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Entre Venise et l’Empire ottoman, les métaux précieux des Balkans (XVe-XVIe siècle)

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Boško Bojović*
Affiliation:
EHESS

Résumé

Au XVe siècle, la production de métaux précieux dans les Balkans atteint son plein essor. Ils sont exportés essentiellement via Raguse en direction de la Monnaie de Venise. La documentation disponible permet de chiffrer le transit par Raguse entre 11 060 kg pour 1425 et vingt-cinq tonnes annuelles au plus pour la première moitié du siècle. L’occupation ottomane de la Serbie et de la Bosnie au milieu du siècle marque la fin de cette exportation de matière première indispensable à l’économie monétaire européenne, en manque de numéraire. La production comme la monétarisation des métaux précieux des Balkans se déroulent désormais dans le cadre d’une économie en cercle fermé et sous le signe de l’autorégulation par l’État ottoman. Nonobstant tous les efforts de l’administration centrale, y compris une législation particulièrement élaborée, et malgré le développement du grand centre minier de Sidérocapsia (Macédoine orientale), la production des métaux précieux ne cesse de chuter au XVIe siècle. Ce processus économique aboutit, à la fin du XVIe siècle, au crash financier qui marque le début de la crise chronique de l’Empire ottoman. L’apport en métaux précieux des Balkans dans l’économie monétaire de l’Europe à la fin du Moyen Âge est un fait significatif encore loin d’avoir été pris suffisamment en compte par les spécialistes de l’histoire économique. De même que son rôle dans l’essor, puis dans le déclin irrémédiable de l’économie et de la puissance ottomane.

Abstract

Abstract

In the 15th century the production of precious metals in the Balkans reached its apogee. Exported essentially by Ragusa, largely in the direction of the Venice Mint, available documentation allows us to evaluate the transit by way of Ragusa of between 11.060 kg. for 1425, and an optimum estimation of 25 tons annually, for the first half of the century, of such metals. The Ottoman occupation of Serbia and Bosnia in the middle of the century marks the end of the exportation of raw materials indispensable to the European monetary economy, which lacked precious metals for mints. The production as well as the coining of the Balkan precious metals took place within the closed circuit of the autarchic economy of the Ottoman state. Notwithstanding all the efforts of the central administration, including a highly developed legislation, and, in spite of the development of the big mining centre of Siderokapsia (Eastern Macedonia), the production of precious metals did not cease to decline in the 15th century. This economic phenomenon led to the financial crash that marked the beginning of the recurring financial and economic crises of the Ottoman Empire at the end of the 16th century. The contribution of the precious metals of the Balkans to the European monetary economy at the end of the Middle Ages has not been sufficiently studied by the specialists in economic history, and, it has not been taken into account as regards the spectacular decline of the Ottoman economy and power.

Type
Métaux et capitaux
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2005

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References

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2- Sur ces « voyageurs privilégiés » destinés à « faire le tour du monde » que sont les métaux précieux, cf. ID., La dynamique du capitalisme, Paris, Arthaud, 1985, pp. 28-29 et 47. Sur l’expansion de l’économie urbaine au bas Moyen Âge, voir Tenenti, Alberto, La formazione del mondo moderno, XIV-XVII secolo, Bologne, Società editrice il Mulino, 1980, pp. 5865 et 126-129Google Scholar.

3- C’est du moins ce qu’affirme le Ragusain Benko Kotruljević, qui fut, au XVe siècle, l’administrateur de la Monnaie du roi de Naples, dans son ouvrage didactique sur le négoce (Milorad Zebić ,Život i rad Dubrovčanina Benka Kotruljevića i njegov spis o trgovini i savršenom trgovcu [Vie et oeuvre du Ragusain Benko Kotruljević et son ecrit sur le negoce et le parfait marchand], Titograd, Udruženje knjigo Crne Gore, 1963, p. 130). Voir aussi Spremić, Momčilo, « Presuda Benku Kotruljeviću » (La sentence de Benko Kotruljević), Zbornik Filozofskog fakulteta, XI-1, 1970 Google Scholar, Spomenica Jorja Tadića (À la memoire de Jorja Tadić), pp. 393-398 ; Hrvoje ŠOšIć , Dubrovčaniu Benedikt Kotruljević: Havatski i svjotski economist XV vijeka (Le Ragusain Bénédict Kotruljević, économiste croate et mondial du XVe siècle), Zagreb, Hazu/Hrvatski računovodja, 1996.

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6- Sur la suprématie vénitienne dans l’économie d’échange, cf. Lane, Frederic C., Venise, une république maritime, Paris, Flammarion, 1985, pp. 99, 106-107, 110-118 et 277Google Scholar ; Stöckly, Doris, Le système de l’ incanto des galées du marché à Venise (fin XIIIe-milieu XVe siècle), Leyde-New York-Cologne, E. J. Brill, 1995, pp. 99100 Google Scholar ; Crouzetpavan, Élisabeth, Venise triomphante. Les horizons d’un mythe, Seyssel, Champ Vallon, 1997, p. 111 sqq.Google Scholar

7- ćest le métal du Fernhandel (le commerce à longue distance), dont la prééminence allait se prolonger en Europe tout au long du XVIe siècle : voir Cauwenberghe, Eddy van et Metz, Rainer, « Coinage and the coin (money) stock: Problems, possibilities and first results (The Southern Low Countries, 1334-1789) », in Van Cauwenberghe, E. (ed.), Precious metals, coinage and the changes of monetary structures in Latin-America, Europe and Asia (Late Middle Ages-Early Modern times), Louvain, Leuven University Press, 1989, pp. 724 Google Scholar ; Braudel, F., Civilisation materielle…, op. cit., vol. 1, pp. 404407 Google Scholar ; Lane, F. C., Venise…, op. cit., pp. 211213.Google Scholar

