poitiers contre les juifs (1268-1269) », Bibliothèque de l’École des chartes, 68, 1907, p. 130149, ici p. 131.CrossRefGoogle Scholar La destruction des comptabilités capétiennes nous interdit d’aller plus loin.

78 Le roi précise que ces sommes proviennent sive in bonis judeorum, sive in aliis quibuscumque, soit des biens des juifs, soit d’autres.

79 L’édit ordonnant la captio de septembre 1268 n’a pas été conservé, mais celle-ci est rappelée dans une convention signée avec le comte de Champagne le samedi avant les Rameaux 1268, le 16 mars 1269 (n. st.) : Brussel, Nicolas, Nouvel examen de l’usage général des fiefs, Paris, de Nully, 1750, t. I, p. 596597.Google Scholar On conserve en revanche le mandement envoyé en septembre par Alphonse de Poitiers à ses sénéchaux : Molinier, Auguste, Correspondance administrative d’Alfonse de Poitiers, Paris, Imprimerie nationale, 1894-1900, t. I, p. 402403.Google Scholar

80 Thomas d’Aquin, cité dans J. Shatzmiller, Shylock revu et corrigé…, op. cit., p. 88.

81 Dominus Rex usuras restituere non intendit nisi a tredecim annis citra, usque ad ultimam generalem captionem rerum Judaeorum : BN, Dupuy 532, fol. 88r-90v.

82 Layettes du Trésor des Chartes, t. IV, 5711, p. 452-453. La chancellerie comtale allège et modifie légèrement le texte en enlevant, par exemple, la référence au délai de treize années qui n’aurait aucune signification dans ces terres.

83 La poursuite de l’usure, contrairement à celle de l’administration royale, était d’ordinaire réservée aux évêques : G. LE BRAS, « Usure », art. cit.

84 Le roi demande que le détail des affaires excédant cent sous lui parvienne cum l[itte]ris episcopi vel archiepiscopi dioc. in qua inquisierunt, continentibus Inquisitorum nomina qui ab ipsis ad hoc fuerunt deputati : BN, Dupuy 532, fol. 88r-90v.

85 RHGF, XXIV, p. 7*-8*.

86 Ibid.

87 Ibid.

88 Leur rédaction est très proche des directives données par Louis IX dans son formulaire. En revanche, le titre du rouleau mentionne que les cas retenus couvrent une période de vingt années, et non de treize, et la référence à Vitry-en-Perthois semble indiquer que le cadre retenu pour les investigations n’est pas le diocèse, comme cela est défini dans le royaume de France.

89 L’idée que la spécialisation des communautés juives dans le commerce de l’argent fut le résultat des interdictions chrétiennes est aujourd’hui remise en question. La défense d’occuper des fonctions d’autorité n’émerge qu’au XIIe siècle et on ne note aucune limitation professionnelle dans la législation canonique. Cette spécialisation est dès lors interprétée comme la conjonction d’incitations des pouvoirs civils et de recherche de nouveaux marchés par les juifs du Sud de l’Europe. Voir Chazan, Robert, Reassessing Jewish Life in Medieval Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2010, p. 108132.CrossRefGoogle Scholar Haym Soloveitchik démontre, pour sa part, que face aux attaques répétées des chrétiens contre l’usure, les littérateurs polémistes juifs forgèrent au Moyen Âge l’idée que ce furent les chrétiens eux-mêmes qui avaient acculé les juifs au commerce de l’argent ; la littérature à usage interne de la communauté juive ne fait en revanche aucun écho à cette thèse. Voir Haym Soloveitchik, « The Jewish Attitude in the High and Late Middle Ages (1000-1500) », in D. Quaglioni, G.Todeschini et G.-M. Varanini (dir.), Credito e usura fra teologia, diritto e administrazione…, op. cit., p. 115-127.

90 R. Chazan, Reassessing…, op. cit., p. 108-132.

91 C. Balasse, 1306…, op. cit.

92 J. Le Goff, Saint Louis, op. cit., p. 797.

93 Sur l’évolution respective et comparée des politiques anti-usuraires de l’Église et des rois, voir Stow, Kenneth, « Papal and Royal Attitudes toward Jewish Lending in the Thirteenth Century », Association of Jewish Studies Review, 6, 1981, p. 161184.Google Scholar

94 R. Chazan, Medieval Jewry in Northern France…, op. cit., p. 104-107.

95 Le principal désigne le capital initialement prêté.

96 K. Stow, « Papal and Royal Attitudes… », art cit., p. 166-174.

97 Guillaume De Chartres, « Vie de Saint Louis », RHGF, XX, p. 34.

98 Jean de Joinville, Histoire de Saint Louis, trad. par N. de Wailly, Paris, Didot, 1874, p. 31.

99 J. Le Goff, Saint Louis, op. cit., p. 811.

100 C’est ainsi que Philippe, Béatrice ne cite que les mesures prises contre les usuriers juifs par Philippe Auguste et Philippe le Bel dans Être juif dans la société française, du Moyen Âge à nos jours, Paris, Montalba, 1979.Google Scholar

101 R. Chazan, Medieval Jewry in Northern France…, op. cit., p. 111.

102 Une telle interdiction n’a qu’un seul précédent dans les archives des comtes de Bourbon. Il n’est donc pas inintéressant, pour notre propos, d’observer qu’Archambaud de Bourbon justifie son interdiction du commerce de l’argent aux juifs en 1234 par une consultation du roi de France, voir J. Shatzmiller, Shylock revu et corrigé…, op. cit., p. 91-92.

