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Actualité d’un sous-titre : histoire, sciences sociales

Published online by Cambridge University Press:  04 August 2021

Actualité d’un sous-titre : histoire, sciences sociales

En 1994, dans le sillage du « tournant critique », les Annales changent de sous-titre et substituent au triptyque « Économies, Sociétés, Civilisations » le couple « Histoire, Sciences Sociales ». Bien loin de signifier l’adoption d’un nouveau paradigme unitaire ou hégémonique pour l’histoire, la revue a, à cette occasion, cherché à explorer et expérimenter de nouveaux objets et modes de raisonnement en s’ouvrant davantage aux approches et aux méthodes des autres disciplines des sciences sociales. À partir d’une cartographie rapide des formes et des limites de l’interdisciplinarité dans les Annales, cet article propose de réfléchir aux évolutions des configurations épistémologiques qui traversent plus largement l’espace des sciences sociales depuis trente ans. Il souligne la prise en compte croissante de l’historicisation des catégories et de l’historicité des phénomènes étudiés dans les différentes disciplines des sciences sociales. Il met également l’accent sur de nouvelles configurations de savoirs et, en particulier, sur le rôle important joué par l’émergence des studies dans la redéfinition théorique de nouveaux programmes critiques et scientifiques, par-delà les frontières disciplinaires traditionnelles et les partages intellectuels hérités du xixe siècle. Les Annales font ainsi le pari que l’histoire et l’historicité constituent une ressource pour nourrir les débats épistémologiques des prochaines années et créer un lieu commun d’expérimentation et de circulation entre les sciences.

What’s in a subtitle? “history, social sciences”

What’s in a Subtitle? “History, Social Sciences”

In 1994, in the wake of their “critical turn,” the Annales changed their subtitle, replacing the triptych “Economies, Societies, Civilizations” with the dyad “History, Social Sciences.” Far from signifying the adoption of a new unitary or hegemonic paradigm for history, the journal was seeking to explore and experiment with new objects and modes of reasoning by opening itself more widely to the approaches and methods of other social science disciplines. Starting from a rapid sketch of the forms and limits of interdisciplinarity in the Annales, this article reflects on the evolving epistemological configurations that have traversed the social sciences more broadly over the last thirty years. It underlines the growing recognition of the historicization of categories and the historicity of the phenomena studied in different social science disciplines. It also emphasizes new configurations of knowledge, and in particular the important role played by the emergence of “studies” in the theoretical redefinition of new critical and scientific programs beyond the traditional disciplinary boundaries and intellectual divisions inherited from the nineteenth century. In so doing, the Annales stake their claim that history and historicity are a crucial resource for the epistemological debates of the coming years and create a shared space of experimentation and circulation between the sciences in the broadest sense.

Type
Au miroir des sciences sociales
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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References

1 Dans le champ français, on peut situer les Annales par rapport à des revues plus ouvertement disciplinaires (comme la Revue historique, la Revue d’histoire moderne & contemporaine, mais aussi la Revue française de sociologie ou L’Homme) et des revues au projet spécifiquement interdisciplinaire (comme la Revue de synthèse ou Genèses), ou encore des revues pluridisciplinaires construites autour d’objets (comme les Archives de sciences sociales des religions ou Études rurales) ou bien autour de terrains (comme les Cahiers d’études africaines ou les Cahiers du monde russe). Bien sûr, ces partages dépendent grandement des agencements disciplinaires propres aux différents mondes académiques nationaux (voir infra).

2 Voir, dans le présent numéro, l’article « Approche quantitative d’un projet intellectuel », p. 583-608.

3 Jacques Revel, « Histoire et sciences sociales : les paradigmes des Annales », Annales ESC, 34-6, 1979, p. 1360-1376.

4 Éditorial, « Histoire, sciences sociales », Annales HSS, 49-1, 1994, p. 3-4, ici p. 4, qui prolonge les éditoriaux, « Histoire et sciences sociales. Un tournant critique ? », Annales ESC, 43-2, 1988, p. 291-293 et « Tentons l’expérience », no spécial « Histoire et sciences sociales. Un tournant critique », Annales ESC, 44-6, 1989, p. 1317-1323, reproduits dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.