8- Mention est faite pour la première fois en 1254 de ces mineurs saxons, qui travaillent dans la mine de Brskovo (Brescoua) ; on y exploitait des gisements argentifères à faible teneur aurifère (Constantin Jirecek, Staat und Gesellschaft im mittelalterlichen Serbien. Studien zur Kulturgeschichte des 13.-15. Jahrhunderts, dans Denkschriften der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften in Wien. Philosophich-Historische Klasse, LVI, 1re et 2e partie, Vienne, 1912, pp. 43-46 ; Voje, Ignacij, « Brskovo in vrednost srebra » (Brskovo et la valeur de l’argent métal), Zgodovinski časopis, 10-11, 1956-1957, pp. 286295.Google Scholar

9- C‘est ainsi que sont successivement ouvertes les mines de la région de Rudnik (Serbie centrale), en 1293, du Kosovo (Trapča, Janjevo), de Kopaonik (au nord du Kosovo), en 1346, et de Podrinje, en 1312 (Mihajlo J. Dinić , Za istoriju rudarstva u srednjevekovnoj Srbiji i Bosni (Pour une histoire de l’exploitation minière dans la Serbie et la Bosnie médiévales), t. II, Belgrade, SANU, 1962, pp. 1-26 ; ID., « Trapča u srednjem veku » (Trapča au Moyen Âge), Prilozi KJIF, 33, 1967, pp. 3-10 ; Ćirković, Sima , « Production of gold, silver and copper in the central parts of the Balcans », Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte, « Precious metals in the age of expansion », 1979, pp. 4169, ici p. 42.Google Scholar

10- C‘est dans les années 1280 que les documents ragusains livrent les premières mentions du commerce d’argent-métal, qui deviennent de plus en plus nombreuses, pour atteindre une fréquence inégalée dans la première moitié du XVe siècle ( Jireček, Constantin, Die Handelsstrassen und Bergwerke von Serbien und Bosnien während des Mittelalters, Prague, 1879, pp. 4158 Google Scholar; Kovačević, Desanka, « Dans la Serbie et la Bosnie médiévales : les mines d’or et d’argent », Annales ESC, 15-2, 1960, pp. 248258 Google Scholar, ici p. 250 sqq.

11- Anonymi descriptio Europae orientalis, éd. par Olgierd Gòrka, Cracovie, 1916, p. 32, cité par S.Ćirković , « Production of gold… », art. cit., p. 42.

12- Dinić, M., Za istoriju rudarstva…, op. cit., t. II, p. 27 sqq. Google Scholar

13- Argent, or, plomb, cuivre, fer, etc., étaient déjà exploités à une très large échelle à l’époque romaine. Sans doute moins intensive qu’au Moyen Âge, cette production était tributaire de la politique monétaire de l’Empire romain (Slobodan Dušanić, « Organizacija rimskih rudnika u Norikumu, Panoniji, Dalmaciji i Gornjoj Meziji » [L’organisation des mines romaines dans le Norique, en Pannonie, Dalmatie et Mésie Supérieure], Istorijski glasnik,1-2, 1980, pp. 7-55.

14- Kovačević-Kojić, Desanka et Ćirković, Sima, « L’économie naturelle et la production marchande aux XIIIe-XVe siècles dans les régions actuelles de la Yougoslavie », Balcanica, XIII-XIV, 1982-1983, pp. 4556.Google Scholar

15- La « Loi des mines » (Zakon o rudnicima), promulguée en 1412 par le despote de Serbie, Stefan Lazarević (1389-1427), avait été préparée par une commission législative composée de vingt-quatre mineurs : voir Marković, Biljana, « Zakon o rudnicima despota Stefana Lazarevića. Prevod i pravnoistorijska studija » (La « Loi des mines » du despote Stefan Lazarević. Traduction, étude historique et juridique), Spomenik SANU, CXXVI, 1985, pp. 156 Google Scholar, résumé français, pp. 57-58.

16- Même le despote de Serbie avait ordonné à ses sujets de vendre l’argent-métal aux Monnaies d’État et aux douaniers, mais ces mesures n’ont pu freiner le libre marché de métaux précieux (S. Ćirković , « Production of gold… », art. cit., p. 46).

17- Le trajet Serbie-Raguse-Venise s’effectuant trois fois par an, il était possible d’obtenir un profit annuel de 30% (Jorjo Tadić , « Privreda Dubrovnika i srpske zemlje u prvoj polovini XV veka » [L’économie ragusaine et les pays serbes dans la première moitié du XVe siècle], Zbornik, FFB, X/1, 1968, pp. 519-538, ici p. 529).

18- Il en allait de même pour d’autres matières et denrées « stratégiques » a l’échelle régionale, le blé, le sel, le coton, les textiles, avant que la suprématie vénitienne dans l’économie d’échange en Méditerranée orientale, notamment en Adriatique, établie grâce à des mesures de protection, ne fût enrayée par des changements géopolitiques majeurs vers la fin du Moyen Âge, mais aussi par le déficit de certaines matières premieres, avec toute une série d’implications dans le domaine économique ( Krekić, Bariša , « Venetian merchants in the Balkans hinterland in the fourteenth century », in Schneider, J. (dir.), Wirtschaftskräfte und Wirtschaftswege I, Mittelmeer und Kontinent. Festschrift fûr Hermann Kellenbenz, t. I, Stuttgart, Stuart Jenks und Bearbeiter, 1978, pp. 413429 Google Scholar ; Hrabak, Bogumil, « Dubrovačko srebro u Italiji i Kataloniji u XIV, XV i XVI veku » (L’argent ragusain en Italie et en Catalogne aux XIVe, XVe et XVIe siècles), Istorijski glasnik, 1-2, 1980, pp. 5778 Google Scholar, ici pp. 63-66 ; F. C. Lane, Venise…, op. cit., pp. 97, 104-107, 110-118, 277, 409-411 et 496-501 ; Stöckly, D., Le systeme de l’incanto, op. cit., pp. 169 et 215Google Scholar ; Crouzet-Pavan, E., Venise triomphante…, op. cit., pp. 115117 et 134-138.Google Scholar