103 K. Stow, « Papal and Royal Attitudes… », art. cit., p. 177.

104 La captio des biens des juifs apparaît de manière indirecte dans la lettre de commission que Louis IX remet en 1257 à ses commissaires aux affaires des juifs : Cum antequam iter arripuissemus transmarinum, quedam bona percepimus a Judeis, non tamen animo retinendi. Et postmodum cum Judeos ipsos de terra nostra mandavissemus expelli, aliqua perceperimus que habebant, AN, Registre Pater, fol. 201, in Ord., t. I, p. 85 : « Avant de prendre la route de l’outre-mer, nous prîmes aux juifs certains biens, sans intention de les garder. Et par la suite, quand nous ordonnâmes d’expulser ces juifs de nos terres, nous perçûmes d’autres biens qu’ils possédaient. » Les arrestations apparaissent dans les mandements remis au sénéchal de Carcassonne en 1246, voir BN, Doat 153, pl. 243, no 15, in HGL, VIII, col. 1191, § 3. Les fragments d’enquêtes picardes de 1248 suggèrent quant à eux une expulsion des juifs de Saint-Quentin en 1245 : BN, NAL 471, RHGF, XXIV, p. 744, no 167 : A tribus annis, Agnes et soror ejus, judea, detulerunt vadia sua quando fugati fuerunt a villa. La lettre de commission de 1257 insinuant que l’expulsion générale des juifs est plus tardive, on peut penser que cette expulsion n’est que partielle.

105 L’interdiction est répétée au sénéchal de Carcassonne dans un mandement de 1246 (voir BN, Doat 153, fol. 248v, no 22, in HGL, VIII, col. 1192, § V) et elle est élargie au royaume de France dans la grande ordonnance de 1254. La condamnation de l’usure juive y est mêlée à celle des jeux d’argent, de la prostitution et du blasphème.

106 BN, Doat 153, pl. 243, no 15, in HGL, VIII, col. 1191, § III ; BN, Doat 153, fol. 248v, no 22, in HGL, VIII, col. 1192, § V.

107 Selon des déposants entendus par les enquêteurs-réparateurs à Béziers en 1247, le juif Astruguet est chargé de recevoir les revenus de la justice et les amendes pour le roi de France : Astruguet(u)s judae(us), qui recepit pro domino rege justicias et emendas istius terrae, RHGF, XXIV, 12 p. 323.

108 Sur ce débat, retranscrit par Méir ben Siméon et inséré dans les Milhemeth Miswah, voir Chazan, Robert, « Anti-Usury Efforts in Thirteenth-Century Narbonne and the Jewish Response », Proceedings of the American Academy for Jewish Research, vol. XLI-XLII, 1973–1974, p. 4567 ;CrossRefGoogle Scholar Id., « A Jewish Plaint to Saint Louis », Hebrew Union College Annual, XLC, 1974, p. 287-305 ; Id., « Confrontation in the Synagogue of Narbonne: A Christian Sermon and a Jewish Reply », Harvard Theological Review, 67, 1974, p. 438-457. On peut également consulter Stein, Siegfried, « A Disputation on Moneylending between Jews and Gentiles in Me’ir b. Simon’s Milhemeth Miswah (Narbonne, 13th Century) », Journal of Jewish Studies, X1/2, 1959, p. 4561.CrossRefGoogle Scholar

109 S. Piron, «Le devoir de gratitude… », art. cit., p. 73-101, ici p. 74.

110 Insuper de bonis quorumdam Usurariorum in Normania defunctorum, inveniremus aliqua percepisse : AN, Registre Pater, fol. 201 et 206, in Ord., I, p. 85.

111 Denjean, Claude, La loi du lucre. L’usure en procès dans la Couronne d’Aragon à la fin du Moyen Âge, Madrid, Casa de Velázquez, 2011.Google Scholar On attend également sur ce thème les conclusions de la thèse en cours à l’université de Harvard de Rowan Dorin, « Expulsions of Foreign Merchants and Moneylenders in Western Europe, 1200-1450 », sous la direction de Daniel Smail.