5 Le premier titre de la revue était Annales d’histoire économique et sociale. Revue trimestrielle. Le sous-titre fut emprunté à Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte. Voir André Burguière, « Histoire d’une histoire : la naissance des Annales », Annales ESC, 34-6, 1979, p. 1347-1359, ici p. 1351.

6 Bernard Lepetit, « Propositions pour une pratique restreinte de l’interdisciplinarité », Revue de synthèse, 111, 1990, p. 331-338.

7 Jean-Claude Passeron, Le raisonnement sociologique. Un espace non poppérien de l’argumentation, Paris, Albin Michel, [1991] 2006, p. 398. Sur la réception de ces propositions par les historiens des Annales : Bernard Lepetit, « Une logique du raisonnement historique (note critique) », Annales ESC, 48-5, 1993, p. 1209-1219 ; Jacques Revel, « Histoire, sociologie, histoire », Le Débat, 79-2, 1994, p. 85-90.

8 Cet examen critique a contribué à subjectiver les connaissances et à montrer que les « disciplines » étaient historiquement situées, donc susceptibles d’être réorganisées. Il n’est pas certain que la notion de « discipline » se soit tout à fait relevée de cet épisode critique. Voir Jean-Louis Fabiani, « À quoi sert la notion de discipline ? », in J. Boutier, J.-C. Passeron et J. Revel (dir.), Qu’est-ce qu’une discipline ?, Paris, Éd. de l’EHESS, 2006, p. 11-34, ainsi que les autres articles réunis dans ce volume.

9 Michel de Certeau, L’écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, 1975. Voir, dans le présent numéro, l’article « Le temps du récit. Histoire, fiction, littérature », p. 447-463.

10 Judith Schlanger, « Fondation, nouveauté, limite », no spécial « Les débuts des sciences de l’homme », Communications, 54, 1992, p. 289-298 ; J.-L. Fabiani, « À quoi sert la notion de discipline ? », art. cit., p. 25.

11 B. Lepetit, « Propositions… », art. cit., p. 335.

12 Bernard Lepetit (dir.), Les formes de l’expérience. Une autre histoire sociale, Paris, Albin Michel, [1995] 2013 ; Jacques Revel (dir.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard/Éd. du Seuil, 1996 ; Jean-Yves Grenier, Claude Grignon et Pierre-Michel Menger (dir.), Le modèle et le récit, Paris, Éd. de la MSH, 2001; et, plus largement donc, les numéros puis les volumes de la collection « Enquête » des Éditions de l’EHESS, qui partent du postulat d’une convergence épistémologique de l’anthropologie, de la sociologie et de l’histoire pour confronter leurs méthodes, leurs procédures et leurs modes d’argumentation.

13 Pour les formulations les plus célèbres de ce programme, voir Pierre Chaunu, Histoire quantitative, histoire sérielle, Paris, Armand Colin, 1978 ; François Furet, « L’histoire quantitative et la construction du fait historique », Annales ESC, 26-1, 1971, p. 63-75.

14 La revue publia ou recensa de nombreux travaux des différentes générations de microhistoriens italiens réunis autour de la revue Quaderni storici, de Carlo Ginzburg et Giovanni Levi à Simona Cerutti ou encore Angelo Torre. Une manifestation emblématique de ce dialogue intellectuel demeure J. Revel (dir.), Jeux d’échelles, op. cit. On en trouve également une occurrence intéressante dans l’article posthume de Bernard Lepetit, « La société comme un tout : sur trois formes d’analyse de la totalité sociale », Cahiers du CRH, 22, 1999, p. 21-38. Ce dialogue à distance ne se fit pas sans biais ni malentendus, comme en témoigne, dans le présent numéro, l’article d’Angelo Torre et Vittorio Tigrino, « Des historiographies connectées ? Les Annales, Quaderni storici et l’épreuve de l’histoire sociale », p. 681-692.