19- Kovačević-Kojić, Desanka, Trgovina u srednjovjekovnoj Bosni (Le commerce dans la Bosnie médiévale), Sarajevo, Naučno društvo Bosne i Hercegovine, 1961, pp. 99100 Google Scholar ; ID., Gradska naselja srednjovjekovne bosanske države (Agglomérations urbaines de la Bosnie médiévale), Sarajevo, Veselin Masleša, 1978, pp. 60-71 et 98-99 ; Hrabak, Bogumil, « Prodaja proizvoda bosanskog rudarstva u Veneciji i Mlečanima u Dalmaciji » (Le commerce des produits miniers de Bosnie à Venise et dans les comptoirs vénitiens de Dalmatie), Godišnjak društva istoričara Bosne i Hercegovine, 21-27, 1976, pp. 6172, ici p. 65 sqq.Google Scholar

20- L’argent transporté via Raguse en 1450 pour le compte du despote de Serbie était exempté d’impôts. En 1452, cinquante livres d’argent furent acheminées à Venise en son nom ; en 1455, un important convoi d’argent en direction de la Sérénissime fut pillé près de Bosanska Krupa ( Spremić, Momčilo, Despot Djuradj Branković i njegovo doba [Le despote Djuradj Branković et son temps], Belgrade, Srpska Književna Zadruga, 1994, pp. 606607 et 632Google Scholar).

21- Une cinquantaine de mines en tout ont été recensées dans les Balkans au Moyen Âge : cf. Sima Ćirković, « Proizvodnja zlata, srebra i bakra u centralnim oblastima Balkana do početka novog veka » (La production d’or, d’argent et de cuivre dans les régions du centre des Balkans jusqu’au début de l’époque moderne), in ID., Rabotnici, vojnici, duhovnici, Belgrade, Equilibrium, Biblioteka Dimenzije Istorije, 1997, pp. 79-103, ici pp. 82-83.

22- L’importance des colonies ragusaines, proportionnelle à la production minière, est l’un des critères les plus fiables du volume du commerce des métaux précieux. Dans la première moitié du XVe siècle, la plus grande colonie ragusaine est établie à Novo Brdo, Priština et surtout à Srebrenica, qui compte entre trois cents et cinq cents Ragusains pour la période 1420-1435 (S. ćirković, « Production of gold… », art. cit., p. 51 ; Spremić, Momčilo, Despot Djuradj Branković…, op. cit., pp. 691695 et 705Google Scholar).

23- Desanka Kovačević-KOJIć, Trgovačka knjiga braće Kabužića (Caboga), 1426-1433 (Le Livre de comptes des frères Kabužić [Caboga], 1426-1433), Spomenik SANU, CXXXVII, 1999, p. 274.

24- Ibid., p. 367.

25- Pour un tableau des prix de 1311 à 1462, voir Vuk Vinaver, « Prilozi istoriji plemenitih metala, cena i nadnica (Srednjovekovni Dubrovnik) » (Contributions à l’histoire des métaux précieux, des prix et des rémunérations [Raguse médiévale]), Istorijski glasnik, 1-2, 1960, pp. 51-94, ici p. 77 ; Voje, Ignacij, « Argentum da glama », Istorijski časopis, 16-17, 1970, pp. 1543.Google Scholar

26- Popović-Radenković, Mirjana, « Le relazioni comerciali fra Dubrovnik (Ragusa) e la Puglia nel periodo Angioino (1266-1422) », Archivio storico per le Provincie napoletane, 37, 1957, pp. 136 ; 38, 1958, pp. 153-206Google Scholar ; Tadić, Jorjo, « La Puglia e le città dalmate nei secoli XII-XIII », Archivio storico Pugliese, XIII, 1-4, 1960, pp. 37, ici p. 5.Google Scholar

27- L’exportation au royaume de Naples s’échangeait contre les céréales, essentiellement le blé, autre denrée déficitaire (B. Hrabak, «Dubrovačko srebro… », art. cit., pp. 58-63 et 71-73).

28- Ruža Ćuk, « Srbija i Venecija u XIII i XIV veku » (La Serbie et Venise aux XIIIe-XIVe siècles), in Terzić, S. (dir.), Evropa i Srbi, Belgrade, Pravlosnavlareč, 1986, ici pp. 100105 Google Scholar ; ID., « I rapporti economici fra Ragusa e Venezia nel Medio Evo », in Di Vittorio, A. (éd.), Ragusa e il Mediterraneo: Ruolo e funzioni di una Repubblica marinaratra Medioevo ed Età moderna, Bari, Cacucci Editore, 1990, pp. 115129, ici pp. 127-129Google Scholar; Krekić, Bariša, « Le relazioni fra Venezia, Ragusa e le popolazioni serbo-croate », in ID., Dubrovnik, Italy and the Balkans in the Late Middle Ages, Londres, Variorum Reprints, 1980, pp. 389401.Google Scholar

29- S. Ćirković, « Production of gold… », art. cit., p. 49.

30- Avant 1455, cette obligation de vente à prix imposés s’élevait à 10% du métal précieux (Milan Ivanović, « Prilozi za istoriju carina u srednjovekovnim srpskim državama » [Contributions à l’histoire des douanes dans les pays serbes du Moyen Âge], Spomenik SANU, XCVII, 1948, pp. 3-61, ici p. 46 ; Dinić, Mihailo, « Dubrovačka kovnica u 1422 godini » (La Monnaie de Raguse en 1422), Istorijski glasnik, 1976, pp. 8190 Google Scholar; Spremić, M., Despot Djuradj…, op. cit., p. 632 Google Scholar).