112 Nirenberg, David, Violence et minorités au Moyen Âge, Paris, PUF, 2001.Google Scholar

113 L’ordonnance sur l’expulsion des usuriers lombards et cahorsins de janvier 1269 ne mentionne pas celle des juifs comme certains historiens ont pu le penser, voir AN, P 2289, no 84, in Ord., t. I, p. 96.

114 C. Denjean, La loi du lucre…, op. cit.

115 G. Le Bras, « Usure », art. cit.

116 RHGF, XX, p. 34.

117 Nec aliquid de bonis eorum in usus suos converti volebat, asserens se nolle eorum retinere venenum. Dans la lettre de commission de 1257, on trouve l’expression non tamen animo retinendi (n’ayant pas la même volonté de retenir), très proche du passage de Guillaume de Chartres.

118 Perrot, Ernest, Les cas royaux. Origine et développement de la théorie aux XIIIe et XIVe siècles, Paris, Rousseau, 1910, p. 106.Google Scholar

119 Méir ben Siméon argue plutôt du fait que leur religion ne leur interdit pas de pratiquer le crédit auprès de ceux qui ne sont pas leurs frères. Il démontre que nul ne peut se passer du crédit juif, ni les pauvres, ni même le roi et ses officiers. Cet intellectuel juif publie, de 1245 à 1270, un certain nombre de réponses adressées au roi de France, qui stigmatisent les ordonnances prises contre les juifs et leur activité de crédit. Le registre qui les consigne est le Milhemeth Miswah, Bibliothèque palatine de Parme, ms. 2749, in Ben-Zion DINUR (éd.), Yisrael ba-gola: A Documentary History of the Jewish People from its Beginning to the Present, Tel Aviv/Jérusalem, Dvir/Bialik Institute, 1965, vol. 2, t. 1, p. 282-286. La traduction française utilisée ici est celle que donne G. NAHON, « Les ordonnances… », art. cit., p. 31-35.

120 Ad me vero pertinet de Judaeis, qui jugo servitutis mihi subjecti sunt.

121 E. Perrot, Les cas royaux…, op. cit.

122 G. Le Bras, « Usure », art. cit.

123 D’après la formulation de l’ordonnance de Melun de 1230, éditée dans Ord., t. I, p. 53.

124 La démonstration est conduite par Gavin LANGMUIR, « Tanquam servi: The Change in Jewish Status in French Law about 1200 », in Yardeni, M., Les Juifs dans l’histoire de France, Leyde, Brill, 1980, p. 2454,Google Scholar et Schwarzfuchs, Simon, « De la condition des Juifs de France aux XIIe et XIIIe siècles », Revue des études juives, 125, 1966, p. 221232.Google Scholar

125 C. Perrot, Les cas royaux…, op. cit., p. 42-44.

126 D. Nirenberg, Violence et minorités…, op. cit.

127 Ibid. On retrouve une dynamique identique dans la révolte des Maillotins en 1382.

128 Voir sur ce thème M. DEJOUX, « Gouverner par l’enquête en France… », art. cit.

129 J. Shatzmiller mentionne que les habitants d’Angy, Saint-Pierre-sur-Dives et Villefranche durent s’acquitter d’une taxe pour rembourser les frais engagés par le roi dans l’expulsion des juifs, voir J. Shatzmiller, Shylock revu et corrigé…, op. cit., p. 94.

130 C. Denjean, « Commerce et crédit… », art. cit., p. 480.

131 K. Stow, « Papal and Royal Attitudes… », art. cit., p. 180.

132 G. Todeschini, Il prezzo della salvezza…, op. cit., p. 133.

133 Sur le bénéfice tiré de la conduite d’une politique anti-juive par les monarques capétiens, voir Chester Jordan, William, « Princely Identity and the Jews in Medieval France », in Cohen, J., From Witness to Witchcraft: Jews and Judaism in Medieval Christian Thought, Wiesbaden, Harrassowitz, 1996, p. 257273.Google Scholar

134 Nous traduisons cette citation de W. C. Jordan, Louis IX and the Challenge…, op. cit., p. 86.

135 V. Theis, « Jean XXII… », art. cit., p. 75.

136 W. C. Jordan, « Jews on Top… », art. cit., p. 52.

137 J. Shatzmiller, Shylock revu et corrigé…, op. cit., p. 101.

138 Sibon, Juliette, « Les juifs, les chrétiens et le prêt à intérêt à Marseille au XIVe siècle », http://economix.fr/pdf/colloques/2008_RTP/Sibon.pdf ; Id., Les Juifs de Marseille au XIVe siècle, Paris, Éd. du Cerf, 2011.Google Scholar

139 J. Le Goff sous-entend que la politique menée contre l’usure des juifs serait une façon « de protéger les marchands chrétiens face à des concurrents », voir J. LE GOFF, Saint Louis, op. cit., p. 797.

140 J. Shatzmiller, Shylock revu et corrigé…, op. cit., p. 134-135.