15 Voir notamment Alain Desrosières, La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte, 1993, et la note critique qu’en propose Nicolas Dodier, « Les sciences sociales face à la raison statistique (note critique) », Annales HSS, 51-2, 1996, p. 409-428. Pour un point de vue contemporain sur ces débats, voir Bernard Lepetit, « L’histoire quantitative : deux ou trois choses que je sais d’elle », Histoire et mesure, 4-3/4, 1989, p. 191-199 ; Jean-Yves Grenier, « L’histoire quantitative est-elle encore nécessaire ? », in J. Boutier et D. Julia (dir.), Passés recomposés. Champs et chantiers de l’histoire, Paris, Autrement, 1995, p. 173-183. Pour un état actuel de la question de la quantification, voir l’introduction de Karine Karila-Cohen et al., « Nouvelles cuisines de l’histoire quantitative », K. Karila-Cohen et al. (dir.), no spécial « Histoire quantitative », Annales HSS, 73-4, 2018, p. 771-783 ; Claire Lemercier et Claire Zalc, Méthodes quantitatives pour l’historien, Paris, La Découverte, 2008 ; ead., Quantitative Methods in the Humanities: An Introduction, trad. par A. Goldhammer, Charlottesville, University of Virginia Press, 2019.

16 Depuis Luc Boltanski, Les cadres. La formation d’un groupe social, Paris, Éd. de Minuit, 1982, jusqu’à Luc Boltanski et Laurent Thévenot, De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard, 1991. Voir également Alain Desrosières et Laurent Thévenot, Les catégories socio-professionnelles, Paris, La Découverte, 1988.

17 Antoine Lilti, Sabina Loriga et Silvia Sebastiani, « Introduction. Que reste-t-il de ‘l’histoire sociale’ ? », in A. Lilti et al. (dir.), L’expérience historiographique. Autour de Jacques Revel, Paris, Éd. de l’EHESS, 2016, p. 7-14, ici p. 10.

18 Voir Jean-Louis Fabiani, « Épistémologie régionale ou épistémologie franciscaine ? La théorie de la connaissance sociologique face à la pluralité des modes de conceptualisation dans les sciences sociales », Revue européenne des sciences sociales, 32-99, 1994, p. 123-146 ; Lionel-H. Groulx, « Querelles autour des méthodes », Socio-anthropologie, 2, 1997, DOI : https://doi.org/10.4000/socio-anthropologie.30.

19 On pense évidemment ici au célèbre article de Fernand Braudel, « Histoire et Sciences sociales : la longue durée », Annales ESC, 13-4, 1958, p. 725-753.

20 Notons qu’au cours des vingt dernières années, Pierre Bourdieu est, avec Michel Foucault, l’auteur le plus cité dans les Annales. Les emprunts à P. Bourdieu relèvent néanmoins, pour la plupart, de ce que Michel de Certeau appelait, citant Pierre Vilar, « l’outillage d’emprunts », en l’occurrence le recours à des notions et des matériaux conceptuels heuristiques, sans adhésion nécessaire à l’entièreté d’un programme théorique ou analytique : M. de Certeau, L’écriture de l’histoire, op. cit., p. 111.

21 La formulation d’un paradigme (néo)pragmatiste plus systématique avait lieu ailleurs que dans les pages des Annales, notamment au sein de la jeune revue Raisons pratiques. Plus généralement, voir, comme indice d’un « moment » pragmatiste au début des années 1990, Vincent Descombes (dir.), « Sciences humaines : sens social », Critique, 529-530, 1991.