31- Le prix du transport était généralement d’un gros par livre d’argent-métal (B. Hrabak, « Dubrovačko srebro… », art. cit., p. 66).

32- Un décret de 1407 stipulait que tout argent-métal devait être acheminé à la Monnaie de Venise : voir R. Ćuk, « Srbija i Venecija… », art. cit., p. 129 ; Spremić, M., Despot Djuradj…, op. cit., p. 632 Google Scholar.

33- Hrabak, Bogumil, «Metali i otopine iz Bosne i Srbije na tržištima arapskih zemalja(XIV-XVI v.) » (Les métaux et les fontes de Bosnie et de Serbie sur les marchés des paysarabes, XIVe-XVIe siècle), Prilozi Instituta za istoriju u Sarajevu, XIII, 1977, pp. 4761, pp. 49-53.Google Scholar

34- Les Ragusains importaient des quantités notables de laine de Catalogne – en partie par l’entremise des négociants florentins –, souvent échangées contre de l’argent-métal, alors que le marché levantin absorbait de grandes quantités de plomb (avec des convois allant jusqu’à 50 tonnes) mais de faibles quantités d’argent-métal (Momčilo Spremić, Dubrovnik i Aragonci, 1442-1495 [Dubrovnik et les Aragonais, 1442-1495], Belgrade, Zavod za izdavanje udžbenika SR srbije, 1971, pp. 162-166 ; B. Hrabak, «Dubrovačkosrebro… », art. cit., pp. 59 et 72-75.

35- Connu depuis la première moitié du XIVe siècle, le commerce de l’argent entre Raguse et Barcelone est lié, au XVe siècle, à celui de la laine catalane, alors que le négoce florentin se rapporte en grande partie à l’approvisionnement en or du Soudan par l’intermédiaire de Barcelone (B. Hrabak, « Dubrovačko srebro… », art. cit., pp. 74-75).

36- La production des mines de Bosnie centrale en métaux précieux est très inférieure en comparaison de celle de la Serbie : voir Kovačević-Kojić, Desanka, « O rudarskoj proizvodnji u srednjovekovnoj Bosni » (Sur la production minière dans la Bosnie médié-vale), Godišnjak društva istoričara Bosne i Hercegovine, XXXIV, 1983, pp. 109125, ici pp. 121-122Google Scholar. Il faut aussi tenir compte du fait que la Bosnie centrale avait des routes commerciales vers Venise plus commodes et directes que le transit ragusain.

37- Et même vers l’Europe centrale, considérée pourtant comme la principale aire de production argentifère en Europe à cette époque. C’est ainsi que, selon le roi de Hongrie Sigismund, l’argent de Serbie était importé (par les Ragusains) de Bratislava en 1430 ( Hrabak, Bogumil, « Dubrovčani u Ugarskoj i njihove veze sa Beogradom i Srbijom » [Les Ragusains en Hongrie et leurs relations avec Belgrade et la Serbie (1300-1541)], Godišnjak grada Beograda, 27, 1980, pp. 5770, ici p. 63Google Scholar).

38- Ce barême s’appliquait à tous les marchands dont l’argent-métal transitait par Raguse, à l’exception des marchands vénitiens, ce qui dénote bien le rôle privilégié de Venise dans le commerce des métaux précieux. À partir de 1428, l’obligation de vente était étendue à l’argent-métal que les négociants ragusains, sans doute pour échapper à cette astreinte, faisaient transiter par les autres ports de l’Adriatique ( Ćirković, Sima, « Dubrovaéka kovnica i proizvodnja srebra u Srbiji i Bosni » [La Monnaie de Raguse et la production d’argent métal en Serbie et en Bosnie], Istorijski glasnik, 1-2, 1976, pp. 9197, ici pp. 92-93Google Scholar).

39- Ce livre de comptes ( Kovačević-Kojić, D., Trgovačka knjiga braće Kabužića…, op. cit., p. 367 Google Scholar) représente le deuxième exemple connu de comptabilité en partie double, le plus ancien étant celui de Florence (1391), et le troisième celui d’Andrea Barbarigo (1431).

40- Remarquons que les taux de prélèvement imposés par les autorités de Raguse pour l’argent-métal exporté sont loin d’être toujours mis en application, puisque c’est un pourcentage très inférieur qui est appliqué dans la réalité (Desanka Kovačević-Kojić, « Srpsko srebro i zlato u evropskoj proizvodnji (XIV-XV vijek) » [L’argent et l’or serbe dans la production européenne, XIVe-XVe siècle], in Terzić, S. (dir.), Evropa i Srbi, op. cit., pp. 165173, ici pp. 167-168Google Scholar ; ID., Trgovačka knjiga braće Kabužića…, op. cit., pp. 173, 191 et 209.

41- M. Dinić, « Dubrovačka kovnica… », art. cit., p. 83 ; Krekić, Bariša, « O problemu koncentracije vlasti u Dubrovniku u XIV i XV veku » (Sur la question de la concentration du pouvoir à Raguse au XIVe et au XVe siècle), Zbornik radova vizantološkog instituta, 24-25, 1986, pp. 389401 Google Scholar ; D. Kovačević-Kojić, « Srpsko srebro… », art. cit., p. 167, n. 16.

42- J. Tadić, « Privreda Dubrovnika… », art. cit., pp. 530-531 et 534-535.

