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Communautés rurales et milieux naturels

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Le petit livre d'Henri Mendras, coup d'essai d'un jeune sociologue, mérite largement d'être signalé aux lecteurs des Annales. M. Mendras a eu l'idée de publier conjointement deux études, consacrées l'une à une paroisse du Rouergue, Novis, qu'il retrouve chaque été, l'autre à Virgin, communauté mormonne de l'Utah où, séjournant aux États-Unis, il eut l'occasion d'être associé à une enquête sur l'action des services agricoles fédéraux, menée sous la direction de M. E. C. Banfield, de l'Université de Chicago. Comme l'indique dans sa Préface Gabriel Le Bras, dont les conseils, ainsi que ceux de Georges Gurvitch, ont enrichi le mémoire sur Novis, Henri Mendras « n'a pas choisi ces terroirs, séparés par l'Atlantique, pour les comparer : il se défend de ce préjugé arbitraire. Mais un préjugé raisonnable incline à penser que deux groupes humains d'une trentaine de feux, installés dans la campagne (dont ils vivent), à quelques kilomètres d'une petite ville, appellent à la fois une étude distincte et une comparaison ».

Type
Mises au Point
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1954

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References

page 227 note 1 Mendkas, Henri, Études de sociologie rurale. Novis et Virgin (Cahiers de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, n° 40) ; Paris, Colin, A., 1953;Google Scholar in-8°, viii-138 pages, 13 annexes.

page 229 note 1 D. Faucher, Routine et Innovation dans la vie paysanne, dans Journal de Psychologie, janv.-mars 1948.

page 230 note 1 Il est intéressant, après avoir lu l'étude sur Novis, de reprendre les conclusions de Joseph Garavel, cultivateur à Morette, dans l'attachante monographie qu'il a consacrée à son village dauphinois ﹛Les Paysans de Morette : un siècle de vie rurale dans une commune du Dauphiné, Cahiers de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, Paris, A. Colin, 1948, p. 96 et suiv.) et d'esquisser certains rapprochements. Aigreur, méfiance à l'égard des citadins : « Ils ont l'impression confuse que les autres « trichent », ne « jouent pas le vrai jeu », laissant la peine et les risques aux paysans qu'ils exploitent, en leur achetant bon marché et en leur vendant cher. » — Individualisme : « A une récente réunion du syndicat agricole, l'idée d'acheter en commun un tracteur, lancée par un homme d'expérience ayant fait ses preuves, n'a pas trouvé d'écho. » — Exode : « Partent ou partiront seulement ceux qui ne peuvent espérer pouvoir s'établir un jour à leur compte…, ceux qui sont nombreux d'une même famille. Les autres restent profondément enracinés. » Mais la population de la commune, qui était de 398 en 1801 et de 528 en 1851 (maximum), était tombée à 204 en 1946. « Le village évolue pour s'adapter aux conditions nouvelles résultant de la révolution technique du xixe siècle…. Cette évolution explique l'exode rural qui n'en est d'ailleurs qu'un des aspects. »

« Ceux qui demeurent au village restent attachés à leur mode de vie et à leur état d'esprit traditionnel. Si leurs réactions sont un peu nouvelles, c'est que les circonstances ne sont plus les mêmes qu'autrefois, mais eux-mêmes n'ont guère changé. Indépendants, fatalistes et résignés, ils restent encore essentiellement marqués par leur contact étroit et permanent avec l'univers. »

page 230 note 2 Les Virginités lisent le quotidien et les magazines, édités par leur Église, ainsi que les publications agricoles, mais fort peu le Readers Digest qui, en revanche, a de nombreux clients dans les petites villes des environs (p. 125). N'est-ce pas là un de ces traits différenciés?

page 231 note 1 Veblen, Thorstein, The Theory of the Leisure Class, New York, 1899.Google Scholar

page 232 note 1 Les paysans de la région de Novis ne vont pas au cinéma. Toute distraction non traditionnelle y est jugée mauvaise. Par ailleurs, « les films ont un rythme adapté au public urbain et beaucoup plus rapide que celui de la vie rurale, si bien que les paysans, déroutés par ce mouvement, ne peuvent pas prendre de plaisir au cinéma. Aussi les jeunes qui y sont allés une fois n'ont-ils guère envie d'y retourner » (p. 73).

page 233 note 1 Sauf, pour l'instant, de la télévision, par suite de l'éloignement des stations émettrices

page 284 note 1 Nous avons lu avec un très vif intérêt la contribution d'André Varagnac, vigoureux essai d'explication et de synthèse, aux Mélanges Lucien Febvre (Éventail de l'Histoire vivante, t. I). Dans une note (p. 75, n. 6), M. Varagnac rejette, en passant, la notion d'un milieu naturel « unique et immuable » et d'un milieu technique « se substituant à tout milieu naturel ». « Aucun préhistorien, écrit-il, ne saurait renoncer à définir l'espèce humaine comme étant l'espèce vivante qui, dès ses origines, interpose une technique entre elle-même et la réalité extérieure. » Comment ne pas être d'accord? (Cf. Où va le travail humain? Paris,” Gallimard, 1951, p. 24-25 et p. 75, n. 1 ; — Villes et Campagnes, Paris, A. Colin, 1953, p. 402-404.) C'est dire que nous ne reconnaissons pas notre pensée dans la notion « récemment proposée » que critique M. Varagnac.

page 235 note 1 Nous songeons, en particulier, aux interventions de plusieurs des participants de la Seconde Semaine Sociologique (mars 1951), consacrée aux rapports de la civilisation urbaine et de la civilisation rurale en France : par exemple sur les différences constatées dans les migrations de tourisme, manifestant l'existence d'un milieu original, la grande ville, dont l'ambiance spécifique pousse de considérables masses d'individus à adopter un rythme d'existence comportant des périodes de rémission où ils se « rééquilibrent » ; sur les loisirs de masse des ruraux récemment urbanisés ou en voie d'urbanisation ; sur la transformation des fonctions psychologiques en milieu technique, les différences de rythme et de « mentalité », particulièrement dans les rapports entre l'homme et l'espace, entre l'homme et le temps ( Villes et Campagnes, ouvr. cité, communications de MM. Sorre, Faucher, Meyerson, Fourastié, Maget, Daric, P. Chombart de Lauwe).

Par ailleurs, nous avons été très intéressé par les récents travaux du Dr Paul Sivadon, médecinchef du Centre de traitement et de réadaptation sociale de Ville-Evrard. M. Sivadon qui est, parmi les psychiatres, un des principaux novateurs dans l'utilisation du travail comme thérapeutique, observant ses malades, sujets mal évolués qui, dit-il, n'ont pas réussi à garder contact avec la nature et les hommes à travers l'« écran » de plus en plus épais des instruments et machines dans la civilisation industrielle, est amené à utiliser, de son côté, l'hypothèse d'un « milieu technique » spécifique dans le monde d'aujourd'hui (Cf. Psychopathologie du travail, dans L'Evolution Psychiatrique, 1952, n° 3 ; L'Adaptation des psychopathes au travail, dans Revue de Psychologie Appliquée, juillet 1952).