22 B. Lepetit, « Propositions… », art. cit., p. 332.

23 Gérard Noiriel, Sur la « crise » de l’histoire, Paris, Belin, 1996, p. 152.

24 Johan Heilbron et Anaïs Bokobza, « Transgresser les frontières en sciences humaines et sociales en France », Actes de la recherche en sciences sociales, 210, 2015, p. 108-121, ici p. 115.

25 À titre d’exemple, une revue comme Journal of Interdisciplinary History rubrique également les domaines de l’interdisciplinarité historienne avec une nomenclature qu’on aurait du mal à traduire terme à terme dans le champ académique français : archéologie/culture matérielle, art, big data, biographie/psychobiographie, biologie, climat/environnement, économie, géosciences, opéra/théâtre, population/démographie, méthodes quantitatives, technologie, études urbaines. Voir également la classification alternative proposée dans Myron P. Gutmann, « Quantifying Interdisciplinary History: The Record of (Nearly) Fifty Years », Journal of Interdisciplinary History, 50-4, 2020, p. 517-545. Voir enfin, dans le présent numéro, l’article « Une revue en langues. Les défis d’une édition bilingue », p. 573-582.

26 Par exemple, dans les propositions rassemblées pour débattre du History Manifesto de David Armitage et Jo Guldi dans le dossier « La longue durée en débat », Annales HSS, 70-2, 2015, p. 285-378, l’état des lieux de la discipline historique et, plus largement, de l’historiographie est contrasté. Tandis que Fernand Braudel, dans son fameux article des Annales de 1958, visait à donner à l’histoire une place prépondérante face à l’offensive (parfois violemment anhistorique) du structuralisme, History Manifesto cherche quant à lui à contester l’hégémonie des économistes et des politistes dans le débat public états-unien. Alors que la « longue durée » de F. Braudel était une proposition pour articuler histoire et sciences sociales, celle de D. Armitage et J. Guldi se veut davantage un moyen pour les historiens de peser de manière critique sur la société et les politiques publiques.

27 Voir, dans le présent numéro, « Une revue en langues », art. cit.

28 En guise d’exemples, évoquons les travaux d’Erving Goffman utilisés pour l’étude des interactions entre la police et la population parisienne au xix e siècle par Quentin Deluermoz, « Présences d’État. Police et société à Paris (1854-1880) », Annales HSS, 64-2, 2009, p. 435-460, ou bien la façon dont Cécile Vidal s’empare du concept de « situation coloniale », forgé par Georges Balandier, pour en réviser le sens dans le contexte louisianais : Cécile Vidal, « Francité et situation coloniale. Nation, empire et race en Louisiane française (1699-1769) », Annales HSS, 64-5, 2009, p. 1019-1050.

29 Voir notamment Karine Karila-Cohen et al. (dir.), no spécial « Histoire quantitative », Annales HSS, 73-4, 2018, qui s’inscrit explicitement dans le sillage du « tournant critique » et fait la part belle aux apports de la micro-analyse pour un usage expérimental de la quantification.

30 Bernard Lepetit et Jacques Revel, « L’expérimentation contre l’arbitraire », Annales ESC, 47-1, 1992, p. 261-265 ; B. Lepetit (dir.), Les formes de l’expérience, op. cit. ; J. Revel (dir.), Jeux d’échelles, op. cit.

31 Éditorial, « Tentons l’expérience », art. cit.

32 Voir par exemple le travail de Bruno Karsenti, de L’homme total. Sociologie, anthropologie et philosophie chez Marcel Mauss, Paris, PUF, 1997 à D’une philosophie à l’autre. Les sciences sociales et la politique des modernes, Paris, Gallimard, 2013, ainsi que son article sur Bruno Latour : id., « L’écologie politique et la politique moderne », Annales HSS, 72-2, 2017, p. 353-378.

33 Dossier « L’anthropologie face au temps », Annales HSS, 65-4, 2010, p. 873-996. Ce dossier emblématique s’articule autour d’une anthropologie pensée comme une « science sociale historique » : Michel Naepels, « Anthropologie et histoire : de l’autre côté du miroir disciplinaire », Annales HSS, 65-4, 2010, p. 873-884, ici p. 884.