43- La comptabilité des frères Caboga concerne essentiellement le commerce des métaux précieux et de la cire ; les autres articles sont quantité négligeable. Il faut remarquer que les métaux précieux proviennent surtout de Srebrenica, nom le plus souvent mentionné dans les livres de compte des frères Caboga. La quantité importante de glama et d’or, non produits à Srebrenica, ainsi que la mention fréquente des partenaires commerciaux qu’étaient Novo Brdo et Priština indiquent néanmoins un trafic important en provenance des mines de Serbie méridionale. Après les métaux précieux, marchandise privilégiée des Caboga, la cire n’est sans doute pas un choix anodin, car les Ragusains avaient l’habitude de passer l’argent en contrebande, dissimulé sous la forme de rouleaux de cire (B. Hrabak, « Dubrovačko srebro… », art. cit., p. 74).

44- D. Kovačević-Kojić, « Srpsko srebro… », art. cit., p. 168 ; ID., Trgovačka knjiga braće Kabužića…, op. cit., pp. 14-15.

45- Božić, Ivan, Dubrovnik i Turska u XIV i XV veku (Dubrovnik et la Turquie au XIVe et au XVe siècle), Belgrade, Istoriski Institut, 1952, pp. 218-232Google Scholar ; Bojović, B., Raguse…, op. cit., pp. 35 et 121-134.Google Scholar

46- L’une des plus récentes estimations va même jusqu’à 30 tonnes minimum de production annuelle (D. Kovačević-Kojić, « Srpsko srebro… », art. cit., p. 168).

47- La production entre les deux plus grands centres miniers se répartit comme suit : plus de 7 tonnes pour Novo Brdo (seul grand producteur de glama) et 5 à 6 tonnes d’argent pour Srebrenica (S. Ćirković, « Production of gold… », art. cit., pp. 51-52, n. 55).

48- J. Tadić, « Privreda Dubrovnika… », art. cit., p. 531 ; Voje, Ignacij, « Probleme der Quantifizierung des Handels und der Produktion des Mittelalterlichen Ragusa(Dubrovnik) », Österreichische Osthefte, 27, 1985, pp. 283299, ici p. 285Google Scholar.

49- S. Ćirković, « Production of gold… », art. cit., pp. 41-69 ; Kellenbenz, Hermann, « Final remarks: Production and trade of gold, silver, copper and lead from 1450 to 1750 », in ID., Precious metals in the age of expansion, Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte, 2, Stuttgart, Klett-Cotta, 1979, pp. 308321, ici pp. 320-321.Google Scholar

50- Brocquière, Bertrandon de la, The travels of Bertrandon de la Brocquière, traduit par James Handerson, Londres, At the Hafod Press, 1807, p. 274 Google Scholar ; Babinger, Franz, Mahomet II le Conquérant et son temps (1432-1481), Paris, 1954, p. 28 Google Scholar ; Le Voyage d’outremer de Bertrandon de la Broquière, édité par Charles Henri Auguste Schefer, Paris, 1892, cité par S. Ćirković, « Production of gold… », art. cit., p. 52.

51- Fermendžin, Eusebius, Acta Bosnae potissimum ecclesiastica cum incertis editorium documentorum regestis ab ano 925 usque ad annum 1752, Zagreb, 1892, pp. 222223 Google Scholar. Crédibles, ces montants devraient correspondre à une production de 9 et 7,5 tonnes (Vuk Vinaver, « Problem proizvodnje srebra u srednjevekovnoj Srbiji » [Le problème de la production d’argent-métal dans la Serbie du Moyen Âge], Istorijski zapisi, 3, 1960, pp. 481-512, ici pp. 486-489).

52- Voyageant à travers le Kosovo en 1530-1531, un ambassadeur autrichien, Benedikt Kuripečić, rapporte que « l’on extrait du sol une grande quantité d’argent, si bien que l’empereur turc frappe toute sa monnaie avec l’argent qu’il obtient de la terre serbe » ( Kuripečić, Benedikt, Putopis kroz Bosnu Srbiju, Bugarsku i Rumeliju, 1530 [Le voyage à travers la Serbie, la Bosnie, la Bulgarie et la Roumélie, 1530], Sarajevo, Svjetlost, 1950, p. 37 Google Scholar).

53- Voir le tableau dans S. Ćirković, « Production of gold… », art. cit., p. 52 ; ID., « Dubrovačka kovnica… », art. cit., p. 93.

54- Entre le début du XIVe et le milieu du XVe siècle, le prix sur le marché contrôlé par les négociants ragusains était passé de 6,5 à 8,5 ducats, et ce alors que la production ne cessait de croître dans des proportions considérables (S. Ćirković, « Production of gold… », art. cit., p. 48). Ce qui démontre la disproportion entre l’offre et la demande à l’échelle continentale et régionale.

55- J. Tadić, « Privreda Dubrovnika… », art. cit., p. 445 ; V. Vinaver, « Problem proizvodnje srebra… », art. cit., p. 505.

56- Braudel, F., Civilisation matérielle…, op. cit., t. 1, p. 411 Google Scholar ; ID. et Spooner, Frank, « Prices in Europe from 1450 to 1750 », in Cambridge economic history of Europe, t. IV, Cambridge, Cambridge University Press, 1967, pp. 374486, ici p. 445.Google Scholar

57- F. Braudel, « Monnaies… », art. cit., pp. 9-22 ; ID., « La vie économique à Venise au XVIe siècle », in ID., Autour de la Méditerranée, Paris, De Fallois, 1996, pp. 393, 399 et 404.

58- Lane, F. C., Venise…, op. cit., pp. 400401, 404-406, 499 et 528-531Google Scholar ; Crouzet-Pavan, É., Venise triomphante…, op. cit., pp. 126 et 205.Google Scholar

59- L’exportation de métaux précieux ne décrut que progressivement après 1455, à la suite des interdictions ottomanes (cf. infra, n. 71 et 72), et cette décrue s’étale sur plus d’un demi-siècle. Ce n’est qu’en 1527 qu’eut lieu la dernière importante livraison d’argent-métal et d’aspres (akçe, monnaie d’argent à la base du système monétaire ottoman) à destination de Raguse, en provenance de Belgrade ( Hrabak, Bogumil, « Dubrovački trgovci u Beogradu pod Turcima, 1521-1551 godine » [Les marchands ragusains à Belgrade sous occupation ottomane, 1521-1551], Godišnjak grada Beograda, XIII, 1988, pp. 2947, ici p. 41Google Scholar).

