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L'histoire sociale des rêves1

Published online by Cambridge University Press:  06 September 2021

Peter Burke*
Affiliation:
Université du Sussex

Extract

Au cours des cinquantes dernières années, l'Histoire a revendiqué des secteurs de l'activité humaine dont on considérait jadis qu'ils n'étaient pas soumis au changement. On a soutenu par exemple que l'enfance, le climat et la folie avaient tous trois une histoire. Jusqu'où ce mouvement de colonisation peut-il s'étendre ? L'exploration est la seule façon de le découvrir. Cet essai est conçu comme la reconnaissance préliminaire d'une frontière, celle des rêves. Les données considérées proviendront dans leur quasi-totalité, du monde anglophone du XVIIe siècle, mais le propos général est de prouver que les rêves ont une histoire, qu'il sera un jour possible d'écrire une histoire sociale des rêves.

Type
Histoire et Psychanalyse
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973 

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Footnotes

1

Je voudrais remercier les professeurs Marie Jahoda et Norman Mackenzie, de l'Université du Sussex, et le Dr. Alan Mac Farlane, du King's Collège de Cambridge, pour leurs références, leurs idées et leurs critiques.

References

Notes

1. Je voudrais remercier les professeurs Marie Jahoda et Norman Mackenzie, de l'Université du Sussex, et le Dr. Alan Mac Farlane, du King's Collège de Cambridge, pour leurs références, leurs idées et leurs critiques.

2. Je renvoie aux livres bien connus de E. L E Roy Ladurie, P. Ariés et M. Foucault.

3. L'œuvre la plus importante de Freud sur ce sujet est, bien sûr, L'interprétation des rêves de 1899. Les essais de Jung sur les rêves comprennent : « Dream analysis in its practical application » (1930), traduit dans Modem man in search of a soûl, Londres, 1933, pp. 11-31 ; « General aspect of dream psychology » (1928) et « On the nature of dreams », dans Collected Works, vol. 8, Londres, 1960, pp. 237 ss.

4. Lincoln, J. S., The dream in primitive cultures, Londres, 1935, pp. 2223 Google Scholar. Pour un aperçu des recherches plus récentes, voir « Anthropological studies of dreams » de d'Andrade, R., dans Hsu, F. L. K. éd., Psychological Anthropology, Homewood, 1962, pp. 296 ssGoogle Scholar.

5. Radin, P., « Ojibwa and Ottawa puberty dreams » dans R. H. Lowie, éd., Essays in Anthropology presented to A. L. Kroeber, Berkeley, 1936, pp. 233 et ssGoogle Scholar. A comparer avec « The rôle of dreams in Ojibwa culture » de Irving Hallowell, A., dans Grunebaum, G. E. et. Caillois, R., The dream and human societies, Berkeley and Los Angeles, 1966, pp. 267 ssGoogle Scholar.

6. D. Eggan, « Hopi dreams in cultural perspective », dans Grunebaum et Caillois, pp. 237 ss.

7. « Social influences in Zulu dreaming » de S. G. Lee, dans Journal of Social Psychology, 1958, pp. 265 ss. ; Carstairs, G. M., The twice-born, Londres, 1957, pp. 89 ss. et pp. 158 ssGoogle Scholar. ; R. Bastide, « The Sociology of the dream », dans Grunebaum et Caillois, pp. 199 ss. ; « Typical dreams » de R. Griffith, O. Miyagi, A. Tayo, dans American Anthropologist, 1958.

8. Sur les dangers d'utiliser les rêves comme preuves historiques, voir la lettre de Freud à M. Leroy (1929) dans Freud, Works, Londres, 1955, vol. XXI. Sur les rêves de Swedenborg rapportés en 1744, voir l'édition de Stockholm de 1964 et la traduction anglaise de C. T. Odhner, Bry Athyn, 1918.

9. Dodds, E. R., The Greeks and the irrational, Berkeley and Los Angeles, 1952 Google Scholar ; Besançon, A., Histoire et expérience du moi, Paris, 1971 Google Scholar ; Macfarlane, A. D., The family life of Ralph Josselin, Cambridge, 1970 Google Scholar.

10. Cf. la recommandation de Cardano dans son De rerum varietate, Basel, 1557, chap. 44. Le rêve de Dürer dans son Nachlass, éd. Rupprich, vol. I, p. 214, Le rêve de Cellini dans son Autobiographie, éd. E. Camesasca, Milan, 1954, P- 159- Cellini connaissait- il les classiques ou suivit-il simplement Dante ? L'absence du nom de Charon suggère une source visuelle. La plus manifeste est le Jugement dernier de Michel-Ange, qui existait en 1550 au moment où Cellini écrivait mais qui n'existait pas à l'époque sur laquelle il écrivait.