34 Les travaux d’Andrew Abbott offrent un bel exemple de cette prise en compte de la diachronie et de l’historicité en sociologie. Voir notamment Andrew Abbott, Time Matters: On Theory and Method, Chicago, The University of Chicago Press, 2001 ; id., « L’avenir des sciences sociales. Entre l’empirique et le normatif », Annales HSS, 71-3, 2016, p. 577-596, et sa lecture, dans le même numéro, par Morgan Jouvenet, « Contextes et temporalités dans la sociologie processuelle d’Andrew Abbott », Annales HSS, 71-3, p. 597-630. Plus largement, concernant les réflexions (de politistes en particulier) sur la notion d’événement, voir Nicolas Mariot, « Qu’est-ce qu’un ‘enthousiasme civique’ ? Sur l’historiographie des fêtes politiques en France après 1789 », Annales HSS, 63-1, 2008, p. 113-139 ; Boris Gobille, « L'événement Mai 68. Pour une sociohistoire du temps court », Annales HSS, 63-2, 2008, p. 321-349.

35 Introduction, « Lire Le capital de Thomas Piketty », Annales HSS, 70-1, 2015, p. 5-6. Mentionnons également le dossier « Économie de l’Afrique contemporaine », Annales HSS, 71-4, 2016, p. 841-921, qui propose des lectures croisées, au carrefour de l’histoire économique et de l’histoire de la statistique, de l’ouvrage de Morten Jerven, Poor Numbers: How We Are Misled by African Development Statistics and What to Do about It, Ithaca, Cornell University Press, 2013.

36 Robert Boyer, « Historiens et économistes face à l’émergence des institutions du marché », Annales HSS, 64-3, 2009, p. 665-693 (un article qu’il est intéressant de lire en parallèle avec un texte programmatique du même auteur, écrit dans le numéro du « tournant critique » : id., « Économie et histoire : vers de nouvelles alliances », no spécial « Histoire et sciences sociales. Un tournant critique », Annales ESC, 44-6, 1989, p. 1397-1426) ; Sacha Bourgeois-Gironde et Éric Monnet, « Expériences naturelles et causalité en histoire économique. Quels rapports à la théorie et à la temporalité ? », Annales HSS, 72-4, 2017, p. 1087-1116 ; Michael Kopsidis et Daniel W. Bromley, « Expliquer la modernisation économique allemande. La Révolution française, les réformes prussiennes et l’inévitable continuité du changement », Annales HSS, 72-4, 2017, p. 1117-1156.

37 Yan Thomas, « Présentation », Y. Thomas (dir.), no spécial « Histoire et Droit », Annales HSS, 57-6, 2002, p. 1425-1428. Sur le rôle décisif joué par la réflexion de Yan Thomas dans la mise en valeur de la casuistique et de la fiction juridique comme moyen de nouer un dialogue renouvelé entre droit et sciences sociales : Marta Madero, « Penser la tradition juridique occidentale. Une lecture de Yan Thomas », Annales HSS, 67-1, 2012, p. 103-133.

38 Les Annales se sont fait l’écho de ces échanges avec un article comme celui d’Isabelle Thireau et Linshan Hua, « Le sens du juste en Chine. En quête d’un nouveau droit du travail », Annales HSS, 56-6, 2001, p. 1283-1312. Voir en particulier, en France, les travaux publiés dans la revue Droit et société.

39 Pour quelques occurrences au sein de la revue, outre les articles contenus dans les deux numéros de 1992 et 2002, voir Bernard Derouet, « Les pratiques familiales, le droit et la construction des différences (xv e-xix e siècles) », Annales HSS, 52-2, 1997, p. 369-391 ; Catarina Madeira Santos, « Entre deux droits : les Lumières en Angola (1750-v. 1800) », Annales HSS, 60-4, 2005, p. 817-848 ; Jean-François Chauvard, « Adaptabilité versus inaliénabilité. Les dérogations des fidéicommis dans la Venise du xviii e siècle », Annales HSS, 70-4, 2015, p. 849-880 ; Ismail Warscheid, « Le Livre du désert. La vision du monde d’un lettré musulman de l’Ouest saharien au xix e siècle », Annales HSS, 73-2, 2018, p. 359-384.