60- Krekić, Bariša, Dubrovnik in the 14th and 15th centuries: A city between East and West, Norman, Oklahoma University Press, 1972 Google Scholar ; Lane, F. C., Venise…, op. cit., pp. 400406 Google Scholar ; Bojović, B., Raguse…, op. cit., pp. 30-37 et 52 sqq. Voir également Stuard, Susan Mosher, A State of reference: Ragusa/Dubrovnik in the medieval centuries, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1992.Google Scholar

61- Avec la « globalisation » de l’espace Sud-Est européen, le volume du commerce ragusain dans l’Empire ottoman atteignit des proportions considérables, mais dans un sens extensif plutôt qu’intensif ( Jireček, C., Die Handelsstrassen…, op. cit., p. 50 Google Scholar).

62- Lane, F. C., Venise…, op. cit., pp. 405, 499-410, 526 et 530Google Scholar ; Bojović, B., Raguse…, op. cit., pp. 7279 et 94-112Google Scholar ; Crouzet-Pavan, É., Venise triomphante…, op. cit., p. 205.Google Scholar

63- Samardžić, Radovan, Veliki vek Dubrovnika (Le grand siècle de Raguse), Belgrade, Prosveta, [1962] 1983, p. 531.Google Scholar

64- Braudel, F., La dynamique…, op. cit., pp. 7577.Google Scholar

65- Bojović, Boško, « Kosovo-Metohija du XIe au XVIIe siècle », Balkan studies, 38, I, 1997, pp. 3161, ici pp. 53-54.Google Scholar

66- Sous forme de droit de tenure, etc. : voir Inalcik, Halil, « Osmanlilar’da raiyyet rusumu », Belleten, XXIII, 92, 1959, pp. 575610 Google Scholar ; Beldiceanu, Nicoara et Nasturel, Petre S., « Droits sur la terre de labour dans les Balkans et en Anatolie à l’époque ottomane (XIVe-XVIe siècles) », Südost-Forschungen, t. 50, 1991, pp. 61118.Google Scholar

67- Veinstein, Gilles, « L’Empire dans sa grandeur (XVe siècle) », in Mantran, R. (dir.), Histoire de l’Empire ottoman, Paris, Fayard, 1989, pp. 159226, ici pp. 193-194Google Scholar ; Ćirković, Sima, « Rat i društvo: najamnici i njihova cena » (La guerre et la société : les merce-naires et leur solde), in ID., Rabotnici…, op. cit., pp. 349366, ici pp. 356-358.Google Scholar

68- Kreutel, Richard F., Vom Hirtenzelt zur Hohen Pforte. Frühzeit und Aufstieg des Osmanenreiches nach der Chronok Denkwürdigkeiten und Zeitläufte des Hauses « Osman » vom Derwisch Ahmed, genannt « Asik-Pasa-Sohn », Graz-Vienne-Cologne, Reihe Osmanische Geschichtschreiber, 1959, pp. 103104.Google Scholar

69- Ces mesures devaient se généraliser après l’occupation ottomane définitive de la Serbie et de la Bosnie ( Bojović, B., Raguse…, op. cit., pp. 103104 Google Scholar).

70- Radojčić, Svetozar, « Crvac » (Le kermès), Zograf, 2, 1967, pp. 3031 Google Scholar ; Božić, I., Dubrovnik…, op. cit., pp. 256258 Google Scholar ; Lane, F. C., Venise…, op. cit., p. 299.Google Scholar

71- Le commerce d’argent aurifère était autorisé, mais avec une taxe de 10%, alors que les Ragusains avaient autrement droit à une taxe de 2% ( Božić, I., Dubrovnik…, op. cit., pp. 9596 Google Scholar ; Bojović, B., Raguse…, op. cit., pp. 132134 Google Scholar).

72- C’est en 1455 et 1456 que la Porte interdit au roi de Bosnie et au grand-duc d’Herzégovine toute exportation et tout transit d’argent-métal, qui devait être acheminé aux ateliers monétaires du sultan, lequel prélevait 50% de la production ( Simić, Vasilije, Istorijski razvoj našeg rudarstva [Le développement historique de notre production minière], Belgrade, Istoriski Institut, 1951, 1 pp. 33 et 51Google Scholar ; Božić, I., Dubrovnik…, op. cit., pp. 142 et 308-311Google Scholar ; Ćirković, Sima, Herceg Stjepan Vukčić Kosača i njegovo doba (Le grand-duc Stjepan Vukčić Kosača et son époque), Belgrade, SANU, 1964, pp. 217, 228 et 233.Google Scholar

73- Voir le kanun-i-sas, codification des lois minières des Balkans promulguée en 1536 ( Spaho, Fehim, « Turski rudarski zakoni » [Les lois minières ottomanes], Glasnik Zemaljskog muzeja Bosne i Hercegovine, 25, 1913, pp. 133194, ici pp. 133-138 et 163-194Google Scholar ; Djurdjev, Branislav, Filipović, Nedim et Hadžibegić, Hamid, Kanuni i kanun-name, Monumenta Turcica historiam Slavorum Meridionalium illustrantia, Sarajevo, Orientalni Institut u Sarajevu, 1957, t. I, p. 211.Google Scholar

74- Begović, Mehmed, « Tragovi našeg srednjovekovnog prava u turskim pravnim spomenicima » (Les traces de notre droit médiéval dans les sources législatives turques), Istoriski časopis, 3, 1952, pp. 7684 Google Scholar ; Beldiceanu, Nicoara, Les actes des premiers sultans conservés dans les manuscrits turcs de la Bibliothèque nationale à Paris, Actes de Murad II et de Bayezid II dans les manuscrits du fonds turc ancien, t. I, Paris-La Haye, Mouton, 1960 Google Scholar ; Règlements miniers 1390-1512, t. II, Paris-La Haye, Mouton, 1964, pp. 543-558, 126 et 155.