11. Pour le rêve de Louis XIV, voir la Gazette de Paris du 11 novembre 1689.

12. Les rêves de LAUD sont rapportés dans son Diary ; la meilleure édition se trouve dans Works, 7 vol., Oxford, 1847-1860. Les rêves d'AsHmole : dans son Diary, 5 vol., Oxford, 1966. Les rêves de Sewall : 3 vol., Boston, 1879-1882. Les rêves de Josselin ne sont pas publiés ; le Dr. Allan Macfarlane et M. Arthur Searle, de l'Essex Record Office, m'en ont procuré aimablement la copie.

13. Les rêves américains proviennent de l'article de C. S. Hall, « What people dream about», dans Scientific American, mai 1951, pp. 60 ss. Les rêves Hopi sont étudiés par D. Eggan, « The manifest content of dreams », dans American Anthropologist, 1952.

14. Laud rêva de la mort du « Lord Keeper » et de la préparation d'un tombeau ; de la mort de Sackville Crowe, d'un enterrement. Ashmole rêva de la tombe de son épouse défunte, de sa mère expliquant comment elle mourut, de son propre empoisonnement, de la mort de J. Moore, de la mort de trois des Kirks, de la tombe du comte d'Essex, de la mort de son père, de la mort de M. Paget et d'autres, qu'on lui coupait la tête. Josselin rêva qu'il était condamné à mort, qu'on lui parlait de la mort de Woodthorpe. Sewall rêva (deux fois) de la mort de sa femme, d'un enterrement, de la mort de ses enfants, qu'il était condamné à mort.

15. 1) Les affaires d'Église : Laud rêve qu'il était réconcilié avec l'Église de Rome, de la ruine de l'Église. Josselin rêva de troubles dans l'Église, qu'il était familier avec le pape, avec divers pasteurs, avec un prédicateur, avec « nos ecclésiastiques ». 2) D'églises et de cimetières : Laud rêva qu'il était à l'église de Westminster ; à une cérémonie de mariage. Ashmole, qu'il était à la cathédrale de Lichfield. Josselin, qu'il était dans son église ; dans un cimetière ; que l'église était pleine.

16. Laud rêva de Jacques Ier ; que le roi chassait ; qu'on offensait le roi ; du mariage du roi Charles. Ashmole rêva que le roi ordonnait quelqu'un chevalier, que le roi marchait hors d'Oxford, que le roi était assiégé. Josselin rêva que le roi était destitué.

17. Rêves politiques variés : Laud rêve d'un Parlement à Oxford ; Ashmole de la misérable condition de Londres, qu'il prêtait le Serment négatif. Josselin rêva qu'il était appelé au Conseil ; de quatre membres du Parlement ; de Cromwell ; du Parlement. Sewall rêva qu'on l'élisait lord-maire.

18.

19. Les révélations de Kotter, Poniatowa et Drabic sont recueillies dans Lux e tenebris, s.l., 1665 ; celles de Melisch, dans ses Visiones nocturnae, s.l., 1659. C. Holdsworth, « Visions and visionaries in the Middle Age », dans History, 1963, pp. 141 ss., étudie les sources littéraires de quelques visions médiévales.

20. Melisch, n° XV. La traduction anglaise ; dans ses Twelve visions, Londres, 1633, n° 4.

21. Le rêve de Josselin sur sa femme du 26 novembre 1654 ; le passage de l'Apocalypse dit : « et sa fumée s'éleva pour toujours ». Le rêve de Swedenborg du 29-30 juillet 1744. Sur l'autobiographie de Bunyan et ses modèles, voir John Bunyan, mechanick preacher de W. Y. Tindall, New York, 1934, chap. 2.

22. L'idée que les sorcières rêvent du sabbat est discutée par G. Cardano, De rerum varietate, Basel, 1557, chap. 80, et par James, E., The night-mare, 2e éd., Londres, 1949, pp. 203 ssGoogle Scholar. Sur les benandanti : C. Ginzburg, I benandanti, Turin, 1966, en particulier pp. 20 ss. Sur les onguents comme narcotiques, voir l'appendice de Clark, A. J. à Murray, M., The witch-cult in Western Europe, Oxford, 1921 Google Scholar.

23. C. Wood, dans Dreams, New York, 1931, publie les rêves qu'on lui a envoyés pour qu'il les interprète dans un journal américain de l'époque.

24.