40 Jochen Hoock, « Dimensions analytiques et herméneutiques d’une histoire historienne du droit », no spécial « Histoire et sciences sociales. Un tournant critique », Annales ESC, 44-6, 1989, p. 1479-1490 ; Robert Descimon, « Declareuil (1913) contre Hauser (1912). Les rendez-vous manqués de l’histoire et de l’histoire du droit », no spécial « Histoire et Droit », Annales HSS, 57-6, 2002, p. 1615-1636.

41 Étienne Anheim et Antoine Lilti (dir.), no spécial « Savoirs de la littérature », Annales HSS, 65-2, 2010. Voir, dans le présent numéro, « Le temps du récit », art. cit.

42 Étienne Anheim, Antoine Lilti et Stéphane Van Damme, « Quelle histoire de la philosophie ? », É. Anheim, A. Lilti et S. Van Damme (dir.), no spécial « Histoire et philosophie », Annales HSS, 64-1, 2009, p. 5-11.

43 Marc Bloch et Lucien Febvre, « À nos lecteurs », Annales d’histoire économique et sociale, 1-1, 1929, p. 1-2, ici p. 2, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796. Les Annales se distinguent, ici, d’une revue plus ouvertement épistémologique comme History and Theory.

44 À propos des contextes et des procédures qui deviennent également objets d’histoire et d’épistémologie des sciences sociales, voir Christian Topalov, Histoires d’enquêtes. Londres, Paris, Chicago (1880-1930), Paris, Classiques Garnier, 2015 ; Gilles Laferté, Paul Pasquali et Nicolas Renahy (dir.), Le laboratoire des sciences sociales. Histoires d’enquêtes et revisites, Paris, Raisons d’agir, 2018 ; Stéphane Baciocchi, Alain Cottereau et Marie-Paule Hille (dir.), Le pouvoir des gouvernés. Ethnographies de savoir-faire politiques, observés sur quatre continents, Bruxelles, Peter Lang, 2018 et, récemment, Bénédicte Girault, « L’archive et le document. Matériaux pour une histoire des sciences sociales (note critique) », É. Anheim (dir.), n° spécial « Archives », Annales HSS, 74-3/4, 2019, p. 779-800.

45 Nous empruntons à Cyril Lemieux, « Philosophie et sociologie : le prix du passage », Sociologie, 3-2, 2012, p. 199-209, l’expression de « conversion » dans le sens d’une opération de traduction du passage d’une discipline à l’autre (en l’occurrence, dans son article, entre philosophie et sociologie). Cyril Lemieux distingue le « conversionnisme » à la fois du « démarcationnisme », qui postule une stricte étanchéité entre disciplines, et de l’« intégrationnisme », qui, au contraire, ne voit aucune difficulté à leur possible fusion.

46 Voir, à titre d’exemples, pour des thèmes différents : Antoine Lilti, « Comment écrit-on l’histoire intellectuelle des Lumières ? Spinozisme, radicalisme et philosophie », É. Anheim, A. Lilti et S. Van Damme (dir.), no spécial « Histoire et philosophie », Annales HSS, 64-1, 2009, p. 171-206 ; Jean-Yves Grenier, « Travailler plus pour consommer plus. Désir de consommer et essor du capitalisme, du xvii e siècle à nos jours », no spécial « Histoire du travail », Annales HSS, 65-3, 2010, p. 787-798 ; Guillaume Calafat, « Diasporas marchandes et commerce interculturel. Familles, réseaux et confiance dans l’économie de l’époque moderne », Annales HSS, 66-2, 2011, p. 513-531 ; Étienne Anheim, « Les hiérarchies du travail artisanal au Moyen Âge entre histoire et historiographie », É. Anheim, J.-Y. Grenier et A. Lilti (dir.), no spécial « Statuts sociaux », Annales HSS, 68-4, 2013, p. 1027-1038 ; Antonella Romano, « Fabriquer l’histoire des sciences modernes. Réflexions sur une discipline à l’ère de la mondialisation », Annales HSS, 70-2, 2015, p. 381-408.