75- Décrivant en 1547 les conditions d’extraction de l’or aux mines de Sidérocapsia(Stagira), après avoir fait mention des boutiques dont les marchands « ont coutume de besogner toute la semaine, commençant le lundi et finissant le vendredi au soir, d’autant que les Juifs ne font rien le samedi », le naturaliste français Pierre Belon fait état de fonderies dont « la cheminée est défaite le vendredi soir, et en après refaite le lundi ensuivant » ( Belon, Pierre, Voyage au Levant (1553). Les observations de Pierre Belon du Mans, éd. par Alexandra Merle, Paris, Éditions Chandaigne, 2001, pp. 159 et 179Google Scholar. Sa description recoupe la législation ottomane qui prévoit « deux jours de repos par semaine » dans les mines de Serbie et de Bosnie ( Beldiceanu, N., Les actes des premiers sultans…, op. cit., pp. 69 Google Scholar, 74, 75, et Règlements…, op. cit., p. 121, n. 7).

76- Beldiceanu, N., Les actes…, op. cit., t. II, pp. 121 et 124 sqq.Google Scholar : l’imposition excessive qui réduisait les mineurs au statut de simple raya, au début de la domination ottomane, fut allégée au point que les mineurs acquirent une sorte de statut privilégié ; sur les agglomérations habitées par les mineurs, voir Zirojević, Olga, Tursko vojno uredjenje u Srbiji, 1459-1683 (L’organisation militaire ottomane en Serbie, 1459-1683), Belgrade, Istorijski Institut, 1974, pp. 208211.Google Scholar

77- Avec, pour le Trésor du sultan, un revenu annuel de 9 133 et 4 272 ducats pour les mines de Srebrenica et de Sase (région de Srebrenica) en 1519, il apparaît que la plus grande hausse de la production a dû être enregistrée dans la deuxième décennie du XVIe siècle, alors que les autres périodes enregistrent un recul important. Voir les données (très fragmentaires) dans Handžić, Adem, « Rudarstvo i rudarski trgovi u Bosni u drugoj polovini XV vijeka » (L’exploitation et les marchés miniers en Bosnie dans la seconde moitié du XVe siècle), Zbornik za orientalnu filologiju, 16, 1978, pp. 742 Google Scholar (reprises dans letableau publié par S. Ćirković, « Production of gold… », art. cit., p. 58), qui laissent supposer une production annuelle de 2 500 kg d’argent-métal dans le meilleur des cas. Voir aussi Beldiceanu, Nicoara, « Actes de Süleyman le Législateur concernant les mines de Srebrnica et Sase », Südost-Forschungen, XXVI, 1967, pp. 121.Google Scholar

78- Filipović, Nedim, « Iz istorije Novog Brda u drugoj polovini XV i prvoj polovini XVI veka » (Sur l’histoire de Novo Brdo, seconde moitié du XVe et première moitié du XVIe siècle), Godišnjak Istorijskog društva Bosne i Hercegovine, VI, 1954, pp. 6385 Google Scholar ; Zirojević, Olga, « Vučitrnski i Prizrenski sandžak u vreme vladavine Sulejmana Veliéanstvenog » (Les sangaq de Vučitrn et de Prizren au temps du règne de Soliman leMagnifique), Istorijski časopis, 19, 1972, pp. 263274 Google Scholar.

79- S. Ćirković, « Production of gold… », art. cit., p. 59.

80- Le recensement de 1530-1531 enregistre néanmoins 5 789 mineurs dans le sangaq de Vučitrn qui inclut le bassin de Novo Brdo (O. Zirojević, « Vučitrnski i Prizrenski sandžak… », art. cit.).

81- Beldiceanu, N., Les actes…, op. cit., t. II, pp. 8485.Google Scholar

82- C’est au cours du long règne de Soliman le Magnifique qu’eut lieu le plus fort pic de croissance, mais c’est aussi sous son règne que s’est amorcée la décrue définitive de cette production vitale pour les finances de l’Empire ( Beldiceanu, Nicoara, « La crisemonétaire ottomane au XVIe siècle et son influence sur les principautés roumaines », Südost-Forschungen, XVI, 1957, pp. 7086 Google Scholar).

83- A. Handžić, « Rudarstvo i rudarski trgovi u Bosni… », art. cit., p. 31.

84- Beldiceanu, N., Les actes…, op. cit., t. I, pp. 6869, 73-75 et 77, et t. II, p. 119.Google Scholar

85- Ibid., t. I, pp. 71-73.

86- Les coûts d’exploitation étaient importants, ce qui fait qu’une production hebdoma-daire d’argent-métal d’une valeur de 90 à 120 ducats était nécessaire pour justifier le rendement ( Beldiceanu, N., Les actes…, op. cit., t. II, pp. 161171 et 234Google Scholar).

87- Ibid., pp. 169-171.

88- Simić, Valilije, « Plana, srednjovekovno naselje rudarske privrede » (Plana, une agglomération médiévale d’économie minière), Glasnik Etnografskog Instituta, 5-6, 1955-1957, pp. 105122 Google Scholar ; ID., Istorijski razvoj…, op. cit., p. 161.