47 On pense par exemple à la note de Robert Descimon sur les transmissions intergénérationnelles de patrimoine, à partir de l’ouvrage d’un économiste, André Masson, qui utilise lui-même les travaux de Marcel Mauss pour récuser le théorème d’un économiste, Gary Becker : Robert Descimon, « Détours et contours de la rente. Les structures pérennes de la transmission entre générations », Annales HSS, 68-3, 2013, p. 839-848. Les lectures multipliées de Thomas Piketty, Capital du xxi e siècle, Paris, Éd. du Seuil, 2013, ou de Cyril Lemieux, Le devoir et la grâce, Paris, Economica, 2009, appartiennent à ce genre. Les lectures non historiennes de travaux historiens sont plus rares. À titre d’exemple, à propos d’Yves Cohen, Le siècle des chefs, Paris, Éd. Amsterdam, 2013, voir les notes de Roberto Frega, « Le commandement : une histoire de pratiques », Annales HSS, 69-1, 2014, p. 141-154, et Nicolas Dodier, « Les figures du chef et le mouvement de l’histoire », Annales HSS, 69-1, 2014, p. 155-166. D’une certaine façon, le travail de redéfinition des « économies morales » d’Edward P. Thompson et de Loraine Daston proposé par Didier Fassin, « Les économies morales revisitées », Annales HSS, 64-6, 2009, p. 1237-1266, pourrait en partie être lu sous cet angle.

48 Voir par exemple R. Boyer, « Historiens et économistes… », art. cit. ; Jean-Louis Fabiani, « Des arts à la théorie de l’action. Le travail sociologique de Pierre-Michel Menger », Annales HSS, 71-4, 2016, p. 953-977, et B. Karsenti, « L’écologie politique … », art. cit.

49 Jean-Claude Passeron et Jacques Revel (dir.), Penser par cas, Paris, Éd. de l’EHESS, 2005 ; no spécial « Formes de la généralisation », Annales HSS, 62-1, 2007.

50 M. de Certeau, L’écriture de l’histoire, op. cit., p. 93-94 ; Paul Veyne, L’inventaire des différences, Paris, Éd. du Seuil, 1976 ; Edoardo Grendi, « Micro-analisi e storia sociale », Quaderni storici, 12-35, 1977, p. 506-520.

51 Voir, dans le présent numéro, l’article « Face au présent. Politique des temporalités », p. 493-516.

52 Voir par exemple le dossier consacré à la « neuro-histoire », Tracés. Revue de sciences humaines, hors-série 14, 2014.

53 Philippe Descola, « L’anthropologie de la nature », Annales HSS, 57-1, 2002, p. 9-25 ; id., Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.

54 Dipesh Chakrabarty, Provincializing Europe: Postcolonial Thought and Historical Difference, Princeton, Princeton University Press, 2000 ; id., « The Climate of History: Four Theses », Critical Inquiry, 35-2, 2009, p. 197-222.

55 Dossier « Anthropocène », Annales HSS, 72-2, 2017, p. 263-378 ; Charlotte Guichard, « Du ‘nouveau connoisseurship’ à l’histoire de l’art. Original et autographie en peinture », Annales HSS, 65-6, 2010, p. 1387-1401.

56 Agnès Biard, Dominique Bourel et Éric Brian (dir.), Henri Berr et la culture du xx e siècle. Histoire, science et philosophie, Paris, Albin Michel/Centre international de synthèse, 1997.