89- Franz Babinger (éd.), Die Aufzeichnungen des Genuesen Iacopo de Promontario de Campis über den Osmanenstaat um 1475, Munich, Sitzungsberichte der bayerische Akademie der Wissenschaften, « Philosophisch-Historische Klasse 1956-VIII », 1957, p. 64; Beldiceanu, N., Les actes…, op. cit., t. I, pp. 174176.Google Scholar

90- Chalkokondylès, Laonikos, De rebus turcicis, Bonn, 1843, p. 440 Google Scholar.

91- Babinger, F., Die Aufzeichnungen…, op. cit., pp. 6364.Google Scholar

92- Beldiceanu, N., Les actes…, op. cit., t. II, pp. 130 et 155.Google Scholar

93- Dans le domaine du Fernhandel, c’est un processus bien connu du capitalisme émergeant (cf. Braudel, F., La dynamique…, op. cit., pp. 5859 Google Scholar ; Božić, I., Dubrovnik…, op. cit., p. 248 Google Scholar).

94- Bien que fragmentaire et relevant des revenus globaux du sultan sur la production minière dans les Balkans, la documentation disponible permet néanmoins d’aboutir à des estimations plus ou moins précises pour la période allant de la fin du XVe à la fin du XVIe siècle. Le tableau qui s’en dégage montre bien un déclin général, mais aussi des périodes de sursaut qui confirment les potentiels considérables des ressources minières exploitées au Moyen Âge. Les périodes 1480-1490 et 1520-1530 affichent une productivité comparable à celle de la première moitié et dumilieu du XVe siècle. C’est ainsi que la production d’argent en Bosnie (Srebrenica comprise) plafonne à 2 500 kg, alors que celle de Serbie, essentiellement le bassin de Novo Brdo, aurait atteint 10 à 11 tonnes paran. Voyageant à travers le Kosovo en 1531, l’ambassadeur autrichien Benedikt Kuripečić rapporte que « l’on extrait du sol une grande quantité d’argent, si bien que l’empereurturc frappe toute sa monnaie avec l’argent qu’il obtient de la terre serbe » ( Kuprečić, B., Putopis kroz Srbiju…, op. cit., p. 37 Google Scholar).

95- Connue dès l’Antiquité, puis à l’époque byzantine, cette mine exploitait des gisements d’or, d’argent et de plomb. Sa production culmine au milieu du XVIe siècle. Elle comptait plus de 6 000 mineurs, 500 à 600 fourneaux, et avait un revenu compris entre 108 000 et 360 000 ducats, destiné à la trésorerie du sultan. Pierre Belon, qui visita le site en 1547, précise que ce bénéfice élevé provient de la part importante d’extraction de l’or, « raffiné […], tiré en verges longues […] coignées et scellées en ducats en celieu même » ( Belon, P., Voyage au Levant…, op. cit., pp. 157162 et 172-174, ici p. 157Google Scholar). Ce centre minier fut manifestement de loin le plus grand des Balkans au XVIe siècle.

96- Sevket, Pamuk, « The disintegration of the Ottoman monetary system during the seventeenth century », in Flynn, D. O. et Giraldez, A. (éd.), Metals and monnies in a global economy, Londres, Variorum, 1997, pp. 6781, ici p. 72.Google Scholar

97- «Ramassage » régulier de jeunes chrétiens qui, islamisés, turquifiés […] sont ensuite appelés à former une armée […] ou à devenir les cadres de l’administration de l’État. Ils constituent […] les « serviteurs » de la Porte ( Vatin, Nicolas, « L’ascension des Ottomans (1362-1451) », in Mantran, R. (dir.), Histoire de l’Empire ottoman, op. cit., pp. 37116, ici pp. 54-55.Google Scholar

98- Belon, P., Voyage au Levant…, op. cit., pp. 464465.Google Scholar

99- L’importation massive des pièces d’argent d’origine hollandaise, allemande et polonaise à la frontière turco-polonaise à partir de la fin du XVIe siècle témoigne de ce déficit monétaire ( Kolodziejczyk, Dariusz, « The export of silver coins through the Polish-Ottoman border and the problem of the balance of trade », Turcica, 28, 1996, pp. 105115 CrossRefGoogle Scholar).

100- Beldiceanu, N., Actes…, op. cit., t. I, p. 82, n. 3Google Scholar ; P. Sevket, « The disintegration… », art. cit., p. 72 sqq. Voir aussi ID., «Money in the Ottoman Empire », in An economic andsocial history of the Ottoman Empire, pp. 947-985, ici p. 955 ; Sahillioglu, Halil, « Therole of international monetary and metal movements in Ottomanmonetary history 1300-1750 », in Richards, J.-F., Precious metals in the Later Medieval and Early Modern worlds, Durham, Carolina Academic Press, 1983, pp. 269304, ici p. 270Google Scholar ; G. Veinstein, « L’Empire dans sa grandeur… », art. cit., pp. 223-224.

101- L’extraction européenne atteignit un total de 47 tonnes (estimation haute) dans la première moitié du XVe siècle, et près de 100 tonnes entre 1460 et 1500-1510. Pour cette seconde période, la production serbe et bosniaque est en baisse, mais on manque de données pour offrir une estimation pertinente (John Ulric Nef, « Silver production in Central Europe, 1450-1618 », in Flynn, D. O. et Giräldez, A. (éd.), Metal and monnies…, op. cit., vol. 14 Google Scholar, An expanding world. The European impact on world history, 1450-1800, pp. 575-591, ici p. 577 sqq).

102- Cette crise économique majeure eut des répercutions à l’échelle méditerranéenne puisque la dépression du marché qui s’ensuivit, dès le début du XVIIe siècle (avec 40% de diminution du trafic transitant par Venise), affecta plus particulièrement les acheteurs vénitiens de coton et de soie, qui dépendaient de la vente des produits manufacturés, alors que leurs concurrents français, anglais et hollandais possédaient de l’or et de l’argent ( Lane, F. C., Venise…, op. cit., p. 530 Google Scholar).